Maîtriser ou s’abandonner à ses sens (2/2)


Maîtriser ses sens c’est les engager au service de Krsna


 Un verset dans les Vedas décrit merveilleusement la meilleur façon de maîtriser ses sens  et les bénéfices inestimables qu’on en retire:

sarvopadhi-vinirmuktam
tat-paratvena nirmalam
hrsikena hrsikesa-
sevanam bhaktir ucyate

  La bhakti, ou le service de dévotion, c’est faire usage de tous ces sens dans le but unique de servir Dieu, la Personne Suprême, le Maître de tous les sens. Alors qu’il s’engage dans le service du Suprême, le bhakta en retire deux avantages particuliers: il se libère de toute désignation matérielle, et, parce qu’il engage ses sens au service du Seigneur, ceux-ci deviennent purifiés.            
                                          [Cc. Madhy  19.170] 

Le Seigneur Suprême, Krishna, porte également le Nom de Hrisikesha, signifiant qu’il est « le Maître des sens ». Il est donc comme tel, le réel propriétaire et bénéficiaire de ce corps, et nous ne pouvons pas dire, influencés par l’ignorance, comme, par exemple, certaines défenseurs de l’avortement défilant avec des pancartes, « Ce corps est mon corps et je peux en faire ce que je veux! ».

En réalité beaucoup de personnes dans l’Age de Kali ne voient même pas l’intérêt qu’il y a à contrôler leurs sens. J’en ai fait, moi-même, souvent, l’expérience. Lorsque j’allais de porte en porte pour présenter nos livres, et leur parlais parfois des quatre principes régulateurs (pas d’intoxication, de sexe illicite, de viande et de jeux de hasard), les gens me répondaient très perplexes, surtout par rapport aux restrictions sexuelles: « Mais ce sont les plaisirs naturels de la vie! ». Et, ils rajoutaient pour se justifier: « Mais si Dieu nous a donné des sens c’est bien pour s’en servir ! ».

 Malgré le fait qu’ils aient maintes fois expérimenté les conséquences désastreuses, physiques et mentales (cancer, sida, viol, avortement  suicide, crime passionnel, divorce, dépression, etc…), d’une débauche des sens, les hommes en général refusent d’en tenir vraiment compte.

Et pourtant nous sommes avertis de multiples façons. Dans les Ecritures védiques, par exemple, les sens incontrôlés, asservis à la convoitise (kama) BG (3.40), sont comparés à des serpents venimeux, à des ennemis sournois, imprévisibles, insatiables, despotiques, toujours en embuscade prêts à mordre et à injecter leur venin (colère, concupiscence et avidité). Celui qui ignore leur nature pernicieuse et s’abandonne à eux devient leur victime malheureuse et se destine à souffrir dans cette vie comme dans l’autre. Il devient alors la victime de sa langue (des deux fonctions de la langue – parler et goûter- prajalpa.jpg , débiter des inepties ou des propos malveillants  sur les autres, ce qu’on appelle prajalpa en sanskrit, et « vivre pour manger plutôt que manger pour vivre »), de son mental, de sa colère, de son estomac et de ses organes génitaux. Pour avoir servi sans discrimination ses sens et accompli  des actions coupables  il devra souffrir, dans cette vie comme dans l’autre, jusqu’à risquer de renaître dans une forme animale ou végétale dans sa prochaine vie.

animalnature« Pour avoir servi sans discrimination ses sens il devra renaître dans des espèces animales ou végétales »

Après un tableau aussi sombre concernant la nature des sens, on pourrait se sentir déconcerté, en se demandant, perplexe, quelle serait alors la façon d’agir sans devenir soi-même victime de ses sens? Une telle crainte serait non justifiée car les sens peuvent être aussi une grande source de connaissance, de bonheur et d’accomplissement.

Mais pour cela, il faut vouloir se remettre en question.  Srila A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, le Fondateur-Acharya du Mouvement pour la conscience de Krishna (Iskcon), disait souvent dans ses conférences que ce qui nous distingue des animaux est le fait qu’en tant qu’êtres humains nous pouvons nous interroger sur les problèmes fondamentaux de l’existence, et s’employer à y trouver des solutions, alors que les animaux eux ne le peuvent pas.

Mais, les êtres humains dans l’Age de Kali sont malheureusement peu intéressés aux questions d’ordre spirituel. Ainsi, à part quelques personnes plus évoluées et fortunées qui sortent un peu du lot (BG 7.13), beaucoup acceptent leurs tristes destinées, passifs et résignés, sans se poser trop de questions. Ainsi toute une vie peut passer sans que les questions fondamentales de l’existence effleurent jamais leur esprit. Des questions telles: « Pourquoi, malgré mes nombreux plans et tentatives pour être heureux, suis-je soumis à la souffrance et au malheur? « , « Comment remédier une fois pour toute à cette situation déplorable et utiliser mes sens de façon à connaître enfin le bonheur? ». Et pourtant le Srimad-Bhagavatam nous met bien en garde: sans se poser ces questions fondamentales et essayer de trouver les véritables réponses à notre vie, celle-ci est un véritable échec, (SB. 5.5.5) nous serons de nouveau vaincus par l’énergie matérielle et forcés de mourir et renaître sans fin.

Dans un autre verset d’importance du Srimad Bhagavatam (SB 5.5.1), le caractère privilégiée de la forme humaine est évoquée. Elle seule peut nous permettre d’atteindre à la réalisation spirituelle. Le grand roi  Maharaja Rsbhadeva nous explique que la fonction spécifique de l’être humain n’est pas de chercher à jouir de ses sens sans discrimination, tel qu’un animal le ferait, mais bien plutôt de pratiquer le tapasya (l’austérité) afin d’acquérir le bonheur et la félicité spirituelle qui transcende le bonheur matériel et, elle, est éternelle.

Le plus sûr moyen de contrôler ses sens est de refuser enfin, grâce à l’éveil de sa réelle intelligence, de servir l’insatiable concupiscence et de se tourner avec sincérité vers le service de Dieu, Krishna, le Seigneur Suprême. C’est ce que traduit la merveilleuse prière suivante issue du Nectar de la dévotion (Bhakti-rasamrta-sindhu) de Rupa Gosvami:

 « O mon Seigneur, les ordres malsains de ma concupiscence  (de mes sens) ne connaissent aucune limite. Bien que je lui aie jusque-là rendu tant de services, elle ne m’a montré aucune miséricorde. Sans la moindre honte je l’ai servie, je n’ai jamais eu non plus la moindre envie de l’abandonner. O mon Seigneur, ô chef de la dynastie Yadu, récemment mon intelligence s’est cependant éveillée, et voilà que je délaisse désormais cette concupiscence. Une intelligence transcendantale me pousse maintenant à désobéir à ses ordres pernicieux, et à présent je m’en remets entièrement à Tes pieds pareils-au-lotus où ne subsiste aucune peur. Aie la bonté de m’accepter comme Ton serviteur personnel, et ainsi, de me sauver. »
                             Bhakti-rasamrita-sindhu (1.1.12)


 Conclusion

à « Maitriser ou s’abandonner à ses sens? »


Je voudrais dans cette conclusion m’adresser plus particulièrement à ceux et celles qui sont abonnés à « Retour à Krishna » et que je remercie de l’ intérêt qu’il porte à mon blog (et, en passant, n’hésitez pas s’il vous plaît à ajouter des fois des commentaires ou des appréciations, si vous le voulez, en bas des articles car Internet reste un moyen d’échange exceptionnel et nous devons en profiter.)

Cet article intitulé  » Maîtriser ou s’abandonner à ses sens » en deux parties ne prétend pas aborder le sujet de la maîtrise des sens de façon exhaustive. Il faudrait un livre ou plusieurs même, pour traiter de façon plus complète ce vaste sujet! Néanmoins je me suis efforcé d’aborder dans ces articles tous les thèmes que je pensais essentiels, et j’espère qu’il vous aura plu.

Et je recommande pour ceux qui aimeraient approfondir ce sujet (et beaucoup d’autres) de se tourner vers srila_books_200_200x305les livres de Prabhupada et de lire régulièrement ses livres ( Bhagavad-gita, Srimad-Bhagavatam, Chaitanya caritamrita, etc..). Ils sont un réservoir de bhakti, de connaissance et d’instructions pratiques  inépuisables .  Ils  nous permettent de maîtriser notre mental, de nourrir notre intelligence et de satisfaire l’âme. Ainsi grâce à la lecture régulière des livres de Prabhupada nous sommes assurés de progresser sur le chemin de la réalisation spirituelle, le retour à Krishna. Leur lecture régulière constitue un moyen trés sûr de nous aider à maîtriser nos sens en les engageant directement au service de Krishna (BG 2.61), la plus haute pratique du yoga, le Bhakti-yoga (BG 6.47). Déjà, le fait de lire, engage nos yeux, notre mental, notre intelligence au service de Krishna.

Et pour ceux qui souhaiteraient progresser rapidement en cultivant la conscience de Krishna je recommanderais de  venir en contact des dévots de Krishna dans l’un des temples de l’Iskcon (si ce n’est déjà fait). On n’est pas obligé bien sûr de vivre dans un temple ou un ashram pour être conscient de Krishna, mais c’est un fait que l’on ne peut que difficilement progresser sans la compagnie des dévots et la pratique du Bhakti yoga sous la conduite de quelqu’un qui déjà en possède la maîtrise. Une fois que l’on possède les bases de cette connaissance et que l’on obtient une certaine stabilité dans sa pratique du service de dévotion rien ne nous empêche aussi, particulièrement si l’on a une famille, de pratiquer confortablement chez soi le Bhakti Yoga ( C’est ce que je fais d’ailleurs moi-même en ce moment car j’ai encore mes deux grands enfants avec moi) et de penser à Krishna, tout en visitant un temple aussi régulièrement que possible. Pour plus de renseignements sur ces points ou d’autres vous pouvez toujours si vous le désirez me contacter, Jagadananda: jagad154@gmail.com

  prabhupada1-1.jpg       

Avant de terminer, je voudrais remercier profondément mon maître spirituel, Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, cet océan de compassion et de qualités vaisnavas infinis, l’envoyé du Seigneur Chaitanya Mahaprabhu, le maître spirituel du Kali-yuga , qui m’a sauvé du puits profond de l’existence matérielle dans lequel je croupissais depuis si longtemps. Notre rencontre a commencé en juin 1974, à travers la conférence qu’il donna à la Salle Pleyel à Paris. Depuis ce temps je me suis engagé dans le service de Krishna à travers le service de son mouvement l’Iskcon (Le Mouvement Internationale pour la conscience de Krishna), et je continue à le servir à travers Internet et mes autres blogs.

Bien que je sois insignifiant et rempli d’imperfections (dont celle de faillir au contrôle de mes sens), je suis animé du désir de lui plaire,  j’ai foi en ses instructions qui sont parfaites et qu’on retrouve dans tous ses livres et je suis convaincu que grâce à son service et au service des dévots j’atteindrai un jour le refuge des Pieds-pareil-au-lotus de Sri Sri Radha et Krishna et que tous ceux qui suivent sur ses traces atteindront aussi Krishna. Prabhupada n’est pas mort, il est bel et bien présent à travers ses livres, (et ses instructions et son mouvement spirituel), comme le confirme une conversation qu’il eut avec un reporter en juillet 1975 à Berkeley:

Reporter: « Qu’adviendra-t’il de votre mouvement une fois que vous serez mort? »

Prabhupada: « Je ne mourrai jamais! »

Les dévots : « Jaya! Haribolo! »

Prabhupada: « Je vivrai à travers mes livres, et vous en tirerez bénéfice. »



Catégories :Sexe et principes régulateurs

1 réponse

  1. Cher Jagad,
    J’ai lu ton article sur la maitrise des sens.Ce n’est pas politiquement correct comme on dit;ce n’est pas dans l’air du temps.Pourtant c’est la base de toute forme de yoga.Tu nage à contre courrant mais dans la bonne direction en ce qui te concerne et dans ta relation à Shrila Prabhupada.Il parlait beaucoup sur ce thème et il faut bien reconnaitre que cela  faisait fuir beaucoup de monde.
    Al’heure actuelle,on voit un des candidats a la présidentielle qui prone les valeurs du travail,de la morale,du respect de l’autorité etc…il vaut voir le lever de bouclier contre lui.Le mot d’ordre aujourd’hui est « Tout sauf Sarkozy ».C’est un exemple matériel,mais
    je pense qu’on peut faire le parralèle.Les gens ont envie d’ètre carrèssés dans le sens du poil.Ton approche est courageuse et très proche de ce que souhaitait Shrila Prabhupada qui ne faisait pas de concessions.Je t’envie cette fidèlité.

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