de
Śri Chaitanya Mahāprabhu
Sri Caitanya Mahaprabhu avait donné à Ses disciples l’instruction d’écrire abondamment sur le sujet de la science divine. Jusqu’à nos jours, Ses fidèles ont perpétué cette tâche de maître à disciple, si bien que la philosophie spirituelle qu’Il enseigna a été exposée, élaborée et explicitée de la façon la plus détaillée et la plus complère à travers une littérature volumineuse. Mais Sri Caitanya Lui-même, pourtant un érudit de grande réputation dans Sa jeunesse, ne laissa que huit versets, intitulés Śiksāsṭaka. A eux seuls, ils révèlent en toute clarté Sa mission et Ses préceptes.
ceto-darpana-mārjanaḿ bhava-mahā-dāvāgni-nirvāpanaḿ
śreyaḥ-kairava-candrikā-vitaraṇaḿ vidyā-vadhū-jīvanam
ānandāmbudhi-vardhanaḿ prati-padaḿ pūrnāmṛtāsvādanaḿ
sarvātma-snapanaḿ paraḿ vijayate śrī-krsṇa-sańkīrtanam
cetaḥ — du coeur; darpaṇa — le miroir; mārjanam — nettoie; bhava — de l’existence matérielle; mahā–dāva–agni — le grand brasier de la forêt; nirvāpaṇam — éteint; śreyaḥ — bienfaisant; kairava — blanc lotus; candrikā — de la lune; vitaraṇam — épandant; vidyā — savoir spirituelle; vadhū — épouse; jīvanam — la vie; ānanda — félicité spirituelle; ambudhi — océan; vardhanam — croissant; prati–padam — à chaque pas; pūrṇa–amṛta — le nectar parfait; āsvādanam — donnant de savourer; sarva — pour tous; ātma–snapanam — bain de l’âme; param — transcendental; vijayate — gloire; śrī–krsna–sańkīrtanam — au sankirtana de Sri Krsṇa.
« Gloire au sańkīrtanam de Sri Krishna! De nos coeurs il balaie toutes choses impures accumulées au cours des âges, il éteint le feu brûlant de l’existence conditionnée, avec ses naissances et ses morts sans fin. Le Mouvement du sańkīrtana répand sur tous les hommes la bénédiction la plus grande, épandant ses rayons comme la bienveillante lune. Ame du savoir spirituel, il fait croitre l’Océan de félicité absolue, il nous donne de savourer pleinement le nectar après lequel nous languissons sans cesse. »
nāmnām akāri bahudhā nija-sarva-śaktis
tatrārpitā niyamitaḥ smaraṇe na kālaḥ
etādṛśī tava kṛpā bhagavan mamāpi
durdaivam īdṛśam ihājani nānurāgaḥ
nāmnām — les Saints Noms du Seigneur; akāri — manifestés; bahudhā — des milliers de différents; nija–sarva–śaktiḥ — toutes sortes d’énergies personnelles; tatra — dans lesquels; arpitā — investies; niyamitaḥ — restriction; smaraṇe — en se souvenant; na — aucune; kālaḥ — considérations de temps; etādṛśī — telle; tava — Ta ; kṛpā — miséricorde; bhagavan — O Seigneur; mama — Mon; api — bien que; durdaivam — infortune; īdṛśam — telle; iha — en ce (le saint nom); ajani — naquit; na — pas; anurāgaḥ — attachement.
Ton Saint Nom peut seul, ô Seigneur, combler l’âme de toutes les grâces. Or, des Noms sublimes, Tu en possèdes à l’infini, tel Krishna et Govinda, que Tu as investis de toutes Tes puissances spirituelles; pour les chanter, aucune règle stricte. Dans ton infinie miséricorde, ô Seigneur, Tu permets qu’on s’approche aisément de Toi par le chant de Tes Saints Noms, mais dans mon infortune, je ne suis capable d’aucun attrait pour eux
tṛṇād api su-nīcena
taror iva sahiṣṇunā
amāninā māna-dena
kīrtanīyaḥ sadā hariḥ
tṛṇāt api — que l’herbe foulée; su–nīcena — plus bas; taroḥ — qu’un arbre; iva — que; sahiṣṇunā — avec tolérance; amāninā — sans se laisser gonfler par un orgueil insensé; māna–dena — offrant ses respects à tous; kīrtanīyaḥ — doivent être chantés; sadā — toujours; hariḥ — les Saints Noms du Seigneur.
Les Saints Noms du Seigneur, on devrait les chanter sans nulle prétention, en toute humilité, en se considérant moins qu’un fétu de paille sur la route, en devenant plus tolérant que l’arbre, et toujours prêt à offrir à autrui ses respects. Avec un tel esprit, c’est alors qu’on peut sans fin chanter les Saints Noms du Seigneur.
na dhanaḿ na janaḿ na sundarīḿ
kavitāḿ vā jagad-īśa kāmaye
mama janmani janmanīśvare
bhavatād bhaktir ahaitukī tvayi
na — pas ; dhanam — richesses; na — pas janam — disciples; na — pas ; sundarīm — une trés belle femme; kavitām — bienfaits matériels décrits dans un langage fleuri; vā — ou; jagat–īśa — o Seigneur de l’Univers; kāmaye — je désire; mama — à moi; janmani — naissance; janmani — après naissance; īśvare — à Dieu, la Personne Suprême; bhavatāt — qu’il y ait; bhaktiḥ — service de dévotion; ahaitukī —sans motifs personnels; tvayi — à Toi.
O Seigneur tout-puissant! Je n’aspire nullement aux richesses, je ne rêve pas de jolies femmes et ne recherche pas non plus de disciples. Je désire uniquement m’absorber sans fin, vie après vie, dans Ton service d’amour pur et absolu.
ayi nanda-tanuja kińkaraḿ
patitaḿ māḿ viṣame bhavāmbudhau
kṛpayā tava pāda-pańkaja-
sthita-dhūlī-sadṛśaḿ vicintaya
ayi— O Mon Seigneur; nanda–tanuja — le Fils de Nanda Maharaja; kińkaram — le serviteur; patitam — déchu; mām — moi; viṣame — horrible; bhava–ambudhau — l’existence matérielle; kṛpayā — par la miséricorde immotivée; tava — de Toi; pāda–pańkaja — pieds pareils-au-lotus; sthita — situé; dhūlī–sadṛśam — comme une particule de poussière; vicintaya — daigne considérer.
Je suis Ton serviteur éternel, ô Krishna, Fils de Nanda Maharaja, et cependant, pour quelque raison, me voilà tombé dans l’océan de l’existence matérielle. Je T’en prie donc, arrache-moi à ces vagues de morts et de renaissances, change-moi en un atome de poussière sous Tes pieds pareils-au-lotus.
nayanaḿ galad-aśru-dhārayā
vadanaḿ gadgada-ruddhayā girā
pulakair nicitaḿ vapuḥ kadā
tava nāma-grahaṇe bhaviṣyati
nayanam— des yeux; galat–aśru–dhārayā — des couleurs de larmes coulant; vadanam — bouche; gadgada — tremblante; ruddhayā — étouffée; girā — paroles; pulakaiḥ — les poils se dressant sous l’effet d’une joie purement spirituelle; nicitam — couvert; vapuḥ — le corps; kadā — quand; tava — Ton; nāma–grahaṇe — en prononçant Ton nom; bhaviṣyati — adviendra
Quand donc, ô Seigneur, mes yeux se pareront-ils d’un flot incessant de larmes d’amour en récitant Tes Saints Noms? Quand donc mes paroles s’étrangleront-elles en prononçant Tes Saints Noms et quand donc tous les poils de mon corps se dresseront-ils au chant de Tes Saints Noms .
yugāyitaḿ nimeṣeṇa
cakṣuṣā prāvṛṣāyitam
śūnyāyitaḿ jagat sarvaḿ
govinda-viraheṇa me
yugāyitam— semble être un long yuga; nimeṣeṇa — un moment; cakṣuṣā — des yeux; prāvṛṣāyitam — des larmes coulant comme des torrents; śūnyāyitam — semble vide; jagat — l’Univers ; sarvam — tout; govinda — du Seigneur Govinda, Krishna; viraheṇa me — par ma séparation.
Je Te sens si loin de moi, ô Govinda, que chaque instant me semble douze années ou plus, une éternité, et des torrents de larmes jaillissent de mes yeux. Toi absent, l’Univers entier me paraît vide.
āśliṣya vā pāda-ratāḿ pinaṣṭu mām
adarśanān marma-hatāḿ karotu vā
tathā vā vidadhātu lampaṭo
mat-prāṇa-nāthas tu sa eva nāparaḥ
āśliṣya— qu'(Il) étreigne avec grand bonheur ; vā — ou; pāda–ratām — qui s’est jeté aux pieds pareils-au-lotus; pinaṣṭu — qu’Il piétine; mām — moi; adarśanāt — en n’étant pas visible; marma–hatām — brisé le coeur; karotu — qu’il rende; vā — ou; yathā — comme (il Lui plaît); tathā — ainsi; vā — ou; vidadhātu — qu’il fasse; lampaṭaḥ — un débauché qui fréquente les femmes; mat–prāṇa–nāthaḥ —le Seigneur de Ma vie; tu — mais; saḥ — Il; eva — seul; na aparaḥ — personne d’autre.
Krishna demeure et demeurera toujours mon unique Seigneur, dût-Il m’écraser sous Son étreinte ou me briser le coeur par Son absence. Totale est la liberté qu’Il a d’agir à Sa guise en toutes circonstances. Il n’en reste pas moins l’éternel Objet que j’adore sans condition.
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