Dâmodar n°2

DÂMODAR

nalakuvara-and-manigriva

Ce long poème « D?modar », en deux parties,  relate  un des  divertissements d’enfance  les plus réputés de Sri Krishna. Alors que le Seigneur était un tout jeune enfant Sa mère Ya?oda, Le lia avec une corde. Le mot d?ma signifie « cordes », et udara « l’abdomen ». A la suite d’un petit incident, résultant du  comportement espiègle de Son jeune fils, mère Ya?oda décida, non sans problèmes, de lier Krishna  avec une corde. C’est ce divertissement unique et sublime de  Sri Krishna qui est relaté ici dans ce   poème de M.P. dasa . L’auteur de ce poème  a préféré signer de ses initiales.   C’est un grand plaisir pour moi de publier pour la première fois son merveilleux poème « Damodar « et je lui dis un grand merci.

DEUXIEME PARTIE           

« Tous les matins tu ceins autour de Ses reins
Un bandeau fait de soie décoré de clochettes
Pourquoi donc aujourd’hui ne parviens-tu à rien
Même en utilisant toutes tes cordelettes? »

Agacée Yashoda leur suggère d’aller
De ce pas dans leurs caves en chercher davantage
Les voisines honorées d’ainsi participer
A l’unique lila ramènent les cordages

Grâce aux nouvelles cordes fournies par les gopis
Encore déterminée elle redouble d’ardeur
L’étrange phénomène sans cesse reproduit
Elle se lasse et délaisse l’impossible labeur

En désespoir de cause il lui faut convenir
Que de casse-tête eille ne vient pas à bout
Et couronnant le tout la pauvre doit subir
Les regards goguenards d’un jubilant filou.

Personne en ce bas monde ne peut s’enorgueillir
D’avoir la moindre prise sur l’Être illimité
Si ce n’est Ses bhaktas préparés à subir
Pour Son seul plaisir maintes difficultés.

Le seul à affranchir des noeuds de la matière
En qui tout est inclus que nul ne peut cerner
Afin de satisfaire les souhaits de Sa mère
Le Seigneur consent à Se laisser lier.

Sitôt le condamné à Lui-même livré
Tous les badauds ayant regagné leurs maisons
En lui-même Se dit qu’il faudrait profiter
De façon positive de la situation.

Il est face à deux arbres trônant dans le jardin
Souffrant depuis des lustres d’une malédiction
Deux frères condamnés qui auraient bien besoin
Après leur longue peine de Sa bénédiction.

Ils sont Manigriva et Nalakuvera
Deux fiers gandharvas que Narada Muni
Les voyant galvauder entourés d’apsaras *
Une vie enviée pour leur bien a maudit.

Ayant trop abusé de leur indépendance
La vie végétative il leur fallait connaître
Mais le sage avisé dans sa grande clémence
Dans la cour de Nanda leur donna de renaître.

Côte à côte ils se dressent égrenant les années
Conscients de la racine de cette punition
Subissant la cuisante leçon d’humilité
Les jumeaux se morfondent prisonniers de leurs troncs.

Traînant derrière Lui son lourd  lest de pierre
L’espiègle à quatre pattes Se glisse entre les fûts
Tirant sur le mortier resté coincé derrière
Sans effort Il les plie comme de frêles fétus.

Arrachés à la terre dans un bruit de tonnerre
Les frêres centenaires aux racines immenses
Comprennent que des carcans il est temps de s’extraire
Et qu’enfin a sonné l’heure de la délivrance.

Emergeant du chaos deux être lumineux
S’inclinent déférents aux pieds de leur sauveur
Grisés de gratitude les anciens ambitieux
Composent des louanges à la gloire du Seigneur:

« Sur la planète Terre Tes jeux restent un mystère
Ainsi jeune bambin Tu as déraciné
Deux géants qui trônaient dans la cour de Ton père
Tirant négligemment un massif mortier. »

« Ton teint a la beauté d’un nuage annonçant
Lors d’une canicule l’euphorie de la pluie
De la même manière Tes divertissements
Sont source pour l’esprit de sentiments exquis. »

« Chandra * impératrice au pays des étoiles
Illuminant la nuit depuis l’aube des âges
En secret mortifiée se considère pâle
Lorsqu’elle est comparée à Ton radieux visage. »

« Mahadev et Brahma dans leurs conversations
Evoquent tes visites dans leurs chers univers
A leurs yeux de Tes actes les récits charmeront
Les oreilles sincères lassèes de l’éphémère. »

« Les yugas tour à tour accueillent Tes missions
Quand tu sauves et châties en juge impartial
Tes lilas en ce monde Te valent plus de noms
Que la voûte céleste ne peut compter d’étoiles. »

« Philosophes et poètes versés dans le sanskrit
Après de longues vies sur les védas penchés
Dans leurs doctes soutras et dans leur poésie
Ne savent toujours pas comment Te glorifier. »

« Laissant croire aux humains que tout leur appartient
L’illusion à Ta botte nourrit leurs appétits
Poursuivant des chimères comme des sots en vain
Ils se laissent berner par ses tours de magie. »

« L’ire de Narada se révèle aujourd’hui
Pour nous pauvres pêcheurs une faveur immense
De sages comme lui la sainte compagnie
Pour les âmes déchues est toujours une chance. »

« Serviteur zélé pareil à une abeille
Il cherche le nectar qui sature Tes pieds
Sa magnanimité à nulle autre pareille
Nous vaut à notre tour de pouvoir y goûter. » 

Après avoir offert ces prières sincères
Blanchis de leur offense ils regagnent leurs cieux
Leur chute ayant causé l’émoi dans les chaumières
Des flots de villageois déferlent sur les lieux.

La scène les laissant ébahis bouche bée
Les parents, les amis se posent des questions :
« Ces gigantesques troncs sur le sol étalés
Comme deux gros serpents, seraient-ils des démons? »

« Peut-être bousculés par un vent insolent
En raison de leur âge ont-ils basculé?
Leurs massives racines apparaissent pourtant
Débordant de fraîcheur  et de vitalité ! »

Dans l’entrelacs de branches ils découvrent Krishna
Assis sereinement en parfaite santé
Ils tremblent à l’idée que les deux arjunas
Dans leur chute fatale auraient pu L’écraser.

Soulagé de Le voir ainsi sorti d’affaire
Le chef des gopas peut enfin respirer
Son père Le libère des cordes que Sa mère
Autour de Son corps avait dû enrouler.

De sa mémoire émerge un lointain souvenir
Quand Garga l’astrologue le jour de Sa naissance
Alors qu’il décrivait pour lui Son avenir
Avait prédit ces faits bien longtemps à l’avance.

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*  Apsaras: femmes célestes d’une grande beauté
* Chandra: nom de l’astre lunaire



Catégories :Les divertissements de Krishna

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