L’ordinateur: ange ou démon?

          L’ordinateur ….

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    Ange ou  DEMON ?

par Jagadananda dasa

Les Vedas décrivent l’âge dans lequel nous vivons comme étant l’Age de Kali ou l’Age de Fer. Il  est le dernier d’un cycle de quatre âges qui durent 4 320 000  ans : l’Age d’Or (Satya-yuga), l’Age d’Argent (Treta-yuga), l’Age de Bronze (Dvapara-yuga) et enfin l’Age de Fer (Kali-yuga). La dénomination d « Age de Fer  » revêt plusieurs significations, d’abord,  aux niveaux des qualités spirituelles des différents âges. Ainsi, pendant l’Age d’Or les hommes sont pratiquement tous des paramahamsas, des âmes réalisées, mais avec le temps, les qualités des hommes diminuent progressivement et l’Age de Kali représente, parmi les quatres âges, celui où les hommes sont les plus matérialistes,  influencés fortement par la passion qui engendre l’ ugra-karma, et ils sont donc trés peu intéressés à la conscience de Krishna et à la spiritualité. (SB.1.1.10).

prayenalpayusah sabhya
kalav asmin yuge janah
mandah sumanda-matayo
manda-bhagya hy upadrutah

Dans cet âge de fer, âge de Kali, ô docte sage, les hommes ne vivent que peu d’années, ils sont belliqueux, indolents, égarés, infortunés et, par-dessus tout, constamment troublés.

Le Srimad-Bhagavatam dans ce verset décrit les hommes de cet âge comme étant égarés. Une des caractéristiques de leur égarement est qu’ils développent des conceptions erronées de l’avancement, même en terme matériel. Ainsi, en cet âge de Fer, les hommes sont convaincus que le bonheur de l’homme dépend de la création et de l’action de machines diverses et variées (même pour se brosser les dents!), et cela, dans tous les domaines de la vie quotidienne. Etant aveuglés par leurs conceptions trop matérialistes de l’existence, ils ne voient pas que l’ avènement de la machine n’a pas constituée pour l’homme, un réel avancement, mais bien plutôt un recul. « Un  recul? », certains ne manqueront pas de s’exclamer, surpris « Comment cela !? ».   


 Dépendre de plus en plus de la machine:   une évolution ou un recul?


C’est un recul dans le sens que, d’une certaine manière nous semblons avoir gagné en terme d’autonomie et de gains économiques à cours termes, mais dans l’autre, et pratiquement tous les spécialistes scientifiques et autres s’accordent pour le crier haut et fort maintenant: « Cet avancement s’est fait au détriment de l’équilibre naturel et environnemental de l’homme et des autres espèces habitant cette planète Terre. Et les choses ne peuvent plus continuer avec la même ampleur et à la même cadence  à l’heure actuelle, en terme d’exploitation des ressources terrestres et de développement   économique, sinon d’ici peu, si nous ne changeons pas, c’est la survie même de l’homme qui est en jeux. »

Et  un autre désavantage trés significatif de l’Age de Fer ou l’Age  des machines, qui pourtant, semble oublié ou occulté, est le fait que depuis son avènement timide au début du XIX ème siècle jusqu’à l’époque actuelle où elle a envahi chaque sphère de notre vie, la machine  a augmenté considérablement notre dépendance. Un des exemples les plus parlants est l’automobile. A l’heure actuelle,  énormément de personnes dépendent de leurs automobiles pour vivre et survivre. Moi-même qui écrit cet article, vivant à la campagne, dans un village un peu isolé, sans ce moyen de transport mécanique je ne pourrais que difficilement survivre. Est-ce un réel progrés le fait d’être devenu si tributaire des machines? Assurément non!

attelage.jpg Est-ce réellement un progrès le fait que nous ayons remplacé la traction animal, telle celle fournit par le cheval ou le boeuf (qui ont  plus leurs places  maintenant dans les abattoirs   et les  assiettes  qu’ailleurs), par la traction mécanique? Sans compter que celles-ci, à n’importe quel instant, peuvent nous lâcher et tomber en panne. A ce propos je me rappelle, encore avec une certaine angoisse, de la fois où je suis tombé en panne avec ma voiture, au beau milieu d’un tunnel routier. J’ai dû me garer le long du tunnel, avec le risque d’un carambolage mortel à tout moment! Quant aux réparations, inutiles d’épiloguer sur la question, chacun sait que cela coûte chère d’entretenir ces chers engins.

Et pour poursuivre sur le thème de la campagne; d’autres machines ont colonisé nos merveilleuses campagnes;  ce sont les tracteurs. Ils sont ma hantise lorsque je vais dans la campagne pour chanter mon japa (chapelet). En effet lorsque je marche, serein et heureux (lorsque mon mental me le permet), en égrenant mon chapelet: « Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna… » et que j’entend, d’un seul coup au loin, le ronron irritant d’un moteur de tracteur –  qui devient de plus en plus dérangeant et obsédant, au fur et à mesure que je me rapproche de lui, pouvant ainsi m’accompagner dans ma promenade des fois jusqu’à une demi-heure (!) avant de m’en débarrasser -, alors, dans ces moments là, il me semble que je réalise un peu, ce que signifie l’Ère des machines et l’effet négatif qu’elle peut avoir sur le système nerveux et le bien-être psychologique  des êtres humains, et me fait regretter le temps où l’on dépendait plus des ressources naturelles procurées par le Seigneur pour subvenir à nos besoin

agricultur-bio-gita-nagari-copie-1 Une alternative à la dépendance et un moyen d’utiliser nos amis les animaux: l’agriculture biologique 

Une autre forme de dépendance qu’a créé l’Age des machines ou l’Age de Fer, est la dépendance psychologique, voir pathologique. Ainsi,  notre bonheur dépend de plus en plus de l’utilisation des machines, et parfois même, au détriment de notre équilibre mental et personnel.

Il suffit pour s’en convaincre de voir nos adolescents qui   passent accro-de-l-ordin tellement de leur temps sur les  jeux vidéos . Une autre dépendance, qui résulte de « l’envahissement » de l’ordinateur dans nos vies, c’est la dépendance à internet, la cyberdépendance. Dans un autre domaine, les jeux de hasard, la machine à sous crée, quant à elle, peut être les plus grands dégats de dépendance, avec, en plus, les graves conséquences financières sur le budget personnel et familial qu’on connaît. 


 Le meilleur usage de la machine:  au service de Krishna


On pourrait évidemment continuer, à l’infini, à énoncer les méfaits et désavantages qu’a créé la machine dans nos vies (tout comme les avantages d’ailleurs aussi, car après tout, ce monde matériel est un monde de dualités), mais tel n’est pas le but de cet article. Un dévot de Krishna ne rejette pas l’utilisation de la machine dans sa vie mais, est prêt, au contraire, à en faire bon usage,  si celle-ci favorise sa conscience de Krishna. (1) krishna01.jpg Il a également conscience que tout provient de Krishna   (BG 10.8) et qu’Il en est le propriétaire et donc le réel bénéficiaire  (Iso. Mantra 1). Ainsi la machine provient aussi de Krishna. C’est Lui qui a fourni les matériaux pour son élaboration (BG 7.4) et c’est Lui qui a donné l’intelligence nécessaire aux ingénieurs, sous Sa forme de paramatma, pour leur conception et réalisation, et qui nous fournit également l’intelligence nécessaire pour son utilisation (BG 18.61). Rien ne peut se faire en dehors de Sa supervision. Mais cela ne signifie pas non plus que les entités vivantes soient « esclaves de Dieu » car le Seigneur Suprême malgré le fait qu’Il exerce une suprématie totale, sur tout et sur tous, n’en est pas moins respectueux de la liberté (partielle) de chacun. C’est de cette façon qu’Il manifeste son amour pour tous, même vis-à-vis de ceux qui sont rebels dans ce monde matériel et qui L’ont mis de côté, en respectant complètement leur libre-arbitre.

   Srila Prabhupada disait souvent, comme axiome de vie dans cet univers matériel: « Il faut faire  bon usage d’une mauvaise affaire« . Prabhupada parlait souvent de ce corps matériel, de la machine du corps (BG 18.61 voir le terme sanskrit « yantra » du verset), comme étant « une mauvaise affaire » en soi pour l’âme spirituelle qui y est incarnée  et, qui autrement, sans cette incarnation charnelle, serait libre. Bhaktivinoda Thakura, lui aussi dans un de ses poèmes parle du corps matériel comme « notre pire ennemi ».  Mais, malgré tout, le vaisnava contrairement au mayavadi ou impersonnaliste est toujours positif puisqu’il voit que tout émane du Seigneur Suprême Krishna et de Ses Energies. Et il comprend que son corps humain tout comme son mental est aussi, dans l’échelle de l’évolution de l’âme  à travers les corps matériels, extrèmement bénéfique quant à la réalisation  spirituelle (SB 5.5.1) Et par conséquent il s’évertue, sous la direction experte d’un maître spirituel, à utiliser tout au service du Seigneur (et en premier lieu son corps et ses sens) et, ainsi, à faire que ce qui semble au départ constituer un obstacle ou une difficulté   devienne à Son service un avantage. Un verset du « Nectar de la dévotion » de Srila Rupa Gosvami illustre parfaitement la position du vaisnava dans le monde matériel face à l’énergie « matérielle » par rapport à l’impersonnaliste:

« Celui qui n’est attaché à rien, mais qui, simultanément, accepte toute chose pour le service de Krsna, celui-là transcende vraiment tout sentiment de possession. Au contraire, le renoncement de qui rejette tout (tel l’impersonnaliste qui  perçoit l’énergie matérielle comme maya ou illusoire, ou séparée de Dieu et ainsi veut y « renoncer » plutôt que l’utiliser au service de Dieu ou Krishna) mais ignore le lien unissant toute chose au Seigneur, sera toujours incomplet. » (Nectar de dévotion 2.255/56)  


La machine n’a pas d’âme

Pour conclure on pourra dire que la machine, bien qu’étant le fruit d’une société matérialiste ignorante, n’est en soi malgré tout, ni ange ni démon. Certains ont pu imaginer des scénarios trés sombres au début de l’ère industrielle qui dépeignaient la machine comme un véritable démon prêt à dévorer le monde ( Extrait recueilli sur Internet provenant d’un site spécialisé dans l’informatique):  

 « La pièce de Capek, un dramaturge tchèque, écrite en 1921, exprime une crainte ancienne qui remonte au moins à la révolution industrielle du début du 19e siècle : la technologie grugera une masse de gens des moyens de gagner leur vie, les jettera dans la rue, sans argent et sans l’espoir de trouver du travail…

…Capek prête sa voix à des craintes encore plus profondes. Dans sa pièce, les robots se retournent contre leurs maîtres pour les anéantir. Plus « intelligents » ils sont, plus ils manifestent les tendances belliqueuses qui sont la marque des êtres humains. Le cauchemar de la race humaine détruite par des monstres à son image a été, de tout temps, évoqué dans la littérature depuis Homère. C’est un des sujets de prédilection de la science-fiction friande d’ordinateurs qui, bien qu’inamovibles et ne ressemblant pas aux êtres humains, donnent l’impression de raisonner comme eux.

Il est facile d’imaginer un cercle d’ordinateurs communiquant entre eux et conspirant à dominer le monde. Dans le film de Stanley Kubric 2001, Odyssée de l’espace,l’ordinateur HAL n’approuve pas la conduite de l’équipage du vaisseau spatial et prend les choses en main pour régler le problème à sa façon. Un tel scénario nous paraît tout à fait plausible, car HAL parle comme vous et moi. Aujourd’hui, nombreux sont les ordinateurs qui peuvent faire de même. »

   Dans ces extraits on peut voir exprimée la fascination de l’homme vis-à-vis de la technologie et, en même temps, l’expression d’une grande crainte future  vis-à-vis de la machine;  « qui si l’on y prend garde finira par prendre le pouvoir sur
l’homme ».
En tant que dévots de Krishna on peut tout de suite le rassurer, car la Bhagavad-gita l’explique clairement, et c’est également l’ expérience de chacun : la machine, constituée d’énergie matérielle, reste et demeurera toujours inférieure à l’homme, car dénuée de conscience. Quant à l’homme, lui (et tous les êtres vivants), ils font partie de l’énergie supérieure (la para prakriti,
BG 7.5) car doté d’un élément transcendantale à la matière « morte ». A l’ordinateur,  à la machine en général, et au fameux robot qui, soi-disant, règnera dans le futur, il manquera toujours, pour vraiment rivaliser avec l’homme, un élément fondamental: la conscience, cette manifestation extérieure, palpable, immatérielle de l’âme dans le corps (BG. 2.17). 

(1)Moi-même, votre serviteur,  qui écrit cet article et de nombreux autres dans « Retour à Krishna »,  je tire un grand bénéfice de l’utilisation constante de mon ordinateur portable. Lorsque l’on utilise l’ordinateur ou autre machine pour le service de Krishna,  » une nouvelle phase de progrès voit alors le jour » comme dit si bien Srila Prabhupada:  » Toutefois, lorsqu’on progresse dans la Conscience de Krishna, on peut utiliser toutes ces choses (le développement économique, son foyer, sa terre, sa richesse) pour le service du Seigneur. Et c’est là une proposition tout à fait convenable, car tout se trouve lié à Krishna. Or, lorsque le développement économique et le progrès matériel sont utilisés en vue de promouvoir la cause de la Conscience de Krishna, une nouvelle phase de progrès voit alors le jour. » Srimad Bhagavatam 3.30.3



Catégories :Conscience de Krishna et écologie, Faits de société; analyse et solutions

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