Ces jours-ci l’Union Européenne (UE) est sur le devant de la scène avec l’organisation des élections des députés du Parlement européen à travers les 28 pays de l’Union.
Comme le nom l’indique le but de l’UE est de réaliser une union entre certains pays, en l’occurrence ici les pays d’Europe. Si le fondement de l’Union, comme le traité de Maastricht le stipulait, reposait sur trois piliers principaux (le pilier économique, pilier politique et le pilier judiciaire), c’est la question économique qui en premier lieu a motivé l’union et qui constitue son axe principal. Il s’agissait ainsi de favoriser les échanges économiques internes (entre les pays concernés) et externes (commerce mondial).
Mais après toutes ces belles résolutions, qu’en est-il vraiment de l’Union ? A-t-elle vraiment accompli ce pourquoi elle avait été créée ?
Selon R. Pagan dans son article « La décadence de l’Europe » cela n’est assurément pas le cas:
L’Europe actuelle est complètement bloquée par ce qui fut son moteur initial, son bourgeon originel, l’économie sur laquelle, lors de sa création, elle a bâtie son espérance primordiale. Le concept d’union par l’économie est le talon d’Achille de l’Europe, car, son projet, de ce fait, n’est pas bâti sur un élément positif comme la volonté de promouvoir une reconnaissance culturelle basée sur la loyauté et un destin spirituel commun, mais sur un élément négatif , tel que l’obligation de rester ensemble dans un ensemble économique contraignant.
Quant au verdict de l’historien britannique Niall Ferguson, il est sans appel : « Le projet européen est un échec total ». Il précise :
Il faut juger l’Europe d’un point de vue économique, puisque c’est toujours en ces termes que l’organisation a été définie. Et comment a-t-elle fait ? Dans les années 1950, l’économie de l’UE avait une croissance de 4 %, tout comme dans les années 1960. A partir de 1970, elle est tombée à 2,8 %, puis à 2,1 % dans les années 1980, et elle n’atteignait plus qu’1,7 % dans les années 1990. Après avoir continué de chuter, la croissance est aujourd’hui descendue à zéro.
La croissance de l’Europe a décliné à mesure que s’est poursuivie son intégration. La participation européenne au PIB mondial est en baisse depuis 1980 : elle est ainsi passée de 31 % à 19 %. Depuis 1980, la croissance de l’UE a été plus forte que celle des Etats-Unis pendant neuf ans sur 32. Quant à son taux de chômage, il n’a jamais été plus bas que celui des Etats-Unis.
…Et n’oublions pas non plus l’union monétaire, la plus grande des expériences ayant mal tourné.
Nous les avions prévenus, mesdames et messieurs. Une union monétaire sans intégration du marché du travail et sans fédéralisme fiscal a toutes les chances d’exploser. Je l’avais prédit en 2000….
Dans son analyse critique de « la décadence de l’UE » R. Pagan poursuit :
….Empêtrée dans des réglementations imposées par une union européenne dirigée par des technocrates non-élus, chaque état de cette union n’a plus de pouvoir réel, car les dirigeants élus par les différents citoyens de ces états ne font qu’entériner les décisions de Bruxelles….Et pendant ce temps, le simulacre d’Europe mis en place par ce même système économique mondial, continue à laisser sa porte ouverte aux quatre vents, empêchant une réelle défense des producteurs et des consommateurs européens.
…Rien n’est fait ( et n’a été fait) pour que l’Europe ait une existence réelle puisqu’aussi bien il n’y a jamais eu la volonté de mettre en place une union politique véritable. On a simplement créé une union économique, sorte d’Hypermarché à l’échelle du continent, pensant que cela amènerait à une union des peuples. Mais, la réalité est toute autre: une union économique ne peut qu’amener à un agglomérat de consommateurs, pas à une union de peuples.
Là, où il y avait la possibilité de voir surgir un ensemble ayant une vision impériale, nous n’avons qu’une juxtaposition de concurrents qui n’ont d’ailleurs plus les moyens de se battre. Là où il y avait la possibilité de créer un véritable marché intérieur, équitable et solidaire pour tous les peuples de l’Europe, il n’y a qu’une structure ouverte au marché mondial, jouet des spéculateurs et des banques. Là où il y avait la possibilité de faire vivre en autarcie un ensemble qui aurait été le plus puissant, donc en mesure de défendre les peuples le composant contre les agressions extérieures, on a mis en place un système contraignant de commerce international qui ôte toute possibilité à notre continent de préserver ses richesses, ses matières premières, son savoir-faire.
S’il faut malgré tout être réaliste et se rendre à l’évidence, ces constats d’échec ne sont malgré tout pas très plaisants à faire, car unir les hommes et les Etats entre eux demeure un idéal légitime, certainement louable et inspirant pour beaucoup .
Le problème est, comme je l’ai souligné dans un article précédent dans retour à Krishna « Sommet de Copenhague: les raisons d’un fiasco« , qu’au niveau de la conscience matérielle l’union entre les hommes reste impossible à réaliser :
L’ONU l’Organisation des Nations Unies voit régulièrement, de nouveaux drapeaux (donc de nouvelles divisions) s’ajouter à ceux déjà existants et déjà nombreux. Un fait que ne manquait pas de souligner ironiquement Srila Prabhupada. Autrement dit, au lieu de rassembler les hommes et des nations, l’ONU ne fait qu’accentuer leurs différences.
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Il est impossible de s’entendre tant que chacun reste limité à une conscience matérielle, égocentrique et étroite : ‘je suis américain’, ‘je suis russe’, ‘je suis indien », ‘je suis allemand’ . Tant et aussi longtemps que chacun reste cantonné dans sa petite conscience matérielle d’appartenance à tel ou tel pays, et aux intérêts qui y sont liés, il demeure impossible de réaliser l’harmonie et l’unité entre les hommes et les nations. Car, à ce niveau de conscience matériel que Srila Prabhupada appelait celui des chats et des chiens (1) , les points de focalisation sont sur ce qui divise plutôt que sur ce qui rapproche. Chacun recherche alors à défendre bec et ongles ses propres intérêts personnels.
(1) que Srila Prabhupada appelait celui « des chats et des chiens »: Srila Prabhupada a souvent fait référence à l’ONU comme étant une organisation de chats et de chiens, signifiant par là que le niveau de conscience des représentants des nations siégeants à l’ONU était aussi peu évolué que celui des chats et des chiens » je suis américain voici mon territoire et je le défends. », « je suis russe, voici mon territoire et je le défends » « je suis francais,…. » etc…. Prabhupada a maintes fois expliqué qu’à moins de s’élever à un niveau de conscience supérieur, spirituel, au niveau de la conscience de Dieu (ou conscience de Krishna), l’unification et la réalisation efficiente de projets visant à améliorer véritablement la condition humaine, étaient irréalisables, et tout ce que l’on obtenait était « des aboiements de chiens ». Il ne faut pas se méprendre sur ces critiques. Prabhupada avait un trés grand désir d’unifier les hommes et les nations (c’est ce qu’il a réussi d’ailleurs à réaliser -toute proportion gardée – à travers son Mouvement International pour la Conscience de Krishna, ISKCON) et cette colère et ces critiques exprimées par Srila Prabhupada vis-à-vis de l’Organisation des Nations Unis sont une manifestation d’amour pour les hommes, la manifestation de sa grande ambition de voir les hommes et les nations unis pour arrêter la souffrance, résoudre les grands problèmes du monde et atteindre ainsi au bonheur. C’est dans ce but d’ailleurs qu’il a fondé l’ISKCON.
Comment alors réaliser vraiment une union profonde entre les hommes? Dans l’extrait suivant d’un article « Pour de réelles Nations Unies » j’avais écrit en introduction:
Partout à travers le monde, les dévots du Mouvement International pour la conscience de Krishna (iskcon), réalisent, le plus naturellement du monde, un idéal trés cher à l’humanité: l’unité des nations. Des personnes de toutes origines sociales, de toutes races, langues, cultures, religions, âges et sexes, se rassemblent dans les temples de Radha-Krishna afin de servir et glorifier Dieu, le Seigneur Suprême. Telle est la prérogative sublime du Bhakti-yoga: effacer les disparités matérielles entre les êtres en les réunissant sous la bannière du chant des Saints Noms de Dieu: Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna, Krishna, Hare Hare / Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Haren et la pratique du service de dévotion…Sur l’ensemble des six continents les hommes réalisent l’idéal d’ unification entre les hommes. Srila Prabhupada dans le texte qui suit, extrait d’une de ses fameuses classes sur le Nectar de la dévotion qu’il donna à Vrindavana en 1972, le démontre avec excellence: seulement à travers le bhakti-yoga ou le service de dévotion offert à Krishna, Dieu, la Personne Suprême, les hommes et tous les êtres vivants, peuvent réaliser l’unification.
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« Ils ont oublié qu’ils sont Américains, Européens ou Africains, ou qu’ils viennent de groupes chrétiens, juifs ou musulmans. Ainsi, nous devrions oublier notre appartenance à un groupe religieux particulier : « Je suis Hindou », « Je suis Musulman », « Je suis Chrétien », ou à une classe sociale particulière; « Je suis brahmana », « Je suis ksatriya », « Je suis sudra ». Non. La conscience de Krishna représente l’unique et réelle plate-forme d’unification spirituelle entre les hommes. Nous ne pouvons réaliser l’unification entre les hommes en passant de nouvelles résolutions comme ils essaient de le faire aux Nations Unies . Les hommes essaient de réaliser l’unité entre les nations, depuis les trente dernières années, simplement en passant de nouvelles résolutions. Sur ces seules bases, nous ne pouvons pas créer d’unité. En s’appuyant uniquement sur des bases politiques ou sociales (nde: ou économiques) c’est impossible, parce qu’il existe tellement de variétés d’identifications matérielles. Une fois que nous sommes affranchis de toutes ces désignations matérielles, sarvopādhi-vinirmuktam tat-paratvena nirmalam, une fois purifiés, nous pouvons alors être unis dans le service du Seigneur Krishna. Voilà la réelle unité. hṛṣīkeṇa hṛṣīkeśa- sevanaḿ bhaktir ucyate. C’est le niveau vaikuntha. Tout comme à Vaikuntha – le monde spirituel- , le Vaikunthesvara (Le Seigneur et Maitre de Vaikuntha), Narayana ou Krishna, Il est le point central du service. Tout comme à Vrindavana (non seulement les hommes mais aussi) les animaux, les oiseaux, les vaches, l’eau, les arbres, les fleurs, les garçons vachers; pour tous le centre est Krishna. Les habitants de Vrndavana ignorent même que Krishna est Dieu, la Personne Suprême, mais ils aiment Krishna de tout leur coeur et toute leur âme. Tel est Vrindavana. Et si nous arrivons à ce niveau de conscience de Krishna et apprenons simplement à aimer Krishna, nous pourrons faire du monde entier Vrndavana. »
Extrait de la série de classes sur le Nectar de la dévotion données par Srila Prabhupada en 1972 à Vrndavana.
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Catégories :Faits de société; analyse et solutions, Pour une société éclairée
C’est très juste, merci 🙂
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Merci aussi et quand on répète ce que dit Srila Prabhupada on ne peut qu’être juste. L’union est au niveau de la dévotion à Dieu, à Krishna, pas autrement . Merci encore.
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