Ce sont les dons de la nature qui rendent une société prospère, et non les vastes entreprises industrielles. Ces dernières sont les produits d’une civilisation athée; elles ont pour effet de faire oublier à l’homme les nobles but de son existence. Plus l’homme fait s’accroître leur nombre, plus il se vide de son énergie vitale; et si ces entreprises permettent à un petit nombre de vivre, par tyrannie, dans la plus grande aisance, les hommes dans leur masse n’y trouvent qu’agitation et frustration, toujours grandissantes. Sur ordre de l’Etre Suprême, la nature matérielle fait aux hommes d’innombrables présents: céréales, fruits et légumes, rivières, eaux limpides, montagnes riches en joyaux et en minéraux, océans où foisonnent perles et pierres précieuses; selon le désir du Seigneur, ces ressources sont tantôt abondantes, tantôt restreintes. Selon les lois naturelles, l’homme doit apprendre à tirer parti de ces dons divins pour prospérer jusqu’à pleine satisfaction, sans toutefois se laisser captiver par le désir de dominer et d’exploiter la nature matérielle, chose d’ailleurs impossible. En effet, plus nous cherchons à pressurer la matière en vue d’étancher notre soif égoïste et capricieuse de plaisir, plus nous nous empiégeons dans les conséquences de nos actes. Pourquoi, dès lors, quand la nature produit suffisamment de céréales, de fruits, de légumes et d’herbes, enfreindre ses lois et ouvrir des abattoirs? Pourquoi faire périr de pauvres bêtes, et ainsi courir le risque de connaître, vie après vie, un sort identique? Nul besoin pour l’homme de tuer des animaux et d’en consommer la chair quand les aliments végétaux s’offrent à lui en quantité suffisante. L’eau des rivières fertilise les terres au point que celles-ci produisent plus que ce dont l’homme a besoin pour sa subsistance; les montagnes recèlent des minéraux et les océans produisent naturellement des gemmes. Pourquoi donc l’homme, riche de céréales, de minéraux, de pierres précieuses, d’eau, de lait, etc., voudrait-il de ces monstrueuses entreprises industrielles, qui tournent grâce au labeur d’infortunés? Cependant, nous dépendons de la miséricorde du Seigneur pour l’obtention de ces dons naturels. Notre rôle est donc d’obéir aux lois de Dieu, cela en vue d’atteindre, par la pratique du service de dévotion, la perfection de la vie humaine. Les prières de Kuntidevi étaient donc on ne peut plus appropriées: elle souhaitait que Dieu continue de répandre Sa grâce sur tous les habitants du royaume pour que leur prospérité naturelle ne connaisse pas de fin.