Comment l’envie poussée à l’extrême et nourrie par la haine peut conduire au désastre, l’histoire du drame du Raincy en est la terrible illustration.
Qu’est-ce que l’envie? lexilogos en donne la définition suivante (B.-2. Péj): Tendance négative, passion mauvaise qui consiste à s’affliger de la réussite ou du bonheur d’autrui, et pouvant aller jusqu’à lui désirer du mal et chercher à lui nuire.
Au regard de cettte définition, force est de constater que cette « passion mauvaise » est malheureusement assez courante et concerne, ou a déjà concerné, sinon tout le monde, ou en tout cas, nombre d’entre nous.
Qui ne s’est pas, au moins une fois dans sa vie, « affligé de la réussite ou du bonheur d’autrui, ……jusqu’à lui désirer du mal et chercher à lui nuire » ? Ainsi et malheureusement, il faut bien l’avouer, de tels sentiments sont loin de nous être étrangers, et revêtent même, au sein de notre société moderne, un caractère plutôt familier.
Si aujourd’hui au sein de notre société moderne, l’envie et la haine (la violence) sont omniprésents, cela est dû à la nature même de cette société. En fait, la société moderne est une société dénaturée. Peut-elle même prétendre au nom de « société », tant qu’il apparaît avec évidence qu’elle s’est fourvoyée dans sa fonction originelle essentielle? Pour mieux le comprendre, il suffit de se reporter, encore une fois, à la simple définition que donne le dictionnaire du mot « société » : « État de vie collective; mode d’existence caractérisé par la vie en groupe; milieu dans lequel se développent la culture et la civilisation. »
« Milleu dans lequel se développent la culture et la civilisation » , ces mots sont chargés de sens et nous reportent à la signification du mot civilisation. La société actuelle fait-elle de nous des êtres civilisés? Un être civilisé est un » être éduqué selon et pour les exigences de la vie de société ».
Au regard du drame du Raincy, il apparaît clairement que notre société actuelle manque aux qualités qui font d’une société, une société vraiment civilisée et évoluée. Ainsi, des qualités telles que la générosité, le respect et l’amour des autres, la solidarité, la bienveillance, la tolérance,… font cruellement défaut aujourd’hui. Qu’est devenu l’idéal d’amour et de fraternité prôné par la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité »? Cette « fraternité » ne s’est-elle pas mue en « hostilité » et en « rivalité »?
Si l’envie et la haine sont certainement à l’origine du drame du Raincy, elles ne sont pas seules responsables. Elles ont prospéré sur le terreau fertile d’autres grandes tares de nos sociétés modernes : l’égoïsme et l’inertie.
Dans ce drame du Raincy, la police a fait certainement preuve d’inertie. A quatre reprises les protagonistes, dans l’espoir que la police intervienne, s’étaient rendus au commissariat pour y déposer des mains courantes. Mais la police avait jugé que « les choses n’avaient pas été assez loin » pour justifier une intervention!
Mais au-delà de la police, les voisins sont aussi coupables. Une des habitantes de l’immeuble du drame, répondant aux journalistes qui l’interviewaient le lendemain de l’événement, affirmait » C’est la faute de tout l’immeuble. On aurait dû faire bouger les choses et faire comprendre aux gens qu’il fallait savoir vivre en communauté. »
« C’est la faute de tout l’immeuble, …on aurait dû bouger les choses… » Cette affirmation sonne comme un constat amère: celui de l’égoïsme de l’inertie actuels. Il existe en droit un délit qui reconnaît la culpabilité de « non assistance de personnes en danger ». Autrement dit, se montrer passif face à la souffrance, l’injustice, la violence, etc… des autres, est coupable en soi. En n’intervenant pas, les voisins, comme la police, ont fait preuve d’indifférence et d’inertie. Dans ce genre de conflits violents entre voisins (accompagnés de menaces de morts) qui perdurent et s’enlisent, l’intervention d’une tierce personne jouant le rôle de médiateur, est souvent nécessaire. Comment se fait-il que personne n’ait jugé opportun d’intervenir en tant que médiateur?
Si l’égoïsme et l’inertie ont joué leur rôle dans ce drame, on peut aussi s’affliger de la dureté de coeur et de l’insensibilité dont ont fait preuve certains internautes dans leurs commentaires, le lendemain du drame. Ils suggéraient ouvertement qu’il fallait être « indulgent et compréhensif pour le pauvre Claudy Bertin qui avait dû être tellement dérangé par ses voisins bruyants et fêtards pour en arriver là … » Comme s’il était normal de massacrer ses voisins pour un peu de bruit !
De tels jugements, outre le fait encore une fois qu’ils témoignent d’une âpreté et d’une dureté de coeur consternantes, sont par ailleurs révélateurs d’une mauvaise foi et d’une ignorance ambiantes. Ainsi, n’est-il pas rare à l’heure actuelle d’entendre des gens formuler un avis sur telle ou telle chose avant même d’avoir en main toutes les données nécessaires. Même dans le cas du drame du Raincy, qui aurait nécessité beaucoup de prudence et de réserve avant de porter un avis, en a-t’il était ainsi. Ainsi, nombreux sont ceux qui dans leurs commentaires ont pris fait et cause pour Claudy Bertin avant même d’avoir pris la peine de s’informer des faits exacts. Comme s’il était normal d’assassiner quatre personnes – dont une femme enceinte – quant l’isolation acoustique est insuffisante!
Une autre grande tare présente dans le drame du Raincy, et dont l’ampleur est grandissante dans notre société moderne, est la folie. Claudy Bertin était atteint de délires paranoïaques et se croyait victime de persécution ; sa santé mentale était défaillante. Il aurait certainement eu besoin d’être suivi par un psy. Mais voilà, il ne l’était pas, et combien de personnes à l’heure actuelle sont dans son cas, et restent sans aucun secours extérieur?
L’origine de l’égoïsme et de la violence
Mais d’où provient donc cette montée croissante de la violence et de la folie au sein de notre société moderne? Cette violence, qui, comme dans le cas du drame du Raincy, est parfois poussée jusqu’à l’extrême.
Comme on l’a dit auparavant, cela est dû au caractère dénaturée de la société actuelle. Une société dénaturée est une société qui a perdu le sens de sa vocation. Quelle est cette vocation? Celle de permettre aux hommes et aux femmes de vivre heureux ensemble, dans l’harmonie et la solidarité, et dans le but d’atteindre à l’accomplissement de l’existence. Le problème à l’heure actuelle est que l’on considère l’accomplissement de l’existence en termes uniquement matériels : réussite professionnelle, position sociale, bonheur sentimental, prospérité économique, gros compte en banque, etc…
Ces objectifs matériels présentés comme idéaux absolus créent une atmosphère d’envie et de compétition entre les gens. Lorsqu’une société reste trop focalisée sur ses seuls accomplissements matériels, elle doit être considérée comme dénaturée ou, en d’autres termes, détournée de sa fonction originelle. Selon la culture védique, sa situation est celle d’un élégant cadavre (1) . Aussi prodigieuses soient-elles, parce qu’elle ne tient pas compte de l’aspect spirituel de l’existence, ses réalisations matérielles ( technologiques, scientifiques, économiques) ne sont que « décorations sur un cadavre ». La société moderne est comme un corps privé de vie, un corps sans âme.
Chanter Hare Krishna :
un véritable remède à la violence
S’il y a tant d’envie, de frustration et de violence au sein de la société moderne, c’est que celle-ci ignore complètement les besoins spirituels de sa population. Les accomplissements matériels, bien que n’étant pas condamnables en eux-mêmes, sont incapables de combler les aspirations profondes de l’homme. Bien que la majorité de la population l’ignore encore, les besoins profonds de l’homme sont de nature spirituelle et non pas matériel. La fable de l’oiseau dans la cage l’illustre merveilleusement. Ce n’est pas en astiquant la cage (le corps matériel) que l’on peut satisfaire l’oiseau à l’intérieur (l’âme spirituelle). Croire que le bonheur d’une société réside en ses accomplissements matériels est une profonde erreur; une erreur qui coûte trés chère à la société, et qui est à l’origine de toutes les passions mauvaises qui la minent: l’envie, la haine, l’égoïsme, l’insatisfaction, la frustration, l’inertie, etc…..
Si aujourd’hui toutes les mauvaises qualités que nous venons d’évoquer sont omniprésentes c’est que le coeur de l’homme est de plus en plus souillé. Il est donc nécessaire de purifier le coeur des gens si l’on veut changer la société. Et le chant du Maha-mantra Hare Krishna représente le meilleur moyen d’atteindre à cette purification de du coeur et de provoquer l’émergence de bonnes qualités au sein de la société : tolérance, compassion, satisfaction, amour de l’autre, abscence d’envie, d’avidité, etc.. . C’est ce qu’explique clairement Srila Prabhupada, le maître spirituel-fondateur du Mouvement International pour la Conscience de Krishna, dans la conversation suivante avec le lieutenant Moozee de la police de Chicago (3):
Lieutenant Mozee: J’ai pu comprendre que vous aviez des idées pour renforcer la prévention contre la criminalité. Je serais trés intéressé de les entendre.
Śrīla Prabhupāda: La différence entre un homme pieux et un criminel est que le coeur de l’un est pur tandis que celui de l’autre est souillé.Cette impureté dans le coeur est comme une maladie qui se manifeste sous la forme d’une concupiscence et d’une avidité incontrôlables. Aujourd’hui les gens, en général, sont malades, et la criminalité est donc trés répandue.
Quand les gens seront purifiés de ces souillures la criminalité disparaitra. La méthode de purification la plus simple pour les gens consiste à s’assembler en congrégation et à chanter les saints noms de Dieu. Cela s’appelle le sankirtana et c’est l’activité de base de notre mouvement pour la conscience de Krishna. Ainsi, si vous tenez à endiguer la criminalité, il faut que vous réunissez autant de gens que possible pour un sankirtana de masse. Ce chant congrégationnel des saints noms de Dieu dissipera toute impureté de leur coeur. La criminalité disparaitra alors.
Extrait de « criminalité: pourquoi et que faire?«
Ces propos clairs et réconfortants de Srila Prabhupada sont corroborés par les Ecritures védiques:
hare krsna hare krsna
krsna krsna hare hare
hare rāma hare rāma
rāma rāma hare hare
iti sodaśakaḿ nāmnāḿ
kali-kalmasa-nāśanaḿ
nātaḥ parataropāyaḥ
sarva-vedesu drśyate
« Ces seize noms, formés de trente-deux syllabes, représentent l’unique façon de contrecarrer les effets néfastes de l’âge actuel, l’âge de kali. Tous les Vedas disent qu’il n’y a pas d’alternative au chant du saint nom pour franchir cet océan de vices qu’est l’âge actuel. »
Kali-santarana Upanishad
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(1) un élégant cadavre: l’analogie fait allusion à ces défilés mortuaires au cours desquels le défunt, élégamment vêtu, est transporté à travers le village, avant d’être incinéré. Comparer la société matérialiste actuelle, à « un élégant cadavre », est trés pertinent, car, comme lui, bien qu’elle manifeste un certain apparat (réussite scientifique, technologique, économique,…) comme elle néglige totalement la dimension spirituelle de l’existence – ce qui fait réellement selon la culture védique la valeur d’une société dite avancée -, tous ses apparats sont comparables à des « décorations sur un cadavre ».
(2) une spiritualité non sectaire:
« Pourquoi donc existe-t’il un tel cloisonnement entre les religions? C’est qu’il semble que celles-ci ont oublié qu’elles vénéraient le même Dieu: Dieu, la Personne Suprême. Le fait de se quereller pour défendre « son Dieu » contre « leur Dieu », et « sa tradition religieuse » contre « leur tradition religieuse » trahit chez les adeptes une conscience de Dieu primaire. Il est aussi absurde de se battre au nom de « son Dieu » contre « leur Dieu » qu’il serait absurde de se battre au nom de « son soleil » contre « leur soleil ». Le soleil est un et universel et brille sur tous. Il n’y a pas de soleil chrétien pas plus qu’il n’existe de soleil musulman, juif, hindou,ou bouddhiste. Le soleil est le soleil pour tous; combien plus le Seigneur Suprême, le créateur du soleil !
De la même façon, Dieu, le Seigneur Suprême est Un et la question n’est pas tant de savoir « à qui ou à quelle religion appartient-Il? » mais tout simplement et sans esprit sectaire » Qui est le Seigneur Suprême? Quelle est Sa Forme, Son Nom, Son Entourage, Ses Divertissements, Sa Demeure, Ses Attributs ? ». Et plus encore, comme le souligne les Vedas : »Comment puis-je rétablir ma relation d’amour avec le Seigneur Suprême (sambandha)? Comment, une fois cette relation rétablie, puis-je Le servir ( voir service de dévotion) sous la direction d’un maître spirituel authentique (abhideya) ? Et enfin, comment développer le but ultime de la vie, le pur amour de Dieu ( prayojana)? »
Extrait de « pour une religion universelle«
((3) lire à ce sujet « criminalité: pourquoi et que faire? » une conversation trés instructive entre Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada et le lieutenant Mooze de la police de Chicago sur le moyen le plus pratique et le plus efficace d’éradiquer la violence dans notre société moderne.
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