Ma vie dans le Mouvement
pour la Conscience de Krishna
– l’Iskcon –
Troisième Partie
par Jagadānanda dāsa
suite de la Deuxième Partie
Après quelques années de vie commune, au retour d’un voyage en Inde, ma femme me quitta, brusquement et sans prévenir, emportant toutes ses affaires avec elle. Son départ fut brutal, à l’image de son caractère. Le divorce est banni chez les dévots, mais il ne faut pas oublier que nous sommes dans l’ âge de Kali, l’âge de querelle et de fausseté, et les influences des gunas de l’ignorance et de la passion sont puissantes.
Et ainsi, bien qu’au sein de la culture védique, l’organisation du varnasrama-dharma, le divorce soit banni, il n’en est pas moins vrai, que les qualités naturelles de la vertu telles que la véracité, le contentement, la quiétude, la bonté, la tolérance, la générosité, la pureté, la détermination, la maîtrise de soi, l’humilité, la dévotion pure et constante envers Dieu, sont sérieusement malmenées, et souvent même, brillent par leur absence. Comment espérer qu’un mariage puisse tenir dans ces conditions ? A l’heure actuelle, les mariages ne sont souvent que l’alliance de deux égoïsmes à la recherche d’un hypothétique épanouissement mutuel à travers la seule satisfaction des sens, dénuée de toute conscience de Dieu. C’est un long sujet et dans quelques temps, dans « Retour à Krishna », paraîtront des articles sur le thème du mariage réussi selon la conscience de Krishna.
Quelques temps après je me remariai, avec une dévote québécoise, Lila Smaranam, et cette fois je fus très heureux, sans nulle comparaison avec le premier mariage. Nos personnalités étaient très compatibles et je pus réaliser enfin mon désir d’être heureux dans le mariage. Nous eûmes deux enfants ensemble, un garçon et une fille, et pendant quelques années un soleil resplendissant sembla briller sur la petit famille, jusqu’à ce que des nuages sombres et très lourds viennent l’obscurcir. Lila Smaranam développa un cancer des ganglions lymphatiques, un cancer virulent. Du jour au lendemain, je fus précipité du paradis en enfer. Moins d’un an après que sa maladie soit diagnostiquée, Lila Smaranam mourut, me laissant seul et démuni, avec deux très jeunes enfants à charge.
De cette expérience dramatique, j’ai quand même, avec la grâce de Dieu, retiré une leçon positive qui m’a servi pour le restant de ma vie. Je l’ai exprimé à travers un poème:
A une défunte épouse
Le jour où tu nous as quitté
J’ai dû souffrir de lourdes chaînes.
Elle finit là ma liberté
Les jours s’écoulent avec les peines.
Ces enfants que tu as porté,
Ils restent sans mère maintenant.
Ils demeurent seuls comme oubliés,
Et ils ne disent plus « maman! ».
Mais ne m’avais-tu dit, pourtant,
« Je t’aime plus que ma propre vie » ?
Et le destin, triste ironie,
A pris ta vie et, en même temps,
A emporté l’amour aussi !
A qui la faute ma pauvre femme?
Fétus de paille, jouets du courant,
Bulles de savon, petites flammes,
Qu’est-ce que nos vies
Face au Temps tout puissant !?…
Mes illusions balayées, à présent
Je remets mon âme au Maître du Temps,
Par Sa grâce inestimable,
Guéri de la folie,
De croire le bonheur familial
Plus important que Lui.
Ce poème n’est pas l’expression d’une amertume. Même si, après la mort de Lila Smaranam, comme on peut l’imaginer, cela a été trés difficile pour moi, je n’ai plus du tout de ressentiment vis-à-vis du sort tragique qui m’a frappé et je le prends vraiment aujourd’hui comme une grâce de Dieu, car il m’a ouvert les yeux.
Ainsi, tant que l’on formait un couple unis et amoureux j’avais la forte conviction que rien de grave ne pouvait nous arriver, qu’en quelque sorte nous étions protégés par le foyer familial, heureux et accompli, que nous formions avec nos enfants. J’avais le sentiment d’être dans un cocon de protection. Il n’y a rien là de bien nouveau sous le soleil, pratiquement tout le monde dans le monde matériel rêve de former un couple heureux et amoureux avec « son âme soeur » , d’accroître ce bonheur, et ainsi de créer un foyer familial douillé où régnera le bonheur, la sécurité et le confort. Cette illusion de sécurité procurée par l’amour (matériel) est chantée à travers des milliers de chansons que déversent continuellement les radios sur les ondes du monde entier, comme pour mieux renforcer l’illusion. Des chansons du genre: » Notre amour est plus fort que tout », « Rien ne nous séparera jamais ! » » Je t’aimerai même après ma mort », etc…
Ainsi, je n’ai réalisé toute l’étendue de mon égarement qu’à la mort de Lila Smaranam. Alors, brutalement, mon beau rêve s’est évaporé et j’ai réalisé que mon sentiment de sécurité au sein de mon foyer familiale n’était que pur illusion, comme le souligne justement le Srimad Bhagavatam: « L’attachement pour la famille représente la plus grande illusion » (SB teneur et portée 5.5.8)
Cette illusion de sécurité au sein du foyer familial, est également trés bien décrite à travers les pages du Srimad-Bhagavatam. Au 11ème chant, 2ème chapitre, par exemple, on retrouve la discussion de Maharaja Yadu avec un dévot avadhuta. Ce dévot avadhuta, une âme libérée, expose différents enseignements, tirés d’une simple observation de la nature. Et parmi ses enseignements on retrouve l’histoire tragique d’un couple de pigeons amoureux.
Ce couple de pigeons étaient trés unis et fort dévoués aux taches quotidiennes du foyer, et le temps venu la femelle donna naissance à de beaux petits pigeons. Tout allait pour le mieux pour la petite famille jusqu’au jour où un chasseur arriva. Il découvrit le nid et vite déploya son filet pour capturer les petits, pendant que les parents étaient au loin, affairés à l’entretien du foyer. Pendant ce temps, la mère qui retournait au nid aperçut ces petits pris dans le filet du chasseur. Horrifiée à la vue d’une telle scène, elle se précipita pour les sauver, mais le chasseur la captura à son tour, et plus tard le père qui tentait vainement de sauver aussi sa famille, fut lui aussi, emporté par le chasseur.
Cette histoire contient plusieurs enseignements essentiels. Dans le monde matériel, comme Sigmund Freud l’a souligné, le point central est la vie sexuelle. Ainsi, la grande majorité de la population a pour ambition de réussir sa vie sentimentale, de former un couple idéal et de jouir de la vie sexuelle avec sa femme ou son maris. Le Srimad Bhagavatam précise que toute personne qui s’engage dans la vie familiale dans cette seule perspective de bonheur sexuel et sentimental est appelée un gṛhamedi (par opposition au gṛhastha qui lui s’efforce d’atteindre à la réalisation spirituelle même au sein de la vie familiale). A l’heure actuelle, la majeur partie de la population, privée de la conscience de Krishna et de la réelle connaissance et éducation spirituelle qu’elle offre, rentre dans cette catégorie. Malheureusement, à cause de cela, les hommes deviennent des proies faciles pour le chasseur. Ce chasseur symbolise le Temps tout-puissant, la manifestation de la suprématie du Seigneur Suprême en ce monde ( voir Je suis le Temps destructeur des mondes .)
Le Temps exerce sa suprématie sur tous et sur tout. Son influence est universel, constante et omniprésente. Le Temps impose des changements et des bouleversements constants, la dégradation et la décrépitude de la vieillesse, et finalement la destruction et la mort. Ce n’est pas tout, il force également les êtres à se réincarner selon les lois strictes du karma (et non pas « à la carte » comme la version édulcorée de la réincarnation de certains le font croire). Ainsi, tant et aussi longtemps que nous demeurerons dans ce monde matériel, l’influence du Temps pèsera trés lourdement sur nos vies et la perspective d’un bonheur sans nuage demeurera purement utopique.
C’est pourquoi chacun est invité à adopter la conscience de Krishna, telle qu’elle est pratiquée au sein du Mouvement International pour la Conscience de Krishna . Ainsi, le chasseur n’aura plus d’emprise sur soi et à la fin, plutôt que de devoir recommencer un nouveau chapitre dans le monde matériel sous l’emprise tyrannique du Temps, notre retour dans le monde spirituel sera assuré, là où l’influence du Temps
est totalement absente.
Retour en France;
la Nouvelle Mayapura
Après le déces de Lila Smaranam, ma situation au Québec, avec mes deux jeunes enfants resta toujours précaire, et je décidais finalement de retourner en France. Pour mon retour en France en 1993, je choisis d’aller m’installer avec mes deux enfants à la Nouvelle Mayapura, l’ashram rural de la conscience de Krishna du centre de la France. Une fois à la Nouvelle Mayapura je fis différents services dont pujari et cuisinier, et en 1996, l’année du centenaire de Prabhupada, j’assumai la présidence du temple. Mais, le plus important fut que Krishna initia pour moi le service qui me tient le plus à coeur : la prédication. En effet, c’est là que pour la première fois en 2000, grâce à l’aide et l’inspiration de Gauda Mandala prabhu, je commençai à prêcher à travers le média d’Internet. La même année, l’autorité et GBC pour Iskcon-France, Param Gati Swami, annonçait officiellement dans le temple de la Nouvelle Mayapura, devant les murtis et les dévots assemblés, que mon service serait dorénavant de prêcher par le média d’Internet.
Service sur Internet
Toutefois, pour diverses raisons, ce n’est qu’à partir de 2005 que je fus véritablement capable de concrétiser mon service à Prabhupada et à Krishna, en commençant « Inde et spiritualité: la bhakti » et surtout à travers « Retour à Krishna » et son corollaire « Lumière des vedas ».
En expliquant tout cela mon intention est de montrer que « Retour à Krishna » n’existe pas de par ma seule initiative, qu’il n’est pas la réalisation d’une personne isolée et d’une décision arbitraire. Non, et donc aussi, « Retour à Krishna » n’est pas non plus destiné à contenir mes seuls articles personnels (quoique cela corresponde également à un aspect important de mon service, auquel je suis trés attaché, sur Internet) mais à publier de nombreux autres articles provenant d’autres dévots. L’utilisation du nom « Retour à Krishna », qui est le nom de l’équivalent français du Back to Godhead * anglais, n’est pas anodine. Mon intention première était de faire de « Retour à Krishna » un vecteur de propagation important de la conscience de Krishna tel que Srila Prabhupada l’a initié, à l’image de son équivalent anglais le fameux Back to Godhead, le magazine emblèmatique du Mouvement International pour la Conscience de Krishna (L’Iskcon) .
Pour le moment, je suis un peu obligé de revoir cette ambition à la baisse mais, comme disait Srila Prabhupada : « Impossible, est un mot que l’on ne trouve que dans le dictionnaire d’un fou ». Et ainsi, rien ne dit que bientôt d’autres dévots se joindront à nous ** Peut-être est-ce vous, cher dévot, qui lisez ces lignes, qui aimez « Retour à Krishna » et souhaitez offrir un service à Krishna ? Je vous invite humblement, à vous joindre à nous, et à contribuer, selon vos possibilités propres, à « Retour à Krishna », de la façon qui vous conviendra le mieux: en écrivant, en traduisant, en tapant des articles, ou à travers tout autres services comme celui qui consiste, par exemple, à faire un cours compte-rendu, avec illustrations de photos ou de vidéos, à la suite d’un harinam en ville, ou d’un festival de la conscience de Krishna, tel Janmastami, Govardhana puja, Gaura purnima, Srila Prabhupada vyasapuja, etc.. qui ont lieu régulièrement dans les temples de l’Iskcon comme celui de Paris ou de la Nouvelle Mayapura, par exemple.
Ce genre de service qui rend compte des activités du mouvement, est trés important et représenterait un complément essentiel à « Retour à Krishna », car il est certes important de présenter notre philosophie, mais il n’est pas moins important d’en présenter l’application pratique dans le mouvement pour la conscience de Krishna. Ainsi, jñāna, la connaissance, doit être suivi de vijñāna, l’application concrète de cette connaissance.
De plus en plus de personnes, insatisfaites par la vie que leur propose la société moderne actuelle, aveugle et matérialiste, consultent le net afin d’obtenir des solutions à travers la voie et la connaissance spirituelles . Beaucoup n’attendent que cela, bien qu’ils ignorent sous quelle forme exactement. Il n’appartient qu’à nous de pouvoir leur présenter de façon adéquate la conscience de Krishna, et nul doute que des personnes deviendront attirer par Krishna, « l’Infiniment fascinant ». Srila Prabhupada a montré l’exemple et l’importance d’écrire sur la philosophie de la conscience de Krishna, mais aussi sur l’application concrète, pratique et visuel du service de dévotion dans le mouvement pour la conscience de Krishna. Et nul doute qu’il sera trés satisfait de votre service. Comme cet extrait de lettre que Prabhupada a écrit à propos du magazine Back to Godhead l’atteste:
« Votre article est trés bien et nous ferons graduellement de mieux en mieux. Continuez à écrire. C’est mon désir de publier autant d’articles, écrits par mes disciples, que possible. Back to Godhead devrait donner des nouvelles de nos temples, contenir des articles, des photos sur nos activités, etc… »
Lettre de Srila Prabhupada à Gaurasundara, 13 juillet 1969
Votre serviteur pour « Retour à Krishna »
Jagadananda dasa
* Le célèbre magazine que commença Srila Prabhupada en Inde en 1944 et qui plus tard, lorsqu’ il créa l’Iskcon ,devint un vecteur de propagation de la conscience de Krishna trés important.
**Je dis « nous » car il existe un autre ami dévot (souhaitant garder l’anonymat), qui a déjà contribué substantiellement à « Retour à Krishna », à travers l’écriture de merveilleuses fables.
Catégories :A propos de l'auteur du site
Bonjour Jagadananda, Je vous remercie pour cet article. Vous présentez des sujets dans Retour à Krishna qui font réfléchir et rien que pour ca, encore merci. Je connais la conscience de Krishna depuis quelques temps seulement . J’ai rencontré un dévot à Genève qui m’a donné un livre de Prabhupada, votre fondateur et depuis ma vie a changé pour le mieux. J’ai été au temple . Je chante Hare Krishna et je vois l’avenir différeemment Merci à Prabhupada et à Krishna, Marc Saulnier
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Hare Krishna Jagadananda prabhu, c’est vrai que si on prend pas la conscience de Krishna il ne reste plus que maya et maya comme souligne votre article, c’est la tromperie. « aham mameti » je suis ce corps et le monde est fait pour mon plaisir; voilà bien tout ce qu’on voit aujourd’hui autour de nous. C’est donc bien de pouvoir lire des textes comme le votre qui nous ouvren un peu les yeux, à la réalité. HARI BOLO, Merci Bhakta Eric
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Merci beaucoup pour cet exemple extraordinaire qui nous fait bien comprendre jusqu’où peut aller l’illusion. Je n’avais jamais entendu paler de cette affaire. Comme d’habitude tes commentaires sur le sujet sont clairs . Une seule solution pratique pour se sortir de ce monde: http://www.youtube.com/watch?v=Fj9RDgv3mbY
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Pita, cette vidéo est très bien, super!
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Haribol Jagad j’espère que tu es en forme!Je suis content de lire ton expérience, plus en détails.Je serais ravi de participer à ton site. Comme tu le dis, traduire, apporter des images des fetes du temple, d’un harinam etc… dans la mesure de mon possible (par exemple il faut que je m’achète un appareil photo!!…) Amitiés Simon
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