A la recherche d’un maître spirituel n°4/4

Quatrième Partie:


Qu’est-ce qu’un maître spirituel,
ses qualifications et  caractéristiques?


Petit résumé utile:

Avant d’aborder cette troisième partie de notre échange par courrier, Salim, et donc la question: « Que devons nous attendre d’un maître spirituel ? » (deuxième question du deuxième email), j’aimerais faire le point avec vous sur les sujets jusque là abordés dans les réponses à vos deux emails précédents:

Dans un premier email vous me faisiez part de votre désir de « faire un voyage initiatique en Inde «  et d’y rencontrer un maître spirituel « qui pourrait m’aider ». Je vous ai alors encouragé avec la première partie dans cette voie, tout en vous m’étant en garde contre les risques qu’il y avait de vous faire avoir par les nombreux gurus de pacotilles que l’on peut trouver en Inde, et nous avons mis l’accent donc sur la nécessité de connaître avant de s’y rendre les qualifications d’un réel maître spirituel.

Dans un deuxième email Salim, vous m’avez posé deux questions:

1) Quelle est la nécessité d’approcher un maître spirituel?

2) Que devons nous attendre d’un maître spirituel?

Pour commencer nous avons donc répondu à la première question sur la nécessité d’approcher un maître spirituel. Ainsi, je me suis appliqué à rappeler combien notre position était difficile dans cette existence matérielle : celle-ci de part sa nature même, incertaine, changeante, fragile, nous destine, tôt ou tard, de façon inévitable, à faire face à la confusion, l’incertitude et le désarroi. Nous avons alors mentionné le cas d’Arjuna, la célèbre figure du Mahabharata, qui dans la Bhagavad-gita fait face à une situation pénible qui le remplit de perplexité. Arjuna, ayant grand besoin d’aide, décide alors de se tourner vers Krishna et de L’accepter comme son maître spirituel. Le rôle du maître spirituel alors est de nous éclairer en diffusant la connaissance spirituelle, et de nous aider à recouvrer la sérénité et le bonheur. Nous avons terminer cette deuxième partie en mettant l’accent sur le fait qu’il faut choisir un maître spirituel, non pas de façon arbitraire et aléatoire, mais bien plutôt comme Arjuna le fait, selon les critères précis et infaillibles des Ecritures védiques: en acceptant Sri Krishna comme le Maître spirituel parfait.

Enfin, concernant ce petit rappel et résumé utile, nous avons abordé dans une troisième partie, le sujet des Vedas, les Ecritures védiques et leurs trois divisions car ce sont des vedas qu’un maître spirituel authentique, puisera son enseignement, et elles constituent donc un critère infaillible. Cette connaissance des Ecritures se révèlera être un critère infaillible quant à déterminer les réelles qualifications et connaissances que se doit de posséder un maître spirituel avant de se poser en représentant de Dieu. Autrement dit, toutes les paroles et le comportement du maître spirituel authentique sont étayées par les Ecritures védiques et ne s’en écarte jamais.

Nous répondrons donc à présent à la deuxième question que vous m’avez posé Salim, qui est la suite logique de la première: que devons-nous attendre d’un maître spirituel? Autrement dit cela pose la question des qualifications et des caractéristiques d’un maître spirituel authentique

Mais tout d’abord: 


a) Qu’est-ce qu’un maître spirituel?



Dans le Vayu Purana on trouve la définition suivante de l’acarya (une autre désignation du maitre spirituel qui signifie « celui qui enseigne par son exemple »): 

 » Le maître spirituel est celui qui connaît la teneur de tous les Ecritures védiques, qui explique le but des Vedas, qui observe les règles et principes qu’on y retrouve énoncés, et qui enseigne à ses disciples à en faire autant. »

Un verset célèbre des vedas explique également clairement la mission du guru; éclairer son disciple par l’intermédiaire de la connaissance transcendantale:anti_bug_fc  

oḿ ajñāna-timirāndhasya
jñānāñjana-śalākayā
cakṣur unmīlitaḿ yena
tasmai śrī-gurave namaḥ

« Je suis né dans les plus profondes ténèbres de l’ignorance mais du flambeau de la connaissance mon maître spirituel m’a ouvert les yeux, je lui rend mon hommage le plus respectueux. »

 


b) Qualifications et caractéristiques
du maître spirituel authentique

 
Le maître spirituel doit être un pur dévot de Dieu

L’emploi du mot « dévot » (bhakta en sanskrit) signifie que le maître spirituel véritable est attaché à l’aspect Personnel de Dieu et se pose donc en humble serviteur de Dieu, la Personne Suprême. Il pratique donc la voie dévotionnelle du bhakti-yoga, le plus élevé de tous les yogas.

Nous avons vu précédemment que les Ecritures védiques mentionnaient trois voies d’accès à la Vérité Absolue, et que celle-ci revêtait son aspect le plus achevé dans l’aspect Personnel de Dieu ou Bhagavan. Ainsi, un maître spirituel véritablement accompli sera celui qui reliera son disciple à La Personne Suprême. D’ailleurs, le verbe « relier » ici est trés significatif. En sanskrit on retrouve l’équivalent avec le mot « yoga » qui étymologiquement signifie « relier ». Ainsi, le maître du yoga ou guru le plus parfait sera celui qui relie son disciple à Dieu, la Personne Suprême, Krishna.  Cette pratique spirituelle s’appelle, dans l’échelle du yoga, le bhakti-yoga.

La Bhagavad-gita confirme que le bhakti-yoga représente sur l’échelle du yoga, le plus élevé: 

yoginām api sarvesāḿ
mad-gatenāntarātmanā
śraddhāvān bhajate yo māḿ
sa me yuktatamo mataḥ

« Et de tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujoure en Moi, et M’adore en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand, et M’est le plus intimement lié. »
                       
Bhagavad-gita (6.47)


Dans le bhakti-rasamrta-sindhu, la qualification de « pur » dévot est définie trés clairement: 

anyābhilāsitā-śunyam
jñāna-karmādy-anāvritam
ānukūlyena krisnānu-
śilanam bhaktir uttamā

« Le pur dévot est celui qui est libre de l’attachement aux plaisirs des sens matériels et à la spéculation intellectuelle et qui désire servir Krishna de façon favorable «  (c’est à dire en accord avec les instructions de son propre maître spirituel voir teneur et portée : ).

Le maître spirituel est rattaché à la parampara ou à la succession disciplique:

Cela signifie qu’il ne s’est pas « auto-proclamé » guru ou maître spirituel mais est rattaché à un maître spirituel, et a reçu son enseignement d’ un maître spirituel qui, lui-même, l’avait reçu de son propre maître spirituel, et ainsi de suite, remontant jusqu’à Dieu Lui-même ou Krishna, La Personne Suprême. Ce processus de transmission de la connaissance transcendantale à travers la succession disciplique s’appelle la parampara dans la tradition védique. Il est fondamental. Il veille à préserver la connaissance védique et à la transmettre à travers le temps, sans l’altérer.

Le maître spirituel tire son enseignements des Ecritures védiques et est versé dans la connaissance de ces Ecritures: 

On entend jamais ainsi un véritable guru dire  » Selon mon opinion, il me semble que, je pense que…, ». Autrement dit lorsqu’il transmet son enseignement il le fait toujours en référence des Ecritures védiques. On appelle cette caractéristique en sanskrit « sastra-caksusa », littéralement « voir par l’intermédiaire des Ecritures ». Mais le maître spirituel ne se contente pas de répéter comme un perroquet les Ecritures. Il ne parle pas comme un livre ouvert. Non, sa vie est une manifestation des Ecritures: 

« La personne bhāgavata, ou le bhakta, vaut le livre bhāgavata*, car elle modèle entièrement sa vie sur ce livre, lequel regorge d’informations concernant le Seigneur Suprême et Ses purs dévots. Le livre bhāgavata et la personne bhāgavata sont non différents l’un de l’autre. »
Srimad-Bhagavatam (1.2.18 teneur et p.)

* Les Ecritures révélées et en particulier le Srimad-Bhagavatam, la crème des Vedas.

– Le maître spirituel doit enseigner par l’exemple:

Le maître spirituel n’est pas un avocat de l’adage populaire: « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». Parce qu’il est un « atmarama », une âme qui puise sa satisfaction en elle-même, à travers la conscience de Krishna, il n’a pas à faire d’efforts particuliers pour modeler sa vie sur les préceptes des écritures et des acharyas précédents. Ses sens demeurent parfaitement maîtrisés (voir verset) et il suit naturellement les quatres principes régulateurs de la vie spirituelle. Il s’adonne toujours à l’une ou l’autre des neuf activités dévotionnelles et, de part la grande satisfaction (ananda) qu’il en retire, il inspire naturellement chacun à agir de même.


– Le maître spirituel doit être capable de libérer ses disciples du cycle des morts et des renaissances:


Nul ne devrait devenir maître spirituel pour répondre à ses dépenses personnelles et gonfler son compte en banque. La qualification d’un maître spirituel authentique est qu’il est pleinement conscient de la condition misérable de chacun dans cette existence matérielle et de  l’origine de cette souffrance: l’enchaînement au cycle des morts et des renaissances répétées.

Un maitre spirituel authentique est comparable à un médecin expert. Un médecin qualifié est expert à trouver la cause du mal  et à délivrer le remède parfaitement approprié à la maladie qu’il a diagnostiqué auparavant. Les gens dans leur ignorance ne le savent pas mais ils ont autant besoin d’un maître spirituel, « un médecin de l’âme » que d’un médecin de famille, « un médecin du corps ». En effet, alors que le médecin du corps s’applique à déterminer la cause et le remède d’un mal corporel, le maître spirituel, « le médecin de l’âme », est expert quant à lui, à déterminer la cause de notre mal spirituel en ce monde: la contamination des désirs matériels (résultant de notre ignorance de Krishna) qui hantent nos coeurs et l’enchaînement au cycle des morts et des renaissances répétées qui en résulte. Son expertise est telle qu’il est en mesure de déterminer quelles genres de contaminations matérielles affectent son disciple et de déliver le remède approprié à celui-ci selon le processus de la conscience de Krishna.

– Le maître spirituel ressent une extase spirituelle par la pratique du chant et de la danse :

mahāprabhoḥ kīrtana-nṛtya-gītā
vāditra-mā
dyan-manaso rasena
romāñca-kampāśru-tarańga-bhā
jo
vande guroḥ śrī-caranāravindaṃ

Louant les Saints Noms, dansant d’extase et modulant, au son d’instruments de musique, des chants à la gloire du Seigneur, le maître spirituel éprouve une grande joie à répandre le Mouvement de sankirtana de Sri Caitanya Mahaprabhu. Parce qu’il goûte en lui-même l’ambroisie de la pure dévotion, ses poils se dressent parfois sur son corps, il frissonne, et parfois encore des torrents de larmes ruissellent de ses yeux. Je rends mon hommage respectueux aux pieds pareils-au-lotus de mon maître spirituel.

– Sri Sri Guruvastaka –  

Le maître spirituel enseigne comment connaître et aimer Dieu: (extrait du livre « The science of Self-realization » ed. BBT)

Mme Nixon: Comment peut-on distinguer un maître spirituel d’un imposteur?

Srila Prabhupada:
Quiconque enseigne comment connaître Dieu et comment L’aimer – il est un maître spirituel. Parfois des charlatans et des imposteurs égarent les gens. « Je suis Dieu,  » prétendent-ils, et les gens qui ne savent pas qui est Dieu les croient. Uniquement un étudiant sérieux peut comprendre qui est Dieu et comment L’aimer. Autrement, vous risquez simplement de gâcher votre temps. Donc la différence entre les autres et nous, est que nous sommes le seul mouvement qui soit en mesure d’enseigner comment connaître Dieu et comment l’aimer. Nous présentons la science qui consiste à connaître Krishna, Dieu, la Personne Suprême, en pratiquant l’enseignement de la Bhagavad-gita et du Srimad-Bhagavatam. Ils nous enseignent que notre unique occupation est d’aimer Dieu.

(Cette liste des « qualités et caractéristiques d’un maître spirituel authentique », bien que présentant quelques unes des plus essentielles, n’est pas exhaustive, elle est extraite du livre  » The spiritual master and the disciple » des Editions BBT) 



Catégories :Le guru ou maître spirituel.

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