Hare Krishna ? Quel intérêt ???

Alors que d’un côté on est plus qu’enthousiaste vis-à-vis de Krishna ; – le nom même de Krishna signifie qu’Il est « infiniment fascinant », que Sa beauté incomparable  « charme des millions de cupidons », que l’écoute de Ses divertissements « ravit le coeur de Ses purs dévots tel un flot continu de nectar », que Sa demeure éternelle de Vrindavan est « un lieu d’extase spirituelle, sans comparaison aucune avec un quelconque autre endroit dans tous les univers matériels comme spirituels », – de l’autre côté c’est l’inverse : aucun attrait pour Krishna, que l’on voit tout au plus comme un personnage historique important ou bien comme l’un des dieux du panthéon hindou ; Ses enseignements ( Bhagavad-gita, Bhagavatam, etc…) comme une philosophie parmi tant d’autres, rien de bien excitant …

Pourquoi une telle différence de comportement vis-à-vis de Krishna? Pourquoi l’un vénère Krishna jusqu’à désirer dédier sa vie à la pratique du service de dévotion quand l’autre l’ignore complètement et considère la conscience de Krishna comme un sujet sans intérêt ?

Dans le passage suivant de l’Upadeshamrita Srila Prabhupada, à travers son commentaire du verset 7,  nous éclaire sur ces questions et de plus, apporte les solutions pour sortir de la condition maladive d’indiférence et de désintérêt vis-à-vis de Krishna.

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L’Upadesamrita

L’enseignement de Rūpa Gosvāmī

 

VERSET 7
syāt kṛṣṇa-nāma-caritādi-sitāpy avidyā-
pittopatapta-rasanasya na rocikā nu
kintv ādarād anudinaṁ khalu saiva juṣṭā
svādvī kramād bhavati tad-gada-mūla-hantrī

TRADUCTION

Les Saints Noms, comme les Divertissements, Attributs et autres traits propres de Kṛṣṇa, sont tous de la douceur d’un sucre sublime. Et bien qu’un homme malade de la jaunisse de l’ignorance ne puisse aprécier sur sa langue cette saveur, n’est-il pas merveilleux qu’il en retrouve le goût naturel, qu’il déracine peu à peu le mal qui l’afflige, par le simple chant attentif, chaque jour, de ces doux Noms.

TENEUR ET PORTEE

Les Saints Noms de Kṛṣṇa, Ses Attributs, Ses Divertissements, comme tout ce qui Lui a trait, participent tous de la nature de la Vérité Absolue, toute de beauté et de félicité. Leur douceur, comme celle du sucre, est intrinsèque et universellement attirante. L’ignorance, on la compare à la jaunisse, mal que causent des sécrétions biliaires. Un homme atteint de jaunisse ne peut savourer le goût du sucre; au contraire, il tiendra toute sucrerie pour amère. Et de même, l’Avidyā, l’ignorance, altère la capacité de l’être à goûter la saveur sublime du Nom, des Attributs, de la Forme et des Divertissements de Kṛṣṇa. Mais si celui qu’a frappé ce mal adopte la Conscience de Kṛṣṇa, s’il s’applique avec grand soin et attention à chanter les Saints Noms de Kṛṣṇa et à écouter Ses Divertissements spirituels et absolus, alors il verra disparaître rapidement son ignorance et pourra de nouveau goûter la douce nature spirituelle de Kṛṣṇa et de ce qui L’entoure. Or, ce retour à la santé spirituelle n’est rendu possible que par un développement constant de la Conscience de Kṛṣṇa. Lorsqu’un homme accorde plus d’intérêt au mode de vie matérialiste qu’à la Conscience de Kṛṣṇa, c’est le signe qu’il se trouve dans un état maladif. Car, sa condition naturelle, son «état normal», est de servir éternellement le Seigneur (jīvera ‘svarūpa’ haya-kṛṣṇera ‘nitya-dāsa’ [Cc. Madhya 20.108]). Cette condition naturelle est altérée lorsque sous l’effet du charme qu’exerce sur lui māyā. —l’aspect externe du Seigneur— il oublie Kṛṣṇa.

Ce monde, royaume de māyā, est qualifié de durāśraya, de «faux, ou mauvais, refuge». Celui qui met sa foi en ce durāśraya entre dans un chemin sans issue. Ainsi voit-on tous les êtres, en ce monde, s’efforcer de trouver le bonheur sans y réussir jamais; bien que chacune de leurs tentatives matérielles se traduise par un échec, ils se montrent incapables, aveuglés par l’ignorance, de comprendre leurs erreurs, de sorte que, cherchant à les réparer, ils en commettent de nouvelles. Voilà comment, en ce monde de matière, se pave la voie de la lutte pour l’existence. Et celui qui se trouve dans ces conditions, si on lui demande d’adopter la Conscience de Kṛṣṇa, et, par là, de trouver le bonheur, déclinera notre requête.

Si nous propageons le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa partout à travers le monde, c’est à seule fin de remédier à cette ignorance grossière. Les hommes dans leur masse sont fourvoyés par des dirigeants aveugles. Et ce qui rend aveugles les dirigeants —politiciens, philosophes et hommes de science— c’est leur inconscience de Kṛṣṇa. La Bhagavad-gītā enseigne que leur ignorance, l’absence en eux de savoir véritable, à cause d’une existence d’athées, de grands pécheurs, les relègue parmi les plus déchus des hommes:

na māṁ duṣkṛtino mūḍhāḥ
prapadyante narādhamāḥ
māyayāpahṛta jñānā-
āsuraṁ bhāvam āśritāḥ

«Les sots, les derniers des hommes, ceux dont le savoir est dérobé par l’illusion, les démoniaques,— ces mécréants ne s’abandonnent pas à Moi.» (B.g., 7.15)

Ceux-là, donc, ne s’abandonnent jamais à Kṛṣṇa, et se dressent contre l’effort de ceux qui aspirent à prendre refuge en Kṛṣṇa. Qu’ils prennent en charge la conduite de la société, et la société tout entière devient lourde d’ignorance. Dans de telles conditions, les hommes n’accueillent plus la Conscience de Kṛṣṇa qu’avec peu d’enthousiasme, guère plus qu’un malade souffrant de jaunisse le goût du sucre. Or, il faut savoir que le sucre est justement le seul remède à la jaunisse. De même, seule la Conscience de Kṛṣṇa, seul le chant des Saints Noms du Seigneur —Hare Kṛṣṇa, Hare Kṛṣṇa, Kṛṣṇa Kṛṣṇa, Hare Hare / Hare Rāma, Hare Rāma, Rāma Rāma, Hare Hare— peut remédier à la confusion où baigne l’humanité présente. Aussi Śrīla Rūpa Gosvāmī recommande-t-il à quiconque désire être guéri du mal matériel qui l’afflige d’y appliquer le remède de la Conscience de Kṛṣṇa, avec soin et attention, même si, précisement en raison de son mal, il ne la trouve pas praticulièrement «savoureuse». Le traitement débute avec le chant du mahā-mantra Hare Kṛṣṇa, lequel a pour effet d’affranchir de tout concept erroné l’être conditionné qui le pratique (ceto-darpaṇa-mārjanam [Cc Antya 20.12]). Or, l’Avidyā, ou méconnaissance, par l’être, de sa propre identité spirituelle, forme, dans le coeur, la base sur laquelle se construit l’ahaṅkāra, le faux ego.

Le véritable siège de la maladie, c’est donc le coeur. Cependant, la fièvre matérielle ne pourra atteindre un être dont le mental et la conscience sont purs. Et pour que le mental et le coeur se purifient de tout concept erroné, il faut pratiquer l’exercice, facile et merveilleusement bénéfique, du mahā-mantra Hare Kṛṣṇa. Le chant des Saints Noms du Seigneur donnera aussitôt de s’affranchir du brasier de l’existence matérielle.

Le chant des Saints Noms comporte trois phases celle dite offensante, celle dite de purification, phase intermédiaire (où l’on réduit les offenses aux Saints Noms), et celle ou le chant devient entièrement pur. Quand un néophyte adopte le chant du mantra Hare Kṛṣṇa, il commet généralement maintes offenses à son endroit. On en compte principalement dix, et si le bhakta les évite, il entrera bientôt dans la phase intermédiaire, entre le chant chargé d’offenses et le chant pur. Ensuite vient la phase de pureté; celui qui l’atteint est aussitôt libéré (bhava-mahā-dāvāgni-nirvāpanam). Hors du brasier de l’existence matérielle, il peut à nouveau apprécier la douce saveur de la vie spirituelle.

La conclusion est que pour se défaire de la fièvre matérielle, il faut adopter le chant du mantra Hare Kṛṣṇa. Le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa est précisément fait pour offrir à l’homme les conditions favorables au chant des Saints Noms. Qu’on développe d’abord sa foi, puis qu’on l’affermisse par le chant des Saints Noms, alors on obtient qualité pour s’intégrer au Mouvement. Nous envoyons, dans le monde entier, des groupes de bhaktas en saṅkīrtana; or, ils constatent que même dans les régions les plus reculées du globe, où personne n’a jamais entendu parler de Kṛṣṇa, le chant du mahā-mantra Hare Kṛṣṇa incite des milliers d’hommes à nous rejoindre. En certains endroits, on voit les habitants se raser la tête et chanter le mahā-mantra, imitant les bhaktas, seulement quelques jours après avoir entendu le mantra. Même s’il ne s’agit que d’imitation, n’oublions pas qu’imiter une bonne chose est toujours souhaitable. Certains en viennent ainsi, graduellement, à désirer recevoir l’initiation du maître spirituel et à lui en faire la demande.

L’être sincère obtient d’être initié; cette étape porte le nom de bhajana-kriyā. C’est là qu’on s’engage vraiment dans le service du Seigneur, par le chant suivi du mahā-mantra —seize tours de japa-mālā chaque jour— et par l’abandon de toute vie sexuelle illicite, comme des excitants et substances enivrantes, de la consommation de chair animale et des jeux de hasard. La de bhajana-kriyā permet d’échapper à la souillure de l’existence matérielle. Ainsi l’initié ne fréquente-t-il plus les restaurants pour y goûter des viandes revenues aux oignons, et autres mets «savoureux», pas plus qu’il ne manifeste le désir de fumer ou de boire thé ou café. Non content de mettre un terme aux activités sexuelles illicites, il renonce à toute vie charnelle. Et il n’éprouve aucun désir de gaspiller son temps en vaines spéculations ou à des jeux de hasard. On peut ainsi comprendre qu’il se purifie, se détache de toutes choses indésirables (anartha-nivṛtti). Dès que l’on s’attache à la Conscience de Kṛṣṇa et au Mouvement qui la répand, tous les anarthas, ou éléments indésirables, disparaissent. Après s’être ainsi défait de tous ces anarthas, l’être s’établit avec fermeté dans l’accomplissement de ses devoirs à l’intérieur de la Conscience de Kṛṣṇa. De fait, il s’y attache, et goûte ainsi à l’extase que procure le service de dévotion. C’est ce qu’exprime le mot bhāva, signifiant le prélude à l’éveil de notre amour latent pour Dieu. Voilà comment les âmes conditionnées s’affranchissent de l’existence matérielle et perdent tout intérêt pour les choses matérielles, liées au corps: richesses, connaissances et objets d’attraction matériels de toutes sortes. Alors peut-on réaliser qui est le Seigneur Suprême et ce qu’est Sa māyā.

Māyā, même présente, ne peut importuner le bhakta qui a atteint le niveau du bhāva, car il peut voir la vraie nature de māyā. Par māyā, il faut entendre l’oubli de Kṛṣṇa. Or, l’oubli de Kṛṣṇa et la conscience de Kṛṣṇa se tiennent côte-à-côte, comme l’ombre et la lumière. Celui qui demeure dans l’ombre se prive des bienfaits que pourrait lui conférer la lumière, mais comment celui qui demeure dans la lumière serait-il gêné par l’obscurité de l’ombre ? Adoptant la Conscience de Kṛṣṇa, l’être se libère peu à peu et s’installe dans la lumière; au vrai, rien de lui n’est plus dans l’obscurité. Ce que confirme le Caitanya-caritāmṛta (Madhya 22.31):

kṛṣṇa—sūrya-sama; māyā haya andhakāra
yāhāṅ kṛṣṇa, tāhāṅ nāhi māyāra adhikāra

« Kṛṣṇa est semblable au soleil, māyā aux ténèbres. Là où brille le soleil, il ne saurait y avoir d’obscurité ; de même, dès que l’on adopte la Conscience de Kṛṣṇa, les ténèbres de l’illusion, l’influence de l’énergie externe, s’évanouissent aussitôt » (C.c., Madya, 22, 31).



Catégories :La voie et la pratique du bhakti-yoga, Le mantra Hare Krishna

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