Richesses spirituelles et matérielles

Richesses spirituelles et matérielles 

Par Bhakta Rémi

J’aimerais, avec ces quelques lignes, développer en profondeur le passage d’un poême écrit par Narottama Das Thakura, grand poête dans la lignée vaisnava. Ce point philosophique est important,  lisons un extrait du poême :
 

Quiconque n’a pas établi de relation avec Nityananda Prabhu vit en vain.
Il ne vaut pas mieux qu’un animal sauvage.
Ne permettant pas au nom de Nitaï de danser sur ses lèvres,
il s’absorbe dans un bonheur matériel chimérique.
Quelle valeur accorder à l’éducation, la naissance au sein d’une famille prestigieuse
ou d’une grande nation ? 

L’extrait est tiré d’un poème  intitulée Sri Nityananda-Nistha, poême qui fait l’éloge de Nityananda Prabhu. J’aimerais si vous le voulez bien commenter les deux dernières lignes de ce poème :  »Quelle valeur accorder à l’éducation, la naissance au sein d’une famille prestigieuse ou d’une grande nation ? »

Mais d’abord je vais répondre à la première question que vous vous posez certainement : qui est Nityananda ? Nityananda Prabhu est Baladeva, Dieu l’Etre Souverain. Il est le frère ainée de Chaitanya Mahaprabhu. Bien qu’identique à Baladeva, la position de Nityananda est néanmoins très particulière.

Pourquoi particulière ? Parce qu’Il distribue l’amour de Dieu. Il est le libérateur des âmes déchues et ne tient pas compte de leur niveau de déchéance. Sa compassion dépasse parfois celle de Sri Chaitanya, elle est absolue et ne connait aucune limite, s’étendant à chaque être.

Quelque fois Nityananda suppliait à genoux les pêcheurs de s’abandonner à Krishna et à reconnaître Chaitanya comme Dieu, la Personne suprême.

J’aimerais maintenant parler de l’extrait du poème mentionné ci-dessus . En fait, Narottama Das Thakura souligne un point d’une importance capitale : l’attrait de chacun en ce bas monde pour une position sociale. Tout le monde effectivement cherche, directement ou indirectement,  à atteindre une position sociale élevée, et plus elle est élevée, mieux c’est. En écrivant ces lignes j’entends déjà certaines personnes dire :  »Non, moi je ne recherche pas de position élevée, je suis humble, les honneurs de ce monde ne m’intéressent pas. »

Ceci est une illusion. Pour être dénué de toute ambition matérielle il faut devenir un pur dévot, car il faut comprendre la nature matérielle et notre position par rapport à elle. La recherche du pouvoir et de la gloire est innée en nous, c’est justement la raison même de notre présence sur terre : nous nous prenons pour le maître suprême. Bien sûr, le problème est que nous ne contrôlons rien, absolument rien ! Là encore cette affirmation demande réflexion car nous pensons tous posséder la maîtrise de notre vie. Nous ne nous sommes même jamais demandé si quelqu’un d’autre que nous contrôlait notre destinée. Tout semble clair :  »je me lève le matin, part au travail avec ma voiture( travail que j’ai choisi, de gré ou de force) et gagne mon argent. Métro boulot dodo, tout va bien ! »

Le problème est que tout était fixé dès la première seconde où vous êtes né. La parole de Dieu dans la Bhagavad Gita est claire :  »La nature agit sous Mon commandement‘. De plus il faut comprendre une loi naturelle qui régit tout le mécanisme de nos actions : la loi du karma. Cette règle est implacable et est beaucoup plus juste que celle des hommes. Avec elle un assassin sera puni à cause de ses actions pécheresses (voir « Le karma, une justice infaillible« ). Ce qui nous amène au coeur du sujet : qu’est ce qu’un bon karma et avons nous un bon karma parce que nous sommes naît dans une  »bonne » famille ?

En fait, la question se situe sur deux plans, l’un matériel et l’autre spirituel.
Prenons le premier plan. Oui, voir le jour dans une famille riche ou bien éduquée est un atout capital mais ne fait pas tout. Dans la Bhagavad Gita, écrit sacré par excellence, Arjuna, le disciple de Krishna demande :  »Quel est le destin du spiritualiste qui, bien qu’il ait emprunté avec foi la voie du yoga, l’abandonne pour n’avoir su détacher son mental du monde, et qui, par suite, n’atteint pas la perfection mystique? » BG 6.37

Dieu la personne Suprême répond à sa question sur les deux plans que nous avons vu. Pour le niveau matériel Il dit : »Après avoir vécu de longues années de délices sur les planètes où vivent ceux qui ont fait le bien, celui qui a failli dans la voie du yoga renaît au sein d’une famille riche et noble, ou d’une famille vertueuse. » BG 6.41

Krishna répond à la question de son diciple. Nous voyons donc que naître dans une famille  »riche et noble » est une chose bénéfique et que seuls les spiritualistes et les êtres vertueux renaissent dans de telles conditions favorables. Mais renaître dans ces familles ne signifie pas pour autant que l’être en question sera forcément attiré par la spiritualité, d’où la question de Narottama Das Thakur : ?Quelle valeur accorder à l’éducation, la naissance au sein d’une famille prestigieuse ou d’une grande nation ??

Effectivement, le simple fait de renaître au sein de familles fortunées n’est pas en soi d’un grand intérêt, mis à part que l’on aura peut-être (et cela n’est même pas sûr) moins de soucis financiers que d’autres durant sa vie humaine.

Mais alors, quel est donc notre véritable intérêt? Le grand maître spirituel contemporain Srila AC Bhaktivedanta Swami Prabhupada explique dans un de ses entretiens :  »La vie humaine doit permettre de comprendre Dieu et de L’aimer » (dialogue avec le Dr Frazer). Voilà le vrai but de la vie humaine enfin clairement dit !

Et Krishna continue dans la gita à expliquer :

 »Ou encore il renaît dans une famille de sages spiritualistes. Mais en vérité il est rare, ici bas, d’obtenir une telle naissance. Alors il recouvre la conscience divine acquise dans sa vie passée et reprend sa marche vers la perfection. » BG 6.42-43

Ces deux versets sont très intéressants. Nous voyons que quelquefois Krishna permet aux spiritualistes de renaître dans des familles vertueuses, mais ce n’est pas tout,  il  »recouvre la conscience acquise dans sa vie passée » ! Bhagavan Sri Krishna  ne nous laisse donc jamais tomber. Une fois engagé dans son service, notre ?compte en banque spirituel? devient éternel. Quel sot pourrait refuser une telle offre ? Le Seigneur dit aussi d’une telle naissance qu’elle est rare. Ce qui veut dire que si l’on a la possibilité de s’engager dans le service de dévotion en la compagnie des dévots, alors il faut absolument saisir cette chance et ne pas se dire que l’?on verra plus tard?. Nous ne savons jamais ce qui peut arriver dans l’avenir, ce que notre karma nous réserve.

Nous voyons clairement notre intérêt, s’engager de tout son coeur dans la conscience de Krishna : ‘‘Ce n’est qu’en me servant avec un amour et une dévotion sans partage qu’on peut Me connaître tel que Je suis » BG 11.54. Il n’est pas très important de vivre au sein d’une famille fortunée car les biens matériels sont très éphémères et rien ne nous dit que, même si dans cette vie nous sommes riches, dans la prochaine nous le serons encore. Pour autant, on ne doit pas négliger l’aspect matériel car tout peut-être engagé dans le service de Dieu et une fois engagée au service de Dieu, chaque chose devient alors spirituelle.

Suite à cette petite analyse que nous venons de faire d’un passage du poème de Narottama das Thakura ?Nityananda Nistha? nous pouvons donc dire:  »engagez vous dès maintenant dans la conscience de Krishna, vous y trouverez un bonheur sans tâche et sans limite ! »

Hare Krishna
Bhakta Rémi



Catégories :Philosophie et transcendance

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