Crise financière: la faillite d’un système

Crise financière:
la faillite d’un système
Vers une réelle alternative: le varnâsrama-dharma

En ce moment a lieu, à travers le monde, une crise financière  d’une ampleur jusqu’ici inégalée. Avant hier, la bourse de Paris, reflettant une tendance générale des bourses à travers le monde, a clôturé sur une baisse exceptionnelle, le CAC 40 enregistrant la plus forte chute en une séance de son histoire, -9,04%,. Hier aussi la tendance à la baisse s’est poursuivie et rien malheureusement ne semble pouvoir enrayer cette descente aux enfers.

Si les causes techniques de cette crise financière sont multiples et variées et peuvent paraître pour certains assez ardues à comprendre, les causes profondes d’une telle crise, quant à elles, semblent beaucoup plus claires et limpides.

Ces causes le Pape de l’Eglise Catholique, S.S. Benoît XVI les a assez bien exprimé à travers une récente déclaration: « Celui qui construit sur …le succès, la carrière ou l’argent, construit sur le sable…Nous voyons maintenant avec l’écroulement des grandes banques que cet argent disparaît, qu’il n’est rien, il s’agit plus de réalités de second ordre. Seule la Parole de Dieu est solide, elle est la véritable réalité sur laquel il faut fonder notre propre vie. »

L’avidité et la convoitise

Tout comme la Bible, la Bhagavad-gita dénonce aussi l’avidité et la convoitise. Ainsi, le Seigneur Krishna avertit dans le seizième chapitre intitulé « Nature divine et démoniaque »:

tri-vidhaḿ narakasyedaḿ
dvāraḿ nāśanam ātmanaḥ
kāmaḥ krodhas tathā lobhas
tasmād etat trayaḿ tyajet

« Trois portes ouvrent sur l’enfer: la concupiscence, la colère et l’avidité. Que tout homme sain d’esprit les referme, car elles conduisent l’âme à sa perte. »
                    ( BG 16.21)

Cela fait aucun doute que la société dans laquelle nous vivons et avons été élevé, s’est trop focalisée sur la course à l’argent et l’expansion économique. Comme nous l’avions déjà expliqué dans un article précédent intitulé « Réussite professionnelle; est-ce réussir sa vie? « , la seule perspective économique ne suffit pas à combler vraiment les aspirations profondes de chacun:

« Aujourd’hui quand on parle de « réussir sa vie » tout le monde comprend qu’on a réussi sa vie sociale et professionnelle. Dès notre plus jeune âge – on peut dire même dès qu’on met les pieds sur terre- , cette seule approche de l’existence, en terme de réussite professionnelle, nous est imposée comme étant la seule, la véritable et l’unique perspective d’une existence humaine idéale et réussie. Et ainsi, avec le système éducatif moderne, c’est, dès la maternelle, que les jeunes élèves doivent faire face à une conception réductrice de l’éducation et commencer la compétition dans l’espoir de décrocher un jour un travail intéressant et rémunérateur dans la société. Mais quand est-il réellement, peut-on réduire à la seule réussite professionnelle et sociale la réussite de sa vie?

…La difficulté de la société moderne est de considérer que la réussite matérielle, c’est à dire la satisfaction à travers le développement économique et la satisfaction des sens qu’ils procurent, constitue l’objectif numéro un à atteindre et toute notre société pratiquement est organisée en fonction de ces buts « .

– Extraits de « Réussite professionnelle: est-ce réussir sa vie? » – 


L’argent et la fortune sont passagers

Un autre nom de la déesse de la fortune Laksmi est « Cancalâ » (prononcer Tchanchalâ). Ce mot cancalâ signifie « instable, fugace, précaire ». Autrement dit, il est difficile de garder sa fortune et d’être sûr qu’elle restera toujours avec soi. Ainsi, combien d’hommes ont vu leurs fortunes leur échapper à la suite de soudains revirements du sort? Beaucoup!!

Pendant la révolution française par exemple, en 1789, beaucoup de nobles aristocrates se sont vus délestés, en quelques jours, de leurs fortunes. Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreux juifs ont été dépouillés de leurs richesses et de leurs biens. De même, la révolution russe communiste a littérallement pillée les richesses et possessions de la bourgeoisie . Et l’on pourrait multiplier les exemples liés à l’histoire contemporaine.

Tout comme ses mouvements révolutionnaires ou fascistes violents ont eu leurs nombreuses victimes, le mouvement libéral capitaliste lui aussi fait actuellement, avec ses cracks boursiers à répétition, de nombreuses victimes au sein des classes privilégiés. Mais non content de se limiter aux seules classes privilégiées, nombreux sont ceux aujourd’hui qui craignent que le désastre financier actuel ne s’étende à l’économie entière des pays.

Revenir à une économie civilisée

Beaucoup face à la bérézina financière et économique que l’on voit un peu plus chaque jour s’étaler sous nos yeux, disent qu’il est temps de tirer les leçons des erreurs qui ont conduit à ce désastre. Pour cela ils préconisent une réforme sérieuse du système. Le président Sarkozy, par exemple, en tant que Président actuel de la communauté européenne, a trés vite plaidé,  » pour le refondement d’un capitalisme plus régulé ».

Mais peut on vraiment croire que ce « refondement économique » ne demeurera pas qu’un simple souhait ? Et après que la tempête financière soit passée ne continuera-t’on pas – après quelques ajustements par ci par là – sur la même voie d’un système basé sur la spéculation financière? Et d’ailleurs ne continue pas à parler de « capitalisme » comme système de fonctionnement économique, désirant simplement qu’il soit « plus régulé » ?

Et une autre question fondamentale concomitante vient alors à l’esprit: « Pourra-t’on vraiment refonder l’économie sans refonder notre conception de la vie ? » Ainsi, certains sociologues, économistes et philosophes n’hésitent pas à parler dans leur analyse de la crise actuelle de « crise de civilisation » plutôt que de simple « crise financière ».

Selon eux, le système économique actuel fondé sur la course effrénée au développement économique a montré ses limites et doit être remplacé par un système économique respectueux des valeurs humaines, sociales, morales et spirituelles de l’humanité. Edgar Morin, un sociologue et philosophe français de renom, auteur de nombreux ouvrages dont le dernier « Une politique de civilisation » expliquait au cours d’un entretien (qu’on peut retrouver sur Internet ), qu’il est urgent si l’on veut sortir de la crise actuelle de « réformer notre pensée »:

Question:  Depuis des années, on s’accorde à reconnaître que nos sociétés traversent une crise économique, sociale et politique. Pourquoi la jugez-vous fondamentale ?

Edgar Morin: Tout ce qui a constitué le visage lumineux de la civilisation occidentale présente aujourd’hui un envers de plus en plus sombre. Ainsi, l’individualisme, qui est l’une des grandes conquêtes de la civilisation occidentale, s’accompagne de plus en plus de phénomènes d’atomisation, de solitude, d’égocentrisme, de dégradation des solidarités. Autre produit ambivalent de notre civilisation, la technique, qui a libéré l’homme d’énormes dépenses énergétiques pour les confier aux machines, a dans le même temps asservi la société à la logique quantitative de ces machines.

L’industrie, qui satisfait les besoins d’un large nombre de personnes, est à l’origine des pollutions et des dégradations qui menacent notre biosphère. La voiture apparaît, à cet égard, au carrefour des vertus et des vices de notre civilisation. La science elle-même, dont on pensait qu’elle répandait uniquement des bienfaits, a révélé un aspect inquiétant avec la menace atomique ou celle de manipulations génétiques.

Ainsi, on peut dire que le mythe du progrès, qui est au fondement de notre civilisation, qui voulait que, nécessairement, demain serait meilleur qu’aujourd’hui, et qui était commun au monde de l’Ouest et au monde de l’Est, puisque le communisme promettait un avenir radieux, s’est effondré en tant que mythe. Cela ne signifie pas que tout progrès soit impossible, mais qu’il ne peut plus être considéré comme automatique et qu’il renferme des régressions de tous ordres. Il nous faut reconnaître aujourd’hui que la civilisation industrielle, technique et scientifique crée autant de problèmes qu’elle en résout.

Question: Cette crise ne concerne-t-elle que les sociétés occidentales ?

Edgar Morin:  Cette situation est celle du monde dans la mesure où la civilisation occidentale s’est mondialisée ainsi que son idéal, qu’elle avait appelé le « développement ». Ce dernier a été conçu comme une sorte de machine, dont la locomotive serait technique et économique et qui conduirait par elle-même les wagons, c’est-à-dire le développement social et humain. :

Or, nous nous rendons compte que le développement, envisagé uniquement sous un angle économique, n’interdit pas, au contraire, un sous-développement humain et moral. D’abord dans nos sociétés riches et développées, et ensuite dans des sociétés traditionnelles.

L’ensemble de nos anciennes solutions sont aujourd’hui, ainsi, remises en question, ce qui provoque des défis gigantesques pour nous et la planète notamment face à la menace venant de l’économie dite mondialisée, dont on ignore encore si les bienfaits qu’elle promet sous la forme d’élévation du niveau de vie ne vont pas être payés par des dégradations de la qualité même de la vie .

Cette dégradation de la qualité par rapport à la quantité est la marque de notre crise de civilisation car nous vivons dans un monde dominé par une logique technique, économique et scientifique. N’est réel que ce qui est quantifiable, tout ce qui ne l’est pas est évacué, de la pensée politique en particulier. Or, malheureusement, ni l’amour, ni la souffrance, ni le plaisir, ni l’enthousiasme, ni la poésie n’entrent dans la quantification.

Je crains que la voie de la compétition économique accélérée et amplifiée ne nous conduise qu’à un accroissement du chômage. La tragédie, c’est que nous n’avons pas de clé pour en sortir. Nos outils de pensée, nos idéologies, comme le marxisme, qui pensait malheureusement à tort qu’en supprimant la classe dirigeante on supprimerait l’exploitation de l’homme par l’homme, ont fait la preuve de leur échec. Nous sommes donc un peu perdus. 

Une alternative millénaire:
le varnasharama dharma

Question : Votre diagnostic conclut à une situation « logiquement désespérée ». Qu’est-ce qui, pourtant, vous porte à l’espoir ?. 

Edgar Morin: Je pense que nous devons nous ouvrir aux échanges. De même que l’Asie s’est ouverte à la technique occidentale, nous devons nous ouvrir à l’apport des civilisations asiatiques, bouddhiste et hindouiste notamment, pour la part qu’elles ont faites au rapport entre soi et soi, entre son esprit, son âme et son corps, que notre civilisation productiviste et activiste a totalement négligé. Nous avons beaucoup à apprendre des autres cultures. De même que la Renaissance s’est produite parce que l’Europe médiévale est revenue à la source grecque, nous devons aujourd’hui chercher une nouvelle renaissance en puisant aux sources multiples de l’univers.

On ne peut qu’approuver avec bonheur l’analyse de Mr Morin lorsqu’il définit les causes de la crise actuelle – « la faillite du système occidentale » (dont il a parlé précédemment) -, et qu’il propose l’alternative de « s’ouvrir à l’apport des civilisations asiatiques et hindouistes ».

Lorsque l’on connaît les civilisations hindouistes et le système socio-économique du varnasrama dharma qui leur est lié depuis des millénaires, que l’on est convaincu pour les avoir sérieusement étudiés, de leur qualité et de leur valeur uniques, ses paroles rencontrent un écho trés favorable.

Pour un dévot de Krishna, comme pour beaucoup d’autres, il ne fait nul doute qu’il est grand temps pour le monde de « s’ouvrir à d’autres cultures » – et pourquoi pas la culture hindouiste connue sous le nom de varnasrama-dharma? . D’autres cultures en tout cas que la société « productiviste et activiste » que l’on nous propose aujourd’hui et qui, comme on en voit en ce moment les prémices, conduit le monde à la faillite.

Et au-delà de la faillite matérielle, la pire des faillites est la faillite spirituelle. Lorsque l’on a passé toute sa vie à côté de sa véritable richesse intérieure : celle qui consiste à rétablir sa relation d’amour avec Dieu, Krishna, le Seigneur Suprême, la perfection sublime offerte à tous les hommes qui agissent au sein du varnasrama dharma . (voir « Qu’est-ce que le varnasrama dharma? » et « La perfection de la société » ) .

            Pour en savoir  plus  sur le système socio-économique védique du varnâsrama-dharma on  peut lire aussi  « vivre avec la nature«  et « vivre des dons de la nature » :



Catégories :Faits de société; analyse et solutions

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