Karl Marx à la lumière des Vedas (1/2 )

  SPIRITUALISME DIALECTIQUE
Un point de vue védique sur la philosophie occidentale
________
Le communisme

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Karl Marx
(1818- 1883)

Dans l’entretien qui suit, Hayagriva das (Prof. Howard Wheeler) présente la philosophie de Karl Marx à Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada ( Fondateur-Acharya du Mouvement pour la Conscience de Krishna ) qui la compare à la pensée védique. 
Traduction française: Priya Bhakta das (Denis Bernier)

Hayagriva:  Marx est le descendant de rabbins, tant du côté paternel que du côté maternel; son père toutefois se convertit au christianisme et Marx reçut une éducation chrétienne. Quoi qu’il en soit, Marx lui-même s’oppose et au christianisme et au judaisme. A l’âge de 23 ans, après avoir étudié quelque peu la philosophie à l’université, il devient un athée avoué. C’est Hegel qui écrit: « Puisqu’il n’est de hasard, Dieu, ou l’Absolu, existe. » Ce que Marx commente ainsi : « De toute évidence, on peut aussi affirmer le contraire. » C’est-à-dire, puisqu’il n’est pas de Dieu, le hasard existe.

Srila Prabhupada: Comment un homme sensé pourrait-il accepter que tout naît du hasard? La naissance de l’enfant est-elle accidentelle? Un père et une mère ont dû s’unir pour qu’elle ait lieu. Marx, par exemple, ne voulait peut-être pas mourir, mais il y fut contraint. Comment cela pourrait-il être le fruit du hasard? Il doit exister quelque puissance supérieure. On peut désirer éviter tout accident; or, des accidents surviennent néammoins. C’est une question de bon sens. Dans la nature, nous constatons que de nombreuses planètes flottent dans l’espace sans qu’elles n’entrent fortuitement en collision; elles restent sur leur orbite. Le soleil se lève selon des calculs précis. Puisque l’ordre universel s’opère de façon si systématique, une intelligence le régit nécessairement. Cette intelligence suprême, c’est Dieu. Comment le nier?

Hayagriva: Marx estime que la vraie philosophie dirait:  « La vérité pure et simple est que je hais tout Dieu. » Il voit cela comme « l’aveu propre à la philosophie, son propre jugement contre tous les dieux célestes et terrestres qui ne reconnaissent pas la conscience humaine innée comme la divinité suprême. Elle ne doit avoir d’égal. »

Srila Prabhupada: Comment l’intelligence humaine pourrait-elle s’avérer parfaite si elle n’en vient à comprendre la Vérité Absolue, la Cause première de tout? Notre conscience doit progresser, ce qui revient à évoluer vers le but ultime. Si l’être humain ignore la Cause et le But ultime, que vaut son intelligence?

Hayagriva: Marx considère la religion comme un divertissement d’hommes dégradés qui cherchent à fuir la réalité. Il écrit:  » La religion est le soupir de la créature en détresse, l’âme d’un monde sans pitié, et la vie d’une condition désespérée. C’est l’opium du peuple. » Etant une illusion, la religion ne peut résoudre aucun des problèmes de l’homme, mais seulement  les compliquer. « Plus l’homme investit en Dieu, moins il garde en lui-même », écrit Marx.

Srila Prabhupada: Nous pouvons en fait voir que les communistes ne sont pas très avantagés sans Dieu. Maintenant, les Chinois et les Russes sont en désaccord. Les différences d’opinion existeront toujours, que les gens nient Dieu ou non. En quoi alors ont-ils amélioré la situation? Et les communistes et les capitalistes doivent comprendre la nature de Dieu. Nous avons vu que de nier l’existence de Dieu pour agir indépendamment n’a pas apporté la paix.

Syamasundar: Marx croit que tout résulté de la lutte économique, et que la religion est une technique inventée par la bourgeoisie, ou les capitalistes, pour dissuader les masses de se révolter en leur promettant une vie meilleure après la mort.

Srila Prabhupada: Il a lui-même créé une philosophie qu’on impose présentement  par la contrainte et la mise à mort. Comme nous l’avons souvent expliqué, la religion est cette partie de notre nature qui s’avère permanente et à laquelle nous ne saurions renoncer. Personne ne peut abandonner sa religion. Or en quoi celle-ci consiste-t’elle? A servir. Marx désire servir l’humanité en présentant sa philosophie; voilà donc sa religion. Chacun cherche à rendre quelque service. Le père essaie de servir sa famille, l’homme d’Etat son pays et le philanthrope, l’humanité entière. Que vous soyez Karl Marx, ou Staline, Gandhi, Hindou, musulman ou chrétien, vous devez servir. Parce que nous servons actuellement tant de gens et de concepts, nous sombrons dans la confusion. Aussi Krishna nous conseille-t’il de laisser tout autre service pour ne servir que Lui.

Hayagriva:
Comme Comte, Marx espère que l’ouvrier éliminera éventuellement la religion. Il écrit: « L’émancipation politique des juifs, des chrétiens, de l’homme religieux en général, correspond à l’émancipation de l’Etat du judaisme, du christianisme, de la religion en général. » Ainsi, l’ouvrier deviendrait le sauveur de l’humanité en affranchissant l’homme d’une religion qui adore un être surnaturel.

Srila Prabhupada: Est-ce vraiment ce qui s’est passé? Marx est mort et enterré; pourtant, sa théorie communiste est mise en pratique, mais nous voyons encore qu’elle n’a libérée personne. Maintenant, les Russes ne s’entendent plus avec les Chinois. Pourquoi donc? Ils ont aboli Dieu et L’ont remplacé par la classe ouvrière. Pourquoi alors le désaccord et le désir règnent-ils?

Hayagriva: Marx estime que la religion obstrue la voie du bonheur humain. Il écrit: « L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple représente la revendication de son vrai bonheur. La revendication d’abandonner les illusions relatives à leur condition est celle de délaisser une situation qui requiert l’illusion. D’où la critique de la religion constitue…la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole. »

Srila Prabhupada: Un système religieux se détériore lorsqu’on n’en comprend pas le fondement philosophique. Les gens  sont aptes à rejeter toute religion aussi sentimentale. Nous devons comprendre que Dieu est au faîte de toutes manifestations et activités cosmiques. Les lois données par le Maître Suprême de la manifestation cosmique constituent ce que nous appelons la religion. Si nous créons nos propres systèmes religieux à partir de sentiments, nous n’engendrerons que des problèmes et serons mal compris. Il faut savoir qu’il y a une intelligence derrière toute manifestation cosmique; quand nous en connaîtrons la nature et le fonctionnement, nous atteindrons le vrai svoir scientifique.

Hayagriva: Marx encourage le labeur, non pour la construction de temples, mais pour le bénéfice de l’homme même. Il écrit: « L’étranger, à qui appartiennent le labeur et ses fruits, et que nous travaillons à servir et pour qui les fruits du travail sont fournis, ne peut qu’être l’homme lui-même. »

Srila Prabhupada: Nous devons en venir à comprendre qu’il est bénéfique pour l’homme d’obéir à Dieu. Toute organisation exige un directeur, même dans les pays communistes. Les leaders sont nécessaires; or, le Leader Suprême, c’est Dieu. Ce n’est pas que les communistes peuvent se passer de chefs. Karl Marx servit lui-même de chef. Maintenant, il n’en tient qu’aux gens de décider s’ils veulent travailler sous le leadership de Dieu, ou sous Marx et Lénine. On ne peut éviter le leadership. La question maintenant consiste à savoir: « Qui peut nous diriger parfaitement? » Voilà ce qu’il nous faut décider.

Hayagriva: Comme Comte encore, Marx croit que l’athéisme s’avère inutile car c’est un refus négatif, tandis que le socialisme constitue une affirmation positive. Marx écrit: « Le socialisme représente la conscience positive innée de l’homme, qui n’est plus obtenu en supprimant la religion, tout comme la vrai vie corrrepond à la réalité positive de l’homme par le communisme. »

Srila Prabhupada: Nous avons déjà établi que la vraie religion n’est pas sentimentale et qu’il faut accepter un leadership, fût-il communiste, théiste ou athée. Lorsque ce leader est choisi et qu’il donne ses instructions, on pourra leur donner un nom en « isme »; mais de toute façon, la religion consiste à accepter le leadership de Dieu et Ses instructions. Je ne crois pas que même les communistes puissent fondamentalement changer ce concept. Ils ont aussi un leader: Marx, Lénine ou Staline, et ils donnent aussi leurs directives aux masses. Dans un même ordre d’idées, Krishna existe et nous suivons Ses instructions. Alors en fait , où est la différence? Dans les deux cas, il y a autorité. Nous devons choisir le meilleur leader, comme il faut aussi choisir un critère pour l’établir.

Hayagriva: Pour Marx, il n’y a rien de spirituel dans l’Univers. Il écrit: « Une substance incorporelle s’avère tout aussi contradictoire qu’un corps incorporel. Corps, être et substance sont une seule et même idée réelle. On ne peut séparer la pensée de la matière qui pense. »

Srila Prabhupada: Quand aucune âme spirituelle n’habite le corps, on le considère mort. Sinon, qu’est-ce qui distingue le corps vivant d’un cadavre?

Hayagriva: Il écrit encore:  » Puisque seul le matériel peut être perçu, connu, on ne sait rien de l’existence de Dieu. Je ne suis sûr que de ma propre existence. »

Srila Prabhupada: Mais s’il ne connaît pas l’âme, comment peut-il être certain de sa propre existence? Comment conçoit-il la vie? Pourquoi le corps ressemble-t’il à une pierrre inerte lorsque s’achève la vie? Il doit avant tout comprendre ce qu’est la vie.

Hayagriva: Il estime que la conscience est essentiellement sociale. « La conscience ne détermine pas la vie « , écrit-il,  » mais la vie détermine la conscience… Celle-ci s’avère donc dès le tout début un produit social, et elle demeure telle tant que les hommes existent. »

Srila Prabhupada: Pourquoi alors la vie s’achève-t’elle? Pourquoi cesse-t’il d’être? Quelle est la réponse? L’âme existe en l’homme, mais pourquoi meurt-il? La mort est un fait qu’on ne saurait nier. De son vivant, il peut bien parler fort, mais une fois mort, plus un traître mot ne s’échappera de ses lèvres. Qu’est devenue la conscience alors?

Hayagriva: Marx s’oppose à Comte qui recommande l’adoration de la femme; il s’oppose aussi à celle de Dieu dans la nature. « Il ne  fait aucun doute », écrit-il, « que l’industrie et les sciences modernes ont révolutionné la nature dans son tout et mis fin à l’attitude puérile de l’homme envers la nature, ainsi qu’à d’autres formes d’enfantillage…Le culte de la femme se situe au même niveau que celui de la nature. »

Srila Prabhupada: Mais en quoi la science a-t’elle surmonté les lois fondamentales de la nature? L’homme a-t’il enrayé la naissance, la maladie, la vieillesse ou la mort? Sinon, à quoi sert de révolutionner ou conquérir la nature? Les lois naturelles fonctionnent comme toujours. Avant Marx, son père et sa mère sont aussi morts, et de même leurs parents avant eux, et ainsi
de suite. En quoi l’homme a-t’il conquis la nature? La maladie, la vieillesse et la mort ont encore cours. Où est l’amélioration?

Hayagriva: S’il n’y a aucune amélioration, il estime que c’est parce que la religion l’entrave.

Srila Prabhupada: Cela n’a rien à voir avec la religion; c’est l’oeuvre de la nature. Lorsque l’homme naît, il s’expose à la mort. En quoi la science a-t’elle révolutionné la question? L’oeuvre de la nature se poursuit malgré toutes les théories de Marx et compagnie. Alors en quoi ont-ils surpassé les lois naturelles?

Hayagriva: Marx estime que la religion est cause d’antagonisme constant entre les hommes. « L’antagonisme qui oppose juifs et chrétiens revêt sa forme la plus persistante dans la religion », écrit-il. « Comment résout-on l’antagonisme? En le rendant impossible. Or, comment rendre impossible l’antagonisme religieux? En abolissant la religion. »

Srila Prabhupada: Toute question d’antagonisme est résolue lorsqu’on connaît Dieu et Ses désirs. Il n’y a aucun antagonisme quand on connaît le gouvernement et ses lois. L’antagonisme existe lorsque de prétendues institutions religieuses ignorent Dieu et ce qu’Il désire. La Bhagavad-gita décrit clairement Dieu et Ses principes; aussi préconisons-nous la lecture de cette Ecriture afin que les gens apprennent à connaître le Seigneur et Ses instructions. Comme je l’ai déjà dit, la religion consiste à comprendre Dieu selon une voie prescrite. Dieu est le Possesseur Suprême et l’Ami ultime de chacun. Il est aussi le Bénéficiaire de tout voir (BG 5.29). Certains proclament que leur religion surpasse celle des autres; mais il s’agit d’abord de savoir ce qu’est la religion. Elle consiste à connaître les commandements du Propriétaire Souverain et à agir conformément à ceux-ci. Si nous ne savons pas ce qu’on entend par religion, pourquoi la critiquer et créer ainsi des antagonismes?

Hayagriva: Marx croit que les chrétiens et les juifs doivent rejeter leur religion respective, « comme n’étant rien de plus que différentes étapes d’évolution de l’esprit humain, comme diverses peaux de serpent dont se dépouille l’histoire. » Alors l’homme ne sera plus harcelé part l’antagonisme relegieux, mais pourra jouir de relations scientifiques et humaines.

Srila Prabhupada: Quand les gens s’affublent du titre de chrétiens, juifs, hindous et musulmans sans connaître ni Dieu ni Ses désirs, des antagonismes surviendront naturellement. Il faut donc comprendre scientifiquement ce qu’est la religion et qui est Dieu. Alors cesseront tous ces antagonismes.

Hayagriva: Marx estime que l’Etat doit éventuellement assumer le rôle du Christ. Il écrit: « La religion n’est que la reconnaissance indirecte de l’homme à travers un médiateur. L’Etat sert de médiateur entre l’homme et la liberté humaine. De même le Christ incarne le médiateur sur qui l’homme reporte toute sa divinité personnelle et son fardeau religieux entier, l’Etat constitue le médiateur sur qui l’homme dépose toute son impiété et son fardeau humain. »

Srila Prabhupada: Le Christ transmit cette connaissance qui peut nous soulager du corps matériel; tel est aussi le rôle de toute Sainte Ecriture: elle doit nous informer de la position exacte de Dieu. Quand les gens connaîtront de façon scientifique l’existence de Dieu et la relation qui les unit à Lui, tout s’arrangera. Notre Mouvement pour la Conscience de Krishna s’efforce de donner aux masses une idée précise de Dieu, des définitions et des instructions exactes.

Hayagriva: Voici un point que la plupart des communistes préfèrent ignorer: « De pratiquer sa propre religion est explicitement inclus dans les droits de l’homme », écrit Marx. « Le privilège de la religion est un droit universel. »

Srila Prabhupada: C’est toujours le devoir de l’Etat de voir qu’on respecte la liberté de religion. Il doit aussi s’assurer que celui qui enseigne une forme particulière de religion agit en accord avec celle-ci.

Hayagriva: Marx juge, toutefois, que la relgion doit être individuelle et non communautaire. « Cependant, la liberté en tant que droit humain ne repose pas sur les contacts entre hommes, mais plutôt sur leur séparation. C’est le droit de séparation, le droit de l’individu limité, limité à lui-même. »

Srila Prabhupada: Pas question de séparation. Lorsque nous reconnaissons en Dieu le Père Suprême, nous voyons en Ses fils des frères qui doivent Lui obéir. Si nous obéissons tous à notre Père Souverain, comment y aurait-il différence d’opinion? Quand on ne connaît pas ce Père Suprême et qu’on Lui désobéit, surgit la discorde. C’est le devoir du fils d’obéir à son père et de jouir de sa propriété. Il s’agit de placer le père au centre.

Hayagriva: Marx croit que si l’homme persiste à adorer Dieu, il doit le faire en privé et non en communauté.

Srila Prabhupada: Si Dieu existe et si l’homme doit L’adorer, pourquoi pas le faire ne communauté? Marx pense-t’il que chaque individu doit inventer son propre Dieu et L’adorer? Dieu est le Père Suprême, le Père de chaque homme, de chaque être vivant. Comment peut-Il être différent pour chacun? Une famille peut compter dix fils, mais le père, lui, est un. Ce n’est pas que chaque fils dira: « Je choisirai mon propre père. » C’est impossible. Le problème est que personne ne connaît le Père Suprême, personne n’est disposé à garder Ses commandements. Voilà le problème.

Hayagriva: Marx espère que l’isolement de la religion mènera à sa dissolution.

Srila Prabhupada: La dissolution de la religion est synonyme de l’animalité; voilà où nous en sommes dans l’histoire humaine. Telle est la faille qui existe dans la société moderne. Si les gens sont sérieux quant à la religion, ils doivent se réunir et reconnaître Dieu comme le Père Suprême. Alors cesseront-ils de se battre entre eux. Quoi qu’il en soit, la religion ne s’évanouira pas car c’est une qualité inhérente à chaque être. Durant mon séjour en Russie, j’ai pu constater que même les jeunes s’intéressaient à Dieu. On ne peut écarter la croyance en Dieu.

Syamasundar: Quant à la philosophie politique de Marx, il croit qu’il faut s’efforcer de transformer le monde au lieu de l’interpréter. Le matérialisme dialectique repose sur la dialectique hégélienne de la thèse, l’antithèse et la synthèse, que Marx applique à l’économie et à la sociologie. La thèse est la bourgeoisie capitaliste; l’antithèse le prolétariat, et la synthèse une société communiste ou sans classes.

Srila Prabhupada: Mais comment la société pourrait-elle être sans classes? Nous constatons qu’il existe par nature différentes classes d’hommes. Krishna dit:cātur-varṇyaḿ mayā sṛṣṭaḿ guṇa-karma-vibhāgaśaḥ; « J’ai créé les 4 divisions de la société en fonction des 3 modes d’influence de la nature matérielle (vertu, passion et ignorance), et des devoirs qu’ils imposent à l’homme. » (Bhagavad-gita 4.13) Il déclare aussi:                

brāhmaṇa-kṣatriya-viśāḿ
śūdrāṇāḿ ca parantapa
karmāṇi pravibhaktāni
svabhāva-prabhavair guṇaiḥ

Brahmanas, ksatriyas, vaisyas et sudras se distinguent par les qualités qu’ils manifestent dans l’action, ô vainqueur des ennemis, selon l’influence des trois gunas. Bhagavad-gita (18.41)

Puisqu’il en est ainsi, comment pourrait-on amener différentes natures au même niveau?


Syamasundar:
Marx estime que c’est le mode de production qui détermine nos croyances et notions. Il écrit: « Ce n’est pas la conscience des hommes qui déterminent leur existence, mais au contraire, leur vie sociale détermine leur conscience. »

Srila Prabhupada: C’est une question de formation. La question suivante sera : ‘ »Quel est le centre de cette formation? Quelle est la devise? »

Syamasundar: Sa devise est: « Chacun selon ses aptitudes; chacun selon ses besoins. »

Srila Prabhupada: La contribution de divers varie. Le scientifique contribue une chose, le philosophe une autre et l’ouvrier une troisième. Les arbres contribuent aussi, de même que les oiseaux et les bêtes. La vache contribue son lait et le chien ses services en tant que chien de garde. Chacun contribue, donne et prend. Cet arrangement existe déjà par nature. Mais comment Marx conçoit-il la société sans classes?

Syamasundar: Il juge que les moyens de production doivent devenir propriété collective afin que ne survienne aucune exploitation des ouvriers.

Srila Prabhupada: Comment serait-il question d’exploitation? Je suis un prédicateur religieux et ma contribution, c’est le savoir spirituel. Où est l’exploitation? En ce qui concerne la société sans classes, j’ai visité Moscou où j’ai vu des femmes balayer les rues pendant que les grands patrons surveillaient de leurs voitures. Où est donc cette société sans classes? Tant que vous maintiendrez une société, vous devrez distinguer entre supérieur et inférieur. Toutefois, si le point central est un, peu importe à quel niveau on travaille. Nos corps comportent différentes parties qui contribuent au tout.

Syamasundar: Ils prétendent considérer la chose selon cette même optique. Le scientifique ou directeur occupe une position prestigieuse, mais on considère que l’ouvrier occupe un poste tout aussi glorieux.

Srila Prabhupada: Mais nous avons vu à Moscou que tous ne sont pas satisfaits. Un garçon est venu se plaindre à nous que nous ne lui permettait pas de quitter le pays. Le fait est que jamais vous ne pourrez rendre tous les gens heureux. Pas plus que n’existera un jour une société sans classes, car les mentalités diffèrent. Comment pourrais-tu prétendre penser comme moi?

Syamasundar: Marx pense qu’il est possible d’établir l’uniformité des idées et des desseins, si les moyens de production sont contrôlés. Le problème est que les capitalistes, à qui appartiennent les moyens de production contrôlent les pensées des gens.

Srila Prabhupada: Il s’avère impossible pour tous de penser uniformément; toutefois, on peut trouver un intérêt central. Au sein de notre Société pour la conscience de Krishna par exemple, nous centrons nos intérêts sur Krishna. Les gens y travaillent de diverses façons, mais chacun  est convaincu qu’il agit pour servir Krishna.

Syamasundar: Pour Marx, le centre c’est l’Etat qui, avec le temps, disparaîtra; alors surgira une société sans classes.

(SUITE : Karl Marx à la lumière des Vedas)



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