A la recherche d’un maitre spirituel – n°3/4

Troisième Partie: 

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L’enseignement 
des Vedas

Il est trés difficile de s’y retrouver parmi la myriade de gurus ou maîtres spirituels que l’on peut rencontrer en Inde et ailleurs, il est nécessaire donc de connaître l’enseignement des Vedas et les trois divisions qu’il contient car c’est des Écritures révélées qu’un  maître  spirituel authentique puisera son enseignement.


Les trois divisions principales:
       jñāna, yoga et bhakti


 La connaissance et la pratique spirituelle comporte, selon les vedas, trois divisions: 1) le jñāna, 2) le yoga et 3) la bhakti. Celles-ci correspondent aux trois aspects de la Vérité Absolue que l’on retrouve trés bien décrits dans ce verset du Srimad-Bhagavatam:

vadanti tat tattva-vidas

tattvaḿ yaj jñānam advayam
brahmeti paramātmeti
bhagavān iti śabdyate
« Les doctes et sages spiritualistes qui connaissent la Vérité Absolue nomment cette substance unique, au-delà de toute dualité, du nom de Brahman, Paramatma ou Bhagavan . »
                  Srimad Bhagavatam (1.2.11)

1) La voie du « jñāna« : la culture de la connaissance et la réalisation impersonnelle de l’absolu.

Le mot « jñāna » signifie connaissance. Les adeptes de cette voie cherchent à atteindre à la réalisation spirituelle en cultivant assidument la connaissance à travers l’étude des Ecritures védiques. Ils s’attachent à l’aspect du brahman impersonnel de la Vérité Absolue. Les adeptes de cet enseignement adorent l’absolu en tant que la lumière du brahman qui provient de l’effulgence de Dieu ou Visnu. Leur approche de la Vérité Absolue est essentiellement impersonnelle. Pour eux, Dieu ou le Suprême, est le brahman impersonnel. Cette école impersonnaliste a été fortement marqué par l’influence d’un grand maître spirituel du 8ème siècle : Sankaracarya. La voie de la réalisation spirituelle, selon ses adeptes consiste à cultiver la connaissance des textes védiques tels les Upanisadset le Vedanta sutra d’une façon purement impersonnelle et spéculative. Ainsi, l’aboutissement de la pratique spirituelle consiste, selon eux, à perdre son individualité illusoire et se fondre ainsi dans le brahman en écartant par la voie de la logique spéculative, « neti, neti » (pas cela, pas cela) tout ce qui n’est pas brahman. Cette école « advaïta » ou monisme(unité de l’être avec Dieu ou l’Absolu) est encore trés répandue, bien que sous des aspects multiples, et c’est généralement celle auquelle on se réfère en premier lorsque l’on parle de spiritualité indienne dans les ouvrages sur ce sujet.

2) La voie du yoga: la pratique des postures et de la méditation.

Elle s’attache à la réalisation de l’aspect « localisé » de la Vérité Absolue, le Paramatma (voir verset plus haut du Srimad-Bhagavatam). Le paramatma est l’aspect localisé de Dieu, la Personne Suprême ou Sri Vishnu présent dans le coeur de tous les êtres vivants.

Qu’est-ce que le Paramatma, plus précisément ? Elle est une émanation pleinière de Krishna, Dieu, la Personne Suprême.  Les vedas nous informent que lorsque l’âme quitte sa véritable demeure, le monde spirituelle, elle fait le choix de vivre indépendamment de Dieu – de façon illusoire car cela reste impossible étant donné que tout provient de Lui et qu’Il est partout présent. Mais, le Seigneur Suprême, dans Son infinie bonté choisit tout de même de l’accompagner lors de ses multiples périgrinations au sein de multiples corps matériels (réincarnations). Le Seigneur sous la forme de l’Ame Suprême ou Paramatma vit constamment à ses côtés, dans son coeur, là ou réside aussi l’âme individuelle. Il est alors selon la Bhagavad-gita (13.23), Celui qui témoigne de tous nos actes, sanctionne et pourvoie à l’accomplissement des désirs. Il y a donc deux âmes dans le coeur: nous-même, l’âme infinitésimale ou ordinaire et Dieu, l’Ame Suprême, une manifestation du Seigneur Suprême Vishnu ou Krishna.

 Le véritable yogi donc s’attachera à la réalisation de l’aspect localisé de Dieu en son coeur sous la forme du Paramatma. Il faut  préciser  que cet objectif ultime et parfait du yoga de Patanjali n’est que rarement atteint par les pratiquants de l’astanga yoga car ceux-ci  à travers leur pratique développe également les huit siddhis ou pouvoirs surnaturels et se laissent  fourvoyés par l’acquisition de ces pouvoirs.

Ce yoga des postures ou yoga physique, nombres de clubs de yoga l’enseignent un peu partout à travers la planète, mais ce ne sont que des versions trés édulcorées de l’ astanga-yoga, ou yoga en huit phases, de Patanjali. Ainsi les différents professeurs de yoga s’en servent comme d’une méthode de relaxation et d’anti-stress ( ce qui n’est qu’un aspect trés subalterne du yoga). Mais, ironiquement, alors que la véritable vocation du yoga est de nous permettre d’atteindre à la réalisation spirituelle et donc à la purification des attachements matériels résultant d’une trop grande identification avec notre corps physique, ces pratiques de yoga-relaxation contribuent plutôt à renforcer l’identification des pratiquants avec leurs corps matériels plutôt que de les en affranchir.

De plus, il faut savoir que même sous sa forme authentique le yoga est déconseillé pour l’âge de Kali () car celui-ci nécessite une ascèse et des qualités de maitrise de soi, abstinence, longévité, détermination, … que sont loin de posséder les hommes de cet âge.

()
voir Bhagavad-gita chapitre 6 verset 33

3) La voie de la bhakti : le service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême Krishna.

L’école de la bhakti s’attache essentiellement à l’aspect personnel de la Vérité Absolue en tant que Dieu, la Personne Suprême Bhagavan et à Son service de dévotion. Cet aspect personnel de la vérité absolue représente, selon la philosophie védique, l’aspect ultime et le plus accompli de la vérité absolue. Srila A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, un grand maître spirituel dans la lignée des purs bhaktas, des purs dévots de Dieu, explique dans sa Bhagavad-gita telle qu’elle est le sens du mot Bhagavan: « Parasara Muni, le père de Vyasadeva, dont l’autorité est grande en la matière, explique ainsi le sens du mot sanskrit bhagavan: il désigne celui qui possède sans limite beauté, force, sagesse, renommée, richesse et renoncement. Il y a des milliers de gens riches, puissants, beaux, célébres, érudits ou détachés, mais nul ne peut prétendre posséder intégralement l’ensemble de ses attributs. Nul, sauf Krishna, car Il est Dieu, la Personne Suprême. Aucun être vivant, pas même Brahma, Siva ou Narayana, ne les possède aussi parfaitement. »

La bhakti désigne donc la voie du service d’amour et de dévotion offerte à Dieu en tant que la Personne Suprême originelle. Avec de nombreux autres textes védiques la Brahma-samhita, un célèbre et trés ancien texte, décrit avec force détail Dieu, en tant que Bhagavan Sri Krishna:

īśvaraḥ paramaḥ krsnaḥ
sac-cid-ānanda-vigrahaḥ
anādir ādir govindaḥ
sarva-kāraṇa-kāraṇam

« Innombrables sont ceux qui possèdent les qualités de Bhagavan, mais parmi eux, Krishna est le Suprême, que nul ne peut surpasser. Il est Govinda, le Seigneur originel, Cause de toutes les causes, et Son Corps éternel jouit de toute connaissance et de toute félicité »
            Brahma-samhita 5.1

Ainsi, pour résumer ce chapitre concernant les trois voies de réalisation spirituelle dans les vedas, elles sont:

  • La voie du jñāna ou la voie impersonnaliste, qui a pour but la réalisation du brahman impersonnel.
  • La voie du yoga ou de la méditation qui s’attache à l’aspect personnel mais localisé de Dieu, Paramatma.
  • La voie du bhakti-yoga qui s’attache à l’aspect ultime de Dieu en tant que La Personne Suprême, Sri Krishna, de laquelle les deux autres aspects émanent.

Et donc toute personne qui est présenté comme un guru ou maître spirituel doit appartenir à l’une ou l’autre de ces trois voies de réalisation spirituelle. Concernant les deux voies du jnana et du yoga, il faut toutefois garder à l’esprit le fait que, contrairement à la voie du bhakti-yoga, ces deux autres voies ne sont que partielles et difficiles à pratiquer. Dans la Bhagavad-gita la voie de l’impersonnalisme est décrite par Krishna comme particulièrement difficile et pénible:

kleśo ‘dhikataras tesām
avyaktāsakta-cetasām
avyaktā hi gatir duhkhaḿ
dehavadbhir avāpyate

 » Pour eux, cependant, dont le mental se lie au non-manifesté, à l’aspect impersonnel de l’Absolu, le progrès sera fort pénible. Avancer par cette voie est toujours difficile pour l’être incarné. »
                                     Bhagavad-gita (12.5)

Quant à la voie de la méditation et du yoga, l’astanga yoga, elle est également écartée par Arjuna dans la Bhagavad-gita – après que Krishna en est décrit la pratique et les modalités à travers le chapitre six – car étant trop difficile selon lui à pratiquer -, et Arjuna n’est pas n’importe qui car il est le compagnon intime de Sri Krishna. Il faut savoir que selon la culture védique le temps est divisé en quatre âges et que parmi celui-ci, le kali-yuga ou l’âge de fer, l’âge dans lequel nous vivons, est décrit comme le moins propice pour la pratique de l’austérité, du renoncement et du célibat, conditions essentielles requises avant même de prétendre atteindre au succés final du samadhi.


  SUITE:
   Qualités et caractéristiques d’un maître spirituel authentique



Catégories :Le guru ou maître spirituel.

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