Le vieillard, l’enfant et l’âne

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Sur une route de montagne,
Un charitable centenaire,
Sur son vieil âne raccompagne
Son petit fils chez sa mère.

Les trois passants dans un village,
Un badaud crie : »Quel pitié!,
Le pauvre vieux malgré son âge
Est obligé d’aller à pied! »

« Il n’a pas tort » pense l’ainé
Réflechissant au quolibet,
« Marche derrière, sur le chemin,
Je vais m’asseoir sur le baudet. »

Le trio croise, d’aventure,
Des gens dans le prochain village:
« Ce vieux barbon sur sa monture,
N’a pas d’égard pour le jeune âge! »

« Regardez-le se prélasser!
Pendant ce temps c’est pathétique,
Presque un bébé doit trottiner
Derrière la queue de la bourrique! »

Considérant les commentaires
Qui ne manquent pas de raison,
« C’en est assez », dit le grand-père,
« Montons à deux sur le grison! »

Les voyageurs bientôt s’arrêtent
Aux pieds des murs d’un vieux hameau:
« Regardez-moi la pauvre bête,
Elle va périr sous le fardeau! »

« Cet âne est vieux et la rue monte »,
« C’est une pure exploitation! »
« Il n’a vraiment aucune honte! »
Ainsi vont les conversations…

De guerre lasse, le vieil homme
Prend une ultime décision:
Ni le gamin, ni le bonhomme,
Sur l’animal ne voyag’rons

Avec en tête le centenaire,
Cette colonne dépareillée
Attire l’oeil des comméres
Dont l’une lance à l’assemblée:

« Sur un parcours si fatiguant,
Mener un âne sans le monter,
Tout en trainant un jeune enfant,
Jusqu’où va la stupidité?! »

On peut tenter de satisfaire
Quelques personnes quelques fois,
Mais tout le temps chercher à plaire
A tout le monde, ne se peut pas.

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Catégories :Fables védiques et autres

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