
Par Sa Divine Grâce
A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupâda
Ce texte « La voie rapide vers le bonheur » est extrait d' »On the way to Krishna » des Editions BBT. Srila Prabhupâda, pour étayer ses propos sur le bonheur, fait souvent référence à la Bhagavad-gita et notamment au sixième chapitre de celle-ci; intitulé le dhyâna-yoga (le yoga de la méditation).
[Traduction: Jagadânanda das]
Un bonheur de bas niveau
Le bonheur est généralement perçu à travers les sens. Une pierre par exemple, étant dépourvue de sens, ne peut ressentir ni plaisir ni souffrance. Au contraire d’une conscience primaire, une conscience développée ressent avec acuité le plaisir et la douleur. Les arbres ont une conscience mais celle-ci n’est pas développée.
Les arbres, figés dans l’immobilité, doivent affrontés toutes sortes d’intempéries, et cela durant longtemps. Mais ils n’ont pas la capacité de percevoir la souffrance. Si l’on demandait à un être humain de se tenir debout – immobile tel un arbre – pendant trois jours, ou moins, il serait incapable de le faire. On peut en conclure que chaque être vivant ressent le plaisir et la souffrance selon le degré de développement de sa conscience.
Le bonheur que l’on éprouve dans le monde matériel n’est pas le vrai bonheur. Si l’on demandait à un arbre, « Êtes-vous heureux? » l’arbre, s’il le pouvait, dirait, » Oui, je suis heureux, je me tiens immobile en cet endroit toute l’année durant. J’aime beaucoup le souffle du vent et la neige qui tombe, …. » Pour un arbre, de telles conditions d’existence peuvent paraitre agréables, mais pour un être humain ce bonheur est d’un trés bas niveau.
Il existe différentes sortes et catégories d’entités vivantes, et leurs conceptions et perceptions du bonheur est également de genres et de catégories différents. Bien qu’un animal voie un autre animal en train de se faire abattre, il n’en continuera pas moins à brouter comme si de rien n’était ; il n’a pas la capacité de comprendre qu’il pourrait bien être le prochain à être abattu. Il se croît heureux, alors que l’instant d’après la mort l’attend.
Ainsi, il existe différents degrés de bonheur. Cependant, d’entre tous ces niveaux, quel est celui qui représente le bonheur le plus grand? Sri Krishna dit à Arjuna:
sukham ātyantikaḿ yat tad
buddhi-grāhyam atīndriyam
vetti yatra na caivāyaḿ
sthitaś calati tattvataḥ
» En cet heureux état (de samâdhi), l’être jouit, à travers des sens spirituels d’un bonheur transcendantal infini. Cette perfection atteinte, il ne s’écartera pas désormais de la vérité. » Bhagavad Gita 6.21)
Le bonheur tire son origine de l’âme
Buddhi signifie intelligence; il faut être intelligent pour pouvoir jouir de l’existence. Les animaux n’ont pas une intelligence trés développée et c’est pourquoi ils ne peuvent, autant qu’un être humain, jouir de l’existence. Bien que les mains, le nez, les yeux, les autres organes des sens, et toutes les autres parties du corps puissent être présents chez un mort, il ne peut en jouir.
Et pourquoi ne le peut-il pas? Le principe actif, l’étincelle spirituelle, a quitté le corps, et donc le corps est vide de toute vie. Si l’on pousse la réflexion plus loin, on réalise que ce n’était en aucun cas le corps qui ressentait du plaisir, mais bien la petite étincelle spirituelle – l’âme– qui était à l’intérieur.
Bien qu’on imagine ressentir du plaisir grâce aux organes des sens, c’est en fait l’étincelle spirituelle qui est à l’origine de ce plaisir. Cette étincelle spirituelle contient en elle une puissance de plaisir, mais celle-ci n’est pas toujours manifestée car elle est recouverte par l’enveloppe matérielle, le corps. Bien que l’on n’en soit pas conscient, il est impossible pour le corps de ressentir du plaisir sans la présence de l’étincelle spirituelle.
Si l’on offrait le cadavre d’une jolie femme à un homme, qu’en ferait-il? L’accepterait-t’il? Non, parce que l’étincelle spirituelle a quitté le corps. Non seulement c’était elle qui ressentait du plaisir dans le corps, mais de plus, de par sa présence elle maintenait le corps en vie. Lorqu’elle s’en va, le corps tout simplement se déteriore.
Il s’ensuit que si l’âme ressent du plaisir, elle doit également posséder ses propres sens, s’il en était autrement, comment pourrait-elle ressentir du plaisir? Les Vedas confirment que l’âme spirituelle, bien que de taille infime -atomique -, est à l’origine même du plaisir. Il est impossible de mesurer l’âme, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas une dimension précise. Un objet, aussi minuscule qu’un point, semble à nos yeux dépourvu de diamètre et de surface. Mais lorsqu’on le regarde à travers un microscope on constate qu’il possède une surface et un diamètre bien précis.
De la même façon, l’âme aussi a ses propres dimensions, mais nous ne pouvons pas les percevoir. Nous achetons des vêtements dans le but que ceux-ci épousent parfaitement la forme du corps. L’étincelle spirituelle, c’est une certitude, possède une forme. Comment expliquer autrement que le corps matériel lui-même soit doté d’une forme, sachant qu’il a grandi grâce à la présence de l’âme et qu’il abrite celle-ci? Il faut en conclure que l’étincelle spirituelle n’est pas impersonnelle; c’est véritablement une personne. Dieu est véritablement une Personne, et l’étincelle spirituelle, étant une partie intégrante de Lui, est également une personne. Si le père est dôté d’une personnalité et d’une individualité, le fils l’est aussi. Comment pouvons-nous alors – nous, les fils de Dieu -, dénier à notre Père, le Seigneur Suprême, la personnalité et l’individualité que nous reconnaissons pour nous-mêmes?
Le mot « atîndriyam » signifie « transcendantale »; cela veut dire que l’on doit transcender les sens matériels avant de pouvoir goûter au réel plaisir. Ramante yogino- nante satyânanda-cid-âtmani [Padma Purana]: les yogîs qui pratiquent la vie spirituelle ressentent une grande joie à fixer leur pensée sur l’Âme Suprême dans le coeur . Pourquoi se donneraient-ils tant de peine à contrôler les sens s’ils n’obtenaient aucun plaisir et aucune satisfaction en retour?
Quel genre de plaisir les yogîs éprouvent-ils, pour se donner tant de peine? Ce plaisir est ananta -infini. Comment cela? L’âme spirituelle est éternelle, et le Seigneur Suprême est également éternel; leur relation d’amour est donc éternelle. Toute personne réellement intelligente rejettera le plaisir passager des sens matériels, provenant de ce corps matériel, pour s’attacher aux plaisirs qu’offre la vie spirituelle. On appelle le fait de participer à un échange spirituel avec le Seigneur Suprême râsa-lîlâ.
Nous avons souvent entendu parler du râsa-lîlâ de Krishna avec les jeunes villageoises de Vrindâvana. Les échanges amoureux qui ont lieu au cours de la râsa-lîlâ ne sont pas des échanges ordinaires, tels ceux de ce monde que l’on retrouve entre personnes dotées de corps matériels. Il s’agit plutôt d’échanges relationnels entre personnes pourvues de corps spirituels. Un peu d’intelligence est nécessaire pour comprendre cela , et l’insensé incapable de saisir ce qu’est le réel plaisir, recherchera celui-ci dans ce monde matériel.
Entre réel bonheur
et bonheur factice
En Inde, on raconte l’histoire de l’homme qui voulait savoir ce qu’était une cannne à sucre. On lui expliqua qu’elle pouvait être mâchée et qu’elle était trés sucrée. Il en demanda une description et on lui répondit qu’elle ressemblait à une tige de bambou. L »insensé décida alors qu’il mâcherait toutes les tiges de bambou qu’il trouverait.
Quelle chance avait-il ainsi de goûter à la douceur exquise de la canne à sucre? De la même façon, nous essayons d’obtenir le bonheur et la satisfaction, mais nous le faisons à travers ce corps, en s’efforçant d’en extraire du plaisir ; c’est pourquoi on ne trouve ni bonheur et ni satisfaction. Il se peut que pour un temps, l’on ressente un peu de plaisir, mais celui-ci n’est pas réel car il est temporaire; comme lorsque parfois le ciel est parcouru de petits éclairs furtifs, qui ressemblent à de véritables éclairs mais qui n’en sont que le simulacre. Les véritables éclairs sont ailleurs. Ne sachant pas ce qu’est le véritable bonheur, on s’en écarte inévitablement.
Le procédé qui établit un être dans le réel bonheur est celui de la conscience de Krishna. Par la conscience de Krishna on développe graduellement son intelligence réelle, et au fur et à mesure que l’on progresse spirituellement, on goûte naturellement au bonheur spirituel.
Alors que l’on commence à goûter au bonheur spirituel, proportionnellement, on renonce au bonheur matériel. Alors aussi que l’on progresse dans la connaissance de la Vérité Absolue, on se détache naturellement de ce bonheur trompeur. Si l’on parvient à s’élèver au stade de la conscience de Krishna, qu’en résulte-t’il?
sukham ātyantikaḿ yat tad
buddhi-grāhyam atīndriyam
vetti yatra na caivāyaḿ
sthitaś calati tattvataḥ
(Bhagavad Gita 6.22)
Une fois ce stade atteint, tout ce que l’on a obtenu jusque là parait futile. Dans le monde matériel nous essayons d’obtenir tellement de choses – la richesse, les femmes, la renommée, la beauté, la connaissance, etc..- mais aussitôt établit dans la conscience de Krishna on considère: « Oh, nul bienfait n’égale celui-ci! »
Le protecteur de tous les dangers
La conscience de Krishna est si puissante, qu’en développant un peu de goût pour elle, on échappe au plus grand des dangers. Alors que l’on goûte la saveur de la conscience de Krishna, on commence à percevoir les autres soi-disant plaisirs, et prétendus succès, comme fades et sans saveur. Et si l’on devient fermement établi dans la conscience de Krishna, même le plus grand des dangers ne nous affecte pas.
Il existe tellement de dangers dans la vie et le monde matériel en est rempli. Nous avons tendance à fermer les yeux sur cette terrible réalité, et nous sommes si insensés que nous cherchons simplement à nous en accommoder. Au cours de sa vie, on est souvent confronté à de multiples situations dangereuses, mais si l’on cultive la conscience de Krishna et se prépare à retourner à Dieu, dans le monde spirituel, on ne s’en préocupera pas.
Notre attitude face aux dangers sera alors de penser: « Les dangers vont et viennent – alors qu’ils viennent ». Il est trés difficile de ne pas être affecter par les dangers qui nous entourent, tant et aussi longtemps que l’on demeure au niveau matériel et que l’on s’identifie au corps grossier – composé d’éléments périssables. Mais plus on avance dans la conscience de Krishna, plus on se libère de toute désignation corporelle et de toute enchaînement matériel.
Dans le Srimad–Bhagavatam le monde matériel est comparé à un vaste océan. Au sein de cet univers matériel existent des millions et des milliards de planètes flottant dans l’espace, et l’on peut difficilement imaginer combien il se trouve d’océans atlantiques et pacifiques répartis à travers tout l’univers.
En fait, l’univers matériel entier est comparé à un vaste océan de douleur, un océan de mort et de renaissance. Pour traverser ce vaste océan d’ignorance on requiert un navire robuste. Les pieds-pareil-au–lotus de Krishna constituent ce navire solide. Il faut que nous embarquions immédiatement sur ce vaisseau. Nous ne devrions pas hésiter, en pensant que les pieds de Krishna sont trop petits pour cela. L’univers entier repose sur Sa jambe.
Pour celui qui prend refuge de Ses pieds, il est dit que l’univers matériel n’est pas plus important quel’eau qui est contenue dans l’empreinte du sabot d’un veau (voir Srimad Bhagavatam) . Il n’y a certainement aucune difficulté à enjamber une si petite quantité d’eau.
yaḿ labdhvā cāparaḿ lābhaḿ
manyate nādhikaḿ tataḥ
yasmin sthito na duḥkhena
guruṇāpi vicālyate
(Bhavagad Gita 6.23)
Un mental serein
pour atteindre au bonheur
Nous sommes emprisonnés dans ce monde matériel à cause de nos sens incontrôlés. Le pratique du yoga est destinée à contrôler les sens. Si nous parvenons à maitriser ceux-ci, il devient possible alors de se tourner vers le réel bonheur spirituel et de faire de sa vie une véritable réussite.
Le mental est toujours agité; ; il se promène çà et là. Par la pratique du yoga, on parvient à littéralement « tirer » le mental vers la conscience de Krishna. Le mental s’est égaré; il s’est éloigné de la conscience de Krishna pour s’attacher à nombre d’objets extérieurs. Depuis des temps immémoriaux, vie après vie, il s’est accoutumé à cette pratique. Pour cette raison, au début, il se peut que l’on ait de grandes difficultés à fixer son mental sur la conscience de Krishna. Mais ces difficultés peuvent être surmontées.
Comme il est instable et qu’il n’est pas fixé sur Krishna le mental erre constamment d’une pensée à l’autre. Par exemple, alors que l’on travaille, il n’est pas rare, et sans raison apparente, que des souvenirs d’évènements vieux de dix, vingt, trente, ou même quarante ans, ressurgissent dans notre mental. Ces pensées proviennent de notre subconscient, et comme elles se manifestent continuellement, le mental est toujours agité.
Quand on agite un lac ou un étang, toute la boue du fond remonte à la surface. De la même façon, lorque le mental est agité, de nombreuses pensées remontent du subconscient ; des pensées qui s’y étaient accumulées à travers les années. Si l’on ne provoque aucun remous sur l’étang, la boue restera au fond. Ce processus du yoga est le moyen de maintenir la tranquillité du mental et d’empêcher que ces pensées apparaissent.
Il existe, pour préserver le mental de toute agitation, de nombreuses règles à suivre. En observant ces règles, graduellement, il devient possible de maîtriser le mental. Il existe un grand nombre de prescriptions et d’interdits qu’il faut s’appliquer à suivre si l’on tient vraiment à maîtriser le mental. Mais si l’on agit par caprice, en dehors de toute règle, comment sera-t’il possible de maîtriser le mental?
Quand, par la pratique, le mental parvient à ne penser à rien d’autre qu’à Krishna, il devient paisible et serein.
praśānta-manasaḿ hy enaḿ
yoginaḿ sukham uttamam
upaiti śānta-rajasaḿ
brahma-bhūtam akalmaṣam
(Bhagavad-gita 6.27)
Constamment, le mental échafaude de nouveaux plans pour atteindre au bonheur. On pense sans cesse: « Par ce moyen-ci je serai heureux…, par ce moyen-là je serai heureux…, le bonheur est ici…le bonheur est là… ». C’est ainsi que le mental nous mène partout et nulle part. C’est comme si nous conduisions un chariot menés par des chevaux fous. On ne peut rien faire pour le diriger. Assis, rempli d’effroi, on assiste au désastre dans une totale impuissance.
Alors que l’on engage le mental dans le procédé de la conscience de Krishna – en particulier dans le chant d’Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Râma, Hare Râma, Râma Râma, Hare Hare – , graduellement, les chevaux fous du mental deviennent maîtrisés. A chaque instant de notre vie, il faut s’engager dans le service de Krishna . Et cela, dans le but d’empêcher que le mental – agité et turbulent de nature – ne nous promène ici et là, dans une quête vaine du bonheur au sein de ce monde matériel transitoire.
(Bhagavad-gita 6.28)
Krishna se conduit comme un protecteur envers son dévot. Alors que celui-ci est en difficulté, Son protecteur intervient pour l’aider. Comme la Bhagavad-gita l’affirme, Krishna est le réel ami de tous les êtres vivants, et nous devons raviver notre relation avec Lui. La méthode qui consiste à raviver notre relation d’amitié avec le Seigneur est le procédé de la conscience de Krishna. Par la pratique de la conscience de Krishna, toutes nos aspirations matérielles – ces fruits de la passion -, disparaitront. Ce sont elles qui nous éloignent de Krishna.
Krishna vit en nous et Il attend que l’on se tourne vers Lui, mais nous sommes trop occupés à goûter avec avidité aux fruits de l’arbre des désirs matériels. Cette poursuite incontrôlée de la jouissance matérielle doit s’arrêter, et nous devons nous établir dans notre réelle identité de Brahman – d’âme pure.
Catégories :La voie et la pratique du bhakti-yoga
Merci pour ce site RETOUR A KRISHNA.COM que je viens de découvrir.
J’y reviendrai souvent d’autant qu’un dévot de KRISHNA vient de m’offir la BHAGAVAD GITA telle qu’elle est, dont je commence avec joie la lecture.
HARE KRISHNA
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