Au delà du mental – 2 ème Partie

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SUITE de la 

Dr. Frazer: Avez-vous connu des gens qui, après avoir compris Dieu et être devenus conscients de Krishna, sont redescendus au niveau corporel, mental ou intellectuel?

Srila Prabhupada: Bien sûr. Tout comme vous pouvez être guéri d’un mal, puis, à nouveau contaminé, faire une rechute, vous pouvez devenir conscient de Krishna et à nouveau retomber dans l’existence matérielle. Mais cela n’arrivera pas si vous prenez garde de vous maintenir en bonne santé spirituellement.

Dr. Frazer: Pourriez-vous dire en quelques mots ce qu’est dans son essence la Conscience de Krishna?

Srila Prabhupada: Saisir Dieu.

Dr. Frazer: Le saisir et agir de façon naturelle, suivant les lois de la nature? 

Srila Prabhupada: Le principe qui constitue l’essence de la Conscience de Krishna est de connaître Dieu et de L’aimer. Telle est notre philosophie. La vie humaine doit permettre de comprendre Dieu et L’aimer.

Dr. Frazer: Je vous suis aisément. La conscience de Krishna préconise, semble-t-il, un style de vie des plus naturels, qui proscrit l’abus en tout, dans la nourriture ou les rapports sexuels.

Srila Prabhupada: Encore une fois, le principe fondamental est de réaliser que vous n’êtes pas ce corps. Parce que vous avez accepté un corps matériel, vous devez en supporter les maux.Tous nos troubles sont dus à ce corps, qui constitue en lui-même notre plus grande maladie.  Il faut guérir du corps. 

Dr. Frazer: L’âme et le corps étant toujours distincts, comme vous l’avez dit, une âme pleinement réalisée peut-elle ressentir des maux physiques? En d’autres mots, peut-on être conscient de Krishna et en même temps atteint d’une maladie corporelle?

Srila Prabhupada: Le corps est par nature sujet à la maladie. Comment l’éviter? Mais si je sais ne pas m’identifier à mon corps, elle ne me causera aucun tourment. Par exemple, imaginons deux hommes assis dans une splendide voiture. Un accident l’endommage gravement; le propriétaire de la voiture s’afflige, mais non le passager. Pourquoi? Comment expliquez-vous psychologiquement ce fait? Qu’est-ce qui provoque l’affliction du propriétaire?

Dr. Frazer: Le fait qu’il s’agisse de son bien.

Srila Prabhupada: C’est exact. Le propriétaire pense en termes de possession: « Oh, ma voiture est endommagée! » Son ami, n’ayant pas ce sentiment de possession à l’égard du véhicule, ne se trouve nullement affecté. De même, le corps est différent de l’âme, et dès que vous prenez conscience de ne pas posséder votre corps, vos préoccupations à son égard s’effacent.

Dr. Frazer: Ainsi, une personne consciente de Krishna peut tomber malade, mais n’en sera pas affectée spirituellement?

Srila Prabhupada: Non, elle ne le sera pas. Elle pensera comme le passager de la voiture: « Bon, ma voiture est abîmée; je vais perdre de l’argent, mais cela n’a pas d’importance », alors qu’un autre, obsédé par un sentiment de possession, pensera subir un grand malheur. De même, celui qu’absorbe l’identification possessive à son corps se tourmente davantage que celui qui n’en a aucun souci, parce qu’il sait ne pas être son corps. Tous est ici affaire de conscience. Une personne consciente de Krishna peut être frappée de maladie, mais elle pensera seulement: « Le mal est venu, il repartira. Ce qui importe, c’est que je continue d’accomplir mon devoir. Hare Krishna. » Là se trouve la différence. Il s’agit de développer cette conscience.

Dr. Frazer: Que se passe-t-il quand vient à vous un mélancolique préoccupé d’idées noires?

Srila Prabhupada: Lorsque quelqu’un s’absorbe en Krishna, il n’y a plus de place en lui pour de telles pensées. Vous ne pouvez penser qu’à une chose à la fois; et si vous absorbez toutes vous pensées en Krishna, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, aucune idée sombre ne pourra prendre forme.

Dr. Frazer: Si je comprends bien, les dévots de Krishna se guérissent de toute pensée maladive simplement en s’en tenant à l’écart, sans les laisser prendre forme, plutôt que de les exprimer pour ensuite s’en débarrasser.

Srila Prabhupada: Le procédé est le suivant: celui qui entre dans notre Association imprégné de ces pensées noires, à force de chanter s’en libère.

Dr. Frazer: Et celui-là ne parle à personne de ses pensées?

Srila Prabhupada: Il peut en parler ou ne pas en parler. Peu importe. De toute manière, elles disparaissent.

Dr. Frazer: Une chose m’échappe. Vous et vos disciples faites souvent du prosélytisme auprès des gens étrangers au Mouvement; vous cherchez à recruter de nouveaux membres. Pourquoi?

Srila Prabhupada: Ne faites vous pas la même chose? Lorsqu’un déséquilibré mental vient vous voir, vous faites en sorte qu’il redevienne sain d’esprit. N’est-ce pas là du prosélytisme?

Dr. Frazer: Sans doute, mais les gens viennent à moi de leur propre chef. Vos disciples, eux, vont vers les gens.

Srila Prabhupada: Nous sommes donc les meilleurs amis pour ceux qui souffrent. Vous demandez des honoraires, alors que nous faisons des adeptes sans poursuivre aucun intérêt personnel. Nous sommes bien de meilleurs amis que vous.

Dr. Frazer: Et si quelqu’un vous dit non?

Srila Prabhupada: Alors c’est non. Supposons qu’un marchand de fruits attire les gens en criant: « Les belles mangues. » Tout le monde n’ira pas acheter des mangues, qui pourtant sont des fruits délicieux.Et même si personne n’en achète, la qualité du fruit en sera-t-elle diminuée? Ceux qui perdent sont en l’occurrence ceux qui refusent d’acheter. 

Dr. Frazer: Je reviens sur ce que vous disiez au sujet des honoraires. Sans eux, comment un professionnel pourrait-il vivre?

Srila Prabhupada: Bien entendu. Vous exercez une profession, mais pas nous. Nous divulguons notre savoir sans demander un salaire personnel. Nous distribuons cette science sublime – la Conscience de Krishna – sans aucun désir de profit. 

Dr. Frazer: Il me semble pourtant que lorsqu’une personne se joint à vous, elle vous consacre tout son temps, toute son énergie.

Srila Prabhupada: Oui, elle donne tout. Prenez l’exemple de ces bhaktas. Ils ont tout donné. Pourquoi? Nous ne leur avons pas fait subir de contrainte. Est-ce qu’ils sont fous, pour avoir tout donné ainsi à Krishna? Quelle est votre idée?

Dr. Frazer: Ils sont libres d’agir à leur guise. S’ils veulent tout donner, qu’ils le fassent.

Srila Prabhupada: Oui. D’autant plus qu’il est naturel de tout donner à Krishna. Il n’est pas de geste plus sensé. C’est le refus de donner à Krishna qui relève de la plus pure folie. C’est comme si on volait un objet dans ce temple. Imaginons que quelqu’un prenne cette boîte à mon insu. Le remords va le torturer: « J’ai pris cette boîte à l’insu de Swâmiji! Que dira-t-il? » Mais son tourment prend fin dès qu’il rend la boîte. De même, tout appartient à Krishna, tout est à Dieu. Rien ne m’appartient, pas même mon corps. Par conséquent, tout offrir à Krishna c’est agir de façon la plus raisonnable. Ainsi, lorsque quelqu’un vient à la Conscience de Krishna, il rend à Dieu tout ce qu’il a reçu de Dieu. Voilà qui est agir en homme sensé. Tout autre conduite est digne d’un voleur: on profite de la propriété d’autrui et on la déclare sienne. Prenons l’exemple de votre pays, les Etats Unis d’Amérique. Croyez-vous qu’il soit réellement votre pays? Il y a deux cents ans, il ne vous appartenait pas; il appartenait aux Peaux-Rouges. Maintenant vous le déclarez être vôtre. Pourquoi? Peut-être que dans deux cents ans il ne vous appartiendra plus. Pourquoi serait-il aujourd’hui à vous? De même, Dieu nous a donné la vie, notre corps, notre mental; Il nous a tout donné. Aussi, tout Lui appartient.Comprendre cela, c’est être conscient de Krishna..

Dr. Frazer: Et quelle place accordez-vous aux autres systèmes philosophiques?

Srila Prabhupada: En vérité, les études philosophiques doivent nous amener à comprendre que tout appartient à Dieu. C’est là la première de toutes les philosophie: isâvasyam idam sarvam, « Tout appartient à Dieu. » Vous, moi, tous les êtres, nous sommes la propriété de Dieu, et Ses enfants; c’est pourquoi nous avons le droit d’utiliser la propriété de Dieu, mais pas plus que le nécessaire. Donc, vous êtes fils de Dieu, je suis fils de Dieu, et tout est Sa propriété. Vous pouvez jouir de ce que possède votre père, comme je peux en jouir, mais si vous empiétez sur ma part à tel point que je souffre de la faim, vous enfreignez la loi. Si nous acceptons que tout appartient à Dieu, et que nous sommes tous fils de Dieu – tous, même les animaux , les insectes, les oiseaux, les abeilles, les arbres… -, alors, oui, nous avons le droit d’user de la propriété de Dieu, mais seulement pour le strict nécessaire. Telle est la Conscience de Dieu.

Dr. Frazer: Je suis d’accord avec vous sur ce point, mais je renouvelle ma question: la Conscience de Krishna est-elle la voie unique valant pour tous? 

Srila Prabhupada: Toute autre forme de conscience n’est que partielle. La Conscience de Krishna est complète. Le nationalisme, par exemple, (qui fait agir pour sa nation, et tout ramener au niveau de la nation) est limité. La Conscience de Krishna, elle, est globale.

Dr. Frazer: Est-elle plus universelle que l’Hindouisme?

Srila Prabhupada: Nous parlons de Dieu, et non d’Hindouisme ou de Christianisme. Dieu est pour tous. Il n’est ni Hindou, ni Chrétien, mais pour tous. Aimez simplement Dieu. Que vous soyez Hindou, Chrétien ou Musulman, ou quoi que ce soit d’autre, n’a pas d’importance.

Dr. Frazer: Je vous remercie de m’avoir reçu et d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Srila Prabhupada: C’est moi qui vous remercie. Hare Krishna.



Catégories :Psychologie et transcendance

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