Un joyeux batelier
Tenant lieu de passeur
Fit un jour voyager
Un fameux professeur
La rivière étant large,
A cet endroit précis,
S’ennuyant sur la barge,
Le savant soudain dit:
« Avez vous remarqué
Cette flore pléthorique?
Avez-vous étudié
Un brin de botanique? »
Le rameur laborieux
Répond dans sa candeur,
« Il est vrai », cher monsieur
« Que j’adore les fleurs! »
« Ce n’est pas, mon ami,
Un savoir à négliger,
Un quart de votre vie,
Je le crains est gâché! »
« Voyez dans le courant
Les nageoires qui effleurent
De l’osseux capelan
Vertébré inférieur? »
– « Les poissons je les laisse
Aller au fil de l’eau,
Par principe je ne blesse
Jamais les animaux. »
– « J’aurais imaginé
Que ramant sur ce lit,
Vous vous intéressiez
A la zoologie. »
« Il faut que vous sachiez,
Qu’en boudant cette science,
Vous perdez la moitié
De votre intelligence! »
« Dites-moi, mon ami
Au moins que vous lisez.
Et pouvez profiter
De la philosophie? »
– « Quitte à passer pour sot?
Je dois vous avouer:
En lisant les journaux,
Mes yeux sont fatigués. »
– « Sans lire les écrits
Et leurs hautes pensées
Trois quart de votre vie
Sont partis en fumée! »
« Voyez les cumulus
Qui décore le ciel
Et ces stratonimbus
Qui partout s’amoncellent! »
« Météréologie!,
Quelle science parfaite! »
– « Cher monsieur l’érudit,…
Je crains une tempête… »
Des nuages inquiétants
Comme pour lui donner raison
S’accumulent venant
De toutes directions.
Quand se lève le vent,
Des vagues se formant,
La barque est soulevée,
Avec tous ses occupants
.
Le fleuve se déchaîne,
Renversant le bateau,
Et une vague entraîne
Les deux corps dans les flots.
Voyant le professeur
Sur le point de sombrer,
« J’espère » crie le passeur,
… »Que vous savez nager?!?! »
– « Quand j’étais en Sorbonne
Où j’ai tant étudié,
Sur la nage personne
Ne m’as rien enseigné! »
« Maudissez cet oubli
Car ce que vous perdez,
De votre chère vie,
…C’est la totalité !!! »
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