Je viens de voir un documentaire judiciaire qui retraçait l’histoire stupéfiante de Jean Claude Romand. Bien qu’ayant entendu parler de ce fait divers peu commun dès 1993, l’année où son épilogue tragique l’avait révélé brusquement à la France entière, je n’en connaissais cependant pas les détails. Jean Claude Romand, 39 ans (au moment du drame), habitant Prévessin -Moëns, une petite commune proche de la frontière suisse, marié et père de deux enfants, s’était inventé une carrière professionnelle brillante. Il était médecin et chercheur à l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS).

Cette histoire, beaucoup en conviendront, revêt dans son dénouement, un caractère dramatique particulièrement lourd et oppressant. A propos de la personnalité de Romand et aux travers des actes odieux qu’il a commis, il ressort de la personnalité de Jean Claude Romand qu’elle était celle d’un pervers narcissique. Deux psychiatres, d’ailleurs, écriront un livre dans lequel ils analyseront l’affaire Romand au travers du comportement d’un pervers narcissique.
Mais au-delà d’un épilogue particulièrement dramatique, nombreux sont ceux qui demeurent fascinés dans cette histoire par sa dimension mensongère et fabulatrice exceptionnelle. Si, cette histoire a rencontré, et rencontre encore un écho important dans le public , n’est-ce pas dû au fait qu’elle touche, en chacun de nous, une corde sensible ? Qui ne garde dissimulé en lui, une part cachée, un côté sombre, des secrets inavouables, un aspect imposteur (tendance à embellir les choses à son avantage)?
Les Ecritures védiques désignent quatre formes d’imperfections humaines: le fait de posséder des sens imparfaits, d’être soumis à l’illusion, d’être enclin à commettre des erreurs et d’avoir tendance à tromper autrui.
Cette tendance à tromper autrui est omniprésente de nos jours. Que ce soit dans la publicité, où pour vendre, les publicitaires misent plus sur l’image du produit que sur le produit lui-même. Que ce soit dans l’alimentation où sur les emballages les ingrédients sont écrits si petit, comme pour mieux dissimuler certains choses. Dans les domaines financiers ( assurances, prêts et crédits, etc…) cette tendance à tromper est particulièrement présente et les clauses des contrats sont souvent compliquées et retorses, et abusent volontiers leurs clients. Les jeux de hasard quant à eux (Loto et cie) sont les champions dans le domaine et leur fonction même est de leurrer les gens avec des gains mirobolants. Ainsi, les probabilités de toucher le gros lot sont tellement faibles que l’on a plus de chance (seon les statistiques) d’être frappé par la foudre que de toucher le gros lot. Les exemples de tromperie pourraient continuer à l’infini. En fait, la période actuelle appelée selon les Ecritures, la période de l’âge de Kali suggère par son nom même, « kali » , qu’elle est dominée par deux choses pr
incipales : la querelle et la tromperie. Dans tous les domaines les hommes trompent leurs semblables. Le domaine de la vie spirituelle est également très affecté par la tromperie. Une myriade de sectes menées par de faux gurus et swamis impersonnalistes, avides de gains financiers et de notoriété, proposent de multiples voies de « réalisation spirituelle » inventées de toutes pièces (en dehors de toute parampara authentique). Ils font croire à leurs disciples – moyennant finances et dédication au maître – qu’ils atteindront sous peu la perfection. Les politiciens avec leurs promesses électorales sont d’autres spécialistes du mensonge et de l’imposture. Alors que la campagne électorale bat son plein ils promettent, s’ ils sont élus, « un changement profond », et affirment « avec moi, votre vie s’améliorera vraiment » . Mais, immanquablement, une fois élus, les citoyens ne constatent aucune amélioration substantielle dans leur vie quotidienne. Les scientifiques excellent aussi dans ce domaine. Se cachant derrière des dénominations savantes et mettant en avant « leur compétence », nombres de scientifiques vivent confortablement de crédits recherche sans produire eux aussi de résultats probants. Ces mêmes scientifiques brillent dans l’art de tromper le monde en bourrant le crâne de milliers d’étudiants avec les théories athées de l’évolution (l’homme descend du singe, la vie provient de la matière, le monde a été créé à partir d’un big bang, etc…), n’hésitant pas à présenter celles-ci comme faits établis (1) . Les domaines du divertissement – l’industrie du film, de la musique et du livre – trompent également les gens et sont des outils de conditionnement trés puissants..Ainsi, par exemple, ces différents supports imprègnent dans les esprits, et cela dès la petite enfance, des représentations stéréotypées du bonheur :
….ce qui est exaspérant est le fait que, dans des milliers et des milliers de films, on n’est pas d’autres alternatives à nous présenter comme happy end que les sempiternels stéréotypes : un homme et une femme amoureux, enlacés, en route vers le bonheur.
combien de films contiennent ce genre d’ « happy end »? Difficile à dire, en tout cas certainement des centaines et des centaines, …des milliers. Et si l’on compte aussi, la littérature, l’art et la musique…
Cela s’appelle, à proprement parler, du conditionnement . En fait, on n’y pense pas assez mais ce conditionnement commence extrêmement tôt dans notre vie. Ainsi, dès notre plus tendre enfance avec les Walt Disne qui à priori peuvent paraître si anodins, l’idée du bonheur parfait à travers l’union avec le sexe opposé, s’impose très vite dans les jeunes esprits…
Il ne s’agit pas de bien sûr de condamner l’union d’un homme et d’une femme, mais bel et bien de souligner le danger qu’il y a pour les jeunes enfants d’être fourvoyés à penser que cette image du bonheur est l’unique et la meilleur d’entre toutes . C’est en tout cas, cette image mille fois répétée, qui risque d’imprégner nos cerveaux et nos cœurs jusqu’à devenir une des certitudes fondamentales de l’existence.
(extrait de “Sommes-nous conditionnés?”)
Au-delà d’être une caractéristique spécifique à l’âge de kali dans lequel nous vivons, la tromperie et l’imposture s’étendent, à des degrés divers, à tous les âges (satya, treta et dvapara-yugas) et demeurent même en toile de fond de l’existence matérielle. Comment cela? Les Ecritures et les maîtres spirituels de la traditon védique nous informent que le monde matériel est le royaume de l’illusion, un royaume où règne Mâyâ, l’énergie d’illusion de Dieu. Tous les êtres, à des degrés divers, subissent son influence.
La première illusion se développe à travers l’influence du faux ego. Le faux égo (un des trois éléments du corps subtil) renforce l’identification de l’être vivant à son corps matériel. Ainsi, l’influence du faux égo et l’illusion qu’il crée est telle que l’être vivant arrive le plus normalement du monde à s’identifier avec son corps matériel, un amas de chair, de sang, d’os, de peau, de vicères, etc..Des ingrédients qui, quand on y pense un peu, n’ont rien de véritablement attrayant.
Mais voilà, Mâyâ est très puissante et possède une arme sans pareille : l’attraction sexuelle. Ainsi, nous demeurons, sous l’effet de l’attraction sexuelle, aveugles à la criante réalité: notre corps matériel, réceptacle de douleurs et de maladies diverses, voué à une lente décrépitude et à une mort certaine, n’est qu’un amas de substances répugnantes et nauséabondes. Comment peut-on s’identifier réellement à « ça »? Et pourtant, sous l’influence du faux égo, pratiquement tout le monde le fait. C’est pourquoi selon les acharyas, ce monde est un véritable asile de fous où tout le monde, ignorant son moi intérieur, se prend pour le corps (2) .
Dès le premier verset du Srimad-Bhagavatam, l’oeuvre maitresse de la littérature védique, on découvre que le monde matériel subit l’influence puissante de l’énergie illusoire, Mâyâ shakti. Il est également précisé d’où cette énergie d’illusion tire son influence. Mâyâ tire sa puissance de Dieu, Sri Krishna:
« Je rends mon hommage à Sri Krishna, au fils de Vasudeva, qui est Dieu, l’omniprésente Personne Suprême….Par Lui, ce monde, qui est un simple mirage, prend apparence tangible, même pour les grands sages et les devas. Par Lui, les univers matériels, produits illusoires des trois gunas, semblent l’image même de la réalité.. »
SB (1.1.1)Dans la teneur et portée de ce verset d’introduction du Bhagavatam, Srila Prabhupada développe l’analogie avec le mirage :
« …l’existence matérielle, n’est qu’illusoire et temporaire, comme un mirage. Le mirage ne donne pas l’eau réelle, mais seulement l’apparence de l’eau.. »
Si le monde matériel dans lequel nous vivons est à bien des égards, affligeant et frustrant, c’est pour la simple raison qu’il est dénué de réalité. L’univers matériel est dépourvu de réelle substance. Il n’est qu’un reflet. Le reflet d’un autre monde. L’exemple est donné d’un arbre fruitier au bord d’un lac. Cet arbre se reflète dans le lac. On peut être tenté de jouir des fruits qui se reflètent dans l’eau du lac mais cela est impossible. Si l’on veut jouir des fruits il faut cueillir les fruits directement sur l’arbre réel et non pas sur son reflet dans l’eau.
De la même façon, ce monde matériel n’est que le reflet d’un autre monde. Cet autre monde, nous révèle le Bhagavatam, est le monde spirituel. Il existe donc deux mondes parallèles, le monde matériel et le monde spirituel. L’un représentant la substance et l’autre n’étant que le reflet du premier:
“L’eau véritable se trouve ailleurs. De la même manière, la création matérielle manifestée se présente à nous comme la réalité absolue, mais elle n’est en fait que l’ombre de cette réalité, laquelle se trouve dans le monde spirituel. La Vérité Absolue appartient au monde spirituel, et non pas à l’univers matériel, où toute vérité n’est que relative, c’est-à-dire dépendante de facteurs extérieurs à elle. Cette création cosmique de l’univers matériel résulte de l’interaction des trois gunas, ou influences matérielles, et les manifestations temporaires qu’on y trouve sont créées de manière à offrir une illusion de réel pour le mental égaré, propre à l’âme conditionnée, laquelle apparaît dans différentes formes de vies, y compris chez les êtres plus évoluée que représentent les devas, tel Brahma, Indra, Candra… Au vrai, il n’est point de réalité dans l’univers de la manifestation, et s’il semble tout de même réel, cela s’explique par l’existence d’une réalité tangible, ailleurs, dans le monde spirituel, où le Seigneur Suprême vit éternellement avec tout Son Entourage.”
(SB 1.1.1 suite de la teneur et portée)
Nous devrions profondément aspirer à sortir de l’illusion dans laquelle nous nous sommes enlisés, pour rejoindre la réalité. Dans l’état de sommeil par exemple, que les êtres influencés par l’ignorance affectionnent particulièrement, on peut faire certainement parfois de beaux rêves. Par exemple, on peut rêver que l’on se trouve sur une île paradisiaque, au milieu de l’océan pacifique, entouré de jolies filles ou de beaux garçons, à bord de voiliers merveilleux… Tout cela est peut être agréable, mais ce n’est qu’un rêve, une illusion, et l’on se rend compte très vite, quand on se réveille, qu’en fait d’île paradisiaque, de jolies filles, de voiliers merveilleux…. on vit dans une ville bruyante et polluée, et il faut se lever pour aller travailler.
Dans ce cas la réalité apparaît pénible, voir détestable, mais pour le simple fait qu’elle ne constitue toujours pas la réalité. Même alors qu’ils sont éveillés, les hommes dorment encore. Il existe trois niveaux de conscience matérielle: l’état d’éveil, l’état de sommeil, et l’état de sommeil profond. La réalité existe au-delà même de cet état d’éveil. Autrement dit, l’état d’éveil au niveau d’une conscience matérielle et est une autre forme de sommeil. Le véritable état d’éveil, lui, est situé au-delà de la conscience matérielle, dans une conscience spirituelle ou conscience de Krishna.
C’est ce qu’explique clairement le Srimad-Bhagavatam (3.27.10)
dūrī-bhūtānya-darśanaḥ
upalabhyātmanātmānaḿ
caksuṣevārkam ātma-drk
« Il faut s’établir au niveau spirituel, au-delà des (trois) différents niveaux de conscience matérielle , et rester libre de toute autre conception de l’existence. Se libérant ainsi du faux ego, il faut apprendre à voir son être propre comme on voit le soleil dans le ciel. »
Dans la teneur et portée de ce verset Srila Prabhupada nous livre le secret pour s’affranchir de l’illusion et s’établir pleinement dans la réalité:
« La conscience agit à trois niveaux différents sous l’influence d’une conception matérielle de l’existence, selon que l’on est dans l’état de veille, dans un demi-sommeil ou profondément endormi. Mais pour devenir conscient de Krsna, il faut transcender ces trois niveaux. Notre conscience présente doit être affranchie de toute perception de la vie qui soit étrangère à la conscience de Krsna, Dieu, la Personne Suprême. C’est ce qu’expriment les mots duri-bhutanya-darsanah, signifiant que lorsqu’on atteint à la parfaite conscience de Krsna, on ne voit plus que Krsna. Le Chaitanya-caritamrta enseigne à ce propos que de nombreux objets mobiles et immobiles peuvent s’offrir à la vue du parfait bhakta, mais que celui-ci verra l’énergie de Krsna agir en tout. Dès qu’il se rappelle l’énergie de Krsna, il se rappelle Krsna dans Sa Forme personnelle. Ainsi ne voit-il en toutes choses que Krsna. La Brahma-samhita affirme en outre que celui dont les yeux sont oints du baume de l’amour pour Krsna (premanjana-cchurita) ne voit plus que Krsna, à l’intérieur comme à l’extérieur (Bs 5.38). Notre verset le confirme: il faut nous affranchir de toute autre vision, et de cette façon échapper à l’identification au faux égo pour désormais se voir comme un serviteur éternel du Seigneur. Aussi vrai que nous pouvons voir le soleil lorsqu’il brille dans le ciel, l’être qui a pleinement développé sa conscience de Krsna peut voir Krsna et Son énergie; voilà ce qu’indique le mot caksusevarkam. L’être peut ainsi devenir atma-drk, ou réalisé. Lorsque le faux ego ou l’identification de soi au corps est éliminé, nous acquérons la vision réelle de l’existence. Par suite, les sens doivent également être purifiés, car c’est seulement alors que commence le véritable service divin. Il ne s’agit pas de mettre un terme aux activités des sens, mais plutôt de se débarrasser du faux ego qui nous fait nous identifier au corps. Les sens se trouvent alors automatiquement purifiés, et l’être peut ainsi pratiquer véritablement le service de dévotion. »
LE MAHA-MANTRA, LE MEILLEUR MOYEN
Srila Prabhupada, le maître spirituel- fondateur du Mouvement pour la Conscience de Krishna a donné une explication élaborée du maha-mantra Hare Krishna . Il souligne l’importance de ce chant spirituel et absolu comme méthode incomparable pour se libérer de l’illusion et atteindre ainsi au bonheur parfait:
« Cette atmosphère matérielle dans laquelle nous vivons s’appelle mâyâ ou illusion. Mâyâ signifie « ce qui n’est pas ». Et quelle est cette illusion? L’illusion consiste à croire que nous sommes les maîtres et régisseurs de la nature matérielle quant en réalité nous sommes complétement assujettis à ses lois. Nous désirons en exploiter toute les ressources, mais nous nous perdons dans ses formes complexes et dépendons toujours d’avantage d’elle. Cette lutte illusoire contre la nature matérielle peut être immédiatement stoppée en ravivant notre conscience de Krishna. »
(extrait de » Qu’est-ce que le maha-mantra?« Par Srila Prabhupada).
(1) Lire à ce sujet, à propos de la théorie de l’évolution « La mascarade de Darwin »
(2) Lire à ce sujet une discussion entre Srila Prabhupada et un psychiatre : « Le monde matériel, un asile de fou » .
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