Chaque être vivant, selon son karma, ses désirs et ses actes passés, reçoit un type de corps particulier, allant de celui de Brahma jusqu’à celui d’un microbe nageant dans les excréments. Du fait d’un contact prolongé avec un corps matériel donné, et grâce à maya, l’être s’attache considérablement au corps et ce, bien que ce dernier soit pour lui une source de douleur. En effet, même si l’on tente de séparer un ver des excréments où il nage, il voudra obstinément y demeurer. De même, le porc se plaît généralement en des lieux infects, et se nourrit d’excréments, mais si on veut le faire quitter cet endroit pour un lieu propre il s’y refusera.. Si nous étudions tous les êtres en ce monde, nous verrons que chacun d’eux refuse d’échanger ses conditions d’existence pour d’autres, même plus confortables… Autrement dit, l’être vivant – quelle que soit sa condition – refuse de quitter son corps. Il y sera tout de même contraint car, tout compte fait, le corps matériel ne peut exister pour toujours.
L’être conditionné souhaite jouir de l’univers matériel de diverses manières, ce à quoi les lois de la nature répondent en le faisant transmigrer d’un corps à un autre, tout comme l’on passe du corps d’un enfant à celui d’un jeune homme, puis celui d’un adulte. Ce processus est continu, mais une fois parvenu à l’étape ultime, quand le corps grossier fléchit sous le poids de la vieillesse, l’être répugne à abandonner ce corps, même s’il est désormais inutilisable. Mais si l’existence matérielle et le corps de matière n’ont rien de confortables, pourquoi l’être ne veut-il pas les quitter ? C’est que dès qu’il reçoit un corps matériel, l’être doit peiner pour subvenir à ses besoins (1). Il peut, pour cela, emprunter diverses voies d’action, mais quelles qu’elles soient, tous les hommes doivent peiner pour subvenir aux besoins du corps matériel. Malheureusement, la société n’est nullement informée sur la transmigration de l’âme. Étant donné que l’être vivant ignore qu’il peut accéder au royaume spirituel où l’attend une vie éternelle, toute de félicité et de connaissances, il souhaite demeurer dans son corps actuel, même si celui-ci devient inutilisable. Aussi la plus grande œuvre de bienfaisance en ce monde matériel consiste-t-elle à contribuer à l’expansion du Mouvement pour la Conscience de Krishna.
Ce Mouvement offre aux hommes la connaissance du royaume de Dieu. Dieu existe, Krishna existe, et il est donné à tous les hommes de retourner à Lui pour vivre éternellement dans la félicité et la connaissance. Un être conscient de Krishna ne craint donc pas d’abandonner son corps car il est toujours situé à un niveau spirituel, éternel. En effet, il offre au Seigneur un service d’amour éternel ; c’est pourquoi, tant qu’il vivra dans son corps, il sera heureux de servir le Seigneur, et lorsqu’il quittera son enveloppe charnelle, il demeurera à jamais établi dans le service divin. Les saints bhaktas sont toujours sans attaches, libérés, alors que les karmis, qui n’ont aucune connaissance de ce qu’est la vie spirituelle ou le service d’amour absolu offert au Seigneur, craignent beaucoup d’abandonner leur carcasse.
-Srimad-Bhagavatam 4.20.10 –
(1) Lorsque l’on travaille très dur au maintien de quelque chose on y devient certainement très attachée. Mais en même temps, cette chose – en l’occurence ici le corps matériel – étant inulectablement voué à la destruction, il est aussi impératif de s’en détacher grâce à la connaissance spirituelle et à la pratique de la conscience de Krishna.
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