La compassion d’Avaita Acarya

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Murti d’Advaita Acarya à Mayapur au temple de l’Iskcon

Aujourd’hui est le jour d’apparition de Sri Advaita Acarya, le membre important du Panca-tattva. Afin de célébrer cette fête vaisnava importante nous publions  un extrait du Chaitanya-caritamrta (Cc Adi-lila, troisième chapitre) traduit et commenté par Srila Prabhupada. 

Ce chapitre nous apprend qu’Advaita Acarya est responsable de la venue de Sri Caitanya Mahaprabhu sur cette terre il y a 500 ans. Pris d’une grande compassion face à l’ignorance de la population et son abscence totale de conscience de Dieu , Sri Advaita Acarya supplia le Seigneur Krishna de  descendre pour sauver l’humanité déchue et instaurer le yuga-dharma ou la méthode de réalisation spirituelle la plus effective pour cette âge:  le chant congrégationnel des Saints Noms de Dieu.

Advaita Acarya Gosvami représente une manifestation du Seigneur sous la forme d’un bhakta. Appelant Krishna avec force, Il provoqua Son avènement.

Chaque fois que Krsna désire paraître sur terre, Il suscite d’abord l’avènement de Ses dignes prédécesseurs.

Ainsi apparaissent avant Lui Son père, Sa mère, Son maître spirituel et d’autres personnalités honorables.

Madhavendra Puri, Isvara Puri, Srimati Sacimata (mère de Caitanya Mahaprabhu) et Srila Jagannatha Misra (père de Caitanya Mahaprabhu) apparurent tous avec Sri Advaita Acarya.

Lorsque Advaita Acarya vint en ce monde, Il ne trouva aucune trace du service de dévotion (Bhakti-Yoga) offert à Krishna car les  activités matérielles accaparaient tous les êtres. Tous se livraient au plaisir des sens, de façon coupable ou vertueuse. Nul n’attachait le moindre intérêt au service transcendantal du Seigneur, qui donne de s’affranchir pour toujours des morts et des renaissances répétées.

Advaita Acarya vit le monde entier occupé à des actes de vertu et d’impiété matrielles, sans nulle trace du service de dévotion ou de conscience de Krsna. A vrai dire, rien ne manque en ce monde, hormis la conscience de Krsna. Le Seigneur Souverain, dans Sa miséricorde, pourvoit en effet aux besoins matériels de tous les êtres. Il se peut qu’une mauvaise gestion de notre part entraîne parfois des pénuries, mais le véritable problème réside plutôt dans le fait que les hommes ont perdu tout contact avec la conscience de Krishna. Ils se livrent aux plaisirs des sens matériels, sans se préoccuper d’apporter une solution finale aux vrais problèmes de l’existence, soit la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. Ces quatre formes de souffrance ont pour nom bhava-roga, ou maux liés à l’existence matérielle;  elles ne connaissent qu’un seul remède – la conscience de Krishna, qui représente donc la plus haute bénédiction pour l’humanité.

Voyant la condition du monde, l’Acarya fut pris de compassion et Se mit à méditer sur le moyen d’agir en vue du bien de tous.

Voilà qui qualifie un acarya authentique: il montre un intérêt profond pour le bien des hommes en général. Il n’exploite pas ceux qui s’en remettent à lui. Et parce qu’il est un serviteur confidentiel du Seigneur, son coeur est toujours empli de compassion pour l’humanité qui souffre. Sachant que toute souffrance vient de l’absence de dévotion, toujours il cherche les moyens d’amener les hommes à modifier leurs activités, à les rendre favorables à l’épanouissement en eux de cette dévotion. Telle est la marque de l’acarya (nde: cette description convient parfaitement à Srila Prabhupada). Sri Advaita Prabhu était suffisamment puissant pour, de Lui-même, mener à bien une telle tâche, mais en serviteur soumis Il considéra que seul le Seigneur en personne, s’Il apparaissait sur terre, pourrait remédier à la triste condition de l’humanité. Soumis aux redoutables griffes de mâyâ, les prisonniers favorisés de ce monde, parce qu’ils jouissent de la richesse, de la puissance et de facilités multiples, se croient heureux. Ces sottes créatures ignorent qu’elles ne sont que des pantins dans les mains de la nature matérielle, dont l’action impitoyable peut à tout moment réduire en poussière leurs projets impies. Dépourvus d’intelligence, ces prisonniers restent aveugles devant l’évidence: tous les artifices mis en oeuvre pour améliorer leur condition ne leur permettront jamais de triompher du cycle implacable de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse. Ils négligent, dans leur égarement, ces problèmes majeurs de l’existence, et s’affairent à toutes sortes d’activités illusoires qui ne peuvent les aider à résoudre leurs vrais problèmes. Certes, ils n’éprouvent nulle envie de connaître maladie, vieillesse ou mort, mais sous l’influence de l’énergie d’illusion, ils sombrent dans la négligence et ne cherchent aucune solution à leurs problèmes. Voilà bien ce que l’on appelle mâyâ. Ceux qu’elle retient dans ses griffes, dès après la mort, oublient tout de cette vie, et, selon leur karma, renaissent parmi les saints ou, le plus souvent, parmi les chiens. Ceux qui aspirent à renaître parmi les saints doivent pour cela adopter le service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême; sans quoi, les lois de la nature les forceront à revêtir un corps de chien ou de porc.

Parmi les âmes retenues prisonnières en ce monde, celles qui n’ont pas les avantages des prisonniers « privilégiés », s’évertuent à les imiter, car elles ignorent aussi le principe même de leur incarcération (nde:autrement dit, elles ne sont même  pas conscientes d’être incarcérées dans la prison du monde matériel mais si croient « libres ») et se trouvent donc également fourvoyées par l’énergie d’illusion de la matière. Or, le rôle de l’acarya consiste à modifier le comportement de tous ces prisonniers,  « privilégiés » et « défavorisés », pour assurer leur bien réel. Ceci le rend très cher au Seigneur, qui affirme clairement dans la Bhagavad-gita que nul ne lui est plus cher qu’un bhakta s’appliquant sans cesse à Le servir en multipliant les moyens de répandre Son message pour le plus grand bien de l’humanité. Les soi-disant acaryas de l’âge de Kali, pour leur part, se préoccupent davantage d’exploiter les ressources de leurs disciples que d’atténuer leurs souffrances; mais Sri Advaita Prabhu, en parfait acarya, Se souciait, Lui, d’améliorer la condition du monde.

« Si Sri Krishna venait en ce monde, Il pourrait Lui-même, par Son exemple, enseigner la dévotion. Dans l’âge de Kali, il n’est d’autre religion que le chant du saint nom du Seigneur (le harinama sankirtana), mais sous quelle forme le Seigneur apparaîtra-t’Il en cet âge? Le mental pur, J’adorerai Krishna. Humblement et inlassablement, Je L’implorerai. »

Advaita Acarya Se pencha alors sur la teneur de ce verset: « Ne trouvant aucun moyen de S’acquitter de la dette qu’Il contracte envers celui qui Lui offre une feuille de tulasi et un peu d’eau, Sri Krishna pense: ‘Je n’ai en Ma possession aucune richesse qui vaille autant qu’une offrande d’eau accompagnée d’une feuille de tulasi’. »

« Le Seigneur ne peut donc S’affranchir d’une telle dette qu’en Se livrant Lui-même à Son dévot. » Songeant ainsi, l’Acarya commença à adorer le Seigneur.

Grâce au service de dévotion, on peut aisément plaire à Sri Krishna par la simple offrande d’une feuille de tulasi et d’un peu d’eau. Comme l’enseigne le Seigneur dans la Bhagavad-gita (9.26) : patram puspam phalam toyam, qu’on Lui offre avec dévotion une feuille, un fruit ou un peu d’eau et Il sera comblé. Il accepte le service que Lui offrent Ses dévots de façon universelle. Même le bhakta le plus pauvre peut trouver n’importe où une fleur, un fruit, une feuille, un peu d’eau, et s’il l’offre avec dévotion à Krsna Celui-ci s’en trouvera fort satisfait, surtout s’il s’agit d’une feuille de tulasi et d’eau du Gange. Les Ecritures expliquent qu’un tel service Lui fait tellement plaisir qu’en retour Il Se donne à Son dévot. Srila Advaita Acarya le savait bien, aussi résolut-Il d’implorer le Seigneur Suprême, Sri Krishna, de descendre en ce monde en L’adorant par l’offrande de feuilles de tulasi et d’eau du Gange.

Méditant sur les pieds pareils-au-lotus de Sri Krishna, Il Lui offrit sans fin des fleurs de tulasi mêlées à de l’eau du Gange. Appelant Sri Krishna à grands cris, Il suscita l’avènement du Seigneur.

                                                                                                                                       avaita-acarya.

Cet appel de Sri Advaita Acarya fut donc la cause première de l’avènement de Sri Caitanya Mahaprabhu. Ainsi le protecteur de la religion apparaît-Il pour répondre au désir de Son dévot.

« O Seigneur, Tu demeures toujours auprès de Tes dévots, leur permettant ainsi de Te voir et de T’entendre constamment. Tu habites aussi leurs coeurs semblables au lotus, qui sont purifiés par le service de dévotion. O Seigneur, Toi que l’on glorifie par des hymnes sublimes, Tu combles Tes dévots d’une grâce insigne en Te manifestant à chacun sous la forme éternelle qu’il chéri. »

                     Srimad-Bhagavatam (3.9.11)

Ce verset tiré du Srimad-Bhagavatam (3.9.11) rapporte la prière qu’adressa Brahma à Sri Krsna, le Seigneur Suprême, pour qu’Il bénisse son oeuvre de création. Les enseignements contenus dans les Ecritures védiques donnent de saisir la science de Dieu. La Brahma-samhita, par exemple, nous informe qu’en Sa demeure, toute faite de cintâmanis, de pierres philosophales, Sri Krishna, jouant le rôle d’un jeune pâtre, est servi par des centaines et des milliers de déesses de la fortune. Les mayavadis croient que le forme de Krsna fut créé par l’imagination des bhaktas, mais les Ecritures védiques ont véritablement décrit Krsna et Ses formes transcendantales.

Le mot shruta, dans l’expression shruteksita-pathah, fait référence aux Vedas et iksita indique que la voie qui permet de connaître Dieu, la Personne Suprême, est celle de l’étude adéquate des textes védiques. On ne peut « imaginer » le Seigneur ou Sa forme. Du reste, ceux qui avec sérieux recherchent la réalisation spirituelle n’accepteraient jamais de telles fantaisies. Brahma enseigne ici que la juste compréhension des Ecritures védiques mène à connaître Krsna. Si l’étude des formes, noms, attributs, divertissements et entourage du Seigneur Suprême suscite en nous un attrait pour Sa personne, nous pourrons apprendre à Le servir avec dévotion, en sorte que Son image se fixe en notre coeur et qu’Il y établisse Sa demeure. A moins qu’il n’ait vraiment développé un amour transcendantal pour le Seigneur, le bhakta ne pourra perpétuer en son coeur sa méditation sur Lui. Vouer ainsi constamment ses pensées au Seigneur représente la perfection ultime du yoga. C’est ce que confirme le sixième chapitre de la Bhagavad-gita, où il est enseignéé que quiconque s’absorbe dans une telle méditation est le plus grand de tous les yogis. Cette méditation transcendantale, on la nomme samâdhi. Par suite, seul trouve qualité pour voir le Seigneur le pur bhakta qui sans fin absorbe en Lui ses pensées.

Nul, s’il n’a atteint le niveau transcendantal, ne peut parler d’Urugâya (le Seigneur, qu’on glorifie par des hymnes sublimes). Comme l’enseigne la Brahma-samhita (advaitam acyutam anâdim ananta-rûpam), le Seigneur possède d’innombrables formes. Ainsi Se manifeste-t’Il en de multiples formes svâmsas. Et lorsqu’un bhakta, ayant entendu parler de ces innombrables formes, s’attache à l’une d’elles et y consacre ses pensées, le Seigneur Se révèle à lui dans cette forme. Sri Krsna devient particulièrement cher aux bhaktas qui, en raison de leur amour hautement spirituel pour Sa personne, Le portent constamment dans leur coeur.

Si Krishna apparaît dans Ses innombrables formes éternelles, c’est pour répondre aux désirs de Ses purs dévots. Voilà l’essence de ce verset.

Ainsi ai-je assurément défini le sens du quatrième verset: Sri Gauranga (Sri Caitanya) vint en ce monde afin de répandre le pur amour de Dieu. Priant aux pieds pareils-au-lotus de Sri Rupa et de Sri Raghunâtha en espérant toujours leur grâce, Krsnadasa, marchant sur leurs traces, narre le Sri Chaitanya-caritâmrita.



Catégories :Le Chaitanya caritamrita

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