Le Karma, une justice infaillible (2/3)

Le karma, une justice infaillible (2/3)
Entre justice humaine et justice karmique
 
Qu’y-a-t’il de plus insupportable que l’injustice?  De savoir qu’un crime ignoble reste impuni;  qu’un assassin continue librement à perpétrer ses crimes; qu’un violeur d’enfant n’est qu’insuffisamment châtié ; qu’un malfaiteur est relâché; qu’un innocent est condamné….Qu’y-a-t’il de plus révoltant que tout cela? Si la justice humaine demeure bien faillible et sujette à l’erreur, il n’en est pas de même pour “l’autre justice”. Une justice qui est indéniablement – malgré le fait qu’elle demeure largement méconnue – bien plus supérieure et bien plus fiable que la justice des hommes ; il s’agit de la justice du karma (appelée aussi “justice karmique”). Quelle est-elle? Qui la dirige? Comment fonctionne-t’elle? Quel est son champ d’action ? Ses implications? Autant de questions très intéressantes auxquelles la série “Le karma: une justice infaillible” se propose de répondre….
 
TABLE DES MATIERES
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Le karma une justice

Chapitre III – Le karma et son fonctionnement


 1) Une origine surnaturelle

 

En réalité la justice humaine, même quand elle a la possibilité d’agir (comme dans le cas de la sentence de mort de Rudolf Höss) est bien déficiente au regard de la justice du karma. Si la justice karmique revêt un caractère de puissance et d’infaillibilité, sans comparaison avec la justice humaine, cela est dû à son origine divine et surnaturelle. La justice karmique n’agît pas sous le contrôle des êtres humains mais bien sous l’égide d’une puissance surnaturelle incomparable : celle de Dieu, l’Être Suprême, assisté de Ses diverses puissances ou énergies (1).

La connaissance de Dieu et de Ses diverses énergies est révélée dans les Écritures védiques. La Bhagavad-gita déclare : Dieu est Shri Krishna, l’Être Suprême,  le Seigneur tout-puissant, à l’origine de la création, du maintien et de la destruction de l’entière manifestation cosmique:
 
                                                 mayādhyaksena prakrtiḥ
                                                    sūyate sa-carācaram
                                                    hetunānena kaunteya
                                                        jagad viparivartate

La nature matérielle agit sous Ma direction, ô fils de Kunti, sous Ma direction, elle engendre tous les êtres, mobiles et immobiles. Par Mon ordre encore, elle est créée puis anéantie, dans un cycle sans fin.                                                                                                                                                                                                     {Bhagavad-gita 9.10} 

“La nature matérielle agit sous Ma direction” signifie que le karma et la réincarnation qui régissent la vie des êtres vivants agissent pleinement sous le contrôle de Dieu. Si d’entre toutes les Écritures védiques la Bhagavad-gita jouit d’un aura exceptionnel cela est dû  au fait qu’elle est directement énoncée par Dieu Lui-même, Sri Krishna; cet Écrit représente donc une autorité incontestable sur la science du karma et de la réincarnation.
 

2) Chaque action entraîne des effets

 
Au huitième chapitre de la Gita, Krishna répondant à une question précise d’Arjuna “qu’est-ce que le karma?”,  en donne une définition succincte (qu’Il développe plus avant par la suite ):

…on appelle karma, ou l’action matérielle, les actes qui engendrent et déterminent les corps successifs que l’être doit revêtir au cours de ses multiples existences.” (Gita 8.3). 

Cette désignation “d’action matérielle”, appelée aussi “action intéressée”, est très importante pour comprendre ce qu’est le karma car c’est ce type d’actions intéressées qui implique l’être vivant dans les chaînes du karma et de la réincarnation. Pour comprendre vraiment ce qu’est le karma, il faut bien saisir la “science de l’agir” telle qu’elle est présentée dans la Bhagavad-gita.

On ne présentera pas ici tous les détails et complexités de cette science de l’agir (exposée en détail dans le troisième et quatrième chapitre de la Gita) mais il suffira de dire pour simplifier que chacune de nos actions dans cette existence matérielle entraîne des conséquences, produit diverses réactions, à court, moyen ou long terme. Ces actions, selon leur nature et les effets qu’elles produisent, sont classifiées en deux catégories: les actions pieuses qui produisent de bonnes réactions, et donc un bon karma, et les actions coupables qui produisent de mauvaises réactions et ainsi un mauvais karma. Bien sûr, certains jugeront cette description du karma trop simpliste pour être vraiment crédible. Il s’agit en fait d’une description schématique; dans la réalité, les choses sont beaucoup plus subtiles et complexes car les actions/réactions pieuses comme les actions/réactions pécheresses se perdent dans un labyrinthe de divisions et de sous divisions qui s’entremêlent à l’infini. Les passages suivants du nectar de la dévotion de Rupa Gosvami laisse entrevoir toute la complexité et la subtilité de l’action du karma sur la vie des âmes conditionnées qui habitent le monde matériel, ainsi que son caractère aussi  inextricable qu’implacable:

“Srila Rupa Gosvami précise que les souffrances liées aux actes coupables ont une double origine: les actes en eux-mêmes, mais aussi ceux-là menés lors de vies précédentes. Et l’origine des actes coupables se trouve être le plus souvent l’ignorance. Mais le fait d’ignorer qu’un acte est coupable n’en permet pas pour autant d’éviter, si on le commet, ses conséquences indésirables, qui donnent lieu à d’autres actes coupables. On distingue d’autre part deux ordres de fautes: celles qui sont pour ainsi dire “parvenues à maturité”, et celles qui ne le sont pas. Par « fautes parvenues à maturité », il faut entendre celles dont nous subissons présentement les conséquences; les autres sont celles qui, nombreuses, sont accumulées en nous et n’ont pas encore produit leurs fruits de souffrances. L’homme qui commet un crime peut n’être pas immédiatement pris et condamné mais il le sera tôt ou tard. Pareillement, nous devrons, pour certaines de nos fautes, souffrir dans le futur, de même que pour d’autres, « parvenues à maturité », nous souffrons aujourd’hui.
   
Voilà donc que se succèdent fautes et souffrances, plongeant vie après vie l’âme conditionnée dans la douleur. Elle subit dans cette vie les conséquences des actes commis dans sa vie précédente, et se prépare, par ses actes présents, de nouvelles souffrances dans le futur. Les fautes « mûres » ou « abouties », peuvent avoir pour fruit une maladie chronique, des démêlés avec la justice, une basse naissance, une éducation insuffisante ou une médiocre apparence physique. Nos actes passés nous accablent aujourd’hui, et nos actes présents nous préparent des souffrances futures….Ce sont les actes passés d’un être qui déterminent les conditions de sa naissance. S’il net parmi des hommes de basses classes (mlécchas) , il faudra en conclure que ses actes passés furent coupables..(..)

(…) Le Padma Purana distingue quatre séries de suites aux actes coupables:
   
1) celles qui n’ont pas encore porté fruit;
2) celles qui restent encore à l’état de germe;
3) celles qui sont parvenues à maturité;
4) celles qui ont presque atteint maturité.

Parmi les conséquences de nos fautes, « celles qui ont presque atteint la maturité » s’assimilent aux souffrances que subit l’être dans le temps présent; et « celles qui restent encore à l’état de germe » représentent l’amas des désirs dans le coeur. Le mot sanskrit kuta les désigne comme autant de graines qui sont sur le point de germer. Dans le cas des fautes « qui n’ont pas encore porté fruit », la germination n’a tout simplement pas commencé. Ce verset du Padma Purana peut nous faire comprendre combien est subtile la contamination par la matière. Son origine, son épanouissement et ses conséquences, manifestés sous forme de souffrances multiples, se succèdent comme autant de maillons d’une interminable chaîne. Il est souvent très difficile de déterminer la cause exacte d’une maladie, d’en préciser l’origine, comme d’en prévoir le développement. Mais le mal ne naît pourtant pas de façon subite.”
                       Nectar de la dévotion (chapitre un)

   Autre volet de la complexité du karma qui montre que contrairement à ce que l’on croit  généralement,  l’accomplissement d’actes vertueux ne suffit  pas à annihiler les effets des actes coupables:

“Sans doute, et Sukadeva Gosvami le souligne, l’austérité, les actes charitables et l’accomplissement des rites védiques sont-ils fort recommandés pour celui qui désire racheter ses fautes, mais ils restent néanmoins impuissants à détruire la semence profonde des désirs coupables. (…) L’accomplissement des rites védiques, les actes charitables et l’austérité peuvent bien en libérer l’être pour un temps, mais bien court; et ce temps passé, le voilà une nouvelle fois poussé vers le mal. Prenons l’exemple de celui qui, après avoir subi le pénible traitement destiné à le débarrasser d’une maladie vénérienne, s’en trouve temporairement guéri; il n’a pas chassé de son coeur la concupiscence, et de nouveau lui cède, contractant le même mal. A moins de comprendre que la vie sexuelle n’engendre qu’abominations (2), nul ne peut échapper à ces souffrances répétées; les traitements médicaux n’apporteront jamais qu’une aide temporaire. De même, les rites védiques, les dons charitables et les austérités, tous recommandés par les Vedas, peuvent momentanément mettre un terme à nos fautes, mais tant que le coeur ne sera pas purifié, nous devrons, et même malgré nous, nous livrer encore et encore à des actes coupables.”
                 Nectar de la dévotion (chapitre un)

3) Des conséquences sur plusieurs vies

 

Comme on vient de le voir dans le passage précédent du Nectar de la dévotion, comparée à la justice humaine, la justice karmique n’est pas limitée à la vie présente. Ma vie actuelle est le résultat de mes activités karmiques passées. Selon sa situation particulière actuelle, on peut déduire quelles furent les activités passées d’une personne; si elles furent coupables ou vertueuses. Naître avec un ou plusieurs handicaps physiques ou mentaux, une mauvaise santé, une apparence physique disgracieuse, au sein d’une famille démunie, de parents rudes et indifférents, etc.. sont autant d’indications qu’une personne a accompli certaines activités coupables au cours d’une ou plusieurs vies passées.

D’un autre côté, naître avec une santé solide, une belle apparence physique, au sein d’une famille aisée, de parents attentifs et affectueux, etc…représentent autant de signes que la personne a récolté le résultat d’activités pieuses accomplies au cours d’une ou plusieurs vies passées.

a)La justice karmique et la peine de mort

 

La justice karmique tient compte du fait que l’homme survit à la mort et se réincarne vie après vie. Dans cette perspective, il est essentiel que la personne coupable d’un meurtre puisse expier cet acte grave par le sacrifice de sa propre vie:

“Les dharma-sastras, parmi lesquels la Manu-samhita, déclarent qu’un homme ayant commis un meurtre doit être pendu, et que sa propre vie doit ainsi être sacrifiée en guise d’expiation. Autrefois, ce système était en vigueur partout dans le monde, mais avec l’avènement de l’athéisme, les peuples suppriment la peine capitale. Ce n’est pas là faire preuve de sagesse. Notre verset explique qu’un médecin qui sait diagnostiquer une maladie prescrit un médicament approprié; s’il s’agit d’une maladie grave, le médicament devra être puissant. De même, la faute d’un meurtrier pèse très lourd, et c’est pourquoi, selon la Manu-samhita, celui-ci doit être tué. En mettant à mort un meurtrier, le gouvernement fait preuve de miséricorde à son égard, car si l’assassin n’est pas lui-même tué dans cette vie, il devra l’être au cours de vies futures, et souffrir ainsi bien des fois au lieu d’une seule. Comme les gens ne savent pas qu’il existe une vie future et ne connaissent pas davantage les rouages complexes de la nature, ils inventent leurs propres lois; mais ils devraient dûment consulter les prescriptions déjà établies dans les sastras et agir en accord avec elles. En Inde, de nos jours encore, les membres de la communauté hindoue prennent souvent conseil auprès d’érudits qui savent comment neutraliser telle ou telle faute commise. Le christianisme, également, préconise la confession et la pénitence pour les péchés. Cette expiation est donc nécessaire, et elle doit correspondre à la gravité des péchés commis.”
                                 (Srimad Bhagavatam 6.1.8)

Chapitre IV – La justice karmique;

pourquoi est-elle infaillible?

 

Face au triste tableau d’une “justice approximative”, la justice humaine, il est important et réconfortant de savoir qu’il existe une justice fiable et infaillible: la justice karmique. Bien sûr, à une époque où la conception matérialiste cartésienne du “je-ne-crois-qu’en-ce-que-je-vois” prédomine, le sujet d’une justice d’origine divine et surnaturelle sera considéré avec suspicion et ravalé au rang de  “croyance mythologique hindoue” (3). Mais les êtres fortunés qui ont foi dans l’infaillibilité du savoir contenu dans les Védas et transmis par les maîtres spirituels depuis des millénaires, n’auront pas de mal quant à eux à accepter l’existence d’une justice karmique surnaturelle. Cette source de connaissance est dit infaillible car libre des quatre formes d’imperfections qui entache toute approche empirique de la connaissance ; celle même que l’homme matérialiste de l’âge actuel, l’âge de kali, vénère sous le nom de “science”.

1) Dieu témoigne de tous nos actes:

 

Quand la justice humaine, comme nous l’avons vu précédemment, est incapable souvent de déterminer avec certitude le coupable, il en va tout autrement pour la justice karmique.

Il existe de nombreux témoins à nos actes. Tout d’abord et en premier lieu, Dieu Lui-même, le Seigneur Suprême, est un témoin direct de nos actes. Les Textes sacrés des religions établies mettent tous en exergue  la qualité de toute-puissance de Dieu, – Son omniscience et Son omniprésence –  , mais comment Dieu, le Seigneur Suprême, manifeste-t-Il donc concrètement cette omniprésence, Krishna dans la Bhagavad-gita nous le révèle:

upadrastânumantâ cha
bhartâ bhoktâ maheshvaraḥ
paramâtmeti câpy ukto
déhé ‘smin purushah paraḥ

“Mais il est, dans le corps, un autre bénéficiaire, lequel transcende la matière; et c’est le Seigneur, le possesseur suprême, Témoin et Consentant, qu’on nomme l’Âme Suprême.”
                                    Bhagavad-gita (13.23)

paramatma Dans ce verset important de la Bhagavad-gita, Krishna révèle  qu’Il réside dans le coeur de chaque être vivant sous la forme de l’Âme Suprême, Paramâtma, et qu’Il témoigne et supervise (consent) les actions intéressées de l’âme distincte. L’Âme Suprême, contrairement à l’âme distincte, ne cherche pas à jouir des fruits, tantôt sucrés ou amers, de l’arbre du corps matériel;  Elle n’est pas intéressée par les plaisirs matériels qu’offre l’existence matérielle. Son action consiste à témoigner des activités de l’âme individuelle et à la rétribuer selon ses mérites, autrement dit, selon les fruits de ses actions intéressées . En choisissant de venir dans le monde matériel pour essayer d’être un “purusha”, un bénéficiaire (4) , l’âme individuelle rompt sa relation intime avec le Seigneur, et devient par là même redevable de ses actes, et tombe ainsi sous la coupe du karma et de la réincarnation.

Le Seigneur est présent dans le coeur de l’âme individuelle de part le lien d’amour qui Le lie éternellement à celle-ci. Il l’accompagne au cours de ses longues pérégrinations à travers le monde matériel à seul fin de l’aider à retourner dans sa véritable demeure dans le monde spirituel. Dans le même temps, le Seigneur respecte complètement son indépendance et sa liberté (aussi relatives qu’elles soient) et l’aide à accomplir ses désirs car sans Son soutien et Sa supervision, l’être vivant demeurerait incapable d’accomplir quoi que ce soit.

Cette dépendance des êtres vivants vis-à-vis du Seigneur Suprême se comprend aisément car l’énergie matérielle constitue une des puissantes énergies du Seigneur, et dépend ainsi pour agir de Sa volonté et de Sa direction (et non de la leur comme ils le pensent souvent sous l’effet de l’illusion ou mâyâ). Un autre verset de la Bhagavad-gita révèle la présence de Dieu dans le coeur de tous les êtres et leur subordination à Sa direction:

“Le Seigneur Suprême Se tient dans le coeur de tous les êtres, ô Arjuna, et dirige leurs errances à tous, qui se trouvent chacun comme sur une machine, constituée d’énergie matérielle.”
                                  Bhagavad-gita (18.61)

Dans la teneur et portée de ce verset, Srila Prabhupâda, explique la façon dont le “Seigneur du coeur” aide les êtres à accomplir leurs désirs:

“….Sri Krishna a enseigné que l’individu ne représente pas tout ce qui est. Lui-même, Dieu, la Personne Suprême, le Paramâtma, habite le coeur de tous les êtres et les dirige. Changeant de corps, l’être distinct oublie ses actes passés, mais le Paramâtma, l’Âme Suprême, qui connaît le passé, le présent et le futur, témoigne de ses actes. Les âmes conditionnés se trouvent donc dirigés dans tous leurs actes par l’Âme Suprême. Sous la direction de l’Âme Suprême, ils obtiennent ce qu’ils méritent, sous Sa direction, ils sont portés par la machine du corps, constituée d’énergie matérielle. Aussitôt que l’être est placé en un corps, il lui faut agir selon les conditionnements propres à ce corps. Un homme au volant d’une voiture rapide ira certes plus vite qu’un autre moins bien pourvu, même si les deux conducteurs sont de même force, de même nature, comme les êtres vivants. Pareillement, sous l’ordre de l’Être Suprême, la nature matérielle façonne, pour un être particulier, un corps particulier, qui lui permet d’agir selon les désirs de sa vie précédente. Les êtres n’ont pas toute indépendance. Nul ne doit se croire indépendant de Dieu, la Personne Suprême, car tous demeurent constamment sous le contrôle du Seigneur…”  

2) D’autres témoins à nos actes

 

Il existe d’autres témoins à nos actes -autre que le Seigneur Suprême- ; ce sont Ses assistants et dévots, les dévas. Les dévas ne sont pas des êtres fictifs ou mythologiques; ses êtres vertueux, habitants des planètes édéniques et supérieurs aux humains, sont bel et bien réels. Ils sont, sous l’égide de Dieu,  les régisseurs du monde matérielle, et en tant que tels, témoignent de nos actes, même les plus intimes:

“Ceux qu’anime une telle concupiscence (aspirant à une  relation sexuelle avec leur femme)  ignorent que différents devas observent tous leurs agissements matériels particulièrement le deva du Soleil, et les portent au compte du karma de leur prochain corps. Les calculs astrologiques forment ce qu’on appelle le jyoti-sastra. C’est parce que le jyoti, ou la lumière de ce monde, vient des diverses étoiles et planètes que cette branche du savoir a pour nom jyoti-sastra, ou « science des luminaires ». Les calculs portant sur le jyoti permettent de déterminer notre avenir, ce qui revient à dire que tous les luminaires -les étoiles, le Soleil et la Lune- sont témoins des activités de l’âme conditionnée. C’est ainsi que chacun reçoit un type de corps particulier. Un être concupiscent dont la vision est voilée par la poussière soulevée par le tourbillon de vent de l’existence matérielle ne considère nullement que les différentes étoiles et planètes observent ses actions et le reportent sur son compte. Ignorant cette vérité, l’âme conditionnée se livre à toutes sortes d’actes répréhensibles pour satisfaire sa concupiscence.”
Srimad-Bhagavatam (5.13.4 teneur et portée)

 
 

(1) “Dieu, l’ Être Suprême assisté de Ses diverses puissances ou énergies” La description que les Écritures védiques donne de l’action de Dieu sur la nature matérielle est très loin de l’imagerie populaire, chrétienne et autre, avec sa conception d’un Dieu laborieux, dépendant, jaloux, colérique et vengeur. Dieu n’est pas un être aux traits de caractère humains, “accaparé par son travail” de créateur du monde, de récompenseur et punisseur des êtres humains, Dieu n’attend pas pour vivre après les offrandes sacrificielles des humains, etc…et ne devient pas furieux s’il n’obtient pas “sa part”.  Rien de tel dans la conception védique de Dieu. Dieu est une personne divine, Krishna, à la beauté incomparable, dotée de qualités purement spirituelles et transcendantales, à l’image de son corps sac-cid-ananda (qui n’a rien à voir non plus avec un corps humain mortel) et doté  d’une puissance infinie. De multiples énergies – classifiées en trois catégories: l’énergie interne, l’énergie externe, l’énergie marginale – émanent de Lui et demeurent complètement sous son contrôle (Svetâshvatar Upanisad 6.8:  “parasya shaktir vividhaiva shruyate…”) . Par exemple, Dieu n’a pas besoin de faire d’effort pour créer les univers ; Ses multiples énergies (shaktis) agissent par Sa simple volonté, dans les phases successives de création, maintien et destruction de la manifestation matérielle. Ainsi, dans la description védique de la création, le Seigneur Maha-Visnu, une émanation plénière de Krishna, est étendu sur une couche divine très confortable, Ananta Shesa,  pendant qu’à chacune de Ses respirations s’échappent des myriades d’univers des pores de Sa peau. Et tout cela se passe alors que le Seigneur sommeil et rêve…

(2) “ à moins de comprendre que la vie sexuelle n’engendre qu’abominations..” Nul doute, ces mots pourront surprendre par leur sévérité,  à l’heure où pratiquement tout le monde s’accorde, dans le domaine des psys notamment, à considérer la vie sexuelle comme essentielle au bien-être, à l’équilibre et à l’épanouissement de l’homme, alors qu’ici elle semble présenter des effets négatifs. S’il en est ainsi c’est que Srila Prabhupâda présente, corroborant les Écritures, une perspective bien plus large de la vie sexuelle: la perspective spirituelle. Selon celle-ci, la vie sexuelle, parce qu’elle contribue grandement à renforcer le noeud de l’attachement au corps matériel et par là même à l’enchaînement au cycle de morts et renaissances répétées est certainement une abomination pour l’âme incarnée. Cela dit, même au niveau matériel, physique comme psychologique, notre aspiration à la vie sexuelle est à l’origine de nombreux désagréments (lire à ce sujet: Le sexe, vous avez dit plaisir?”). Ainsi, une personne aspirant à progresser dans la vie spirituelle aura une vie sexuelle très réglée au sein de l’institution du mariage, ou optera carrément pour l’abstinence.

(3) Même ravalées au simple rang de “croyance mythologique hindoue”, les notions de justice karmique et de réincarnation restent loin d’être anodines quand on sait  qu’elles se rattachent aux concepts d’une religion suivie par 900 millions de personnes, la troisième religion dans le monde en terme de nombre d’adeptes, après le christianisme et l’islam.

(4) On a utilisé ici le mot francais de “bénéficiaire” comme seule traduction possible du mot anglais “enjoyer” (La Bhagavad-gita telle qu’elle est ayant été traduite du sanskrit en anglais par Srila Prabhupada,  dans un premier temps, puis ensuite de l’anglais au français par ses disciples français).  Il n’existe malheureusement aucun mot équivalent français pour ”enjoyer” , le mot qui est employé dans la traduction anglaise de ce verset. On ne peut traduire de façon littérale par “jouisseur” car ce terme est bien trop suggestif et évoque  “un épicurien, un débauché, un être sensuel et dépravé”. On a donc traduit par le terme français qui s’approchait le plus d’”enjoyer” soit “bénéficiaire”. Le terme “bénéficiaire” définit la position de l’être individuel par rapport à son corps, qui se considère en droit légitime de jouir, de tirer pleinement parti de celui-ci. Autrement dit, l’être dans le corps se croit seul maître, possesseur et bénéficiaire légitime du corps. Mais Krishna, dans ce verset, vient contester cette attitude de souveraineté de l’être sur son corps. Krishna dit s’adressant aux êtres “vous n’êtes pas les véritables maîtres, possesseur et bénéficiaire de votre corps, Je suis le véritable maître, possesseur et bénéficiaire, non seulement de votre corps, mais aussi, comme Je suis présent dans tous les corps, de tous les corps.” C’est pourquoi Krishna sous cette forme de Dieu présent dans le coeur de tous les êtres vivants prend le nom d “Âme Suprême” (Paramâtma). Krishna toutefois bien qu’Il soit présent dans le corps de l’être,  ne cherche pas à se substituer à celui-ci, autrement dit, le Seigneur  n’est pas intéressé à jouir des fruits de l’arbre du corps, tantôt amers, tantôt sucrés. Il reconnaît pleinement la part de liberté, le libre arbitre pour l’âme incarnée à  disposer de son corps comme elle l’entend,  mais Krishna l’informe aussi qu’elle doit s’attendre à récolter en retour,  le fruit de ses actes coupables comme vertueux. C’est pourquoi Krishna dit qu’Il est “témoin” de ses actes et “consentant” .



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