Il est important de tout de suite préciser qu’ il ne faut pas faire d’amalgame entre ses actions terroristes isolées et la religion de l’Islam en tant que telle. J’ai assez étudié l’Islam moi-même et fréquenté assez de musulmans, soit en Egypte (où j’ai fait mon armée, aidant au déminage du canal de Suez), en Inde, et bien sûr en France où un de mes meilleurs amis était algérien, pour savoir que l’Islam est une grande religion monothéiste qui professe en priorité l’amour de Dieu et l’harmonie entre les hommes. La racine du mot « islam » d’ailleurs provient du mot salam qui signifie « paix ». Et donc, ces actes terroristes, tels ceux qui ont eu lieu il y a un peu plus d’un an à Londres par des Pakistanais, et ceux qui se planifiaient et qui ont, heureusement, étaient déjoués, restent des actions isolées, perpétrées par des jeunes hommes fanatiques, enrôlés dans des sectes soi-disant » musulmanes » très dangereuses.
Il faut préciser également que même si les » musulmans « sont sur le devant de la scène, en ce moment, en matière de violence, au nom des autres religions on a aussi commis beaucoup d’atrocités au cours des âges; que ce soit la chrétienté avec l’inquisition au moyen-âge et la répression sanglante contre les protestants, le massacre des indiens en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. Il ne s’agit pas bien sûr de comptabiliser froidement les actes de violence et d’inscrire au palmarès de la violence ceux, parmi les « religieux », qui ont commis le plus ou le moins d’actes de violence et de haine.
Tout le monde est certainement coupable, mais il faudra remarquer tout de même que l’hindouisme quant à lui s’est montré beaucoup moins belliqueux et conquérant, au cours des âges que le christianisme et l’islam. Il faut dire que la religion du Mahatma Gandhi, le sanatana-dharma (le véritable nom de « l’hindouisme », littéralement « religion éternelle » ) est fondé sur des principes de connaissances élevés, tels que le karma et la réincarnation et la compassion vis-à-vis de nos frères humains mais également étendue à nos frères, les animaux.
Le sanatana-dharma ou religion universelle , telle que présentée par Krishna dans la Bhagavad-gita avec tous ses principes spirituels propres lui interdisent de commettre des actes de violence vis-à-vis des autres êtres vivants (hors le fait de se défendre dans les cas légitimes), en prenant conscience de l’importance d’agir, plus en terme de compassion et de fraternité universelle (végétarisme, non-violence, altruisme, diffusion de la connaissance spirituelle…), qu’en terme d’appartenance nationale, ethnique, raciale, ou religieuse. Cette fraternité n’est pas seulement basée sur des principes ou des dogmes religieux mais sur une véritable réalisation pour nombres d’hindous et de dévots de Krishna que chaque être est une âme spirituelle dans un corps différent, certes, mais de qualité parfaitement identique . Et ainsi, bien que l’être au cours de ses pérégrinations dans différents corps matériels, la transmigration de l’âme, contracte un corps d’humain de telle ou telle race, de telle ou telle religion, de telle ou telle appartenance ethnique, le dévot de Krishna sait bien qu’il ne doit pas s’identifier (surtout au point de commettre de la violence) à ses différents corps temporaires.
Mais revenons à la question initiale; religion et haine, est-ce vraiment compatible? Peut-on à la fois déposer une bombe dans un avion et prétendre représenter la volonté de Dieu. La réponse est un retentissant NON! Et pourquoi? Il existe bien sûr de multiples arguments pour étayer cette affirmation, mais un des plus évidents est le suivant:
– On ne peut pas se réclamer à la fois de Dieu qui par essence, et l’Islam et la Chrétienté le professent aussi à travers le Coran et la Bible, est le Père et Créateur de tous les êtres et, à la fois, vouloir massacrer ses frères et sœurs pour plaire au Père.
Cet argument de l’amour de Dieu vis-à-vis de tous les êtres est d’une évidence indiscutable pour le réel dévot de Dieu, qu’il soit rattaché et identifié à quelque appellation religieuse – musulmane, chrétienne, juif ou hindou – que ce soit, Dieu est le Père de tous les êtres sans discrimination. Et en tant que tel Dieu ou Krishna, porte un amour égal et aussi fort envers tous ses fils et filles sans discrimination de religion, d’ethnie, de race, de pays. Et de même qu’un père ordinaire ne tolérerait pas qu’un de ses fils, sous prétexte que ses frères n’obéissent pas comme il convient au père, décide de les tuer, Dieu le Père universel de tous les êtres ne tolère pas que l’on tue ses fils en Son nom. Et ainsi, toute personne, même s’il porte l’habit et la désignation de prêtre, imam, guru, rabbin, s’il déroge à ce principe fondamental religieux de compassion et d’amour universel est un imposteur.
Cette action du terrorisme « d’inspiration religieuse » pose la question du détournement idéologique de la religion au profit de nombreux imposteurs religieux sans scrupules.Le problème de l’imposture est un problème majeure du Kali-Yuga, l’âge d’hypocrisie ou d’imposture, par excellence. Beaucoup de personnes se présentent comme guides spirituels ou maîtres spirituels alors qu’ils n’en ont pas les qualifications. Pour bien comprendre la gravité du problème de l’imposture on peut se poser les questions suivantes:
- Iriez-vous confier votre santé à un homme qui se prétendrait médecin sans avoir fait d’études et pratiqué la médecine?
- Vous sentiriez-vous en sécurité si un policier assurait votre défense sans armes et sans formation?
- Pourriez-vous confiez la construction de votre future maison à un architecte amateur?
- Laisseriez-vous faire votre installation électrique par quelqu’un qui ne serait pas électricien de formation?
- Vous sentiriez-vous en sécurité au bord d’une plage qui aurait pour maître-nageur-sauveteur quelqu’un qui ne sache pas nager?
De la même façon, la société du Kali-Yuga s’en remet trop souvent à des chefs religieux qui n’ont pas les qualifications requises pour représenter Dieu.
Ces imposteurs et chefs religieux prospèrent du fait que la population dans sa grande majorité et l’Etat où les dirigeants d’un pays demeurent ignorants des critères authentiques d’un véritable chef religieux ou maître spirituel. Et plus grave encore, l’administration et la justice qui sont sensées en premier lieu protéger les citoyens, en veillant que les qualifications sociales et professionnelles de chacun soit authentiques et en faisant intervenir la justice lorsque ses qualifications sont usurpées, sont plongés dans la plus grande ignorance en matière de spiritualité et des qualifications requises pour être un véritable prêtre, un imam, un brahmana, en résumé; un guide ou maître spirituel.
Bien sûr le concept arrogant de l’état laïc, ou de la séparation de la responsabilité religieuse d’avec les autres responsabilités de l’Etat vis-à-vis des citoyens, a été inventé dans le Kali-Yuga l’Etat , représentant de l’autorité, que ce soit sous la forme d’un roi ou d’un président se doit également de représenter, Dieu ou l’Autorité Suprême. Bien sûr, une telle proposition fera bondir d’indignation nos états modernes « libres » qui ne manqueront pas de voir en cela l’ingérence du religieux dans les affaires de l’Etat et une déplorable régression. Et l’on pense ainsi à l’exemple des Etats intégristes qui font régner ce que l’on pourrait appeler un totalitarisme religieux auprès de la population tristement asservie.
Mais il ne s’agit pas de cela lorsque Srila Prabhupada dénonce, dans une conversation avec l’ambassadeur de l’Inde mais à l’origine à Stockholm en Suède en 1973, l’état laïc moderne (dont est trés fier en passant, M.Chirac, le Président français) et ses sérieuses lacunes. Srila Prabhupada critique le fait qu’en ne voulant pas favoriser la religion les Etats favorisent en fait l’irreligion. Bien sûr, Prabhupada ne remet pas en cause la position de neutralité et d’impartialité de l’Etat laïque et le fait qu’il doive respecter le choix de chaque homme de pratiquer telle ou telle religion. Mais, cependant Prabhupada met en avant l’aspect pernicieux que peut représenter une position neutre de l’Etat vis-à-vis de la religion du citoyen et de sa pratique religieuse. Et donc si, encore une fois, l’Etat doit respecter la pratique de chacun vis-à-vis de la religion pratiquée, il ne peut pas se dégager de la responsabilité de veiller à ce que ces religions soient pratiquées correctement, sinon tôt ou tard les pauvres citoyens doivent en payer le prix.
On vient de voir en Angleterre les conséquences directes graves que peuvent entrainer le désengagement de l’Etat face à la pratique religieuse des citoyens. A Hyde Park à Londres, pendant longtemps, des « prédicateurs » religieux se présentant comme musulmans, prêchaient avec grande virulence la haine et la vengeance. ( Tout comme les fameux chrétiens intégristes qui hurlent des menaces de damnation éternelle envers quiconque ne s’abandonnent pas à Jésus Christ). Et pendant de trés longues années, la police et le gouvernement anglais, se sont contentés de les regarder faire sans intervenir. Mais, depuis les actes de terrorismes terribles qui ont frappé le métro et un bus à Londres il y a un an, ils ont
finalement décidé d’intervenir dans le milieu religieux musulman et de veiller à ce que les discours religieux ne soient pas remplis d’incitation à la haine . On peut dire, malheureusement que leur passivité aura coûté la vie à quelques dizaines de citoyens et fourvoyée des centaines d’autres. Et les conséquences irresponsables d’une telle attitude n’ont pas fini encore de se faire ressentir.
Donc, pour conclure ce thème de la religion et de la haine et de leur incompatibilité, rappelons nous que l’on ne peut prétendre à la fois être avancé dans la connaissance et la réalisation spirituelle tout en imprégnant des idées de haines, de violence et de vengeance dans le coeur de ceux que l’on est sensé instruire. Quelles sont donc alors les réelles qualités d’un sage et d’un représentant religieux?
Un verset trés connu du Srimad Bhagavatam les décrit merveilleusement bien:
suhrdah sarva-dehinâm
ajâta-satravah sântâh
sâdhavah sâdhu-bhûsanâh
Les signes distinctifs d’un sadhu (sage) sont sa tolérance, sa compassion et l’attitude amicale dont il fait preuve envers tous les êtres. Il n’a aucun ennemi, il est paisible, il se conforme aux Écritures, et tous les traits de sa personnalité sont sublimes.
Srimad-Bhagavatam (3.25.21)
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