Qui a besoin d’un guru? n°2/3

Conférence donnée par Srila Prabhupâda à New York, le 15 août 1966.

Deuxième Partie:

suite de la Première Partie:

Tout le monde veut voir Dieu sur-le-champ. Mais vous ne pouvez voir Dieu que si vous êtes qualifié. Lorsque vous avez le savoir parfait, vous pouvez voir Dieu face à face, de la même façon que vous me voyez et que je vous vois. Mais cela requiert une certaine qualification. Cette qualification, c’est la conscience de Krishna.

La conscience de Krishna commence par sravanam-kirtanam, l’écoute et le chant. Il nous faut écouter les gloires de Krishna. La Bhagavad-gita est l’étude préliminaire de la compréhension ou de l’écoute des gloires de Krishna. Je suis venu dans votre pays, les États Unis d’Amérique, après en avoir entendu parler. On m’en avait parlé à l’école, alors que j’étais enfant, en cours d’histoire et de géographie. J’en ai donc d’abord entendu parler. Je ne suis pas venu avant. J’ai alors pensé: « Oh c’est un pays merveilleux, c’est très loin, si je vais là-bas… » De même, vous pouvez d’abord entendre parler de l’Inde, puis décider de vous y rendre.

Si nous voulons voir Dieu, nous devons tout d’abord entendre parler de Lui. Telle est la méthode à suivre. La Conscience de Krishna commence par l’écoute, sravanam, puis kirtanam. Kirtanam signifie chanter les gloires de Krishna, de Son saint nom, de Sa forme, de Ses attributs. Voilà comment obtenir la compagnie de Krishna, car Krishna, ou Dieu est absolu. Il n’est pas différent de Son Nom, de Sa forme, de Ses attributs, de Ses divertissements. Ainsi l’écoute et le chant des attributs, de la forme ou du nom du Suprême, de l’Absolu, nous donne d’être aux côtés de l’Être Suprême; il s’agit là d’une compagnie directe et transcendantale. Plus nous sommes ainsi en compagnie de Krishna, plus Il nous aide à Le comprendre.

Nous trouvons dans le Srimad-Bhagavatam le verset suivant:

srnvatam sva-kathah krsnah
punya-sravana-kirtanah
hrdy antah stho hy abhadrani
vidhunoti suhrt satam

(SB 1.2.17)

Krishna est sis dans votre coeur; Il agit comme votre maître spirituel, caitya-guru (le guru dans le coeur). Écouter ce qui a trait à Krishna, krsna-katha, est punya-sravana-kirtanah. C’est à dire que même si vous ne comprenez pas, cela accroîtra votre vertu. Après tant d’années de contact avec le matière, nous avons accumulé beaucoup d’impuretés dans notre coeur. En écoutant les gloires de Krishna, le coeur se purifie petit à petit.

Sri Krishna est l’ami de tous, mais Il l’est surtout pour Son dévot. Vous pouvez lire dans la Bhagavad-gita (9.29): « samo ‘ham sarva-bhutesu na me dvesyo ‘sti na priyah, » Je suis l’ami de tous. En vérité, personne n’est Mon ennemi, personne n’est Mon ami, car Je suis égal envers tous. » Sama veut dire « égal ». Ye bhajanti tu mam bhaktya mayi te tesu: « Mais Je montre une attention particulière à qui se voue à Moi et Me sert avec dévotion. »

Ainsi, l’un des noms de Krishna est suhrit satam. Suhrit signifie « ami » et satam, « ceux qui s’efforcent d’atteindre la vie éternelle. « Rien en ce monde n’est éternel, tout est temporaire; le monde matériel est donc appelé « asat ». L’aphorisme védique nous dit: asato ma sad gamah: « Ne restez pas dans les ténèbres. Allez dans le royaume de la lumière. »

Krishna est dans notre coeur; aussi dès que s’éveille notre attrait pour Lui, Il nous donne dans le coeur les directives nous permettant de progresser pas à pas. Krishna est le premier maître spirituel, et lorsque grandit notre intérêt pour la vie spirituelle, il nous faut trouver un maître spirituel physiquement présent. C’est ce qu’affirme le verset que nous occupe où Krishna conseille:  » Si tu veux connaître la science transcendantale, approche quelqu’un qui la connaît. » (Bhagavad-gita 4.34)

Krishna mentionne pranipatena, pariprasnena et sevaya. Pranipata signifie « abandon », vous devez choisir une personne à laquelle vous pouvez vous abandonner. Personne n’aime se soumettre à quelqu’un. Nous sommes infatués du peu de connaissance que nous avons et pensons:  » Oh, qui peut me donner le savoir?  » Il est fréquent de voir des gens prôner qu’il n’y a pas besoin de maître spirituel pour être réalisé spirituellement. Mais les Écritures védiques, la Bhagavad-gita, le Srimad-Bhagavatam, les Upanisads, soulignent qu’on a besoin d’un maître spirituel. Prenez l’exemple des Upanisads. Les Upanisads védiques disent: tad vijnanartham sa gurum evabhigacchet…srotriyam brahma-nistham: « Si vous voulez être éclairé du savoir spirituel, il vous faut approcher un guru. »

Dans ce monde matériel également, si je veux apprendre la musique, je dois trouver un musicien, sans cela, il me sera impossible de l’apprendre. Supposez que vous vouliez devenir un ingénieur; il vous faut alors faire des études dans une école d’ingénieur ou dans un collège technique. Personne ne peut devenir médecin en achetant des livres au marché et en les lisant chez lui. C’est impossible. Il vous faut suivre des études de médecines, avoir une formation, puis passer des examens. De même, si vous voulez étudier la Bhagavad-gita ou tout sujet d’ordre spirituel, il vous faut suivre la recommandation que donne ici Sri Krishna, dans la Gita: tad viddhi parnipatena pariprasnena sevaya, « Il te faut approcher une personne à laquelle tu pourras te soumettre. »

 « ..choisir une personne à laquelle vous pouvez vous abandonner »

Cela implique qu’il faut déterminer: « Qui peut véritablement m’instruire dans la science de la Bhagavad-gita?  » Il nous faut chercher, non pas de façon arbitraire, mais très sérieusement, quelqu’un qui soit versé dans cette science. Sinon, à quoi bon s’abandonner? Il n’y aurait aucun besoin de s’abandonner. Ici, il est clairement dit: « Il faut vous abandonner à quelqu’un. » Cela veut dire qu’il vous trouver quelqu’un à qui vous vous abandonnerez de plein gré. Si vous ne trouvez pas cette personne, votre mission ne sera pas remplie.

Au début, Arjuna s’adressait à Krishna comme à un ami. Krishna lui disait: « Oh, tu es un ksatriya, un militaire. Comment peux-tu abandonner le combat? » Ils eurent ainsi des échanges amicaux, mais lorsqu’Arjuna réalisa: « Nos entretiens amicaux n’apporteront aucune solution, » il s’abandonna à Krishna  Sisyas te ‘ham sadhi mam tvam prapannam. « Je suis à présent Ton disciple; je m’en remets à Toi. Dis-moi quel est mon devoir, je T’en prie. » (Bhagavad-gita 2.7)

Voilà la méthode. Ici également, Krishna conseille: « Si tu veux apprendre la science de la Bhagavad-gita, il te faut approcher quelqu’un à qui tu t’en remettras. » Il ne s’agit pas d’un abandon aveugle. Vous devez pouvoir poser des questions. La qualité suivante est pariprasnena, s’enquérir. Sans poser de questions, vous ne pouvez pas progresser. (nde: n’est-ce pas chers lecteurs n’hésitez donc pas à m’en poser?Dans la limite de ma connaissance je me ferai un plaisir de vous répondre.) L’élève intelligent s’enquiert auprès de son professeur. Même un enfant fait preuve d’intelligence lorsqu’il demande à son père: « Papa, qu’est-ce que c’est ça? Et ça, c’est quoi? »

Il faut poser des questions. On ne devrait pas penser: « Oh, j’ai trouvé un bon maître spirituel, il est érudit. Très bien, je me suis abandonné à lui; l’affaire est maintenant classée. »Non, ce n’est pas correct. Vous pouvez avoir un très bon maître spirituel, mais si vous n’avez aucune possibilité de vous enquérir auprès de lui, vous ne pouvez pas faire de progrès.

Comment poser des questions? Sans défi. Vous ne devriez pas penser: « Oh, je vais voir quel genre de maître spirituel il est. Je vais le défier en lui posant des questions déplacées et absurdes. » Cela ne vous aidera pas. Posez des questions pertinentes: c’est ce que signifie pariprasnena; et ces questions doivent être conjuguées avec sevaya, le service. On ne doit pas penser: « J’ai posé tant de questions à telle ou telle personne, je n’ai eu ni à payer, ni à servir, je suis donc gagnant. » Non. Sans service, vos questions seront stériles.

SUITE…



Catégories :Le guru ou maître spirituel.

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