Sur le chemin du bonheur véritable – n°1

Sur le chemin
du  bonheur véritable

bliss1

Par Jagadananda das

Dans le dictionnaire on trouve la définition suivante du bonheur :

« Etat de la conscience pleinement satisfaite » Le Petit Robert , » Etat de complète satisfaction »Larousse.

Séduit par un idéal de vie si élevé – un état de complète satisfaction -, rares sont ceux et celles qui n’ont jamais été captivés, voir fascinés par le thème du bonheur. Et pourtant, parce qu’il leur semble aussi attirant qu’inaccessible les hommes l’ont traité souvent à travers les âges avec défiance et incrédulité. Ils l’ont relégué souvent au rayon des utopies, des rêves inaccessibles et des mythes de l’humanité. Il suffit pour s’en convaincre de lire les citations des écrivains et philosophes de renom à travers les âges sur ce thème du bonheur. On est frappé par le scepticisme et le désabusement qu’ils manifestent vis-à-vis de l’idéal du bonheur:

« Le bonheur humain est composé de tant de pièces qu’il en manque toujours »  – Bossuet –

« Bonheur: un mot fragile, évanescent, léger surtout »  – Philippe Delerm –

« Le bonheur n’est jamais immobile; le bonheur c’est le répit dans l’inquiétude. »  – André Maurois –

« Le malheur est le père du bonheur de demain »  – Albert Cohen –

 » Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente » – Jules Renard, Journal –

« On n’est pas heureux: notre bonheur, c’est le silence du malheur »  – Jules Renard, Journal – 

A la lecture de ces quelques citations on constate rapidement que la définition du bonheur, telle que citée au début – état de complète satisfaction -, reste lettre morte. Mais doit-on s’en étonner? Les différents écrivains, sages et philosophes qui ont écrit sur le bonheur avaient raison de présenter le thème du bonheur avec scepticisme et leurs conclusions rejoignaient en cela celles des Ecritures Védiques selon lesquelles il est impossible de goûter au véritable bonheur dans le monde matériel.

Ainsi, toute personne qui aspire au bonheur véritable ou s’efforce de l’atteindre dans ce monde matériel, est, selon l’autorité des Ecritures Védiques et des Acharyas qui les incarnent, dénuée de véritable intelligence. Srila Prabhupada, le Fondateur-Acharya du Mouvement Internationale pour la Conscience de Krishna (l’ISKCON), éclairé par la connaissance absolue était naturellement rempli de compassion face à la souffrance des âmes dominées par l’ignorance et la passion. Il était toujours désireux de trancher le noeud des attachements matériels qui enchaînent nos coeurs depuis des temps immémoriaux. Dans la conversation suivante, au cours d’une promenade matinale à Durban en 1975 en compagnie de ses disciples, Prabhupada utilise un langage cru et tranchant pour  dissiper tout doute possible face à la question du bonheur dans le monde matériel, et    nous permettre ainsi de nous tourner enfin vers la véritable source du bonheur ( voir « Sur le chemin du bonheur véritable – deuxième partie.).

PREMIERE PARTIE :

« L’imbécile heureux »

Harikesa :(jouant le rôle d’un citoyen ordinaire): …En ce qui me concerne, je suis trés heureux. J’ai ma voiture, avec ma climatisation...

Prabhupada: Ca signifie que vous êtes un idiot de première classe. Dès que vous dites « Je suis heureux », c’est la preuve que vous êtes une crapule, un idiot de première classe.

Harikesa: Donc ce n’est pas possible d’être heureux, pour personne ?

Prabhupada: Non. Quiconque pense être heureux est un idiot de première classe.

Pusta Krsna:Tout le monde recherche le bonheur.

Prabhupada:Oui. Mais il n’y a pas de bonheur.

Harikesa:Et si quelqu’un est situé dans le mode de la vertu? Peut être un ou deux….

Prabhupada:Le mode de la vertu… Si il pense être heureux, il est tout simplement idiot. Etre dans la vertu veut dire que l’on comprend qu’on ne peut pas être heureux ici (dans le monde matériel). C’est le mode de la vertu. Et si l’on pense, « Je suis heureux », on n’est pas alors dans le mode de la vertu mais dans l’obscurité.

Pusta Krsna: Tout le monde en ce moment s’affaire en vue d’être heureux.

Prabhupada:Ce sont des idiots et des crapules.

Pusta Krsna:Et si quelqu’un reconnaît qu’on ne peut trouver aucun bonheur en ce monde…

Prabhupada:Alors il est intelligent…

Pusta Krsna:Donc celui qui recherche le bonheur matériel…

Prabhupada: Il est un idiot, une crapule, un aveugle. Il essaie de trouver le bonheur dans un lieu où le bonheur est impossible à trouver. En conséquence on peut dire qu’il est idiot. Si l’on cherche à obtenir quelque chose d’impossible, on n’est qu’un imbécile.

Harikesa: Mais je regarde autour et je vois que les autres ont du plaisir.

Prabhupada:C’est parce que vous êtes un imbécile que vous voyez les choses de cette façon. C’est la preuve.

Harikesa:Ils me disent tous quel bon moment…

Prabhupada:Krsna dit, duhkhalayam asasvatam [BG. 8.15], et vous, malgré tout, vous trouvez le bonheur ! Combien vous êtes stupide! La plus grande autorité dit que  » C’est un endroit de souffrance », et vous vous y trouvez le bonheur. Qui peut mesurer l’étendue de votre bétise !? (rires) La connaissance védique est parfaite.

Comme…, vous voyez cet écriteau,  » Entrée Interdite »? Si quelqu’un, malgré tout, pénètre dans la propriété, il va au devant d’ ennuis certains, et n’est-il pas stupide ? Krishna dit,  » Il n’y a pas de bonheur », et si quelqu’un malgré tout y recherche le bonheur, n’est-il pas stupide? Ainsi, la conscience de Krishna est nécessaire, afin d’obtenir la connaissance parfaite provenant de Krishna. Plus de difficultés. Krishna dit,  » Il n’y a pas de bonheur », mais si malgré tout quelqu’un pense, « Très bien, bien que Krishna parle ainsi, je vais tout de même essayer », on peut dire alors qu’il est stupide.

Harikesa: Bien, mais tous les swamis disent que tous ce que vous avez à faire est d' »être heureux ». C’est un état d’être. Vous devez pensez; « BONHEUR ».

Prabhupada:Oui. Nous disons aussi cela, mais vous devez savoir comment obtenir le bonheur. C’est nécessaire. Le bonheur est l’objectif de chacun. Mais comment obtenir le bonheur permanent, c’est cela la connaissance.

Pusta Krsna:Est-ce que le dévot recherche le bonheur, le bien-être mental aussi?

Prabhupada:Un dévot ne recherche rien d’autre que le service de Krishna. Il ne recherche rien d’autre, séparément. Il veut simplement servir Krishna. C’est tout. Anyabhilasita sunyam [Brs. 1.1.11]. Rendre à néant (zéro) tout autre désir, s’il fait cela, il est un dévot. Si il approche Krishna pour obtenir le bonheur, il n’est pas un dévot.

Harikesa:Mais si je pense « Je suis heureux », n’est-ce pas assez?

Prabhupada:Ils pensent. C’est autre chose. Mais vous ne savez pas ce qu’est le bonheur. Ces crapules, ils ne pensent pas à ce qu’est réellement le bonheur. Supposons que j’obtienne un soit-disant bonheur…Mais je vais aussi mourir. Et qui en profitera alors?

Harikesa:Mais je ne m’en soucie pas.

Prabhupada:C’est la preuve que vous êtes une crapule. « Les insensés vont tête baissée là où les sages n’osent pas aller ». C’est la preuve…

Harikesa:Bien, j’admet que je ne suis pas heureux tout le temps, mais que signifie le bonheur sans malheur? Sans malheur, comment puis-je être heureux?

Prabhupada:Ah! C’est la connaissance matérielle. Afin de goûter au bonheur, on doit souffrir. C’est le bonheur matériel. Et le bonheur, le bonheur pur, c’est le bonheur spirituel. Ici-bas, afin de goûter au bonheur, vous devez souffrir; alors seulement vous pouvez y goûter. Ce n’est donc pas le bonheur réel.

   

Deuxième Partie: « Prendre le bon chemin »



Catégories :Philosophie et transcendance