(d’après les célèbres prières de la reine Kunti)
par Sa Divine Grâce
A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupāda
(traduction de Denis Bernier et Pierre Corbeil)
TREIZIÈME CHAPITRE

La Force vitale de l’Univers
janma karma ca viśvātmann
ajasyākartur ātmanaḥ
tiryań-nṝṣiṣu yādaḥsu
tad atyanta-viḍambanam
» Comme il est difficile de comprendre, ô Âme de l’Univers, que Tu agisses, Toi le Non-agissant, et que Tu naisses, Toi le Non-né, la force vitale, que Tu apparaisses en ce monde parmi les bêtes, les humains, les sages et les êtres aquatiques; tout cela reste inconcevable. »
(Srimad-Bhâgavatam 1.8.30)
Les Divertissements sublimes du Seigneur ne sont pas qu’impénétrables, ils semblent également contradictoires. En d’autres mots, ils sont tous inconcevables, inaccessibles au pouvoir limité de la pensée humaine. Le Seigneur est l’Âme Suprême, prééminente, maître de tout ce qui existe; et pourtant, Il apparaît parmi les animaux sous la forme de Varâha, l’avatâra-Sanglier, parmi les hommes sous la forme de Krishna ou de Râmacandra, parmi les rishis (sages) sous la forme de Nârâyana, ou encore parmi les êtres aquatiques sous la forme de Matsya, l’avatâra-Poisson. Les Écritures enseignent par ailleurs que le Seigneur, le Brahman Suprême, est non né et qu’Il n’a aucun acte à accomplir, ce qu’établit entre autres le sruti-mantra, ajoutant que nul ne Lui est supérieur, ni même égal. Il possède d’innombrables énergies, et tout ce qu’Il accomplit est parfait, réalisé dans une harmonie complète de savoir, de puissance et d’action simultanés. Tous ces traits du Seigneur ne sauraient laisser de doute quant au caractère inconcevable pour nous – avec notre pouvoir de pensée limité – de Ses Apparitions, de Ses Formes et de Ses Actes. Mais parce que Sa puissance est infinie, rien ne Lui est impossible. Nul ne saurait donc estimer Sa grandeur, et chacune de Ses actions laisse perplexe le commun des hommes. Même le savoir védique ne saurait nous donner de Le saisir, mais nous pouvons aisément Le connaître par la grâce des purs bhaktas, eux qui sont intimement liés à Lui, et qui savent donc avec certitude que bien qu’Il apparaisse parmi les différentes espèces vivantes, Il n’est ni une bête, ni un homme, ni un rishi, ni un poisson, mais bien le Seigneur Suprême, éternellement et en toutes circonstances.
Kunti appelle ici Krishna Vishvâtman, la force vitale de l’Univers. Dans le corps de chacun se trouve une force vitale qu’on nomme âtmâ – l ‘âme ou l’entité vivante – grâce à laquelle le corps entier fonctionne. Dans le même ordre d’idée, il existe une force vitale suprême : Krishna, Dieu. Comment pourrait-Il alors prendre naissance ? Le Seigneur affirme dans la Bhagavad-Gîtâ :
evam yo vetti tattvatah
tyaktvâ deham punar janma
naiti mâm eti so ‘rjuna
» Celui, ô Arjuna, qui connaît l’Asolu de Mon avènement et de Mes actes n’aura plus à renaître dans l’Univers matériel; quittant son corps, il entre dans Mon royaume éternel. »
(Bhagavad-gita 4.9)
Le mot divyam, dans le verset qui nous occupe, indique spécifiquement que l’avènement et les actes du Seigneur sont de nature spirituelle. Un autre passage de la Bhagavad-Gîtâ dit : ajo ‘pi sann avyayâtmâ. Le mot aja signifie » non né » et avyayâtmâ, » qui n’est jamais détruit » (BG 4.6) . Telle est la nature transcendantale de Krishna, décrite de façon plus élaborée encore dans les prières de Kunti au Seigneur.
Dans ses premières prières à Dieu, Kunti déclarait : » Bien que Tu vives en chaque être, mais aussi hors d’eux, Tu n’en demeures pas moins invisible. « Krishna Se tient dans le cœur de chacun (îsvarah sarva-bhûtânâm hrd-dese ‘rjuna tisthati / sarvasya câham hrdi sannivistah). En vérité, Il est présent en toute chose, même l’atome (andântara-stha-paramânu-cayântara-stham). Il réside en et hors de chaque être comme de toute chose. Ainsi Krishna révéla-t-Il à Arjuna Son aspect externe, la gigantesque manifestation cosmique (visva-rûpa).
Le Srîmad-Bhâgavatam décrit ce corps externe de Krishna dont les os sont les collines et montagnes. Les vastes océans représentent différents pores du corps universel du Seigneur, et la planète Brahmaloka est dite former le sommet de Son crâne. Ceux qui ne peuvent voir Dieu sont ainsi conseillés de Le contempler en fonction du cosmos, suivant les instructions des Écritures védiques.
Certains ne peuvent concevoir que la grandeur de Dieu, sans toutefois en connaître l’étendue. Quand on leur parle de grandeur, ils voient de hautes montagnes, l’espace ou encore d’autres planètes. Aussi le Seigneur fut-Il dépeint en fonction de telles manifestations matérielles afin qu’on puisse ainsi méditer sur Lui. Voilà une autre facette de la conscience de Krishna. Quiconque pense : » Ces montagnes forment l’ossature de Krishna « , ou conçoit le vaste océan Pacifique comme Son ombilic, fait preuve de conscience de Krishna. De même, on peut considérer les arbres et plantes comme les poils de Son corps, et Brahmaloka comme le sommet de Sa tête; le système planétaire de Pâtâlaloka se retrouvera alors sur la plante de Ses pieds. Ainsi peut-on penser à Krishna comme étant infiniment grand (mahato mahîyân).
Dans un même ordre d’idée, on peut également considérer qu’Il est infiniment petit. Il s’agit là d’une nouvelle facette de Sa grandeur. Krishna peut créer la vaste manifestation cosmique, mais aussi un infime insecte. Dans un livre, on découvre parfois de tels insectes guère plus gros qu’un point et qui courent d’une page à l’autre. Ainsi se manifeste le génie de Krishna. Anor anîyân mahato mahîyân (Katha Upanishad 1.2.20) : Il peut créer l’infiniment grand comme l’infiniment petit. Les hommes ont maintenant inventé le 747 qui, à leurs yeux, est un appareil imposant. Mais peuvent-ils créer un avion aussi petit qu’un insecte ailé? Cela leur est impossible. Or, la véritable grandeur ne se limite pas qu’à un aspect. Celui qui la possède doit pouvoir se faire infiniment petit ou grand.
Les grandes réalisations de l’homme moderne ne représentent aucunement les plus grandes créations humaines. Le Srimad-Bhâgavatam nous informe que Kardama Muni, le père du grand sage Kapiladeva, créa une véritable cité volante – dotée de lacs, jardins, rues et résidences – qui pouvait parcourir l’Univers dans toutes les directions. Grâce à celle-ci, Kardama visita toutes les planètes en compagnie de son épouse, Devahûti. Lui était un grand yogi et elle, la fille de Svâyambhuva Manu, un grand roi. Kardama désirant se marier, Devahûti dit à son père : » Je veux épouser ce sage. « Manu se rendit ainsi auprès de Kardama pour lui offrir la main de sa fille. Habituée à vivre dans l’opulence royale, la princesse se voua tant au service de son mari austère qu’elle en devint émaciée. De fait, elle œuvrait jour et nuit, négligeant même de se nourrir suffisamment. Ce qui éveilla la compassion du sage. » Cette femme est une princesse, songea-t-il, mais désormais placée sous ma protection, la voilà privée de tout confort. Remédions à la situation. « Il lui demanda donc : » Que désires-tu? « Par nature, la femme désire une belle demeure, des repas savoureux, de beaux habits, de bons enfants et un mari modèle. Telles sont ses aspirations. Aussi, Kardama prouva-t-il qu’elle avait obtenu le meilleur des maris en créant, grâce à ses pouvoirs yogiques, un immense aéronef doté d’une résidence cossue et maintes servantes. Même s’il n’était qu’un homme, ses pouvoirs lui permirent de réaliser pareilles merveilles.
Krishna, cependant, est Yogeśvara: le maître de tous les pouvoirs nés du yoga. Un peu de pouvoir magique nous rend aussitôt important, mais Krishna demeure le maître de tels pouvoirs. La Bhagavad-Gîtâ le confirme, où que Se trouve Krishna, le Seigneur et Maître de tous les pouvoirs, et où que se trouve Arjuna – qu’on nomme aussi Pârtha et Dhanur-dhara -, rien ne saurait manquer.
Rappelons-nous qu’en ne s’éloignant jamais de Krishna, nous atteindrons toute perfection. Et surtout en cet Âge, Krishna S’est incarné sous la forme du Saint Nom (kali-kâle nâma-rûpe krsna-avatâra / C.C. Âdi 17:22). D’où les paroles suivantes de Chaitanya Mahâprabhu :
tatrârpitâ niyamitah smarane na kâlah
Sikśastakam 2
Il n’y aucune règle stricte à suivre pour chanter le maha-mantra Hare Krishna. On peut le chanter partout. Même les enfants le chantent tout en dansant. Il n’y a là rien de difficile. Tout en marchant, nos disciples récitent le mantra sur leur chapelet. Il n’y a rien à perdre mais beaucoup à gagner, car ce chant nous met en contact personnel avec Krishna. Imaginons être en contact personnel avec le premier ministre; quelle ne serait pas notre fierté. Que dire alors de jouir de la compagnie du ministre suprême, créateur de millions de premiers ministres comme ceux de ce monde? Ce chant nous en offre l’occasion. Aussi Chaitanya Mahâprabhu dit-Il : etâdrsî tava krpâ bhagavan mamâpi; » O Seigneur, dans Ton infinie miséricorde, Tu es toujours prêt à m’offrir Ta compagnie. « Durdaivam îdrsam ihâjani nânuragah : » Mais telle est mon infortune que je ne profite pas de cette occasion. «
Notre Mouvement pour la Conscience de Krishna prie seulement les gens : » Chantez Hare Krishna. « Dans ce contexte, une bande dessinée d’un journal montrait un couple du troisième âge assis face à face. La dame disait à son mari : » Chante, chante, chante. « Et lui de répondre : » Non, non, non. « De même, nous demandons à tous : » S’il vous plaît, chantez, chantez, chantez le Saint Nom. « Mais ils répondent : » Non, non, non. « Ainsi se traduit leur infortune.
C’est néanmoins notre devoir de les rendre fortunés. Telle est notre mission. C’est dans ce but que nous allons chanter dans les rues. Bien qu’ils disent » non « , nous continuons de chanter. Tel est notre devoir. Et si, d’une façon ou d’une autre, nous plaçons un livre dans la main de quelqu’un, il devient fortuné. Il aurait dilapidé l’argent péniblement gagné de tant de façons coupables; mais s’il achète fût-ce un seul livre – peu importe le prix – son argent est utilisé à bon escient. Ce sera là le début de sa conscience de Krishna. En donnant une part de son argent au Mouvement pour la Conscience de Krishna, il en retire un gain spirituel. Loin d’être perdant; il y gagne au contraire sur le plan spirituel. Notre rôle consiste donc à amener chacun au Mouvement pour la Conscience de Krishna d’une façon ou d’une autre, afin que tous puissent en profiter spirituellement.
Quand Krishna apparut sur la Terre, tous ne savaient pas qu’Il était Dieu, la Personne Suprême. Bien qu’au besoin Il démontrait Sa divinité, Il semblait généralement n’être qu’un homme ordinaire. Aussi Sukadeva Goswami souligne-t-il Sa véritable identité lorsqu’il Le décrit jouant comme l’un des petits pâtres. Qui est ce jeune pâtre? Sukadeva Goswami répond : ittham satâm brahma-sukhânubhûtyâ SB 10.12.11. Les impersonnalistes méditent sur le Brahman impersonnel et ressentent ainsi l’extase spirituelle, mais Sukadeva en désigne la source – Krishna.
Krishna est la source de tout (aham sarvasya prabhavah). De sorte que l’extase que les impersonnalistes veulent goûter en méditant sur Brahman émane en fait de Krishna. Sukadeva Goswami dit : » Voilà la personne à l’origine du brahma-sukha, la félicité spirituelle que procure la réalisation de Brahman. «
Le dévot est toujours disposé à servir le Seigneur (dâsyam gatânâm para-daivatena), mais Il demeure un garçon ordinaire aux yeux des êtres ensorcelés par l’énergie d’illusion (mâyâsritânâm nara-dârakena). Ye yathâ mâm prapadyante tâms tathaiva bhajâmy aham : Krishna Se comporte avec différents êtres selon leurs conceptions. Il Se conduit comme un homme ordinaire avec ceux qui Le considèrent tel, tandis que le dévot qui accepte Sa divinité goûte la présence du Seigneur. Le but de l’impersonnaliste est, bien sûr, le brahmajyoti, la radiance impersonnelle de l’Être Suprême, radiance dont Krishna est toutefois la source. Par conséquent, Krishna est tout ce qui est (brahmeti paramâtmeti bhagavân iti sabdyate) Pourtant, les petits pâtres jouent avec ce même Krishna, l’éminente Personne Divine. Comment expliquer leur grande fortune?
ittham satâm brahma-sukhânubhûtyâ
dâsyam gatânâm para-daivatena
mâyâsritânâm nara-dârakena
sârdham vijahruh krta-punya-puñjâh
(Srimad-Bhâgavatam 10.12.11)
Les petits pâtres jouant avec Krishna n’étaient pas eux-mêmes des êtres ordinaires, car ils ont atteint la plus haute perfection, celle de pouvoir jouer avec le Seigneur Suprême. Comment ont-ils accédé à cette position? Krta-punya-puñjâh : grâce à plusieurs vies d’actes pieux. Pendant maintes et maintes vies, ces garçons ont entrepris austérités et pénitences pour atteindre la plus haute perfection de l’existence; ils ont désormais l’occasion de jouer personnellement avec Krishna comme s’ils Lui étaient égaux. Ils ignorent que Krishna est Dieu, la Personne Suprême, car telle est la nature de la vrindâvan-lîlâ, des Divertissements de Krishna dans le village de Vrindâvana.
Inconscients de l’identité réelle de Krishna, les petits pâtres L’aiment simplement d’un amour sans fin. Il en est d’ailleurs de même de tous les habitants de Vrindâvan. À titre d’exemple, Yashodâ et Nanda Mahârâj, la mère et le père de Krishna, L’aiment d’un amour parental. De même, Ses amis et amies, les arbres, l’eau, les fleurs, les vaches, les veaux – tous aiment Krishna. Telle est la nature de Vrindâvana. Si nous apprenons simplement à aimer Krishna, nous pourrons immédiatement transformer ce monde en Vrindâvan.
Voilà le point essentiel – comment aimer Krishna (premâ pum-ârtho mahân). Les gens recherchent généralement la piété, le développement économique, le plaisir des sens et la libération (dharma, artha, kâma, moksha). Chaitanya Mahâprabhu, cependant, ne tenait aucun compte de ces quatre objectifs. » Ce ne sont pas là les buts qu’il faut atteindre dans la vie, disait-Il. Le vrai but de l’existence est l’amour de Krishna. «
De toute évidence, la vie humaine ne commence vraiment qu’en présence d’une forme quelconque de religion (dharma). Or, en l’ère actuelle, le Kali-yuga, le dharma n’existe pratiquement plus : il n’y a ni religion ni moralité ni actes de piété. Selon la norme védique, la civilisation présente ne serait même pas humaine en soi. Autrefois, les gens étaient concernés par la moralité et l’immoralité, la religion et l’irréligion; mais avec le progrès du Kali-yuga, tout cela est anéanti et les gens font tout ce qui leur plaît. Le Srimad-Bhâgavatam affirme – et nous pouvons le voir nous-mêmes – qu’en cet âge de Kali, 80 % de la population vit dans le péché, dont la sexualité illicite, l’intoxication, le jeu et l’alimentation carnée forment les quatre piliers. Aussi demandons-nous qu’on détruise d’abord ceux-ci afin que s’effondre la vie pécheresse. Le chant du mantra Hare Krishna nous maintiendra ensuite au niveau spirituel. Quelle méthode simple !
On ne peut réaliser Dieu si l’on vit dans le péché. Voilà pourquoi Krishna dit :
janânâm punya-karmanâm
te dvandva-moha-nirmuktâ
bhajante mâm drdha-vratâh
» Mais les êtres libres de ces dualités, fruits de l’illusion, les êtres qui, dans leurs vies passées comme dans cette vie, furent vertueux et en qui le péché a pris fin, ceux-là Me servent avec détermination. «
(Bhagavad-Gîtâ 7:28)
Le mot anta-gatam signifie » fini « . On peut adopter le service de dévotion si le péché a pris fin en nous. En qui peut-il prendre fin? En ceux qui pratiquent la piété. Comme il faut être actif, quiconque s’engage dans des actes de piété verra naturellement ses fautes disparaître. D’une part, il faut volontairement s’efforcer de détruire les piliers du péché et, d’autre part, accomplir des actes de piété.
Sans ceux-ci, on ne peut s’affranchir du péché par la seule compréhension théorique. À titre d’exemple, le gouvernement américain dépense des millions pour mettre fin à la consommation du LSD et autres substances enivrantes, mais en vain. Comment des lois ou des conférences inciteraient-elles l’abandon de telles habitudes? Il faut offrir aux gens des occupations positives pour qu’ils délaissent automatiquement leurs occupations négatives. Nous demandons, par exemple, à nos disciples de renoncer à toute forme d’intoxication et ils se plient volontiers à cette règle, quoique le gouvernement ait échoué dans ce domaine. Voilà un exemple pratique.
Personne ne peut mettre fin à ses activités néfastes à moins qu’on lui offre des activités positives. C’est impossible. Param drstvâ nivartate. Aussi interdisons-nous les actes coupables tout en préconisant des activités positives. Nous ne nous contentons pas de dire » pas de rapports sexuels illicites « , » pas d’intoxication « , etc. La négation n’a guère de sens en soi; elle doit s’accompagner d’une alternative positive, car tous ont besoin d’agir. Et ce, parce que nous sommes des êtres vivants, non des pierres inertes. Par la méditation, les philosophes impersonnalistes cherchent à se changer en pierres sans vie : » Méditons sur le néant ou l’impersonnel. « Mais comment devenir artificiellement néant? Le cœur et le mental débordent d’activités de sorte que ces méthodes artificielles n’aideront pas la société humaine.
Les méthodes de pseudo-yoga et méditation ne sont que fourberie, car elles n’offrent aucune occupation. La conscience de Krishna, par contre, comporte suffisamment d’activités pour tous. Chacun se lève tôt le matin pour offrir un culte à la Murti. Les dévots préparent aussi de bons plats pour Krishna, décorent le temple, confectionnent des guirlandes de fleurs, vont chanter dans la rue et vendent des livres. Pleinement engagés vingt-quatre par jour, ils peuvent ainsi renoncer au péché. Si un enfant grignote ce qu’il tient en main, il le jettera dès qu’on lui offrira mieux. Aussi la conscience de Krishna procure-t-elle une occupation, une qualité de vie, une philosophie et une conscience supérieures. Tout y est mieux. Par conséquent, ceux qui adoptent le service de dévotion peuvent renoncer au péché pour s’élever à la conscience de Krishna.
Les activités visant à élever tous les êtres à la conscience de Krishna sont visibles non seulement parmi les humains, mais même chez les animaux. Comme tous les êtres sont des parties intégrantes de Krishna qui croupissent dans l’Univers matériel, Krishna a élaboré un plan magistral pour les délivrer. Tantôt Il vient Lui-même en ce monde, tantôt Il délègue Ses dévots très intimes. Parfois encore, Il laisse Ses instructions dont celles contenues dans la Bhagavad-Gîtâ. Krishna apparaît partout parmi les bêtes, les humains, les sages, voire les êtres aquatiques (tiryan-nrsisu yâdahsu). À titre d’exemple, Il est même apparu sous la forme de l’Avatâra-Poisson Matsya.
Ainsi la naissance, l’apparition et la disparition de Krishna sont toutes déroutantes (tad atyanta-vidambanam). Nous, les êtres conditionnés, transmigrons d’un corps à un autre puisque les lois de la Nature nous y obligent. Krishna, Lui, n’est pas contraint d’apparaître en ce monde. Voilà la différence. Les sots et les mécréants pensent : » Je suis né en ce monde, et Krishna de même. Je suis donc également Dieu. « Ils ignorent que les lois de la Nature les forceront à renaître.
On peut s’être vu accorder un corps aux traits séduisants dans un pays où richesses et éducation ne font pas défaut. Mais si on en fait un mauvais usage, notre prochain corps sera conforme à notre mentalité. À l’heure actuelle, malgré toutes les dispositions prises par l’État pour créer de bonnes écoles et universités, les nations civilisées du monde produisent des hippies, des jeunes si frustrés qu’ils en viennent même à vénérer des porcs. Mais si l’on acquiert les mœurs de ces animaux, on deviendra effectivement tel dans la vie suivante. Prakrteh kriyamânâni gunaih karmâni sarvasah. La Nature nous en donnera pleinement l’occasion. Ainsi opère la Nature, prakriti, formée de trois modes d’influence; le corps qu’on revêtira après celui-ci sera conforme à celui des trois modes qui nous conditionne.
L’apparition et la disparition de Krishna sont destinées à mettre fin à la transmigration de l’être vivant d’un corps à un autre. Aussi doit-on saisir la grandeur du plan qui sous-tend l’avènement et la disparition de Krishna, lequel ne vient pas en ce monde par caprice. Il possède un plan magistral, sinon pourquoi viendrait-Il? Il désire ardemment nous ramener en notre demeure première, le royaume de Dieu. Telle est la mission de Krishna. Voilà pourquoi Il nous dit :
mâm ekam saranam vraja
aham tvâm sarva-pâpebhyo
moksayisyâmi mâ sucah
» Laisse là toute autre forme de religion et abandonne-toi simplement à Moi. Toutes les suites de tes fautes, Je t’en affranchirai. N’aie nulle crainte. «
(Bhagavad-Gîtâ 18:66)
Nous sommes tous enfants de Dieu, de Krishna, qui – plus que nous encore – souffre de nous voir subir la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort qui s’attachent à notre corps matériel. Notre condition en ce corps est loin d’être confortable. Mais telle est notre sottise que nous ne faisons rien pour y remédier. Nous poursuivons un confort temporaire en cette vie, négligeant ainsi les véritables inconforts que sont naissance, maladie, vieillesse et mort. Ainsi se traduisent notre ignorance et notre bêtise. C’est pourquoi Krishna vient nous arracher à cette ignorance pour nous guider vers notre patrie originelle, le royaume de Dieu.
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