Amour, sexe, et illusion (3/6)

Une conversation entre 
Jagadananda das et Tristan Prévost
________________

 

T  H  È  M  E  S      A  B  O  R  D  É  S

« FAIRE  L’ AMOUR », UNE FORMULE TOMPEUSE AIME-T-ON LA PERSONNE OU SON PLAISIR ?
COMMENT VAINCRE LA CONCUPISCENCE SUBLIMER SA SEXUALITÉ
SE RELIER A LA SOURCE DE L’AMOUR L’ ÉTAT D’ ÉVEIL SPIRITUEL
PRIVÉ D’AMOUR KRISHNA, LA SOURCE DE L’AMOUR
QUI DIT JOUISSANCE DIT AUSSI SOUFFRANCE   LE VÉRITABLE PLAISIR EST AU NIVEAU SPIRITUEL
CERTAINS REJETTENT KRISHNA, POURQUOI ?  L’AMOUR SANS KRISHNA N’EXISTE PAS
VRINDAVAN, « LE ROYAUME DE L’AMOUR » AU SUMMUM DE L’AMOUR 
KRISHNA, LE RÉSERVOIR SUPRÊME DE L’AMOUR REJOINDRE LA FAMILLE DE KRISHNA

TROISIEME PARTIE

« Faire l’amour », une jolie (mais trompeuse) formule

Tristan Prévost: Mais la relation sexuelle entre deux êtres qui s’aiment c’est un échange amoureux merveilleux, un plaisir offert et partagé….

Jagadananda: Ce sont justement ces croyances romantiques, cultivées à longueur de journée dans la société matérialiste moderne, qui nous fourvoient et nous empêchent d’avancer spirituellement sur la voie du développement du véritable amour, l’amour de Dieu.

On utilise la jolie formule « faire l’amour »,  mais n’y-a-t’il pas d’expression plus trompeuse que celle-ci ? Car derrière cette jolie formule flatteuse se cache une réalité qui l’est moins. Quelle est cette réalité ?  Nous sommes des êtres de nature spirituelle, purement transcendante, qui s’avilissent dans la relation charnelle, à essayer d’extraire un peu de plaisir d’un corps matériel. Comment peut-on « faire l’amour » à un corps matériel ?  Un sac de chair, d’os, de sang, de peau, d’urine, d’excréments, de viscères, etc..  La vérité est qu’il faut être dépravé pour rechercher la jouissance sexuelle. Il faut être ignorant aussi car ce genre d’activité n’entraîne pas le bonheur mais un plaisir illusoire, temporaire, et accompagné de nombreuses souffrances. Le véritable plaisir est ailleurs.

Ce sont en fait notre mental et nos sens qui, parce qu’ils sont attirés par les objets des sens – la forme, le toucher, le son, l’odorat et le goût (1)- et désirent ardemment en jouir, travertissent la réalité des choses. Ils rendent désirables ce qui ne l’est pas. Tel est le mécanisme du leurre. Pourquoi parler de leurre ? Car lorsqu’on regarde les choses de façon objective et rationnelle, quels sont les objets de notre convoitise ? Que des choses plutôt repoussantes ! Qu’est-ce qu’une soi-disant « jolie femme », le plus grand objet de convoitise du monde matériel ? Un sac de chair, de sang, d’os, d’urine, de mucus, d’excréments,… ( Voir Jolie femme et illusion)

Vous avez parlé de plaisir ; le fait est qu’à moins qu’il y ait du plaisir dans la relation sexuelle, qui voudrait procréer? Prendre charge d’un enfant n’est pas une mince affaire, et disons que le plaisir sexuel aide un peu les choses.

Tristan Prévost : C’est certainement vrai tout cela mais c’est aussi dur à entendre..

Jagadananda : C’est dur à entendre pour la bonne raison que nous sommes très identifiés et  attachés à ce corps matériel.

Tristan Prévost: Donc, selon vous, l’amour romantique et sexuel est une croyance.

Jagadananda:  Oui, mais en passant, ce n’est pas “selon moi”.  Ce que je dis, le Srimad-Bhagavatam et de nombreuses Écritures védiques, ainsi que les maîtres spirituels de la parampara, l’expriment avec force arguments et détails, ce n’est pas mon invention personnelle. L’amour (sexuel, romantique) est un leurre. Toute la société du varnashram dharma, contrairement à la société moderne, est conçue de telle façon que l’individu ne soit pas victime de ce leurre.

Aime-t’on la personne ou le plaisir qu’elle nous donne?

Transporté par des étreintes enflammées, on peut croire que l’on aime profondément « sa femme » ou « son mari », mais sait-on même QUI est « sa femme » ou QUI est « son mari » ? Autrement dit, est-ce vraiment la PERSONNE que l’on aime, ou est-ce le PLAISIR sexuel qu’elle nous procure ?

Jouir du corps de quelqu’un à travers la relation sexuelle ce n’est pas « aimer la personne  » puisque celle-ci est distincte de son corps. Quand on dit « j’ai fait l’amour avec une telle » on devrait plutôt dire « j’ai fait l’amour avec le corps d’une telle ». En vérité, selon l’enseignement de la Bhagavad-gita, l’être est comme un passager à l’intérieur de son corps, exactement comme un conducteur dans une voiture. Si, par exemple, vous lavez la voiture de Marc, vous ne direz pas j’ai lavé Marc, mais bel et bien, « j’ai lavé la voiture de Marc ».

Tristan Prévost: Mais la voiture, elle, n’est pas sensible, quand le corps, lui, l’est.

Jagadananda :Ce n’est pas le corps qui est sensible mais bel et bien « l’occupant » du corps, le corps en lui-même n’est qu’une machine, un instrument, et, en tant que tel, ne ressent rien. C’est la personne à l’intérieur qui ressent,- par l’intermédiaire du corps, certes, mais- PAS LE CORPS. Autrement dit, la conscience provient de « l’occupant » du corps, et le corps, lui, en est totalement dépourvu. Dans ce sens, on peut dire que le corps est toujours « mort » et que seul « l’occupant, ou l’âme » est vivant. Dans la Bhagavad-gita le corps et l’âme sont désignés respectivement comme le « champ d’action et le connaissant du champ ». Lorsqu’on comprend cela, on comprend en même temps qu’en cherchant à jouir de la vie sexuelle, on se berne soi-même et l’on berne les autres.

Tristan Prévost : Mais pour reprendre la métaphore de la voiture de Marc, je me demande si celle-ci est vraiment appropriée. Comment peut-on comparer le corps avec une voiture ? Quand on lave sa voiture, Marc ne ressent rien, alors que lorsqu’on lave son corps, il en est tout autrement. Par exemple, si on lave la voiture de Marc avec de l’eau glacée, celui-ci n’en souffrira pas, tandis que si on lave son corps avec de l’eau glacée, ce sera bien différent.

Jagadananda : En effet, mais cela n’enlève rien à la pertinence de la métaphore. Nous sommes bel et bien différents de notre corps matériel et celui-ci est tel un véhicule qui peut nous conduire, soit en enfer, soit aux planètes supérieures, soit au monde spirituel.

Pour reprendre l’exemple de l’eau glacée ; qu’est-ce qui fait que l’on ressente avec tant d’acuité les sensations liées au corps matériel si l’on est vraiment différent de celui-ci ? La Bhagavad-gita nous donne la réponse :  cela est dû au faux égo (ahankara).

C’est le faux égo (ahankara) qui réalise la jonction entre le corps matériel et le soi (l’âme) . C’est le faux égo qui provoque l’identification avec la matière et du même coups engendre la souffrance.

Reprenons l’exemple de Marc et sa voiture. Imaginons que la voiture de Marc soit endommagée suite à un accrochage. Marc, certainement en souffrira, et pourquoi ? Parce que c’est SA voiture et qu’ainsi Marc « s’identifie » avec elle.  Même si, la même voiture, du même modèle, de la même couleur, de la même année, était pareillement endommagée, Marc  n’en souffrirait absolument pas, pourquoi ? Parce que ce ne serait pas SA voiture. Donc ce qui fait souffrir Marc ce n’est pas tant la voiture en elle-même que son identification avec celle-ci.

De la même façon, les souffrances comme les plaisirs liés au corps matériel  ne peuvent avoir une réelle impacte sur nous que dans la mesure où notre faux ego – notre identification avec le corps- est fort. C’est ainsi que Narottama das Thâkura dit :

« Si l’on comprend que l’on est pas ce corps, on ne ressentira pas tant de souffrance quand celle-ci sera là. »(2)

Ce qui est vrai pour la souffrance l’est aussi pour le plaisir, et ainsi, si la concupiscence – l’avidité pour jouir des sens- est bien présente en chacun de nous, dans la mesure où notre faux ego sera peu développé, celle-ci sera bien amoindrie et n’aura ainsi que peu d’influence sur nous.

Tristan Prévost : Toutes ces explications pertinentes que vous donnez sont indéniablement très utiles, mais je me demande si « intellectualiser » (saisir par l’intellect ) l’action de quelque chose – en l’occurrence ici la concupiscence – suffit pour s’en affranchir ?

Jagadananda : C’est un point important que vous soulevez. Les Écritures Védiques stipulent que pour être véritablement assimilée, la connaissance théorique (jñāna – se prononce guiâna), doit être suivie de vijñāna, l’application pratique de cette connaissance. Par exemple, quelqu’un peu comprendre que fumer est dangereux pour la santé mais à moins que cela l’amène à décider d’arrêter, quelle est la valeur de sa connaissance ?

Tout cela étant précisé, on ne peut minimiser l’importance de l’intelligence dans la lutte contre la concupiscence. La Bhagavad-gita (3.40) nous informe que « l’intelligence voisine l’âme » Une vision claire du processus d’asservissement à la concupiscence permet indéniablement de mieux lutter contre elle. Comprendre un problème c’est déjà en bonne partie le résoudre. La Bhagavad-gita précise également que l’intelligence prévaut sur les sens et le mental.

Comment vaincre la concupiscence

Tristan Prévost : Quel est le procédé que recommande la Bhagavad-gita pour vaincre la concupiscence ?

Jagadananda : On peut lire un passage du commentaire du verset 42 du troisième chapitre qui l’énonce de façon substantielle et concise :

« L’on doit utiliser l’intelligence pour comprendre la condition originelle, naturelle et éternelle de l’âme, et toujours engager son mental au service de Krishna. En agissant ainsi, on résout tous les problèmes. Il est généralement recommandé aux néophytes d’éviter tout contact avec les objets des sens, de renforcer le mental au moyen de l’intelligence. Si l’intelligence est utilisée pour mettre le mental au service de Krishna, pour l’abandonner totalement à la Personne Suprême, celui-ci deviendra plus fort, et bien que les sens soient aussi dangereux que des serpents, ils seront réduits à l’impuissance, privés de leur venin. Il est vrai que l’âme domine l’intelligence, le mental et les sens; cependant, à moins qu’on se fortifie au contact de Krishna, dans la conscience de Krishna, il existe toujours un danger de chute, car le mental est très turbulent. »

« Engager son mental au service de Krishna » voilà le moyen infaillible de vaincre graduellement la concupiscence. Il faut s’engager dans le service de dévotion offert à Krishna, le bhakti-yoga. Il consiste en l’accomplissement de neuf activités dévotionnelles, dont les deux principales et plus puissantes sont sravanam, l’écoute, et kirtanam, le chant .

A propos de kirtanam, le chant du maha-mantra Hare Krishna est extrêmement efficace pour lutter contre la concupiscence. Lorsque l’on chante Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare / Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare on purifie immédiatement son cœur de la tendance à  jouir des sens c’est-à-dire de la tendance à jouir indépendamment de Krishna. Car c’est bien là l’origine de la concupiscence, la propensité à jouir sans Krishna.

Krishna constitue la réalité et mâyâ– le fait de se croire indépendant de Krishna – l’illusion. En cherchant à jouir indépendamment de Krishna, c’est soi-même que l’on trompe. On pense « qu’est-ce que c’est que ce Krishna ?  Je n’en ai pas besoin. Je veux ‘jouir de la vie’. Je peux très bien vivre sans Lui. Je suis un homme libre. ». Mais dès que l’on pense ainsi, en fait de « jouir de la vie » on tombe sous le contrôle de mâyâ, l’énergie illusoire du Seigneur, et devient captif des « chaines de la vie sexuelle » (3). Mais, stupides et orgueilleux que nous sommes, nous pensons malgré tout être « libre » et « jouir de la vie ».

Tristan Prévost: Vous vous rendez compte qu’en dénonçant l’amour sexuel comme un leurre, et en le restreignant à la procréation, vous vous mettez à dos la plupart des gens?

Jagadananda: On est pas là pour faire de la démagogie mais pour exprimer la vérité, et à travers cela, autant que possible, aider les gens à atteindre le but de l’existence . C’est vrai que le fait de devoir restreindre sa sexualité à la procréation constitue une réelle austérité pour les âmes conditonnées que nous sommes.

En réalité, c’est une question d’éducation et de pratique. Si, dès le début de leur existence, les jeunes sont  éduquées dans le principe du brahmacharya, alors, la maîtrise des sens et la continence leur paraîtront facile et naturel à observer, et cela, à travers toute leur vie. Et même s’ils se marient plus tard, qu’ils optent pour le grihastha ashram, ils ne mettront pas pour autant la sexualité au centre de leur vie comme le font la plupart des couples dans la société matérialiste d’aujourd’hui. C’est une question d’éducation. Cette éducation n’a pas pour moteur la répression et l’interdiction. Elle s’attache plutôt à instruire la personne dans la connaissance spirituelle, et à lui permettre de développer un goût supérieur à travers la pratique de la conscience de Krishna. Il s’agit de stimuler la nature supérieure de la personne pour mieux maîtriser sa nature inférieure.

Sublimer sa sexualité

 Tristan Prévost: Vous parliez tout à l’heure de sublimer sa sexualité, est-ce là  le moyen de le faire, en stimulant sa nature supérieure ?

Jagadananda: Oui tout à fait. C’est un des principes de base important de la société du varnashrama dharma; une société qui a pour vocation première de libérer ses membres du cycle des morts et des renaissances répétées. Le Mouvement International pour la conscience de Krishna, l’Iskcon, tel que Srila Prabhupada, son fondateur, l’a institué, a pour vocation première de rétablir les principes de base d’une société dite civilisée. Actuellement, la société n’est qu’une version raffinée de la société animale. On n’enseigne pas à l’individu la réelle éducation, celle qui consiste à maîtriser les sens et le mental en vue de développer sa nature spirituelle, sa conscience de Krishna. Au lieu de cela, le système éducatif actuel conduit à installer des distributeurs de condoms dans les collèges. Quelle merveilleuse  éducation !

Pour comprendre une telle restriction il faut avoir une juste perspective des choses. Si ce principe apparaît, comme vous dites, restrictif, cela est dû au fait que l’on est complètement dépourvu de la vraie vision des choses, la vision spirituelle. Tout est une question de formation et d’éducation. Si avant de s’engager dans la vie familiale, on suit une véritable formation de brahmacari, lorsque l’on abordera la vie famililale ces restrictions ne nous apparaîtrons pas comme astreignantes et difficiles à observer, mais comme naturelles et allant de soi.

Tristan Prévost:  Comment parvient-on à sublimer sa sexualité ?

Jagadananda:Il faut bien comprendre quelle est l’origine première de la concupiscence. Quand on prend naissance dans le monde matériel, notre amour pour Dieu se transforme en concupiscence. Srila Prabhupada l’explique dans la Bhagavad-gita (3.37) et 3.41:

Quand l’âme entre en contact avec la création matérielle, son amour pour Krishna se transforme, sous l’influence de la passion, en concupiscence, comme le lait qui, sous l’action du tamarin , se transforme en yaourt.  

La Vérité Absolue est l’origine de toutes choses. La source de la convoitise est également l’Absolu.

La concupiscence n’est qu’un reflet perverti de l’amour que tous les êtres portent à Dieu

Spiritualiser sa concupiscence signifie donc qu’il faut refaire le chemin inverse, autrement dit, reconvertir celle-ci en amour de Dieu. II faut admettre que tout cela n’est pas chose facile à accomplir mais reste toutefois réalisable par l’application très purifiante du service de dévotion:

La concupiscence n’est qu’un reflet perverti de l’amour que tous les êtres portent à Dieu. Mais si dès le début de son existence, l’homme est élevé dans la conscience de Krsna, son amour naturel pour le Seigneur ne pourra dégénérer en concupiscence. Quand l’amour de Dieu dégénère ainsi, certes, il devient très difficile de recouvrer sa condition naturelle. Néanmoins, la conscience de Krsna est si puissante, que même celui qui l’adopte tardivement peut raviver son amour pour Dieu, en observant les principes régulateurs du service de dévotion. On peut donc, à n’importe quel moment de son existence, ou dès que l’on en saisit l’importance et l’urgence, commencer à maîtriser ses sens en développant la conscience de Krsna, en servant le Seigneur avec amour et dévotion, pour ainsi transformer la concupiscence en amour de Dieu: telle est la perfection de la vie humaine. –  Teneur et portée Bhagavad-gita 3.41 –

Se relier à la source de l’amour

Tristan Prévost: A travers notre conversation vous avez clairement établi le fait que l’amour dans le monde matériel n’est qu’une réflexion pervertie de l’amour véritable. Vous avez  dit ausssi qu’il n’y a pas de bonheur possible sans amour. L’amour est donc essentiel à l’existence. La question primordiale est donc de savoir comment trouve-t-on l’amour véritable ?

Jagadananda: L’amour véritable réside dans l’amour de Dieu . Rétablir sa relation d’amour avec Dieu, tel est le but de la pratique du bhakti-yoga. Bhakti veut dire “dévotion à Dieu” ou “amour de Dieu”. “Yoga” signifie “ se relier à”. Le bhakti-yoga constitue donc le moyen de retrouver son lien d’amour avec Dieu ou Krishna, la Bhagavad-gita le décrit comme le plus élevé d’entre tous les yogas.

Il n’est pas question de parler d’amour, au sens profond et authentique du terme, sans parler d’amour de Dieu. Comme il a été dit précédemment, sans amour de Dieu il n’y a pas de possibilité d’aimer réellement tous les êtres vivants; sans même parler d’aimer les autres êtres, l’amour de ses proches reste illusoire aussi.

Tristan Prévost: Comment cela?

Jagadananda: Comment peut-on dire que l’on aime quelqu’un quand on contribue à lui nuire ?

Tristan Prévost: Je ne comprends pas…

Jagadananda: Toutes nos souffrances proviennent du fait que bien qu’étant de nature purement spirituelle, à cause de nos désirsmatériels, nous avons dû prendre naissance en ce monde matériel et revêtir un corps matériel. Ainsi, celui qui aime réellement ses proches – et au-delà même, les autres êtres, – agira pour leur délivrance du cycle des morts et des renaissances. Le Srimad-Bhagavatam affirme à ce propos que nul ne devrait devenir père, mère ou mari s’il est incapable de libérer ses proches du cycle des morts et des renaissances répétées:

“Celui qui ne peut délivrer du cycle des morts et des renaissances ceux qui dépendent de lui, ne devrait jamais devenir maître spirituel, père, mari, mère ou deva.”    Srimad-Bhagavatam 5.5.18


Or, la seule façon de s’affranchir de ce cycle infernal est de se “re-connecter” (yoga) avec Dieu, de retrouver le lien d’amour qui nous unit à Lui. Telle est la voie du bhakti-yoga.

Tristan Prévost: Quand vous parlez de raviver le lien d’amour qui nous unit à Dieu, cela m’apparaît comme quelque chose d’inaccessible, comme l’apanage unique des grands saints. Est-ce difficile donc de développer l’amour de Dieu?

Jagadananda:  Oui et non. Oui, car comme on l’a déjà dit, cet amour de Dieu est déjà en nous mais a dégénéré en concupiscence,  et non, car ce lien d’amour est des plus naturels aussi. Ce lien avec Krishna n’a pas à être créé mais simplement ravivé. Autrement dit, l’amour de Dieu – l’amour de Krishna- est déjà présent dans notre coeur mais il est à présent endormi. C’est pourquoi parmi toutes les pratiques du bhakti-yoga, celle du sravanam– l’écoute- est si importante. Quand une personne est profondément endormie, c’est par l’intermédiaire du son (“Réveille-toi ! Réveille-toi !”) qu’on la tire du sommeil. De la même façon, le processus du bhakti-yoga consiste, entre autre, à écouter le mantra Hare Krishna et cette pratique spirituelle a pour effet de nous tirer du sommeil dans lequel on était plongé.

Quand je dors, j’oublie tout de la réalité, et je rêve. Que sont les rêves ? Des créations mentales, des produits de l’imagination. Cependant, bien qu’ils revêtent un caractère illusoire,  les rêves perturbent malgré tout notre tranquilité.  De la même façon, la concupiscence n’est qu’une création mentale que génère l’état de sommeil dans laquelle nous plonge l’existence matérielle.

Les Ecritures Védiques décrivent trois états de conscience matérielle : l’état de sommeil, l’état de sommeil profond et l’état d’éveil. Mais elles précisent aussi que ce que l’on appelle l’état d’éveil n’est en fait qu’une autre forme de sommeil : le « sommeil éveillé ».

Tant que l’on est rempli dans sa tête de désignations multiples et variées, on peut dire que l’on dort : « je suis un homme », « je suis une femme », « je suis français », « je suis anglais »,  « je suis ingénieur », « je suis ouvrier » « je suis riche », « je suis pauvre », « je suis beau » , « je suis laid », « je suis cultivé », je suis inculte », « je suis président », « je suis balayeur » , « je suis chrétien », « je suis hindou », etc….

On dort parce que toutes ces désignations ne concernent que notre corps matériel et que celui-ci, par rapport à l’âme, notre réelle identité, est aussi temporaire et illusoire qu’un rêve.

SUITE: Amour, sexe, et illusion (4/6)

1) Comme voir la forme nue d’une jolie femme, désirer la toucher, entendre sa douce voix, etc…

2) ) deha-smrti nāhi yāra samsāra-bandhana kāhāń tāra

3) « Le centre de toutes les activités matérielles est la vie sexuelle; c’est pourquoi le monde matériel est appelé maithunya-agara, ‘les chaînes de la vie sexuelle’. Les criminels, dans la société, sont jetés en prison et gardés derrière les barreaux; de même, ceux qui enfreignent les lois du Seigneur subissent les chaînes de la vie sexuelle. »
Bhagavad-gita 3.39, teneur et portée.



Catégories :Sexe et principes régulateurs

5 réponses

  1. Haribol, merci pour ces superbes citations. Je n’avais jamais lu ou entendu ceci au sujet de Balaram… Je n’ai pas pû aller voir Balaram pour Sa fête. J’irai au temple pour RadhastamiA bientôtSimon

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  2. super ! hare krsna hare krsna   krsna krsna hare hare  hare rama  hare rama rama rama hare hare 

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  3. Cette article est l’une des articles les plus importantes de retour-a-krishna.com

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