Dieu est au-delà des sens

(d’après les célèbres prières de la reine Kunti)

par  Sa Divine Grâce
A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupāda

 (traduction de Denis Bernier et Pierre Corbeil)

Deuxième Chapitre 

DIEU EST AU-DELA DES SENS

māyā-javanikācchannam
ajñādhokṣajam avyayam
na lakṣyase mūḍha-dṛśā
naṭo nāṭyadharo yathā

 » Sis au-delà de toute perception des sens, Toi l’éternellement irréprochable, que cache le voile de l’énergie d’illusion, Tu demeures imperceptible à l’œil du sot, tel l’acteur qu’a rendu méconnaissable son costume.  »
                            (Srimad-Bhâgavatam 1:8:19)

Le Seigneur, Sri Krishna, enseigne dans la Bhagavad-Gîtâ que les hommes de basse intelligence se méprennent sur Son identité, Le tiennent pour un homme ordinaire, et ainsi Le dénigrent (Bg 9.11) . La reine Kunti, dans ce verset, reprend et confirme cette assertion du Seigneur. Les hommes de basse intelligence, ou asuras, sont ceux qui se rebellent contre l’autorité du Seigneur, attitude qui les rend incapables de comprendre Sa suprématie.

Lorsqu’apparaît parmi nous le Seigneur en personne, sous la forme de Râma, de Nrisimha, de Varâha, ou dans Sa Forme originelle de Krishna, Il Se fait l’auteur d’innombrables actions merveilleuses, qu’aucun homme ne saurait accomplir. Comme nous le verrons dans le 10ème Chant de cette œuvre grandiose (du Srimad-Bhagavatam), Sri Krishna accomplit de tels exploits alors même qu’Il était encore tout enfant. Ainsi fit-Il périr la sorcière Pûtana, qui pour Le tuer avait enduit ses mamelons de poison. Il téta le sein comme l’aurait fait un enfant ordinaire, mais en aspirant, avec le lait, le souffle vital du monstre. Toujours enfant, Il souleva la colline Govardhana aussi facilement qu’un garçonnet soulève un  » parapluie de grenouille  » – un champignon – et debout, la soutint du petit doigt de Sa main gauche pendant plusieurs jours, sans répit, afin de protéger les habitants de Vrindâvana.

Ce ne sont là que quelques exemples des activités surhumaines du Seigneur, décrites dans les Écritures védiques authentiquement reconnues, comme les Purânas, les Itihâsas (récits historiques), les Upanishads, etc. Ajoutons encore à ces exploits Ses enseignements sans pareil, qui forment la matière de la Bhagavad-Gîtâ. Que ce soit comme héros, comme chef de famille, comme précepteur ou comme renonçant, Il a toujours fait preuve de pouvoirs incomparables.

Tous les grands sages faisant autorité en la matière –Vyâsadeva, Dévala, Asita, Nârada, Madhva, Shankara, Râmânuja, Sri  Chaitanya Mahâprabhu, Jîva Gosvami, Vishvanâth Chakravartî, Bhaktisiddhânta Sarasvatî et nombre d’autres – ont reconnu Dieu, la Personne Suprême, en Sri Krishna. Lui-même S’est d’ailleurs déclaré tel en plusieurs passages des Écritures révélées.

Mais malgré toutes ces preuves, il n’en existe pas moins une classe d’hommes à mentalité démoniaque qui persistent à nier que Krishna est la Vérité Suprême et Absolue. Cette attitude négative vient en partie de leur peu de connaissance, mais également de leur obstination rebelle, fruits de leurs nombreux méfaits passés et présents. Même lorsqu’Il était sur Terre, ces sots n’ont pas su reconnaître en Lui le Seigneur Suprême.

Auront la même difficulté ceux qui attachent davantage de crédit à leurs sens imparfaits qu’aux dires d’autorités en la matière pour ce qui est de la réalisation de Krishna comme le Seigneur Suprême. Ces mécréants se comparent ainsi aux scientifiques modernes, lesquels aspirent à tout connaître au moyen du seul savoir expérimental. Ils ignorent cependant que ce savoir, imparfait de nature, ne peut leur donner de connaître le Seigneur Suprême.

D’où le qualificatif d’adhoksaja que Lui attribue notre verset, signifiant qu’Il Se trouve au-delà des limites du savoir expérimental, savoir confiné aux sens matériels imparfaits. Nous prétendons pouvoir tout étudier dans sa juste perspective, mais il nous faut bien reconnaître qu’en réalité, notre pouvoir d’observation est limité par les conditions matérielles, qui elles-mêmes échappent à notre contrôle. Or, le Seigneur gît au-delà de nos perceptions sensorielles limitées.

La reine Kunti reconnaît cette faiblesse de l’âme conditionnée, et plus particulièrement de la femme, comptée parmi les êtres dotés d’une intelligence moindre, pour lesquels des lieux comme les temples, mosquées ou églises s’avèrent nécessaires, afin qu’ils puissent reconnaître la suprématie du Seigneur et entendre Ses gloires des lèvres des sages qui vivent en ces lieux saints. Sans ces lieux de piété, les hommes aux facultés intellectuelles moindres n’auraient pas l’occasion d’entamer l’œuvre primordiale de réalisation spirituelle, et il n’y a que des sots de la plus basse espèce pour discréditer de telles institutions, nécessaires à l’élévation spirituelle des masses. Se prosterner devant la suprématie du Seigneur, comme cela se fait généralement dans les temples, mosquées et églises, procure un aussi grand bienfait spirituel aux âmes d’intelligence moindre que le fait, pour un bhakta avancé, de méditer sur Sa Personne à travers un service actif.

SUITE: Une femme très intelligente



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