Saint Augustin à la lumière des Vedas

  SPIRITUALISME DIALECTIQUE

Un point de vue védique sur la philosophie occidentale

________

LES PREMIERS THEISTES D’OCCIDENT

SaintAugustin.jpg

 SAINT AUGUSTIN
  (354-430)

Dans l’entretien qui suit, Hayagriva das (Prof. Howard Wheeler) présente la philosophie de saint Augustin à Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada ( Fondateur-Acharya du Mouvement pour la Conscience de Krishna ) qui la compare à la pensée védique. 
  Traduction française: Priya Bhakta das (Denis Bernier)

Hayagriva: Saint Augustin considérait l’âme de nature spirituelle et incorporelle; mais il croyait aussi que l’âme individuelle n’existait pas avant la naissance. Elle ne devient immortelle qu’à la mort pour ensuite vivre éternellement.

Srila Prabhupada: Si l’âme est créée, comment peut-on dire qu’elle est immortelle? Comment pourrait-elle être tantôt éternelle, tantôt temporaire?

Hayagriva: Saint Augustin dirait qu’elle atteint l’immortalité après avoir été créée à un moment précis.

Srila Prabhupada: Comment alors voit-il la mort?

Hayagriva: Il reconnaît deux types de mort: la mort physique où l’âme quitte le corps et la mort de l’âme quand Dieu l’abandonne. Les damnés subissent et la mort physique et la mort spirituelle de l’âme.

Srila Prabhupada: Au figuré, celui qui oublie sa position « meurt » en quelque sorte mais l’âme est éternelle. Ce que saint Augustin appelle la mort spirituelle n’est que l’oubli de Dieu. Dans l’inconscience, l’être oublie son identité mais lorsqu’il meurt, il ne peut ranimer sa conscience. Bien sûr, tant qu’il ne s’affranchit pas de l’existence matérielle, l’être demeure spirituellement mort bien qu’il continue d’exister au niveau physique. L’oubli de notre véritable identité représente une certaine forme de mort, car seul l’être conscient de Dieu vit vraiment. De toute façon, l’âme est éternelle; elle ne meurt pas avec le corps

Hayagriva: Saint Augustin croyait qu’en certains cas cet oubli s’avère éternel.

Srila Prabhupada: Au contraire, notre conscience peut toujours être ravivée; telle est la conviction du Mouvement pour la Conscience de Krishna. L’homme assoupi est inconscient; mais lorsqu’on l’appelle à plusieurs reprises le vibration de son nom pénètre son oreille et il s’éveille. De même, le chant du maha-mantra : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rāma, Hare Rāma, Rāma Rāma, Hare Hare, ranime la conscience spirituelle de l’être, l’éveillant ainsi à la spiritualité.

Hayagriva: Saint Augustin dirait que Dieu abandonne à jamais l’âme damnée à la perdition éternelle.

Srila Prabhupada: On peut être éternellement « abandonné » en ce sens que notre oubli peut durer des millions d’années et sembler ainsi perpétuel. Mais en réalité, notre conscience spirituelle peut se raviver en tout temps au contact des dévots du Seigneur et par le chant et l’écoute de Ses gloires. Aussi le service de dévotion commence-t’il par l’écoute (sravanam). Ce procédé est très important, surtout au début. Celui qui entend la vérité de la bouche d’une âme réalisée peut s’éveiller à la spiritualité et demeurer spirituellement vivant dans le service de dévotion.

Hayagriva: Dans « La cité de Dieu », saint Augustin fait allusion à deux cités ou sociétés: l’une démoniaque et l’autre divine. Dans cette dernière, l’amour de Dieu et de l’esprit est le facteur unificateur; dans la première, l’amour du monde et de la chair domine. Il écrit: « Il existe deux amours: l’un saint, social, soumis à Dieu, l’autre impie, individualiste, hostile à Dieu. »

Srila Prabhupada: Une allégorie semblable est présentée dans le Srimad-Bhagavatam: le corps est comparé à une cité dont le roi serait l’âme. Cette cité possède neuf portes par lesquelles le roi peut la quitter. Ces descriptions détaillées sont contenues dans le quatrième chant du Srimad-Bhagavatam.

Hayagriva: Saint Augustin semble admettre la transcendance de Dieu, mais non Son omniprésence en tant que le Paramātmā qui accompagne chaque âme individuelle. Il écrit à cet effet: « Dieu n’est pas l’Ame de toutes choses, mais le Créateur de toutes les âmes. »

Srila Prabhupada: Alors  où est Son omniprésence? Et le Srimad Bhagavatam et la Bhagavad-gita confirment que le Paramātmā est l’Ame Suprême. « Mais il existe dans le corps un autre bénéficiaire, qui transcende la maitière; et c’est le Seigneur, le Possesseur Suprême, témoin et consentant, qu’on nomme l’Ame Suprême. » (BG. 13.23) Dieu est présent dans chaque atome: « Je pénètre et soutiens cet univers entier par une simple étincelle de Ma Personne. «  (Bg. 10.42) « Les doctes et sages spiritualistes qui connaissent la Vérité Absolue nomment cette substance unique, au-delà de toute dualité, du nom de Brahman, Paramātmā ou Bhagavān. »(SB. 1.2.11) On ne saurait donc nier l’omniprésence de Dieu.

Hayagriva: Saint Augustin rejetait l’assertion d’Origène selon laquelle le corps serait comme une prison. Il écrit à ce sujet: » Si l’opinion d’Origène et de ses partisans était vraie, à savoir que la matière fût créé pour que les âmes puissent être incarcérées dans des corps, sortes de pénitenciers où elles expieraient leurs péchés, alors les corps supérieurs et plus légers seraient destinés  à ceux dont les péchés furent moindres tandis que les corps inférieurs et plus lourds seraient réservés à ceux dont les crimes furent plus sérieux. »

Srila Prabhupada: L’âme est essentiellement une parcelle de Dieu, mais elle se voit incarcérées dans divers types de corps. Dans la Bhagavad-gita  Krishna dit: « Comprends cela, ô fils de Kunti, que  toutes espèces de vie procèdent du sein de la nature matérielle, et que J’en suis le Père, qui donne la semence. » (BG 14.4) De la nature matérielle, notre mère, procèdent différentes espèces de vie qu’on retrouve partout: dans la terre, dans l’eau, dans l’air et même dans le feu. L’âme individuelle, toutefois, est une infime parcelle du Seigneur Suprême qui l’injecte dans l’Univers matériel, où elle naîtra du sein d’une mère. Il semble que l’âme naît de la matière, mais elle n’est pas formée d’éléments matériels. Fragment éternel de Dieu, elle ne fait que revêtir divers types de corps selon ses actes et désirs vertueux ou impies. Les aspirations de l’âme déterminent ainsi les corps inférieurs ou supérieurs qu’elle doit adopter. L’âme cependant demeure inchangée. Aussi dit-on que les êtres ayant atteint un haut degré de conscience transcendantale voient la même substance spirituelle en chaque corps, fût-ce celui d’un chien ou d’un brahmana. « L’humble sage éclairé du pur savoir voit d’un oeil égal le brahmana noble et érudit, la vache, l’éléphant, ou encore le chien et le mangeur de chien.  » (Bg 5.18)

Hayagriva: Pour saint Augustin, Adam représente l’origine du genre humain. Il écrit: « Dieu savait combien il serait bon pour cette communauté de souvent se rappeler que la race humaine prend sa source dans un homme, pour montrer précisément comme il est agréable à Dieu que les hommes, bien que multiples, ne fassent qu’un. »

Srila Prabhupada: La conception védique est presque la même. Nous enseignons que le genre humain procède de Manu. Le mot sanskrit mānusah, qui signifie « venant de Manu » ou « être humain », est un dérivé du nom Manu. Manu lui-même procède de Brahmā, le premier être créé. Les êtres proviennent donc d’autres êtres vivants et non de la matière. Brahmā, à son tour, procède du Seigneur Suprême en tant que rajo-guna-avatāra (voir guna avatāras). A vrai dire, il incarne le rajo-guna, la Passion. Tous les êtres vivants proviennent en fin de compte de l’Etre Souverain.

Hayagriva: Comme Origène, saint Augustin considère que l’âme fut créé à un moment précis, mais il rejette cependant la réincarnation: « Que les platoniciens cessent de nous menacer avec leur réincarnation qui serait un châtiment pour notre âme. Quelle idée ridicule! L’âme ne renaît pas pour être punie. Même si Dieu nous a créés mortels, comment le fait de revêtir de nouveaux corps, dons du Seigneur, pourrait-il représenter un châtiment? »

Srila Prabhupada: Ne croit-il pas que de renaître dans le corps d’un porc ou d’une autre créature inférieure représente un châtiment? Pourquoi une personne obtient-elle le corps du roi Indra ou de Brahmā alors qu’une autre reçoit celui d’un insecte ou d’un porc? Comment explique-t’il le corps du porc? Si le corps est un don de Dieu, il peut aussi constituer une punition de Sa part. Le corps de Brahmā ou d’Indra représente donc une récompense et celui du porc un châtiment.

Hayagriva: Le corps humain est-il un châtiment ou une récompense?

Srila Prabhupada: Plusieurs hommes vivent dans l’aisance alors que d’autres souffrent. La souffrance et le plaisir dépendent ainsi du corps. Comme l’expliquent la Bhagavad-gita (2.14): « Ephémère, joies et peines comme hivers, vont et viennent, ô fils de Kunite. Elles ne sont dues qu’à la rencontre des sens avec la matière, ô descendant de Bharata, et il faut apprendre à les tolérer sans en être affecté. » Le vieillard peut être sensible au froid tandis que l’enfant n’en sera même pas conscient. La perception dépend donc du corps. L’animal peut se promener nu sans ressentir le froid alors que l’homme ne le pourrait pas. Le corps représente ainsi une source de plaisir et de souffrance ou en d’autres mots, une récompense et un châtiment.

Hayagriva: Pour saint Augustin, l’âme de chaque homme n’est pas nécessairement condamnée à vivre sur Terre dû à quelque désir ou péché personnel, mais bien à cause du péché originel d’Adam, le premier homme. Il écrit: » Lorsque le premier couple (Adam et Eve) fut puni par Dieu l’entière race humaine…était présente dans le premier homme. Et ce qui naquit alors n’était pas la nature humaine telle qu’elle fût créé à l’origine, mais telle qu’elle devînt après le péché et le châtiment des premiers parents, au moins en ce qui concerne l’origine du péché et de la mort. » En ce sens,l’individu partage le karma de la race entière.

Srila Prabhupada: S’il en est ainsi, pourquoi considère-t’il le corps comme un don? Pourquoi dit-il que le corps n’est pas un châtiment? L’homme originel fut puni, de même que le suivant et ainsi de suite. Parfois, le fils hérite de la même maladie dont souffrait son père. N’est-ce pas une forme de châtiment?

Hayagriva: La forme humaine serait donc un châtiment en elle-même?

Srila Prabhupada: Oui. Dans un même temps, on peut quand même considérer la vie humaine comme un don car c’est Dieu qui nous l’offre. Comprenons que c’est une grâce du Seigneur si, en guise de punition, Il nous donne ce corps car en étant puni de la sorte, nous pourrons nous purifier et progresser vers Dieu. C’est ainsi que pense le dévot. Il voit le corps comme une récompense car s’il accepte ce châtiment, il progressera dans la réalisation de Dieu. Même s’Il nous donne ce corps pour nous corriger, on peut aussi l’accepter comme un bienfait.

Hayagriva: Selon saint Augustin, le corps physique précède le spirituel: »On sème un corps naturel, il ressuscite un corps spirituel. S’il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel…Mais ce n’est pas le spirituel qui paraît d’abord, c’est le physique. Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est  du ciel…Mais le corps qui, de l’esprit vivifiant deviendra spirituel et immortel ne pourra en aucun circonstance mourir. Il sera immortel au même titre que l’âme créé. »

Srila Prabhupada: Pourquoi parle-t’il de l’immortalité uniquement en rapport avec l’homme? Chaque être vivant possède un corps immortel. Comme nous l’avons dit, le fait d’habiter un cops mortell représente une certaine forme de châtiment. L’individu évolue des espèces inféreieurs aux formes spuérieures de vie. Chaque âme est une parcelle de Dieu, mais dû à quelque péché, elle vient en cet unviers matériel. La Bible dit qu’Adam et Eve furent chassés du Paradis et durent séjourner en ce monde parce qu’ils désobéirent à Dieu. Le Paradis, ou les planètes de Krishna, constitue la demeure originelle de l’âme qui, pour une raison quelconque, choit dans ce monde et revêt un corps de matière. Ses activités ici-bas l’élèveront ou la dégraderont de sorte qu’elle sera tantôt un déva, tantôt un homme, un animal, un arbre ou une plante. De toute façon, l’âme demeure toujours distincte du corps, comme le confirment les Ecritures védiques. Notre vie spirituelle commence lorsque nous sommes affranchis de toute souillure matérielle ou, en d’autres mots, de la réincarnation.

Hayagriva: Saint Augustin écrit sur la paix: « La paix entre l’homme mortel et son Créateur consiste à obéir, guidé par la foi, aux lois éternelles de Dieu; la paix entre les hommes consiste en une sobre amitié…La paix de la cité céleste réside dans la communion parfaitement ordonnée et harmonieuse de ceux qui trouvent leur joie mutuelle en Dieu. En dernière analyse, la paix est le calme qui résulte de l’ordre. »

Srila Prabhupada: La paix implique qu’on doit entrer au contact de Dieu, la Personne Suprême. L’ignorant croit être lui-même le bénéficiaire de ce monde; toutefois, lorsqu’il contacte Dieu, le Maître Suprême, il comprend que c’est Lui le véritable bénéfiaire. Nous sommes des serviteurs créés pour Son plaisir. Le serviteur subvient aux besoins de son maître. A vrai dire, le maître n’a aucun besoin à satisfaire; néammoins, il goûte la compagnie de ses serviteurs qui apprécient en retour sa présence. Le fonctionnaire est  trés heureux d’obtenir un bon poste et le maître est heureux d’acquérir un serviteur très loyal. Telle est la relation qui unit l’âme individuelle à Dieu. Et quand elle se brise, on dit que l’âme sombre dans l’illusion (māyā); lorsqu’elle est rétablie, l’individu retrouve sa conscience spirituelle, dite conscience de Krishna, et comprend que le Seigneur, l’Être suprême, est le vrai bénéficiaire et possesseur de tout. Lorsque nous  apprécierons les attributs transcendants de Dieu, nous connaîtrons enfin le bonheur et la paix.

Hayagriva: Saint Augustin estimait que l’action et la méditation devaient se compléter au lieu d’être exclusives: « Aucun homme ne doit à ce point s’abîmer dans la contemplation qu’il en oublie les besoins de son voisin, ni s’absorber dans l’action au point de négliger la contemplation de Dieu. »

Srila Prabhupada: A moins de penser à Dieu, comment peut-on Le servir activement? La véritable méditation consiste à méditer  sur le Seigneur Souverain ou l’Âme Suprême sise dans le coeur . L’action et la méditation doivent toutefois aller de pair. Il est louable de s’asseoir et de penser à Dieu, mais celui qui agit en Son Nom et selon Son désir est certes supérieur. C’est bien si par amour vous pensez à moi. Toutefois, il serait préférable que vous exécutiez mes ordres. C’est plus important.

Hayagriva: Saint Augustin concevait un monde spirituel où les mouvements des corps « seront d’une beauté si inconcevable que j’ose seulement dire: Il y aura une assurance, une grâce et une beauté dignes d’un lieu où l’on ne trouve rien qui soit déplacé. Le corps se transportera en un éclair où l’esprit le désire…Dieu y sera la Source de toute satisfaction. Il incarnera le couronnement de tous nos désirs, l’objet de notre vision ininterrompue, de notre amour inaltérable, de nos louanges inlassables…Les âmes bienheureuses jouiront  toujours de leur libre arbitre, quoique le péché ne puisse plus les tenter. »

Srila Prabhupada: En effet, le péché ne peut toucher ceux qui demeurent toujours unis à Dieu. Selon nos désirs, nous venons au contact des trois modes d’influence de la nature matérielle (les 3 gunas) et acquérons différents types de corps. La nature, en tant qu’agent de Krishna, nous offre certaines facilités en nous accordant un corps qui ressemble à une machine. Lorsque son fils lui demande avec insistance: « Papa, donne-moi une bicyclette », tout père affectueux accédera à sa demande. Telle est la relation typique qui unit le père et son fils. Comme l’explique la Bhagavad-gita (18.61):

īśvaraḥ sarva-bhūtānāḿ
hṛd-deśe ‘rjuna tiṣṭhati
bhrāmayan sarva-bhūtāni
yantrārūḍhāni māyayā

 « Le Seigneur Suprême Se tient dans le coeur de tous les êtres, ô Arjuna, et dirige leurs errances à tous, qui se trouvent chacun comme sur une machine, constituée d’énergie matérielle. »

 Le Père Suprême, Krishna, réside dans le coeur de chaque être, auquel Il donne un corps façonné selon ses désirs par la nature matérielle. Ce corps est destiné à souffrir alors que les corps spirituels des planètes Vaikunthas ne connaissent ni la naissance, ni la maladie, la vieillesse, la mort ou les trois formes de souffrance. Ils sont éternels, saturés de savoir et de félicité. 

Hayagriva: Pour saint Augustin, le mental, la raison et l’âme ne font qu’un.

Srila Prabhupada: Au contraire, il s’agit d’entités bien distinctes. Le mental agit en accord avec l’intelligence, mais l’intelligence des divers êtres varie, et de même leur mental. L’intelligence du chien n’égale pas celle de l’humain, mais il ne faut pas croire pour autant que le chien n’a pas d’âme. L’âme est placée dans différents corps dotés de diverses sortes d’intelligence et de modes variés de penser, ressentir et vouloir (les 3 fonctions du mental). Ainsi, le metal et l’intelligence varient avec le corps bien que l’âme demeure toujours la même.

Hayagriva: En identifiant l’âme au mental et à la raison, saint Augustion pouvait justifier la mise à mort des animaux. Il écrit: « En vérité, certains essaient d’inclure dans l’interdiction « Tu ne tueras pas » les bêtes et le bétail afin qu’il soit défendu de les tuer. Mais alors, pourquoi ne pas inclure aussi les plantes et tout ce qui prend racine et se nourrit du sol? Ecartant ces absurdités, nous n’appliquons le commandement « Tu ne tueras point », ni aux plantes, car elles ne ressentent rien, ni aux animaux irrationnels qui volent, nagent, marchent ou rampent, car ils n’ont aucun lien commun avec l’homme. Par l’arrangement judicieux du Créateur, les animaux, morts ou vivants, sont destinés à notre usage. Il ne nous reste ainsi qu’à appliquer le commandement « Tu ne tueras point » à l’homme seul, c’est-à-dire à soi-même et à autrui. »

Srila Prabhupada: La Bible dit sans réserve: « Tu ne tueras point ». Notre philosophie védique admet que chaque espèce vivante sert de nourriture à une autre. C’est naturel. Le Srimad-Bhagavatam (1.13.47) dit à ce sujet que les êtres sans mains font la proie de ceux qui ont des mains; les végétaux, les plantes et les êtres sans pattes sont la proie de ceux qui marchent. Ainsi du faible se nourrit le fort. C’est une loi naturelle. Toutefois, la philosophie de la conscience de Krishna ne repose pas sur la théorie que les végétaux seraient moins sensibles que les animaux, et ceux-ci moins que l’homme. Nous considérons plutôt tous les humains, les animaux, les plantes et les arbres comme des êtres vivants, des âmes spirituelles. Que nous mangions une bête ou un légume, notre nourriture consistera inévitablement d’un être vivant. Il s’agit ainsi d’une question de choix. Mis à part le végétarisme ou l’alimentation carnée, nous ne mangeons avant tout que le Krishna-prasadam, la nourriture goûtée par Krishna, qui dit dans la Bhagavad-gita (9.26):

patraḿ puspaḿ phalaḿ toyaḿ
yo me bhaktyā prayacchati
tad ahaḿ bhakty-upahrtam
aśnāmi prayatātmanaḥ

« Que l’on M’offre avec amour et dévotion une feuille, une fleur, un fruit, de l’eau, et cette offrande, Je l’accepterai. »

Telle est notre philosophie. Nous ne nous soucions que d’honorer les reliefs des aliments offerts à Krishna. On qualifie une telle offrande de prasādam, ou miséricorde. Nous ne devons toucher ni viande ni aucun aliment qu’on ne peut offrir à Krishna.

yajña-śistāśinaḥ santo
mucyante sarva-kilbisaiḥ
bhuñjate te tv aghaḿ pāpā
ye pacanty ātma-kāranāt 

« Les dévots du Seigneur sont affranchis de toute faute, parce qu’ils ne mangent que des aliments offerts en sacrifice. Mais ceux qui préparent des mets pour leur seul plaisir ne se nourrissent que de péché. »
             Bhagavad-gita (3.13)


Catégories :Krishna et les philosophes, La conscience de Krishna et les religions

%d blogueurs aiment cette page :