L’extase de servir Krishna (4/9)

L’extase de servir Krishna (4/9)
Retrouver sa position originelle de serviteur de Dieu


par Jagadananda das

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QUATRIEME CHAPITRE

La rigueur du karma
et de la réincarnation
(suite
)

Résumés des chapitres précédents: Le chapitre un posait la question de savoir si nous étions plutôt maître ou serviteur de nature. La réponse suivante était donnée: par nature, nous sommes faits pour servir et cette tendance naturelle doit, pour être pleinement satisfaisante être dédiée à Dieu, la Personne Suprême. Dans le deuxième chapitre intitulé  » Servir Krishna ou servir ses sens? », on expliquait que si l’on refusait de dédier cette propension naturelle à servir, à Dieu, alors il nous faudrait tout de même servir mais cette fois, son énergie matérielle appelée l’énergie d’illusion ou mâyâ. La façon dont cette énergie d’illusion agit est qu’elle nous amène à se croire faussement indépendant de Dieu et heureux sans Lui. Son action prend deux formes: elle recouvre l’intelligence de l’être et elle le tire vers le bas, le dégrade de plus en plus. Le troisième chapitre intitulé « Le service de mâyâ et ses conséquences », développe le deuxième chapitre,et décrit les conséquences d’une attitude séparatiste vis-à-vis de Dieu et de Son service absolu – le bhakti-yoga-. Ce rejet nous force à devenir l’esclave de nos sens – et est abordé la question des effets déplorables d’une trop grande libéralisation sexuelle -, et à tomber sous la rigueur du karma et de la réincarnation.

2) La toute-puissance du karma et de la réincarnation:

Versions déviantes et versions authentiques  :

L’homme actuel, bien qu’apparemment éduqué, est en réalité d’intelligence médiocre car le savoir qui l’intéresse et qu’il cultive n’est souvent que d’ordre matériel. Dans leur grande majorité les hommes du kali-yuga sont peu intéressés et très ignorants spirituellement. Une des manifestations de leur ignorance est de ne chercher qu’à améliorer leur standard de vie matérielle, et d’occulter la spiritualité. Etant ignorants ils sont aussi infortunés car quand même ils en viennent à s’intéresser à la vie spirituelle c’est pour être immédiatement récupérés par des pseudo gurus ou  autorités spirituelles. Ceux-ci en guise de « savoir spirituel » leur prodigue des enseignements et écrivent des livres, plus proches de la psychologie élémentaire et du savoir vivre en société que de la véritable transcendance: comment cultiver l’art du bonheur, l’art de la compassion, vaincre l’anxiété, l’insécurité, la colère, le découragement… Tous ces divers conseils, d’un point de vue matériel, sont certainement louables est peuvent peut être servir à améliorer un peu le confort journalier mais ne sauraient être assimilés, de près comme de loin, à la voie de la transcendance  résultant de la connaissance transcendantale. De plus, les difficultés que ces soi-disant maîtres spirituels prétendent vaincre (anxiété, insécurité, etc…), en réalité, ne le sont pas ou que de façon très partielle. Elles ne peuvent être résolues, comme l’enseigne la Bhagavad-gita, que lorsque l’être s’établit véritablement au niveau du brâhma-bhuta, l’état de plénitude que procure la conscience de Krishna. (BG 18.54)

Ces mêmes « maîtres spirituels » lorsqu’il s’agit de présenter la connaissance du karma et de la réincarnation, la présentent de façon erronée et édulcorée.

Ainsi, donnent-ils une version sentimentale et « fleur bleue » du karma et de la réincarnation. Voici quelques points essentiels comparés, entre leur version « fleur bleue » et la vrai version présentée par les Ecritures Védiques  et la parampara des maîtres spirituels authentiques:

a) Versions déviantes du karma et de la réincarnation:

Dans les versions New âges, Bouddhistes, et autres, qui remplissent les rayons ésotérisme des librairies, sont présentées des versions édulcorées et inauthentiques (non parampara) du karma et de la réincarnation. Celles-ci reprennent, à quelque chose près, toujours la même version « fleur bleue » du karma et de la réincarnation:

L’être choisit de prendre naissance et les multiples situations, heureuses et malheureuses, qu’il rencontre au cours de sa vie, et des précédentes comme des suivantes, ont toujours un sens bien défini , sont toujours là  pour le faire progresser et contiennent ainsi, à chaque fois, un enseignement bien utile et approprié à sa situation personnelle, visant à son bien-être futur et à son progrès personnel dans l’existence .

Toute personne qui a étudié sérieusement les Ecritures védiques – sous l’égide d’un maître spirituel authentique qui a lui-même assimilé cette connaissance – , comprendra aisément que la version précitée ne correspond pas à la version authentique du karma et de la réincarnation telle que présentée dans les Ecritures védiques.

Le karma et la réincarnation sont loin d’être une sinécure. On ne pourra jamais expliqué vraiment à quelqu’un d’un peu sensé – comme dans cette version « fleur bleue » -, que le destin ou Dieu,  l’a  mis dans telle ou telle situation  particulièrement douloureuse et insupportable, pour la simple raison qu’il doit « apprendre quelque chose ». Non. Nous sommes mis, ou pour parler plus justement « projetés », dans telle ou telle situation par les aléas d’un bon ou mauvais karma mais pas forcément dans le but d’apprendre quelque chose, hormis le fait que l’on doit s’extraire au plus vite de l’influence de l’énergie matérielle en s’abandonnant à Dieu par la voie du bhakti-yoga (BG 18.66) . La rubrique qui suivra, intitulée « Comme tombé dans l’océan » , et qui comparera la condition de l’être vivant pris dans le cycle des morts et des renaissances avec celle d’un être tombé dans l’océan, exprimera encore mieux cette réalité.

b) Version authentique du karma et de la réincarnation :

Qu’entend-on exactement par la loi du karma ? Le Seigneur Krishna répond de façon précise à cette question dans la Bhagavad-gita – réponse qui démontre que le karma et la réincarnation sont étroitement liés  ensemble:

« …Le karma, ou l’action matérielle, ce sont les actes qui engendrent et déterminent les corps successifs que doit revêtir l’être, au demeurant purement spirituel et impérissable de nature. « 
     (BG 8.3)

« Bon karma » et « mauvais karma »:

Quand on parle de karma et plus spécifiquement de « bon karma » ou de « mauvais karma », il faut entendre d’une part l’origine du karma et d’autre part les effets du karma.

Ainsi, les termes de « bon karma » comportent :

– L’origine du bon karma qui détermine notre future bonne naissance (BG 8.3) c’est-à-dire les bonnes actions ou actions vertueuses effectuées au cours de notre vie présente. Ces actions vertueuses sont de différents ordres: les cérémonies sacrificielles (yajñā), les offrandes de charité, les austérités et pénitences, les rites religieux, les actes de bienfaisance, l’étude des Vedas, etc…

– Les effets du bon karma; les effets ou conséquences d’actions vertueuses sont divers et variés. Ils permettent de jouir de maints bienfaits matériels, dans cette vie comme dans la prochaine, tels que l’opulence, une bonne naissance, la beauté, l’éducation, mais aussi la renommée, la longévité, etc… Pour les obtenir, les auteurs d’actes vertueux (actions intéressées) se tournent soit vers l’adoration de Dieu la Personne Suprême ou soit vers l’adoration des devas ( Indra, Brahma, Ganesha, Siva, Durga, etc…) que prescrit la section karma-kanda des Vedas (voir Srimad Bhagavatam, verset 2/7 chapitre 3, du Chant 2).

Quant au « mauvais karma » (vikarma), il comprend selon les Ecritures védiques :

– L’origine du mauvais karma (vikarma) qui détermine notre future mauvaise naissance: c’est-à-dire les mauvaises actions ou actions coupables effectuées au cours de notre vie présente. Ces actions coupables ou vikarmiques sont trés variées, mais gravitent principalement autour des quatres pilliers de la vie coupable soit l’intoxication, la vie sexuelle illicite, la consommation de chair animale et les jeux de hasard. Il existe beaucoup d’autres activités pècheresses à l’origine d’un mauvais karma. Elles sont accomplies sous l’influence des gunas inférieurs de l’ignorance et de la passion, en violation des instructions données par le Seigneur Suprême dans les Ecritures védiques ( et que l’on retrouve aussi en parti, dans les Ecritures des principales religions) et des achâryas, ses représentants.
– Les effets du mauvais karma ; Les activités coupables impliquent pour celui qui les accomplit, selon leur gravité, des effets plus ou moins graves et douloureux, à court, moyen ou long terme, : en partant du simple petit accident ou de l’implication judicaire mineure, à l’accident grave jusqu’à des effets très graves tels une maladie incurable, une ‘infirmité chronique,  un emprisonnement à vie ou une condamnation à mort, etc…Et, par dessus tout, elles entraînent un prolongement de son implication dans le cycle des morts et des renaissances. L’auteur d’actes prohibés ou vikarmiques doit alors renaître dans des conditions défavorables, voir trés défavorables telles des formes humaines déchues (mlecchas), barbares (yavanas) , ou mangeurs d’hommes (raksasas)] ou plus bas encore, au sein des espèces animales.

Quiconque   accomplit des activités coupables, étant influencé par la passion et l’ignorance est destiné après sa mort, soit à revenir sur la terre ou soit à se rendre sur les planètres infernales. Selon le guna qui nous influence en premier lieu,  notre destination sera différente:
Ceux que gouverne la vertu peu à peu s’élèvent jusqu’aux planètes supérieures, ceux que domine la passion demeurent sur les planètes moyennes, terrestres, et ceux qu’enveloppent l’ignorance choient dans les planères infernales.
(Bhagavad-gita 14.18)

c) Nos activités présentes déterminent de façon directe notre vie future:

Les quelques extraits suivants de la Manu-samhita, les lois de Manou (12ème chapitre), nous permettent de comprendre trés concrètement qu’elles peuvent être les implications directes des activités présentes ( en l’occurence les extraits suivants concernent les conséquences des activités coupables ou pécheresses) dans cette vie comme dans les vies futures:
73. « Plus les êtres animés enclins à la sensualité se livrent au plaisir des sens, plus la finesse de leurs sens se développe.

74. « Et en raison du degré de leur obstination à commettre de mauvaises actions, ces insensés éprouveront ici-bas des peines de plus en plus cruelles, en revenant au monde sous telle ou telle forme ignoble.

(…) 77. « Ils naîtront sous les formes d’animaux exposés à des peines continuelles; ils souffriront alternativement la douleur de l’excès du froid et du chaud, et seront en proie à toutes sortes de terreurs.

78. « Plus d’une fois ils séjourneront dans différentes matrices, et viendront au monde avec douleur ; ils subiront de rigoureuses détentions, et seront condamnés à servir d’autres créatures

79. « Ils seront forcés de se séparer de leurs parents, de leurs amis et de vivre avec des méchants ; ils amasseront des richesses et les perdront ; leurs amis acquis avec peine deviendront leurs ennemis.

80. « Ils auront à supporter une vieillesse sans ressources, des maladies douloureuses, des chagrins de toute espèce, et la mort impossible à vaincre.

81. « Dans quelque disposition d’esprit produite par l’un des trois gunas (ignorance, passion et vertu), qu’un homme accomplisse tel ou tel acte, il en recueille le fruit dans un corps doué de cette qualité.

La Manu-samhita (12ème chapitre) nous permet également de comprendre  très clairement le lien directe qui existe entre l’activité karmique, (ici, en l’occurence toujours les activités coupables ou pécheresses) et la réincarnation future.

53. « Apprenez maintenant, complètement et par ordre, pour quelles actions commises ici-bas, l’âme doit, en ce monde, entrer dans tel ou tel corps.

54- « Après avoir passé de nombreuses séries d’années dans les terribles demeures infernales (planètes infernales), à la fin de cette période, les grands criminels sont condamnés aux transmigrations suivantes, pour achever d’expier leurs fautes.

55. « Le meurtrier d’un brâhmana passe dans le corps d’un chien, d’un sanglier, d’un âne, d’un chameau, d’un taureau, d’un bouc, d’un bélier, d’une bête sauvage, d’un oiseau, d’un candâla (être humain dégradé) et d’un pukkasa, suivant la gravité du crime.

56. « Que le brâhmana qui boit des liqueurs spiritueuses, renaisse sous la forme d’un insecte, d’un ver, d’une sauterelle, d’un oiseau se nourrissant d’excréments, et d’un animal féroce.

57. « Le brâhmana qui a volé de l’or d’un autre brâhmana passera mille fois dans des corps d’araignées, de serpents, de caméléons, d’animaux aquatiques, et de vampires malfaisants,

58. « L’homme qui a souillé le lit de son maître spirituel renaît cent fois à l’état d’herbe, de buisson, de liane, d’oiseau carnivore comme le vautour, d’animal armé de dents aiguës comme le lion, et de bête féroce comme le tigre.

59. « Ceux qui commettent des actes de cruauté deviennent des animaux avides de chair sanglante comme les chats; ceux qui mangent des aliments prohibés deviennent des vers; les voleurs, des êtres se dévorant l’un l’autre; ceux qui courtisent des femmes de la basse classe, des pretas (fantômes).

60. « Celui qui a eu des rapports avec des hommes dégradés, qui a connu la femme d’un autre, ou qui a volé quelque chose, mais non de l’or, à un brâhmana, deviendra un esprit appelé brahma-râksasa ( Fantôme puissant. Quand un brâhmana devient un fantôme il devient un brâhma-râksasa).

61. « Si un homme a dérobé par cupidité des pierres précieuses, des perles, du corail, ou des bijoux de diverses sortes, il renaît parmi les orfèvres (ou dans le corps de l’oiseau hémakâra).

Comme on peut le constater à travers ces quelques descriptions des Ecritures, les lois du karma et de la réincarnation sont rigoureuses. On est bien loin des versions sentimentales et commerciales telles que présentées par de nombreux ouvrages de pacotille qui emplissent les étagères des librairies. Le karma et de la réincarnation ne sont pas de simples croyances provenant de la « mythologie hindoue ». Les lois du karma et de la réincarnation sont bel et bien réelles et implacables. Elles régissent bel et bien la vie de tous les êtres vivants en ce monde. Il suffit d’ouvrir un peu les yeux et de regarder autour de soi pour en constater les effets. L’existence n’est-elle pas souvent tragique et douloureuse ? C’est pourquoi il est essentiel d’adopter au plus vite une pratique spirituelle authentique, de se tourner ainsi vers la conscience de Krishna si l’on veut avoir la chance d’échapper à l’emprise du karma et de la réincarnation et de goûter enfin à une existence libre et heureuse.

d) Pas de témoins à nos actes?
 

Bon et mauvais karma déterminent notre future naissance. Le mauvais karma est engendré principalement lorsque l’on s’adonne aux quatres activités coupables suivantes: l’intoxication, la consommation de chair animale, le sexe illicite et les jeux de hasard. Mais le mauvais karma ne se limite pas à cela, comme le souligne le Srimad Bhagavatam ( Verset dix, Chapitre trente, Chant 3) le chef de famille pour maintenir sa famille ou remplir son compte en banque, dans cette existence matérielle, est souvent prêt à accomplir toutes sortes d’actes illicites (pots-de-vin, détournement d’argent, travail au noir, fausses factures, escroqueries, vols, etc…). Ceux qui agissent ainsi pensent que s’ils passent à travers les mailles du filet des lois humaines, « Le tour est joué! ». Toutefois, ce qu’ils ignorent est que par delà les êtres humains, selon les Ecritures védiques, il existe de nombreux témoins de nos actes:

Le Soleil, le feu, l’éther, l’air, les devas, la Lune, le soir, le jour, la nuit, les directions, l’eau, la terre et l’Ame Suprême en personne sont tous témoins des activités de l’être incarné.  

(voir Srimad Bhagavatam, 6ème chant, verset 42 [et suivants] du chapitre un )

 3) Comme tombé dans l’océan

Si l’être choisit au départ de prendre naissance (1) , par la suite, sa condition est une condition d’impuissance ; il ne contrôle pas sa vie et chacun de ses actes est soumis aux lois du karma. Celles-ci régissent tous les êtres dans le monde matériel et sont, particulièrement au sein du Kali-yuga où les êtres humains brisent régulièrement les principes de la religion et du dharma, astreignantes, rigoureuses et impitoyables.

Influencés par la version sentimentale et populaire, certains jugent que parler de situation d’impuissance est trop excessif et exagéré. Mais tel n’est pas le cas. Les Ecritures védiques, ainsi que les maîtres spirituels-achâryas tels Srila Bhaktivinoda Thakura, Srila Prabhupada, Narottâma das Thakura, et beaucoup d’autres, qui corroborent ces mêmes Ecritures, utilisent souvent l’analogie de l’océan pour décrire l’existence de l’être incarné en ce monde de matière. Et selon cette analogie, l’être vivant dès qu’il prend naissance est comme un navigateur – et souvent un naufragé -, confronté à l’océan. Il n’a aucun contrôle véritable sur sa situation dans l’océan. Sa situation est donc une situation d’impuissance.

Voici quelques exemples, utilisant la métaphore de l’océan, pour illustrer ce fait et d’autres encore:

L’impuissance: l’océan change et fluctue constamment, et cela sans qu’on n’y puisse rien. Il caractérise donc l’impuissance . Ayant effectué mon service militaire – à une époque où l’on n’avait pas le choix -, dans la marine, je peux témoigner du caractère changeant et imprévisible de l’océan. Parfois, celui-ci, en fonction de la force du vent, devenait très agité et nous étions ballottés en tous sens, et d’autres fois nous devions affronter de terribles tempêtes. Les vagues autour de nous, nous apparaissaient alors telles des collines mouvantes se chevauchant dans un bruit d’enfer. Nous n’étions plus alors simplement ballottés, mais carrément soulevés du sol. Nous devions alors nous accrocher à n’importe quoi pour ne pas tomber. D’autres fois, l’océan était d’un calme, presque parfait, ou voir parfait. Dans ce dernier cas, nous naviguions sur une mer d’huile. L’océan  n’avait alors aucune vague, et quand le temps était splendide on pouvait s’arrêter pour profiter de l’instant unique et se baigner dans la mer devenue tel un immense et paisible lac.

Appliquée au karma et à la réincarnation, ces images métaphoriques sont évidentes. Qui peut dire, le genre de corps, la destination, les circonstances auxquels il devra faire face dans sa prochaine naissance? Seront-elles agréables ou désagréables ? Favorables ou funestes ? Paisibles ou tourmentées? Sources de bonheur ou de malheur?

Qualifier d’impuissante notre situation en ce monde est trop exagéré pourrait-on objecter, et que même si l’on ne contrôle pas tout, il est quand même possible d’exercer un certain contrôle sur sa vie. Dans cette perspective l’occident reproche souvent aux philosophies du karma et de la réincarnation rattachées principalement à l’Inde et d’autres pays d’orient, de favoriser la passivité et le fatalisme (2) .

La vérité est que lorsque la population d’un pays, conduite par des leaders aveugles et trop matérialistes, c’est-à-dire  trop influencés par les gunas de l’ignorance et de la passion, elle a tendance à percevoir tout ceux qui ne participent pas à la course effrénée au plaisir des sens et au développement économique comme passifs et fatalistes. Ainsi, au sein d’une telle société dévoyée, les spiritualistes très occupés à développer leur conscience spirituelle et à atteindre à la réalisation spirituelle sont souvent perçus comme des « profiteurs » , et accusés de chercher « à fuir leur responsabilité ». Ce qu’oublient les karmis besogneux qui les dénigrent est que, d’une part, même s’ils travaillent dur, à moins que le Seigneur Lui-même, pourvoit à leurs besoins et leur fournit assez d’ensoleillement, d’eau, de terres fertiles, de pétrole, de minerais, etc… , tout leur travail est inutile. Et d’autre part, Dieu, le Seigneur Suprême, n’a pas prévu pour les hommes, contrairement aux animaux, de travailler dur uniquement dans la perspective de pourvoir à leurs seuls besoins matériels. Ils ont une mission dans l’existence autrement supérieure à celle des animaux. Elle est d’atteindre à la réalisation spirituelle, d’échapper au cycle des morts et des renaissances et de retourner dès la fin de cette vie même au monde spirituel, auprès de Dieu, dans leur demeure originelle . Tel est le but sublime de la société du varnashrâma , la société établie par Dieu Lui-même, dans une perspective spirituelle épanouissante , pour les hommes et les autres êtres vivants. Cette société du varnashrama n’a rien d’utopique . Elle a déjà historiquement était établie sur terre et cela pendant des milliers d’années et on en retrouve l’empreinte encore aujourd’hui , bien que d’une façon partielle et  altérée, à travers l’asie et surtout l’ Inde. Les hommes, répondant au désir du Seigneur Suprême Krishna, sont appelés à reconstituer aujourd’hui encore le varnasrama dharma. Ils vivront ainsi au sein d’une société prospère et harmonieuse et, en même temps, auront la possibilité d’atteindre au but sublime de l’existence: la libération du cycle des morts et des renaissances.

SUITE : Comme tombé dans l’océan

 

(1) Si l’être au départ choisit de prendre naissance : Les Écritures védiques ( et au passage la Bible présente également la même connaissance) nous apprennent qu’au départ, l’être, qui habite le monde spirituel en compagnie de Dieu, choisit délibérément de le quitter pour venir dans le monde matériel afin d’essayer de devenir lui-même « un dieu de substitution ». Lorsqu’il prend naissance en ce monde matériel, il acquiert d’abord une position exaltée telle celle de Brahmâ, ou autres grands devas mais par la suite, du fait de son contact avec les influences des modes inférieurs de la nature matérielle – la passion et ignorance – , il tombe dans les espèces inférieures – humaines , animales et végétales . 

(2) Ces préjugés ont différentes origines, l’une d’entre elles est due à l’influence qu’a exercé pendant des siècles l’institution religieuse prédominante en occident ; la religion chrétienne. Celle-ci a volontairement et activement oeuvré à éradiquer de ses dogmes tout ce qui pouvait évoquer le principe du karma et de la réincarnation. (Malgré tout dans la Bible subsiste quelques passages qui les rappellent) De nombreux Pères de l’Eglise – Clément d’Alexandrie, Justin le Martyre, St Grégoire de Nyssa, Arnobius, St Gérome -, soutenaient la conception réincarnationniste. Origène, le théologien chrétien le plus prolifique et le plus éminent de l’Eglise ancienne, défendaient ouvertement les principes réincarnationnistes . Mais en 553 lors du Conseil de Constantinople, l’Empereur Justinien, fit condamner et abolir le principe réincarnationiste de la théologie chrétienne. Il prétendit – au passage on peut mettre en doute la validité des concepts d’une religion dont les dogmes ont été remaniés au gré des ambitions et des aspirations politiques diverses -,pour justifier ces remaniements doctrinaux que la foi réincarnationiste encouragerait un certain laxisme parmi les fidèles. D’après lui, si les fidèles adoptaient le principe de la réincarnation ils se montreraient trop paresseux quant à leur salut, ils auraient tendance à vouloir « prendre leur temps » puisqu’ils avaient plusieurs vies pour l’atteindre . Il fit alors adopter à la place le dogme qui fait autorité depuis dans la chrétienté « du salut déterminé sur une seule vie ». Dogme, éminemment discutable pour différentes raisons:

– Comment parler de bonté et de miséricorde de Dieu, si Dieu doit condamner un être à la damnation éternelle sur le jugement d’une seule vie et, de plus, quand dès sa naissance cet être déchu et défavorisé,  a toutes les chances de s’engager sur la voie pêcheresse?

– Si l’âme, le principe vital qui anime le corps, est éternel – comme l’affirme justement le dogme chrétien -, pourquoi se limiter alors à « une seule vie »? Etc…

Les défauts et les lacunes d’une telle philosophie sont évidents. La damnation éternelle n’existe pas. Elle est le produit de l’imagination fertile de théologiens dépourvus de réelle connaissance spirituelle . Dieu, et telle est Sa bonté, donne, encore et encore, à l’infini, à tous et à chacun, la chance de revenir à Lui. Le réel but de l’existence consiste à développer la véritable connaissance spirituelle, et de nombreux êtres – en fait la majorité -, auront besoin de multiples existences avant de L’atteindre. Ultimement , la perfection de cette connaissance consiste à échapper au cycle des morts et des renaissances répétés et à retourner au monde spirituel pour y servir Dieu dans le plein amour retrouvé de Sa sublime personne .



Catégories :L'extase de servir Krishna, La voie et la pratique du bhakti-yoga, Philosophie et transcendance

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