(d’après les célèbres prières de la reine Kunti)
A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupāda
(traduction de Denis Bernier et Pierre Corbeil)
Douzième Chapitre
Des divertissements inconcevables
na veda kaścid bhagavaḿś cikīrṣitaḿ
tavehamānasya nṛṇāḿ viḍambanam
na yasya kaścid dayito ‘sti karhicid
dveṣyaś ca yasmin viṣamā matir nṛṇām
» Nul ne saurait comprendre Tes Divertissements sublimes, ô Seigneur, trompeurs en ce qu’ils s’apparentent aux gestes des hommes. Nul n’est pour Toi objet de faveur ou de haine; Tu n’es partial que dans l’imagination des hommes. »
(Srîmad-Bhâgavatam 1.8.29)
Le Seigneur répand également Sa miséricorde sur tous les êtres déchus; Il ne montre de faveur ou d’hostilité particulières envers personne. En fait, l’idée même selon laquelle Dieu serait un simple humain et donc agirait comme tel, est une immense erreur. Les Divertissements du Seigneur peuvent s’apparenter de fort près aux actes des hommes, mais ils sont en réalité tous spirituels et absolus, sans nulle trace de contamination par la matière. Et bien qu’on Le dise partial envers Ses purs dévots, Il reste en fait aussi impartial que le soleil. Grâce aux rayons du soleil, même de simples cailloux gagneront parfois en valeur, quand un aveugle, baignât-il dans la lumière de l’astre, sera incapable d’en percevoir les rayons. Les manifestations contraires de ténèbres et de lumière sont toutes deux reliées au soleil, mais cela n’implique en rien que le soleil distribue ses rayons d’une manière partiale. Les rayons du soleil sont également accessibles à tous, mais la capacité à en tirer parti peut varier.
Des sots s’imaginent que le service de dévotion est une manière de flatterie, destinée à s’attirer les faveurs du Seigneur, mais les purs bhaktas, absorbés dans le sevice d’amour sublime du Seigneur, ne sont pas des marchands. Un commerçant peut échanger, contre monnaie, certains services; mais le pur bhakta ne sert pas le Seigneur dans un tel esprit d’échange, aussi peut-il bénéficier entièrement des rayons de Sa grâce. Quand les misérables, les indigents, les curieux et les philosophes approchent le Seigneur, c’est en vue de servir leurs propres desseins. Et quand ils atteignent leur but, ils brisent le plus souvent tout rapport avec Lui. Un malade, par exemple, s’il a un tant soit peu de piété, prie le Seigneur de lui accorder la guérison; mais la plupart du temps, une fois la santé recouvrée, il ne se soucie plus d’entretenir le moindre rapport avec Lui. La grâce du Seigneur lui est tout aussi accessible qu’au pur bhakta, mais il se montre réticent à la recevoir. Voilà ce qui distingue le pur bhakta du bhakta mixte. Ceux qui se refusent totalement à servir le Seigneur sont tenus pour baignant dans les plus profondes ténèbres. Ceux, d’autre part, qui approchent le Seigneur, mais que dans les moments difficiles, deviennent des réceptacles partiels de Sa miséricorde; enfin, ceux qui s’absorbent pleinement dans Son service constituent des réceptacles parfaits de Sa grâce. Par suite, le degré selon lequel divers êtres reçoivent les grâces du Seigneur dépend des individus eux-mêmes, et non pas d’une quelconque partialité de la part de Dieu, l’infiniment miséricordieux.
Quand, par Sa puissance d’infinie miséricorde, le Seigneur descend dans l’Univers matériel, Il joue le rôle d’un simple humain, et dans ce rôle, Il peut sembler partial envers Ses seuls dévots, mais tel n’est pas le cas. En dépit des apparences, Il répand également Sa grâce sur tous les êtres. Ainsi, tous les guerriers, d’un camp comme de l’autre, qui trouvèrent la mort sur le champ de bataille de Kurukshetra, en présence du Seigneur, obtinrent le salut, sans avoir eu à se qualifier d’aucune manière. Car le fait, pour l’âme, de quitter le corps en présence du Seigneur la purifie des suites de toutes ses fautes, de sorte qu’elle obtient une place dans le royaume absolu, tout comme ceux qui s’exposent à la lumière du soleil sont assurés d’en retirer tous les bienfaits, sous forme de chaleur et de rayons ultra-violets. En conclusion, le Seigneur n’est jamais partial, et c’est une erreur pour la masse des hommes que de Le croire tel.
Le Seigneur dit dans la Bhagavad-Gîtâ :
paritrânâya sâdhûnâm
vinâsâya ca duskrtâm
dharma-samsthâpanârthâya
sambhavâmi yuge yuge
» J’apparais d’âge en âge afin de délivrer Mes dévots, d’anéantir les mécréants, de rétablir les principes de la spiritualité. «
(Bhagavad-gita 4.8)
Lorsque Dieu S’incarne, c’est pour remplir une double mission : anéantir les démoniaques et délivrer les sâdhus, les dévots. Le mot sâdhûnâm, qui signifie » personnes saintes « , désigne les dévots du Seigneur. Il n’a rien en commun avec l’honnêteté ou la malhonnêteté, la moralité ou l’immoralité, ou encore les activités matérielles. Nous pouvons parfois penser que le terme sâdhu désigne une personne vertueuse ou morale selon l’optique matérielle; en réalité, toutefois, il désigne celui ou celle qui se situe à un niveau spirituel. Le sâdhu est donc un dévot, puisque celui qui s’engage dans le service de dévotion transcende les qualités matérielles (sa gunân samatîtyaitân).
Maintenant, le Seigneur apparaît pour délivrer Ses dévots (paritrânâya sâdhûnâm), mais il est clairement dit dans la Bhagavad-Gîtâ (14:26) que le dévot transcende les qualités matérielles (sa gunân samatîtyaitân). Le dévot se situe sur le plan spirituel, car il n’est plus sous l’empire des trois modes d’influence de la Nature matérielle ( les trois gunas)- la Vertu, la Passion et l’Ignorance. Mais si, étant situé au niveau absolu, le sâdhu est déjà délivré, on peut alors demander : pourquoi est-il nécessaire que le Seigneur apparaisse pour le délivrer? Voilà pourquoi notre verset emploie le mot vidambanam, qui signifie » déroutant « . Il semble en effet y avoir ici contradiction.
La réponse à cette contradiction est que le sâdhu – le dévot – n’a effectivement pas besoin d’être délivré. Mais comme il est très anxieux de voir le Seigneur face à face, Krishna apparaît non pas pour l’arracher aux griffes de la matière, puisque c’est déjà fait, mais pour exaucer son désir. De même que le dévot veut satisfaire le Seigneur en tout, Celui-ci désire encore plus combler Son dévot. Même dans nos rapports quotidiens, nous désirons satisfaire la personne que nous aimons et celle-ci veut en faire autant. Si une telle réciprocité amoureuse existe en l’Univers matériel, quel niveau élevé elle doit atteindre dans le monde spirituel ! Le Seigneur déclare dans un verset : » Le sâdhu est Mon âme, comme Je suis son âme. » (Srimad-Bhâgavatam 9.4.68) Le sâdhu pense toujours à Krishna, et Krishna pense sans cesse au sâdhu, au dévot.
L’apparition et la disparition du Seigneur en ce monde matériel sont appelées cikîrsitam, ou divertissements. L’apparition de Krishna est un divertissement. De toute évidence, le Seigneur apparaît pour accomplir une mission – protéger le sâdhou et anéantir les adversaires de celui-ci. Mais ces deux activités sont des divertissements pour Lui.
Le Seigneur n’est pas envieux. La mise à mort des éléments démoniaques est aussi une manifestation de Son affection. Parfois, nous châtions nos enfants en leur donnant par amour une bonne gifle. Pareillement, lorsque Krishna tue un démon, ce n’est pas par envie ou jalousie, mais par affection. Aussi les shâstras, ou Ecrits védiques précisent que même les diaboliques anéantis par le Seigneur obtiennent le salut immédiat. Citons, à titre d’exemple, la sorcière Pûtanâ qui désirait tuer Krishna. Alors qu’Il manifestait Ses divertissements d’enfance, elle enduit son sein de poison et se rendit chez Lui pour Lui en offrir le lait. » Dès la première tétée, Krishna mourra « , pensait-elle. Ce qui est chose impossible. Qui pourrait tuer Krishna? Au contraire, ce fut Pûtanâ qui périt, car Krishna aspira à la fois son lait et sa vie. Mais quel en fut le résultat? Voyant cet incident d’un œil favorable, Krishna songea : » Cette sorcière voulait Me donner la mort, mais voici que J’ai bu le lait de son sein; elle est donc devenue Ma mère. » Voilà comment Pûtanâ fut élevée à la position de mère de Krishna dans le monde spirituel. Uddhava explique en effet à Vidura, dans le Srimad-Bhâgavatam, que Krishna – Dieu – est si bon qu’Il accepta même la sorcière venue L’empoisonner comme mère : » Puisque Krishna fait preuve d’une telle bonté divine, pourquoi adorer quelqu’un d’autre? »
Kunti dit ici : na yasya kascid dayitah. Le mot dayita signifie » faveur « . Krishna ne favorise personne. Dvesyas ca : et personne n’est Son ennemi. Nous espérons quelque bienfait ou profit d’un ami et attendons du mal d’un ennemi. Mais si parfait est Krishna que nul ne peut Lui nuire ou Lui offrir quoi que ce soit. Qui pourrait donc être Son ami ou Son ennemi ? Na yasya kascid dayito ‘sti : Il n’a besoin d’aucune faveur. Il est complet. Étant pauvre, j’espère quelque faveur d’un ami parce que je suis imparfait. Incomplet à plusieurs égards, j’ai toujours besoin de quelque chose; voilà pourquoi je cherche à me faire des amis et je hais mes ennemis. Mais Krishna étant le Suprême, nul ne peut Lui nuire ou Lui donner quoi que ce soit.
Pourquoi alors L’adorer dans le temple en Lui offrant tant d’agréments sous forme de costumes, d’atours et de mets savoureux? Comprenons que Krishna n’a pas besoin de toutes nos offrandes; au contraire, c’est nous qui en bénéficions. C’est donc par grâce qu’Il les accepte. En se parant, on pare aussi notre reflet dans le miroir. De la même façon, les parures offertes à Krishna se reflètent en nous. La Bible nous dit que Dieu créa l’homme et la femme à Son image, signifiant ainsi que nous sommes des reflets du Divin. Ce n’est pas que nous inventons, ou imaginons, une forme divine conforme à la nôtre. Ceux qui adhèrent à la doctrine anthropomorphique des Mâyâvâdîs disent : » La Vérité Absolue est impersonnelle; mais étant nous-mêmes des personnes, nous imaginons qu’Elle l’est aussi. » Erreur ! En fait, c’est précisément le contraire qui est vrai. Nous sommes dotés de deux mains, deux jambes et une tête parce que Dieu en possède autant. Notre forme est personnelle parce qu’elle reflète celle de Dieu. D’un point de vue philosophique, il est facile de comprendre que ce qui avantage la personne originelle avantagera aussi son reflet. Parons donc Krishna et notre beauté s’en trouvera rehaussée. Donnons satisfaction à Krishna et nous serons nous-mêmes comblés. Offrons-Lui des mets savoureux et nous pourrons ensuite les honorer. Ceux qui n’habitent pas les temples de la Conscience de Krishna ne sauraient concevoir les plats exquis que nous Lui offrons, et que nous pouvons ensuite déguster par le fait même. Cherchons donc à satisfaire Krishna en tout et notre satisfaction sera totale.
Bien qu’Il n’ait aucun besoin de notre service, Krishna dans Sa bonté l’accepte néanmoins. Lorsqu’Il demande qu’on s’abandonne à Lui (sarva-dharmân parityajya mâm ekam saranam vraja), n’allons pas croire que Krishna manque de serviteurs et que notre abandon Lui profitera. Il peut, de par Son seul désir, créer des millions de serviteurs. Il ne s’agit donc pas ici de cela. Mais en nous en remettant à Lui, nous serons sauvés, comme le dit si bien Krishna : aham tvâm sarva-pâpebhyo moksayisyâmi – » Toutes les suites de tes fautes, Je t’en affranchirai. » Nous souffrons en ce monde matériel où nous n’avons aucun refuge. Nous voyons plusieurs personnes traîner dans la rue, sans but dans la vie. Marchant sur la plage tôt le matin, nous apercevons plusieurs jeunes qui dorment ou traînent, désœuvrés, confus et ne sachant que faire. Or, en prenant refuge de Krishna, nous savons : » Maintenant, j’ai trouvé un refuge. » Finis confusion et désespoir. Je reçois chaque jour de nombreuses lettres de personnes exprimant l’espoir qu’elles ont trouvé dans la conscience de Krishna. Krishna n’est donc pas venu sur Terre dans le seul but de recruter des serviteurs, mais plutôt pour notre bien.
Hélas, au lieu de devenir serviteurs de Krishna, nous Lui préférons tant d’autres maîtres : nos sens, la luxure, la colère, la cupidité et l’illusion. À vrai dire, le monde entier s’absorbe dans pareil service. Mais si nous employons nos sens au service de Krishna, d’esclaves des sens que nous étions, nous nous transformerons en maîtres des sens. Quand nous aurons la force d’interdire à nos sens de faire autre chose que de servir Krishna, nous serons sauvés.
Kunti dit ici : » Ton apparition en l’Univers matériel nous déroute et nous mystifie. » Nous pensons : » Ayant une mission, un objectif à remplir, Krishna est apparu. » Non, Il n’apparaît que pour manifester Ses Divertissements. Le chef d’État, par exemple, ira parfois inspecter une prison. Comme le directeur lui fait parvenir régulièrement un rapport, il n’est pas obligé de s’y rendre en personne. Mais il le fait néanmoins, pensant : » Allons voir comment ils se débrouillent. » On peut dire qu’il s’agit ici d’un divertissement puisque sa visite résulte de son libre arbitre. Il n’est pas soumis aux lois de la prison. Ce qui n’empêchera pas un prisonier insensé de penser : » Le chef d’État est également incarcéré. Nous sommes donc égaux. Je suis aussi chef d’État. » Ainsi pensent des insensés. » Krishna étant apparu tel un avatar, diront-ils, je suis moi-même un avatar. » Aussi notre verset dit-il : na veda kascid bhagavams cikîrsitam; » Personne ne connaît le but de Ton apparition et de Ta disparition. » Tavehamânasya nrnâm vidambanam : les Divertissements du Seigneur sont déroutants. Personne ne peut en comprendre la vraie raison d’être.
Or, celle-ci réside en Son libre arbitre. Il pense : » Allons voir ça de plus près. » Il n’est pas nécessaire qu’Il vienne anéantir les démoniaques; Ses nombreux agents au sein de la Nature matérielle peuvent s’en charger. À titre d’exemple, en un instant Il peut décimer des milliers d’éléments diaboliques à l’aide d’un simple ouragan. Sa présence n’est pas requise non plus pour la protection de Ses dévots, puisqu’Il peut tout accomplir de par Sa seule volonté. Mais Il vient en ce monde pour goûter Ses Divertissements.
Parfois, Krishna désire même prendre plaisir au divertissement d’un combat. L’esprit combatif habite aussi Krishna, sinon d’où nous vient-il? Toutes les qualités de Krishna sont également présentes en nous, infimes fragments ou modèles réduits de Sa Personne. D’où nous vient l’esprit combatif? De Krishna. De même qu’un roi engage parfois un lutteur pour un combat, Krishna engage aussi des êtres dans des combats. Le lutteur est payé pour combattre le roi; il n’est pas son ennemi. Au contraire, il lui donne du plaisir par ce simulacre de combat. Mais quand Krishna désire Se battre, qui sera Son adversaire? Aucun être ordinaire. Si le roi veut se livrer à un simulacre de combat, il engagera pour ce faire un lutteur hautement qualifié. De même, Krishna ne Se bat qu’avec Ses grands dévots. Puisqu’Il désire Se battre, certains de Ses dévots descendent en l’Univers matériel pour devenir Ses ennemis. À titre d’exemple, le Seigneur descendit pour tuer Hiranyâksha et Hiranyakasipu. Faut-il penser que ceux-ci étaient des êtres ordinaires? Non, ils étaient Jaya et Vijaya, grands dévots venus en ce monde parce que Krishna voulait S’y battre. Dans le royaume spirituel de Vaikuntha, il ne peut être question de combat puisque tous y servent Krishna. Avec qui combattrait-Il? Aussi envoie-t-Il un dévot sous l’apparence d’un ennemi ici-bas, où Il le rejoint pour Se battre contre lui. Dans un même temps, le Seigneur nous enseigne qu’il n’est guère dans notre intérêt de devenir Son ennemi, qu’il vaut mieux être Son ami. Voilà pourquoi Kunti dit : na veda kascid bhagavams cikîrsitam; » Personne ne connaît le but de Ton apparition et de Ta disparition. » Tavehamânasya nrnâm vidambanam : » Tu vis en ce monde tel un homme ordinaire, ce qui est certes déroutant. »
Comme Krishna apparaît parfois tel un homme ordinaire, les gens doutent ou ne peuvent comprendre Ses activités. Ils se demandent : » Comment Dieu peut-Il devenir une personne ordinaire comme nous? » Or, quoique Krishna joue parfois le rôle d’un être ordinaire, il n’en est rien; au besoin, Il manifeste tous les pouvoirs de Dieu. Lorsque seize mille jeunes femmes furent kidnappées par le diabolique Bhaumâsura, elles prièrent Krishna qui Se rendit donc au palais du ravisseur, auquel Il donna la mort pour ensuite délivrer toutes ses prisonnières. Or, la coutume védique veut que personne n’épouse toute fille célibataire qui découcherait. Aussi quand Krishna leur dit : » Vous pouvez retourner chez votre père en toute sécurité « , elles Lui répondirent : » Mais quel serait alors notre sort? Personne ne voudra de nous pour épouses, car un homme nous a enlevées. – Que désirez-vous alors?
– Nous Te voulons pour époux. » Et Krishna, dans Son infinie bonté, les accepta sur-le-champ comme épouses.
Maintenant, quand Il les ramena vers Sa capitale, aucune d’elles n’eut à attendre seize mille nuits pour Le rencontrer. Au contraire, Krishna bâtit seize mille palais et Se multiplia en autant de formes pour vivre auprès de chacune de Ses épouses.
Bien que tout cela soit décrit dans le Srimad-Bhâgavatam, les mécréants n’y comprennent rien. Préférant critiquer Krishna, ils osent dire : » Quelle concupiscence ! Épouser seize mille femmes ! » Même si c’était vrai, Sa concupiscence serait sans limite, car Dieu est sans limite. Pourquoi seulement seize mille? Il pourrait en épouser seize millions sans atteindre les limites de Sa perfection. Tel est Krishna. On ne peut L’accuser d’être concupiscent ou sensuel. Il donne Son affection à des légions de dévots, dont certains Lui demandent d’être leur époux, d’autres leur ami, leur fils ou leur camarade de jeu. On compte ainsi à travers l’Univers des millions et des billions de dévots que Krishna doit satisfaire. Il n’a besoin de l’aide d’aucun d’eux. Mais parce que ceux-ci désirent Le servir d’une façon particulière, le Seigneur Se comporte de manière réciproque. Comme ces seize mille dévotes voulaient Krishna pour époux, Il accéda à leur requête.
Ainsi, Il agit parfois comme le commun des mortels; mais étant Dieu, Il Se multiplia néanmoins en seize mille formes. Un jour, le grand sage Nârada rendit visite à Krishna et Ses épouses. » Krishna a marié seize mille femmes, se disait-il, voyons voir comment Il Se comporte avec elles. » Il vit alors Krishna vivant de façon différente dans chacun de Ses seize mille palais. Dans l’un d’eux, Il conversait avec Son épouse; dans un autre, Il jouait avec Ses enfants; dans un troisième, Il organisait le mariage de Ses filles et de Ses fils. Ainsi accomplissait-Il différents Divertissements dans tous ces palais. Pareillement, durant Son enfance, Krishna jouait comme un gamin de Son âge. Mais quand Sa mère, Yashodâ, Le pria d’ouvrir la bouche pour voir s’Il avait mangé de la terre, elle y vit tous les univers. Voilà Krishna. Même s’Il joue le rôle d’un homme ordinaire, Il révèle au besoin Sa divinité. Pour citer un autre exemple, Krishna devint le conducteur du chariot d’Arjouna. Toutefois, quand celui-ci voulut contempler Sa forme universelle, Krishna lui montra aussitôt une forme cosmique aux millions de têtes, de bras, de jambes et d’armes. Tel est Krishna.
Krishna est pleinement indépendant. Sans amis ni ennemis, Il joue ces rôles pour le bien des uns comme des autres . Quoi qu’il en soit, le résultat est le même. Ainsi le veut la nature absolue de Krishna.
SUITE: La force vitale de l’univers
sādhavo hṛdayaḿ mahyaḿ
sādhūnāḿ hṛdayaḿ tv aham
mad-anyat te na jānanti
nāhaḿ tebhyo manāg api
« Je porte toujours Mon pur dévot en Mon coeur, comme il Me porte toujours dans son coeur. De même que Je suis tout pour lui, il est tout pour Moi. »
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