Il n’y a pas d’amour dans ce monde matériel

Srîla Prabhupâda sans détours


Il n’y a pas d’amour dans ce monde matériel


 Cette conversation entre Srila Prabhupada et un de ses disciples a eu lieu à Montréal en Octobre 1968.

Le disciple: Swamiji, la littérature et les films indiens ont souvent pour sujet l’amour romantique. Mais dans la littérature religieuse indienne, il ne me semble pas qu’il y ait de place pour l’amour romantique. C’est soit l’amour divin, ou bien, comme vous dites, « celui des chiens et des chats » (1).  » Pensez-vous qu’il y a une place pour l’amour romantique au sein..? »

Srila Prabhupâda: Oui.

Le disciple: Comment cela?

Srila Prabhupâda: On le trouve dans le monde spirituel, pas dans ce monde matériel. Dans ce monde matériel il n’y a pas d’amour mais seulement de la convoitise. « On arrange ses petites affaires  » et on appelle ça « l’amour ». Dans le monde matériel,  il ne peut y avoir d’amour. Supposons qu’une fille aime un garçon ou qu’un garçon aime une fille. Tous les deux sont animés par la recherche de la satisfaction des sens. Ce n’est donc pas de l’amour. Quand il est question de satisfaire ses sens, ce n’est pas de l’amour. Tout comme l’exemple d’une mère qui aime son enfant; il n’est pas question pour elle de rechercher la satisfaction des sens. « L’amour pour l’amour », la mère aime son enfant, tout simplement. Mais ce n’est qu’un petit aperçu (2). De même, l’amour signifie que je vous aime sans rien attendre en retour. (Même sans rien en retour) je vous aime quand même. Vous pouvez me maltraiter, vous comporter mal avec moi, me négliger, je vous aime quand même. Il n’est pas question d’attendre quoi que ce soit en retour. Tel est le véritable amour. Il est impossible de trouver un tel amour dans ce monde matériel.

L’amour entre garçon et fille trouve sa raison d’être dans la satisfaction des sens, et dès qu’il y a le moindre conflit, ils divorcent. Ils se séparent car leur relation avait pour fondement la convoitise. Il n’y a donc pas d’amour. Nous ne savons pas ce qu’il faut entendre par « amour ».

L’amour cela ne veut pas juste dire qu’un garçon est attiré par une fille ou une fille est attirée par un garçon. Ce n’est pas de l’amour, c’est de l’attirance physique. Ainsi, dans le monde matériel, il n’y a pas d’amour. C’est impossible. Il en existe un petit aperçu – que j’ai déjà cité précédemment -, au travers de la relation entre mère et enfant. Et cette relation aussi est temporaire. Mais le véritable amour se trouve dans le monde spirituel: il s’agit de la relation qui unit Radha et Krishna. Voilà le véritable amour !

Il n’existe pas de séparation, pas d’infidélité,  pas de divorce, pas d’attirance sexuelle (3) . Aimer pour aimer, tout simplement, tel est le véritable amour.

Le disciple: Mais dans la grande littérature, la convoitise n’est pas définie comme de  l’amour. L’amour est plutôt présenté comme quelque chose qui a à voir avec l’affinité spirituelle ou la communication ou… En d’autres mots, il y a une place pour l’amour romantique comme étant distincte de la convoitise car la convoitise est plutôt primaire.

Srila Prabhupâda: L’amour romantique se trouve dans le monde spirituel avec Radha-Krishna. Tel est l’origine de l’amour romantique. Et ici (dans ce monde matériel), nous nous efforçons de Les imiter mais nous sommes influencés par la convoitise. C’est une parodie, une illusion, un reflet dénaturé. Ainsi, en fait, la conscience de Krishna veut dire que nous essayons d’atteindre à l’état d’amour véritable, d’échange d’amour véritable.

On peut illustrer cela par un exemple. Lorsque l’on est malade il devient impossible de profiter d’un bon repas. Malgré tout, le docteur nous prescrit une certaine diète: « Vous mangerez telle ou telle chose. » Le malade s’alimente certes mais il n’en éprouve pas de grand plaisir. Le plaisir d’un bon repas est possible seulement lorsque l’on est en bonne santé, et non pas quand on est malade.

Ainsi, notre condition actuelle est celle d’un malade. Pourquoi devons-nous mourir? Parce que nous sommes malades. Pourquoi devons-nous vieillir? Parce que nous sommes malades. Tout cela provient du corps matériel car, en réalité, je suis une âme spirituelle. (Dans ma condition saine d’existence, en tant qu’âme spirituelle), jamais je ne vieillis, ni ne tombe malade, mais étant tombé dans l’existence matérielle, je dois en subir la contamination.

Je pense alors être malade. C’est ce qu’on appelle « mâyâ« . Tout comme dans un rêve où j’ai l’impression d’être dévoré par un tigre. Je crie alors: « un tigre me dévore! Sauvez-moi! ». Mais il n’y a pas de tigre. Cela s’appelle « une illusion, ou mâyâ ». Mais aussi longtemps nous aurons ce corps, comme aussi longtemps que nous ferons des rêves, nous devrons en subir les effets, même si c’est une illusion.

Un homme hurle pendant qu’il rêve  » Il y a un tigre ! » En réalité, il n’y aucun tigre; et encore moins pour le dévorer. Mais parce qu’il est victime d’une hallucination, il souffre. C’est un fait réel. Ainsi, tout le processus (de la conscience de Krishna) consiste à mettre un terme à cette illusion due à la contamination du corps. Nous goûterons alors à la vraie vie et nous pourrons comprendre ce qu’est l’amour, goûter à de véritables échanges, tout.

C’est la véritable vie, une vie saine (4). La vocation de cette forme humaine est de nous aider à sortir de cette illusion pour s’établir dans la vie spirituelle. C’est ce que nous venons de discuter. Mais si, au lieu de tirer avantage de cette vie humaine, nous nous conduisons comme des animaux, se contentant de manger, dormir, s’accoupler et se défendre, nous gâchons  notre chance.

Tant que nous possédons une intelligence humaine, nous devons l’utiliser pour atteindre la plus haute perfection de l’existence. C’est la conscience de Krishna.

(1) « Celui des chiens et des chats »:  Au niveau matériel, l’amour est fondé sur la recherche du plaisir des sens. Et cet état de chose – bien que d’une manière plus raffinée chez l’être humain -, est commun aux êtres humains, comme aux chats et aux chiens.

(2) « Ce n’est qu’un petit aperçu » ; Srila Prabhupada a plusieurs fois expliqué que l’amour d’une mère pour son enfant était, de par sa nature désintéressée, ce qui se rapprochait le plus dans ce monde matériel de l’amour de Dieu, tel que manifesté par un pur dévot vis-à-vis du Seigneur. Toutefois, étant de nature matériel, outre le fait que cet amour reste temporaire, il n’est également pas complètement et parfaitement désintéressé comme l’est l’amour de Dieu dans sa forme achevée.

(3) « Il n’existe pas d’attirance sexuelle »; dans le monde matériel les relations amoureuses sont fondées sur la recherche du plaisir des sens, dont en premier lieu, la recherche du plaisir sexuel. Au niveau spirituel il en est tout autrement, l’amour n’est pas fondé sur l’attirance sexuelle mais bien sur l’amour de Dieu, débarrassé de toute motivation personnelle (la recherche du plaisir sexuel et de quelconque avantage matériel). Autrement dit le dévot recherche uniquement le plaisir de Krishna, et non le sien, et ainsi, le plaisir de Krishna devient le sien. Cette position totalement désintéressée dans l’amour pur de Dieu fait que le dévot n’est pas en manque de plaisir mais au contraire éprouve beaucoup plus de plaisir (un plaisir transcendant et spirituel) que le matérialiste (karmi) ou même le spiritualiste impersonnaliste.

(4) « une vie saine »; Srila Prabhupada poursuit son analogie:  « vie matérielle dans un corps matériel = vie maladive; vie spirituelle dans un corps spirituelle = vie saine  »



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1 réponse

  1. Tout simplement MERCI

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