Voici une classe de Srila Prabhupada sur le Chaitanya charitamrta enregistrée en 1967 à New-York et traduite en français par votre serviteur. Un enchantement. Prabhupada donne une classe sur la nature absolu de Krishna et la nature relative de māyā: » Si l’on invoque la présence de Krishna à travers Ses énergies spirituelles il n’y aura pas de place pour māyā, l’énergie d’illusion du Seigneur, dans notre vie ».
DEUXIEME PARTIE
Si vous chantez Hare Krsna de façon mécanique vous n’obtiendrez pas l’effet escompté. Il existe dix sortes d’offenses dont je vous ai déjà parlé, lorsque l’on chante Hare Krishna. Le fait de chanter d’une façon mécanique est une de ces offenses.
Bien sur, au début les néophytes, ont tendance à commettre tellement d’offenses. Mais on devrait faire particulièrement attention à chanter sans offenses. Alors, nous réaliserons que Krishna est présent dans Son Nom. Il est présent. Vous le réaliserez et vous obtiendrez le même effet en chantant que si Krishna était présent personnellement.
Vous pouvez voir Krishna et vous pouvez entendre Krishna. Parce que Krishna est absolu, il n’y a pas de différence entre voir et entendre. C’est le niveau absolu. Les gens en général mettent l’accent plus sur le fait de voir : » Pouvez-vous me montrer Krishna? » Mais ne pouvez-vous pas plutôt entendre Krishna? C’est aussi une autre façon.
Pensez-vous qu’en utilisant simplement vos yeux vous serez capable de tout comprendre? Vous voyez tellement de choses chaque jour. Comprenez-vous pour autant? Tout cela est insensé (le fait de vouloir comprendre par la seule perception visuelle) . Le fait de dire « Pouvez-vous me montrer? » Nous avons tellement de sens. Parce que Krishna est absolu, quelque soit le sens sens que nous utilisons, l’effet sera le même. Que vous Le voyiez ou l’écoutiez.
L’écoute, c’est encore mieux parce qu’à travers la vue, seulement, vous ne pouvez pas comprendre Krishna. Quand Krishna était présent (il y a 5000 ans), beaucoup purent le voir mais sans comprendre qui Il était. Mais si quelqu’un entend parler de Krishna aujourd’hui, (donc, même après cinq mille ans comme aujourd’hui nous le faisons), il peut comme nous comprendre Krishna. Ainsi, l’écoute est la chose la plus importante. Vous trouverez au treizième chapitre de la Bhagavad-gita, sruti parayana (BG 13.26),
Cette énergie illusoire du Seigneur ne saurait toutefois prédominer car elle a honte de sa position. Mais ceux qu’elle confond se perdent toujours en d’ineptes propos, tout absorbés qu’ils sont dans le concept du « je » et du « mien ».
Srimad-Bhagavatam (2.5.13)
Dans le Bhagavatam se trouve une description de l’énergie illusoire… Quand Vyasadeva écrivit le Srimad-Bhagavatam il médita tout d’abord en bhakti-yoga.
Il établit alors parfaitement son mental dans la pratique unitive du service de dévotion, pur de toute souillure matérielle, et vit ainsi le Seigneur Suprême, Absolu, et avec Lui, qu’Il dominait toute, Son énergie externe.[SB 1.7.4]
Maya ca yat, yaya sammohito jiva. Vyasadeva vit la maya de Krishna (l’énergie illusoire du Seigneur), l’énergie externe. Vyasadeva donc la vit. Il vit Krishna, apasyat purusam purnam. Il vit la Personne Suprême en même temps que Sa maya. Mais maya, yad-apasrayam. Maya ne peut pas se manifester alors que Krishna est là.
Tout comme le soleil. Lorsque le soleil luit, l’ignorance et l’obscurité ne peuvent pas se manifester. Ainsi il vit. Vilajjamanaya yasya sthatum iksa-pathe amuya. Maya ressent de la honte face à Krishna parce qu’elle accomplit une tâche ingrate. Maya est chargée par Krishna de s’occuper des âmes conditionnées.
Maya, ainsi, s’occupe de nous tous, les âmes conditionnées, et sa fonction est de punir, de châtier . Et c’est une tâche très ingrate à remplir. Elle accompli son devoir qui lui a confié Krishna, mais elle est haïe par tout le monde, et en particulier les transcendantalistes*. Ils pensent avec ressentiment quand ils la voient: « Oh, maya, maya, maya! ». Aucun transcendantaliste n’aime maya.
*Ce terme ici n’est pas à confondre avec les adeptes du transcendantalisme bien sur, un courant philosophique particulier du XIXème siècle, mais désigne plutôt ici les différentes sortes de spiritualistes-pratiquant reliés à la culture védique (yogi, jnanis, bhaktas) qui s’efforcent, à travers leurs pratiques spirituelles respectives, de transcender l’influence de l’énergie matérielle (maya) et à atteindre à la réalisation spirituelle.
Que ce soit des personnalistes (des bhaktas) ou des impersonalistes (jnanis). Mais elle doit accomplir sa tâche. Tout comme la police le fait. La police est employée par l’Etat, mais personne ne l’aime. Chacun critique la police. C’est une tâche ingrate! Car à moins de se montrer autoritaire ils ne peuvent pas correctement exercer leur fonction. Cette fonction consiste à punir et les gens ne les aiment pas. Personne n’aime la police. Si un policier, par exemple, entrer ici et venait s’asseoir parmi nous et viendrais écouter, immédiatement, nous trouverions cela suspect, « Oh, il a quelque chose derrière la tête! » (sourires) C’est une tâche tellement ingrate! De la même façon, maya doit remplir une tâche ingrate. Elle ne peut pas approcher Krishna, et n’est pas aimée non plus par les âmes conditionnées.
Ici il est donc dit, vilajjamanaya yasya sthatum iksa-pathe ‘muya. Pourquoi? Vimohita vikatthante. Et illusionné par cette maya, vikatthante, l’âme conditionnée parle comme un fou. Quant est-il? Mamaham iti durdhiyah. L’âme conditionnée frappée de folie est absorbé dans deux choses: « Je suis » et « le mien ». « Je suis le maître de tout ce qui m’entoure », ou, » C’est mon pays, c’est ma société, c’est mon corps, ce sont mes enfants, c’est ma maison ». Elle est absorbée dans cette conscience
Malgré le fait que rien ne lui appartienne — en un instant (par l’action de la mort etc..) tout peut-être fini — mais, malgré cela, elle est tellement vikatthante (folle). « O ma société, mon pays, mon père, ma mère. » Tellement de « Mon, mon. » Rien ne lui appartient, mais malgré tout elle dit toujours, « Mon, mon » « Mon » et « Je ». C’est maya.
Ainsi cette maya ne peut pas approcher une personne qui est engagée constamment dans la conscience de Krishna. C’est l’opinion du Seigneur Chaitanya, et c’est une évidence. Si donc l’on désire se libérer de l’emprise de maya, alors c’est la seul façon : devenir conscient de Krishna. Il n’existe pas d’autres moyens.
Parce qu’ici il est clairement affirmé, krsna surya-sama (krsna est pareil au soleil). Essayez de comprendre. Krsna surya-sama: Krishna est pareil au soleil. Maya andhakara: et maya est comparable à l’obscurité. C’est l’obscurité. On ne peut imaginer qu’il puisse y avoir de l’obscurité là où le soleil brille.
De la même façon, Krishna est comme le soleil; comment imaginer alors que Krishna et maya puisse être présent ensemble? Non. Ce n’est pas possible. Si il y a maya il n’y a pas Krishna. Et si il y a Krishna, il n’y a pas maya. C’est en quoi consiste le réel test (pour savoir si l’on est conscient de Krishna ou pas). Si je suis encore dans maya, cela signifie que je suis hors de la conscience de Krishna.
Et si je suis vraiment dans la conscience de Krishna, maya n’existe plus. Et quels sont les indices que je suis dans maya? Mamaham: « Mon pays, ma société, mon père, ma mère, ma femme, mes enfants, ma propriété, ma position (dans la société), ma, ma , ma, mon ,mon , mon.. » Il n’existe pas de fin à ce « ma, mon », malgré qu’en fait rien ne lui appartienne. Cela s’appelle maya.
Et plus nous progressons dans la conscience de Krishna, et plus cette conscience du « mien » et du « je », disparaît.
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