Le chasseur repenti- 1ère Partie

 

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 La chasse est considérée, surtout en France, comme un loisir important et lorsque je vais faire une promenade en chantant mon  japa, je croise souvent des chasseurs avec leurs chiens, le fusil pointé, à l’affût d’animaux à abattre : lièvres, faisans, perdreaux  volatiles divers et aussi chevreuils. De générations en générations « le plaisir de chasser » se transmet et la pratique de la chasse est considérée comme un loisir sain et agréable – la marche et le grand air.

L’histoire suivante, extrait du Caitanya caritamrita (un grand classique de la littérature védique, traduction et teneur et porté de Srila Prabhupada), relatent l’histoire du chasseur Mrigari. L’histoire relate la rencontre de Mrigari avec le sage Narada Muni et son repentir pour avoir tuer sans nécessité des animaux. Bien sûr, ce chasseur ne ressemble pas exactement à ceux que l’on rencontre dans nos campagnes. Il ne porte pas leurs habits et leurs bottes et chasse avec un arc et des flèches plutôt qu’avec un fusil mais les enseignements que contiennent son histoire sont quant à eux au-delà du temps.

Jagadananda  pour « Retour à Krishna »

Un jour, le grand sage Narada, après avoir rendu visite au Seigneur Narayana, sur les planètes Vaikunthas, se rendit à Prayaga pour se baigner au confluent du Gange, de la Yamuna et de la Sarasvati. 

Sur le sentier qu’il empruntait à travers la forêt, Narada Muni vit un daim gisant au sol, transpercé d’une flèche. Ses pattes étaient brisées et il se tordait de douleur.

Un peu plus loin, Narada Muni vit un sanglier transpercé d’une flèche. Les pattes brisées, il se tordait lui aussi de douleur. naradaEncore un peu plus loin, Narada Muni vit un lapin en proie aux mêmes souffrances. Le sage eut le coeur brisé de voir des êtres vivants souffrir de la sorte. Poursuivant son chemin, Narada Muni vit cette fois un chasseur derrière un arbre. Ce chasseur était armé de flèches, et s’apprêtait à tuer encore plus d’animaux.

Le chasseur avait le corps noirâtre, ses yeux étaient rougeoyants et il avait l’air féroce. Il semblait que Yamaraja,le maître de la mort en personne, était là, armé d’arcs et de flèches. Lorsque Narada Muni quitta le sentier pour s’approcher du chasseur, tous les animaux s’enfuirent dès qu’ils le virent. Voyant tous les animaux s’enfuir, le chasseur voulut injurier Narada, mais l’influence du sage, le rendit incapable d’émettre le moindre mot grossier.

Le chasseur s’adressa à Narada Muni: « O Gosvami! O grand sage! Pourquoi t’es-tu éloigné du chemin principal pour venir me voir? Dès qu’ils t’ont vu, tous les animaux que j’étais en train de chasser se sont enfuis. Narada Muni répondit: « Quittant le chemin principal, je suis venu éclaircir un doute qui m’a traversé l’esprit. Je me demandais si tous les sangliers et les autres animaux que j’ai vus à moitié tués sur le chemin sont bien tes proies? »

Le chasseur répondit: « Oui , c’est vrai. » Narada Muni demanda alors: « Pourquoi n’as-tu pas tué ces animaux complètement? Pourquoi les as-u à moitié tués en leur transperçant le corps de flèches? » Le chasseur répondit: « Sage vénéré, mon nom est Mrigari, l’ennemi des animaux. Mon père m’a appris à tuer de la sorte. Lorsque je vois des animaux à moitié tués souffrir, je ressens au fond de moi un grand plaisir. »

Narada Muni dit alors au chasseur. « J’ai une chose à te demander. » Le chasseur répondit: « Sers toi, prends tout le gibier que tu veux, ou tout ce que tu peux désirer. J’ai de nombreuses peaux, si tu les aimes. Viens chez moi, je te donnerai soit une peau de daim, soit une peau de tigre. » Narada Muni répondit: « Je ne veux pas de ces peaux. Il y a une seule chose que j’aimerai te demander en charité. Je t’implore, à partir d’aujourd’hui, de tuer les animaux complètement et de ne pas les laisser à moitié morts. »

Le chasseur répondit: « Que me demandes-tu là? Qu’y a-t »il de mal à tuer à moitié les animaux? Explique-moi cela, je t’en prie! » Narada Muni répondit: « Si tu laisses les animaux à moitié morts, tu les fais souffrir intentionnellement. Tu devras donc toi aussi souffrir de la même façon par mesure de représailles. (la loi du karma)

Voilà une affirmation incontestable venant de la plus grande autorité, Narada Muni. Faire souffrir inutilement un autre être vivant vaut d’être à coup sûr puni par les lois de la nature en ayant à subir une souffrance équivalente. Le chasseur Mrigari avait beau être un primitif, il aurait quand même à souffrir des conséquences de ses péchés. Que dire, alors, de l’homme civilisé qui tue régulièrement tant d’animaux dans les abattoirs pour maintenir sa prétendue civilisation, se servant de méthodes scientifiques et de machines sophistiquées! On ne peut estimer les souffrances qui l’attendent! Les hommes soi-disant civilisés se considèrent très avancés dans le domaine de l’éducation, mais ils ne connaissent rien des lois rigoureuses de la nature. Les lois de la nature veulent que quiconque ôte la vie se voit ôter la sienne. Il est difficile d’imaginer les souffrances qui attendent les propriétaires d’abattoirs, non seulement dans cette vie-ci mais dans la prochaine. Ni vivre ni mourir n’est souhaitable à un chasseur ou à un meurtrier. S’il vit, ses actes pécheurs continuent de s’accumuler et lui préparent une prochaine vie plus remplie encore de souffrances. S’il meurt, il commence immédiatement à subir son châtiment. Voilà pourquoi il lui est recommandé de ne pas vivre, ni mourir.

En tant qu’adeptes des principes védiques, nous acceptons tout à fait les propos de Narada Muni dans ce domaine. Il va de notre devoir de veiller à ce que personne ne souffre à cause de ses actes pécheurs. La Bhagavad-gita désigne les esprits fourbes à l’esprit obscurci du nom de mayayapahrita-jnanah, expression indiquant que, bien que superficiellement instruits, leur savoir leur est extorqué par maya, l’illusion. De telles personnes sont de nos jours à la tête de la société. Le Srimad-Bhagavatam les décrit de la façon suivante: andha yathandhair upaniyamanah – des aveugles conduisant d’autres aveugles. Ceux qui suivent de tels dirigeants devront eux aussi connaître des souffrances illimitées dans le futur. Et tout cela a lieu malgré le prétendu progrès de la société. Qui peut se dire en sécurité? Qui peut se dire heureux? Qui ne connaît jamais aucune anxiété?

 

Narada Muni continua: « Cher chasseur, ton métier est de tuer des animaux. Cela constitue une moindre offense de ta part, mais lorsque consciemment tu les fais souffrir inutilement en ne les tuant qu’à moité, tu te rends coupable d’un très grave péché. »

Il s’agit là d’une autre bonne instruction que donne Narada Muni aux tueurs d’animaux. Tueurs et mangeurs de viande ont toujours existé au sein de la société humaine, car les êtres non civilisés sont habitués à manger de la viande. durga.jpgDans la culture védique, il est conseillé aux mangeurs de chair de tuer un animal pour la déesse Kali (voir image ci-contre) ou quelque autre deva similaire, dans le but de ne pas causer de souffrances inutiles à l’animal, comme c’est la pratique dans les abattoirs. Dans le sacrifice balidana, offert à un deva, il est recommandé de trancher d’un coup la gorge de l’animal, une nuit sans lune, et il faut que personne ne puisse entendre les cris de douleur de l’animal au moment où il est tué. Il existe aussi de nombreuses autres restrictions. L’abattage d’un animal n’est permis qu’une fois par mois, et le tueur devra dans sa prochaine vie connaître des souffrances équivalentes. De nos jours, les hommes soi-disant civilisés ne sacrifient pas d’animaux à une divinité, de façon religieuse ou rituelle. Publiquement, ils tuent chaque jour des milliers d’animaux pour la seule satistaction de la langue. C’est pour cette raison que le monde entier souffre de tant de façons: les politiciens engagent les hostilités sans raison et, de par les lois rigides de la nature matérielle, les nations se massacrent entre elles.

prakriteh kriyamanani
gunaih karmani sarvasah
ahankara-vimudhatma
kartaham iti manyate

 

« Sous l’influence des trois gunas, l’âme égarée par le faux ego croit être l’auteur de ses actes, alors qu’en réalité, ils sont accomplis par la nature ».    Bhagavad-gita (3.27)                                 

Nous devons prendre à coeur cette instruction de Krishna et marcher sur les traces de Narada Muni, dans la filiation spirituelle. Si nous nous abandonnons simplement aux pieds pareils-au-lotus de Krishna et prenons au sérieux le Mouvement pour la Conscience de Krishna, nous pourrons nous libérer du karma engendré par nos péchés. Si nous sommes suffisamment intelligents, nous nous consacrerons au service d’amour du Seigneur. Alors, nous ferons de notre vie un succés et n’aurons pas à souffrir, comme ce chasseur, vie après vie. Tuer des animaux nous privera non seulement de la forme humaine dans notre prochaine vie, mais nous forcera à revêtir un corps d’animal et à être tués par le même genre de bête que celui que nous avons tué. Telles sont les lois de la nature (les lois du karma). Le mot sanskrit mamsa veut dire « viande ». Il est dit: mam sah khadati iti mamsah, ce qui veut dire: « Je mange maintenant la chair d’un animal qui dans le futur mangera la mienne. » 

Le chasseur admit que ses actes étaient pécheurs et dit: « On m’a enseigné cette façon de faire depuis ma tendre enfance. Je me demande bien maintenant comment me libérer des quantités innombrables de péchés que j’ai commis jusque-là. »

 

Cette sorte de repentir est très bénéfique tant que l’on ne récidive pas. La tromperie et l’hypocrisie ne sont pas tolérées par les autorités supérieures. Si l’on comprend ce qu’est le péché, il faut cesser de s’y adonner, en toute sincérité, le regretter, et s’en remettre aux pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême, par l’intermédiaire de Son représentant, le pur dévot. Ainsi peut-on se libérer des réactions pécheresses et progresser dans le service de dévotion. Par contre, si l’on continue à pécher après s’être repenti, il n’est aucune chance de salut. Dans les sastras, un tel repentir est comparé au bain de l’éléphant. L’éléphant prend un bain complet et se nettoie méticuleusement le corps, mais dès qu’il sort de l’eau, il aspire avec sa trompe la poussière du rivage et s’en jette sur tout le corps. Quelqu’un peut faire preuve d’un grand repentir, mais s’il continue de péchér, ce repentir ne lui sera d’aucune aide. C’est pourquoi le chasseur reconnut dans un premier temps ses péchés devant le sage Narada Muni et lui demanda ensuite comment s’en libérer.

     Deuxième Partie     « Le  chasseur repenti« 



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