DSK, une mort avant l’heure
– Une autre perspective sur l’affaire Strauss Kahn-
Mr Dominique Srauss Kahn était au sommet du sommet de la réussite professionnelle et sociale. De par sa position unique de Directeur Général du FMI, il côtoyait les plus grands de ce monde – Chefs d’Etat, Ministres, PDGs, etc..-, les tutoyait comme on tutoie des proches, leur tapait amicalement sur l’épaule, échangeait avec eux clins d’oeil et sourires complices. Quel prestige! Quelle renommée! Quelle réussite ! Mr Trauss Kahn était aussi le candidat préféré des français à l’élection prochaine de la présidence de la république française. Président de la république française! Le couronnement de sa vie ! Et puis…patatras!!! En quelques minutes, ce merveilleux édifice, qu’il avait mis toute une vie à bâtir, à force de travail, d’acharnement, d’expérience, de sacrifices,… tel un château de cartes, s’écroule !!!
Ces proches provenant de son entourage politique, sociale, professionnel immédiat, mais aussi les gens en général, ont été sidérés par ce qui est arrivé à Dominique Strauss Kahn; ces images tragiques de lui, marchant menotté entre des policiers new-yorkais, puis plus tard, comparaissant devant une juge du tribunal , l’air hagard, les traits tirés, pas rasé, pas lavé, portant des vêtements défraichis, renvoyant l’image pathétique d’un animal traqué, lui qui, quelques 48 heures plus tôt, était encore si puissant.
Une compassion mal placée :
“C’est inadmissible! Comment ose-t-on le traiter ainsi !” se sont exclamés de nombreuses voix provenant surtout de la classe privilégiée (sentiment de caste oblige!) dénoncant avec virulence “l’ignoble machine judiciaire américaine” et “son manque de considération de la dignité humaine” (2).
On a allégué ainsi avec véhémence, le droit à la présomption d’innocence de Mr Strauss Kahn, en dénoncant “des pratiques judiciaires trop violentes, injustes, et indignes de l’être humain”. Si de nombreuses protestations ainsi se sont élevées en France cela est dû au fait que le système judiciaire américain est très différent du système français.
À la différence de la France, le système judiciaire américain ne repose pas sur une procédure dite inquisitoire mais accusatoire. En France, le juge d’instruction mène une enquête à charge et à décharge avant, éventuellement, de renvoyer l’affaire devant la juridiction compétente. Aux États-Unis, le procureur rassemble des preuves uniquement à charge. C’est à l’accusé de prouver son innocence.
Le problème avec ces manifestations d’indignation bien-pensantes est qu’elles ne s’adressent pas à la bonne personne; soit, dans ce cas, à la victime, la femme de chambre Mme Nafissatour Diallo, mais à son violeur agresseur présumé, le célèbre et richissime banquier, Mr Dominique Srauss Kahn. On n’a pas cessé, face à ce que l’on jugeait comme étant “une justice trop sévère”, de mettre en avant la “présomption d’innocence” de Strauss Kahn, mais, le problème est qu’en faisant cela, on a bafoué en même temps, la “présomption de véracité” de la femme de chambre, et surtout, on a cherché à relativiser la gravité des faits qui sont reprochés à Strauss Kahn.
Car les faits sont très graves. La femme de chambre dit, alors qu’elle s’apprêtait à nettoyer la chambre, être tombée nez à nez avec Mr Stauss Kahn qui sortait alors de la salle de bain; il était complètement nu. Elle a immédiatement mis la main devant ses yeux car, dira-t’elle, plus tard, étant très croyante, sa foi (musulmane) lui commandait la pudeur. Elle s’est alors excusée et s’est immédiatement dirigée vers la sortie. Mais Strauss Kahn l’a devancé et a fermé la porte à clef. Il a ensuite agrippé la femme de chambre et l’a ramené de force vers la chambre où il l’a agressé sexuellement. La femme de chambre, après quelques temps, a réussi à s’échapper mais l’homme l’a rattrapé encore une fois et a abusé d’elle, cette fois, dans la salle de bain.
Finalement, Mme Nafissatour Diallo a réussi à échapper à son violeur et a rejoint, en état de choc, ses collègues. La direction de l’hotel apprenant ce qui s’était passé à décidé alors de prévenir la police de New York qui a alors procédé à l’arrestation de Strauss Kahn à bord d’un avion dix minutes avant que celui-ci décolle pour la France (la providence!).
Malgré l’extrême gravité des actes commis à l’encontre de la personne de Mme Nafissatour Diallo, il a été très surprenant de constater que, surtout pendant les premiers jours de l’affaire, les personnalités politiques (et autres) importantes, – particulièrement celles du parti politique de Mr Strauss Kahn, le parti socialiste – , qui se sont exprimées sur les médias, n’ont jamais manifesté de compassion pour sa victime. Par contre, elles n’ont pas cessé de renouveler leur profond soutient “au pauvre Dominique Strauss Kahn, et les siens, qui font face à une terrible épreuve, etc…”. Mais pas un seul mot de compassion pour la pauvre femme de ménage !
“Tu ne sais pas qui je suis?”
D’autres précisions récentes sur l’affaire, provenant de la femme de chambre, révèlent des détails instructifs sur le viol présumé et la personnalité de l’agresseur. Mr Strauss Kahn aurait donc agrippé la pauvre femme dans l’intention de la violer, celle-ci aurait alors supplié “ Arrêtez s’il-vous-plaît. Je ne peux pas perdre mon travail, ne faites pas ça. Je vais perdre mon travail! “. Le violeur aurait répondu alors “Non baby tu ne perdras pas ton job.. ne t’inquiètes pas…Tu ne sais pas qui je suis ? “
“Tu ne sais pas qui je suis?” Voilà bien des propos révélateurs d’une mentalité démoniaque type, telle que la décrit la Bhagavad-gita:
“ Arrogance, orgueil, colère, suffisance, âpreté, ignorance, tels sont les traits marquants des hommes issus de la nature démoniaque”.
“Les êtres démoniaques, qui se réfugient dans la vanité de soi, l’orgueil et l’insatiable concupiscence, deviennent la proie de l’illusion. Fascinés par l’éphémère, ils consacrent leur vie à des actes malsains.”
“Telle est la pensée de l’homme démoniaque: …De tout je suis le seigneur et le maître, de tout le bénéficiaire. Moi parfait, moi puissant, moi heureux, moi le plus riche, et entouré de hautes relations. Nul n’atteint ma puissance et mon bonheur…”
Bhagavad-gita ch.16. verset 4.10 et15
Dans le commentaire d’un de ses versets (le 10) Srila Prabhupada déclare:
“L’état d’esprit démoniaque se trouve décrit dans ce verset. La concupiscence des hommes qui en sont animés ne connaît aucun apaisement. Au contraire, ils continueront de multiplier sans fin leurs désirs insatiables de jouissance matérielle. Sous l’empire de l’illusion, ils ne se lassent pas d’accepter les choses éphémères, bien qu’ils n’en retirent qu’une constante angoisse. Privés de connaissance, ils n’ont pas même conscience de marcher dans la direction mauvaise….Deux choses, en conséquence, les fascinent toujours plus: le plaisir sexuel et l’accumulation des richesses matérielles. ..Car, ces hommes démoniaques n’éprouvent d’attrait que pour le vin, les femmes, le jeu et la consommation de chair animale; telles sont leurs habitudes malsaines…Bien qu’ils soient tout à fait haïssables, la société les pare, artificiellement, d’une renommée trompeuse, et bien qu’ils glissent vers un enfer, il se considèrent eux-mêmes très avancés. “
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Enfin! Après quelques jours, on a fini par tenir un peu compte de la victime, et des voix se sont finalement élevées pour la défendre et dénoncer par là-même les propos choquants tenus sur les médias par certaines personnalités publiques (3) ; des personnalités célèbres qui soutenaient Strauss Kahn et occultaient sa victime présumée. Parmi celles-ci, il y a eu l’intervention remarquée de Mr Robert Badinter, l’ex grand ténor flamboyant des barreaux, et prestigieux instigateur de l’abolition de la peine de mort. Ce grand humaniste présumé a apporté tout son soutien à Strauss Kahn mais n’a pas eu un seul mot de compassion pour sa victime.
D’autres propos ont été relevé, plus choquants encore, car cherchant à minimiser l’acte de viol d’une femme:
Mr Jack Lang , le fameux ex-ministre de la culture, défenseur de la pornographie (4), alors qu’il s’employait à défendre avec vigueur le “pauvre Dominique” et à fustiger la “justice américaine et son fonctionnement trop accusatoire” laissa échapper, excédé : “Après tout, il n’y a pas mort d’homme!”
Jean François Kahn, le célèbre journaliste, écrivain et homme politique, tenta aussi de minimiser la gravité du viol en parlant de simple “troussage de domestique”.
Toutes ces remarques montrent combien on a souvent peu d’égard dans la société moderne “égalitaire” pour les femmes et combien elles sont encore souvent percues comme des objets de plaisirs dont la fonction première serait d’assouvir les fantasmes sexuels masculins.
Une mort avant l’heure
En regardant toutes ces personnalités bien placées se soulever comme un seul homme pour rejeter toute culpabilité possible de Strauss Kahn et les terribles conséquences qu’elles entraînaient – l’arrestation et l’incarcération, l’opprobre médiatique, la mise au banc professionnelle, la déchéance sociale, etc…-, je me suis véritablement interrogé : mais quelles pouvaient bien être les raisons d’une réaction aussi excessive et démesurée? Il me semblait impossible que ce puissant élan de colère et de rejet puisse être motivé par un sentiment compassionnel pour l’accusé. Non, il devait y avoir quelque chose d’autre derrière, quelque chose de caché.
En y réfléchissant, il m’est apparu alors clairement que ce qui bouleversait ces messieurs n’était pas tant le sort de Dominique Strauss Kahn que leur propre sort personnel futur. De quel “sort personnel futur” s’agit-il? Je veux parler de la mort.
Pour être plus clair, ce que Mr Strauss Kahn vient de vivre est d’une telle violence et d’une telle brutalité qu’on peut l’apparenter directement à cet autre événement terrible de l’existence qu’est la mort. En d’autres mots, ce que vient de subir Mr Strauss Kahn est une sorte de “mort avant l’heure”.
Telle la mort souveraine, on est venu brusquement l’arrêter (stoppant violemment le cours normal de son existence) et l’emporter d’autorité vers une destination inconnue et effrayante ( en occurrence ici le commissariat de Harlem, lui qui quelques heures plus tôt se trouvait dans un hotel à 3000 dollars la nuit ). Tout ce qui “protégeait” jusque là Mr Strauss Kahn, ses atouts matériels ( son foyer familial, sa position sociale, son parti politique, sa fortune, sa renommée, etc..) se sont révélés complètement impuissants à le défendre. Puis, accusé d’avoir commis un acte criminel Strauss Kahn a été emmené devant le juge (tel l’être coupable au moment de la mort qui est envoyé devant Yamaraja le déva de la mort, pour y être jugé et condamné).
Ainsi, ce que ne supportaient pas les supporters virulents de Strauss Kahn ce n’était pas tant “la justice américaine et son ignoble parti pris accusatoire etc..” autant que l’image terrifiante de leur propre futur qu’elle leur renvoyait: celle de leur propre condition précaire face à leur mort prochaine.
SUITE: L’affaire DSK, la justice sera-t-elle rendue?
(1) Il est accusé de viol et d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hotel de luxe Sofitel dans lequel il séjournait.
(2) Allusion faite aux images “choquantes” de Strauss Kahn menotté, entouré de policiers new-yorkais, puis plus tard comparaissant devant ces juges au tribunal. Tout cela, retransmis pratiquement en direct, sur les télévisions du monde.
(3) car les conseillers en communication ont averti les intéressés qu’une prise de position trop partiale vis-à-vis de l’accusé risquait de choquer l’opinion publique .
(4) Interwiew sur Europe 1 de Jack Lang le 11 octobre 1999:
– Jack Lang : “Généralement, il y a d’assez bons films pornos. C’est un genre qu’on a tort de décrier et de mépriser. Moi, j’ai un petit regret. J’aurais dû supprimer dans la législation française la catégorie X qui pénalise fiscalement ce genre de films. Parce qu’il n’y a pas de raison de les écraser, de les étouffer, au contraire il faudrait qu’il y ait une production originale de films érotiques. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on est à ce point cul serré et pisse vinaigre.”
Voilà le genre de personnes qui nous gouvernent !
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