Du pain et des jeux

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Nous n’avons pas besoin de la coupe du monde mais de l’argent pour les hopitaux et l’éducation

Avec le coup d’envoi aujourd’hui de la coupe du monde de football 2014 au Brésil, j’ai trouvé sur le net cette réflexion pertinente de Cyp :

Donner leur du pain et des jeux

Déjà, dans L’Empire  Romain, le poète Juvénal disait que pour gouverner, il fallait donner au peuple « pain et Jeux » (traduction de « Panem et circenses »). Ainsi, le peuple pouvait se nourrir et se divertir. On assistait alors à une Paix sociale mettant ainsi le peuple hors du jeu politique, et évitant conflits, révoltes, soulèvements.

Aujourd’hui, dans notre société actuelle, on assiste à peu de chose près au même cas de figure. Les divertissements sportifs (coupe du monde de football, rugby…), les divertissements télévisés (émissions, jeux, téléréalité…) remplacent cette fausse aux lions.
De la même façon, les jeux vidéo, Internet et les réseaux sociaux virtuels occupent et distraient les esprits ; ils peuvent être comparés aux jeux des Romains, dans le but de calmer les peuples.

Téléspectateurs comme internautes, figés et hypnotisés devant leur écran, sont ainsi loin de la réalité politique, de la misère, de la corruption, du jeu de pouvoir. Consommation, marketing, propagande, et sur-médiatisation alimentent leur plaisirs fictifs, créant ainsi une société de spectacle. Pire encore, ces nouveaux moyens de communications endorment cette société de spectacle qui réclame elle-même davantage de distractions.

Comme le dit si bien Guillaume de Thieulloy, « la communication a bien plus d’importance que le discours », cette nouvelle communication serait-elle un leurre ? Sommes-nous esclaves ou victimes de nos propres exigences ?

Dans le même ordre d’idées, et pour poursuivre la réflexion plus avant encore, jusqu’au niveau spirituel de la conscience de Krishna, j’ai retenu l’extrait suivant de la série « L’extase de servir Krishna » sur l’importance de la forme humaine et le fait de la gâcher en « plaisirs fictifs » :

1) Le don précieux de la forme humaine

Au « niveau sensoriel » de l’agir, l’être ne cherche qu’à satisfaire ses sens matériels (1) . C’est le niveau que l’on qualifie de primaire ou d’animal . L’animal ne recherche, à travers toute son existence, qu’à satisfaire les demandes de son corps. Ainsi, toute sa vie durant, son unique but sera de combler les quatres nécessités corporelles de l’existence : manger, dormir, s’accoupler et se défendre. C’est pourquoi, les Ecritures védiques condamnent tout être humain (et ils sont légions malheureusement dans cet âge !) qui, jouissant du privilège unique de posséder une forme humaine, vit malgré tout comme un animal, se contentant, toute sa vie durant, de pourvoir à ces quatre besoins corporels. Lorsque l’être vivant, après avoir transmigré à travers les 8 400 000 formes matérielles (espèces végétales, espèces d’insectes, espèces aquatiques, etc..) obtient finalement de renaître sous une forme humaine, celle-ci représente pour lui une véritable chance. Pourquoi? Parce que seule la forme humaine permet de comprendre Dieu, de mettre un terme au cycle des morts et renaissances répétées et de retourner dans sa demeure originelle, le monde spirituel, afin d’y jouir d’une existence éternelle de réelle félicité. Selon les Vedas, la forme humaine est particulièrement destinée à la réalisation spirituelle et représente pour l’être vivant une opportunité unique d’atteindre à la libération (mukti). C’est pourquoi le premier aphorisme du Vedanta-sutra stipule «  »athāto brahma jijñāsā »: « A présent (que l’on a obtenu une forme humaine), le temps est venu de s’enquérir de la Vérité Absolue ».

Malheureusement, la quasi-totalité des hommes dans cet âge de Kali, sont inconscients du privilège unique que représente la forme humaine. Dans cet âge d’infortune, l’être humain devient une proie facile pour mâyâ, l’énergie d’illusion du Seigneur. Ainsi, perd-il conscience de la valeur unique du temps, et devient-il versé dans l’art de gâcher celui-ci. La société des loisirs lui en fournit mille et une opportunités. Que ce soit à travers les jeux vidéos, les sports, la télévision, les films, l’internet, la musique, la lecture de romans, magazines, journaux, etc….Les opportunités ne manquent pas! Srila Bhaktisiddhanta avait l’habitude de dire que la société actuelle, fondée sur la recherche du plaisir des sens, était composé de deux sortes d’hommes,   » les trompeurs et les trompés » . Autrement dit, dans la société actuelle, un véritable jeu de dupes se joue. Le domaine des loisirs, par exemple, en est une trés belle illustration et le domaine des jeux vidéos en particulier. Les concepteurs de jeux vidéos travaillent ardemment à l’élaboration de jeux, toujours et encore plus captivants pour les joueurs, alimentant toujours et encore plus chez eux, la fièvre du jeux. Et ainsi, « un jeux réussi », est un jeu auquel le joueur devient vite trés attaché (et même souvent « accro », surtout avec les jeux en réseau), et s’immerge totalement dedans, jusqu’à en perdre même la notion du temps. Mais qu’on en ait conscience ou pas, le temps s’écoule, et notre précieuse vie humaine avec, et ce qui est certain, en tout cas, est que la société des loisirs a occulté la valeur du temps.

Dans l’âge actuel, l’âge de Kali, le domaine des sports est une autre domaine dans lequel l’homme excelle à gâcher son temps et par là même, sa vie humaine (2) . Ainsi, dans la sphère du football, peut-on voir communément des « êtres humains » passer plus de vingt ans de leur vie sur un terrain de football à courir après un ballon, ( et certains sont même grassement payés pour cela) et d’autres « êtres humains », passer un temps considérable, dans les tribunes ou devant la télévision, à les regarder courir, attendant fiévreusement l’instant suprême où le ballon gagnera le fond du filet. Tout cela est particulièrement pathétique lorsque l’on sait qu’il aura fallu des millions d’années à tous ces êtres avant d’atteindre la forme humaine, et que parvenus finalement à celle-ci, ils ne trouvent rien de mieux que de consacrer tellement de  temps à courir, ou à regarder les autres courir, après un ballon ! Tout cela est certainement dû à l’action âvaranâtmikâ de mâyâ, laquelle a pour fonction de recouvrir l’intelligence des êtres vivants (3) .



Catégories :Pour une société éclairée

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