Jeux olympiques: a-t-on sacré le plus grand des champions?

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Les jeux olympiques de Londres 2012  s’achèvent. Chaque pays participant se sera lancé comme il se doit, dans la course effrénée aux médailles. Avec plus ou moins de succés, selon les pays . Certains ne manqueront pas de se réjouir d’avoir récolté une belle moisson de médailles, d’autres jugeront leurs résultats plus décevants, quand d’autres encore les trouveront carrément navrants. Ainsi va la vie matérielle, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et la gloire d’un jour est l’oubli de demain.

A l’occasion de ses jeux certaines nouvelles étoiles du sport auront resplendit de gloire quand d’autres se seront éteintes dans la quasi indifférence. Les grands champions et stars olympiques médaillés, doubles,  triples, quadruples auront particulièrement jouit d’une grande notoriété et d’un grand prestige…

Une telle “star éblouissante” du sport de compétition mondiale et qui aura marqué ces olympiades de Londres 2012 est Usain Bolt, le champion jamaïcain de la course à pied mondiale. Grisé par sa positon de leader mondial incontesté du sprint, Usain Bolt aura déclaré pendant ces jeux: “Je suis une légende vivante! ”.

L’article qui suit intitulé “Usain Bolt: une popularité surfaite?” que j’avais écrit en 2009 pour retour-à-krishna m’a semblé de nouveau d’actualité avec la fin des jeux olympiques qui ont fait rentrer encore une fois les stars du sport mondiale dans une notoriété certainement bien exagérée. Le véritable champion est ailleurs, c’est ce que Srila Prabhupada nous révèle, à la fin de l’article dans sa conversation avec un autre grand champion de l’époque, du sport automobile, Graham Hill.

Usain Bolt : une popularité surfaite ?
 

 

Avec le nouveau record  du 100 mètres qui est tombé il y a une semaine et celui du 200 mètres il y a trois jours au championnat d’athlétisme de Berlin,  nombreux sont ceux qui s’extasient sur le « nouveau phénomène » du sprint mondial: le Jamaïquain Usain Bolt. Incroyable, inimaginable, prodigieux, extraordinaire, …. les superlatifs n’ont pas manquer d’affluer après que Bolt ait gagné ses courses en devançant largement tous ses adversaires,  établissant également de nouveaux records mondiaux.

Le lendemain de son record sur 100 mètres, dans la presse les journalistes se sont répandus en louanges. Dans la presse européenne  , par exemple, on a dit de Bolt qu’il  » défiait le temps et l’espace » , alors qu’un célèbre quotidien sportif parisien affirmait » le Jamaïquain a ouvert d’improbables horizons ».

 

Des performances qui ont changé l’humanité?

 Face à une telle exaltation générale, aux accents presque mystiques, on est en droit de s’étonner et de se demander si tout cela n’est pas un peu surfait. On est en droit ainsi de se poser la question:  est-ce que les exploits de Bolt, courir un 100m en 9,58 secondes et un 200m en 19,19 secondes, comme certains semblent le suggérer, ont réellement changé l’humanité?

Avant de répondre à cette question à la lumière de la connaissance spirituelle , on peut d’ores et déjà utiliser son simple bon sens.
 
L’homme se targue souvent d’être bien supérieur à l’animal (1), mais dans ce cas-là il est difficile de comprendre ce en quoi il lui serait supérieur. En effet, il existe dans le monde animal des sprinteurs que Mr Bolt ou autre futur athlète ne pourront jamais égaler. Bolt a courru à une vitesse approchant les 45 km/h. Chez les animaux, on retrouve d’autres sprinteurs, bien plus rapides encore:

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Ces animaux champions du sprint

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L’homme le plus rapide au monde, le Jamaïcain Usain Bolt, pourrait courir à une vitesse proche de 45 km/h. Loin devant, voici les performances sportives des mammifères terrestres, champions du sprint:

1. Le guépard
2. Le chevreuil
3. Le springbok
4. L’antilope
5. Le lion
La forme humaine:
pourquoi est-elle supérieure à la forme animale?

Comme on peut le constater sur le tableau précédent, les animaux,  en terme de rapidité sont bien plus performants que l’homme. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi de nombreux autres (2) .

   On peut alors raisonnablement se demander si la supériorité de l’homme sur l’animal ne réside pas ailleurs que dans les simples performances physiques (telles rapidité et endurance) , domaines dans lesquels les animaux auront toujours sur nous un avantage certain. Si le Créateur a doté l’homme de capacités physiques plus limitées que l’animal, c’est tout simplement parce que l’être humain n’en a pas autant l’utilité que l’animal (3).

Au regard de Dieu, la forme humaine est investie d’une responsabilité autrement plus grande que celle de l’animal. Il est trés facile de s’en rendre compte. On peut employer quelques exemples pour cela. La disparition soudaine d’un jeune enfant provoque, immanquablement une grande émotion, et mobilise souvent un dispositif de recherche important (un vaste dispositif policier, la mobilisation du voisinage -parfois une ville entière-, de l’enfant disparu, des dizaines de gens pour effectuer des battues, des articles et des reportages dans les mass médias, etc…), alors que par comparaison, la disparition d’un jeune chiot, elle, n’aura pratiquement pas d’impact (et certainement pas la chance de faire la une de l’actualité). Le fait de comparer la disparition d’un enfant avec celle d’un jeune chiot pourrait nous sembler bien incongrue, tellement la prédominance de l’homme sur l’animal nous paraît évidente.  Mais si celle-ci est certainement évidente, s’est-t’on jamais véritablement posé la question de savoir pourquoi il en est ainsi? Pourquoi la forme humaine revêt-elle donc tellement plus de valeur que la forme animale? Pourquoi un être humain est destiné à vivre dans une maison confortable avec toutes les commodités à portée de main, alors que l’animal, lui, s’il ne couche pas dehors (comme de nombreux chiens, chats et animaux sauvages), devra se contenter d’une étable, d’une niche ou d’un terrier? Pourquoi si un chien est battu et maltraité, son maître risque au pire, une mauvaise réputation, alors que s’il s’agit d’un enfant, pour le même délit, le père et la mère seront condamnés à des années d’emprisonnement?

  La paupière est si proche de l’oeil que l’oeil ne la voit pas. De la même façon, il existe dans la vie nombre de questions « tellement évidentes » que l’on peut passer tout une vie sans qu’elles nous effleurent un seul instant la cervelle. Et que dire d’y réfléchir vraiment! La question de l’importance de la forme humaine  rentre dans cette catégorie et nombreux sont les êtres humains qui passent toute leur vie sans jamais en saisir l’importance.

Et pourtant, ce genre de questionnement sur l’existence est fondamentale. Pourquoi? Parce comme l’explique le Srimad Bhagavatam, à moins que l’on se confronte, en tant qu’être humain, aux questions existentielles (Qui suis-je? D’où je viens? Pourquoi ai-je une forme humaine? etc..) notre vie sera un échec (SB 5.5.5) . Cet échec se traduira par le fait de devoir subir, encore et encore, vie après vie, la souffrance et le joug du cycle des morts et des renaissances répétées.

Les Ecritures védiques nous informent que la forme humaine est destinée, de part son intelligence développée, à permettre à l’âme incarnée d’atteindre à la réalisation spirituelle (4) et ainsi, à se libérer du joug de la matière.  L’homme possède une intelligence beaucoup plus évoluée que celle d’un animal et c’est pour cela, en réalité, qu’il bénéficie d’un statut bien supérieur à l’animal au sein de la nature matérielle. Si  Dieu a accordé à l’homme un plus grand confort et une meilleur considération que l’animal, c’est afin qu’il n’est pas à passer la plupart de son temps à répondre aux besoins primaires de l’existence (manger, dormir, s’accoupler et se défendre) comme l’animal le fait, et qu’il est ainsi plus facilement accès aux portes de la libération.

   Malheureusement dans l’âge actuel, l’âge de Kali, l’âge où les êtres humains sont dominés par la passion et l’ignorance, nombreux sont ceux  qui n’adhèrent pas à un tel point de vue. Ils considèrent, au contraire, que si Dieu [la nature (5)] a dôté  l’être humain d’une intelligence  beaucoup plus évoluée que l’animal c’est afin que celui-ci puisse « profiter de la vie » au maximum, et jouir pleinement de ses sens. Cette conception hédoniste , consistant à penser que si l’homme a reçu de la nature une intelligence supérieure dans le but de mieux jouir des sens,  est trés répandue dans l’âge actuel. Que ce soit à travers la culture, l’art, la littérature, la science, cette conception « du raffinement dans le plaisir des sens » est omniprésente. Cette conception dévoyée de l’existence est tellement présente qu’elle s’étend même jusqu’aux instances religieuses en place. Je me rappelle, à ce sujet, alors que j’allais de porte en porte pour présenter la conscience de Krishna, d’être tombé un jour sur un prêtre chrétien plutôt « libéral ». Alors qu’il me posait des questions sur la philosophie et les préceptes de la conscience de Krishna, j’abordais avec lui la nécessité de suivre les quatre principes régulateurs et dit que ces quatre principes régulateurs ne s’adressaient pas seulement aux religieux, mais aussi à tous les êtres humains dignes de ce nom. Mais à ma grande stupéfaction, le prêtre posa une main caressante sur mon bras, et plongeant son regard dans le mien, me dit avec emphase, » Mais mon cher ami, si Dieu nous a donné ces sens, c’est quand même bien pour que nous nous en servions! »

  Srila Prabhupâda a souvent qualifié la société actuelle de « société d’animaux raffinés ». Il ne suffit pas, disait-il, de posséder une intelligence plus développée que l’animal, pour être considéré comme un être humain évolué, encore faut-il, s’en servir d’une façon appropriée. Il précisait que si l’intelligence de l’homme n’est utilisée que dans le but d’améliorer notre condition matérielle, de pourvoir aux quatre nécessités matérielles de l’existence soit manger, dormir, s’accoupler et se défendre, l’homme ne devient alors qu’un « animal raffiné ».

La compétition contre la naissance et la mort

A Londres, en 1973, Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupâda reçu un grand champion de course automobile, Graham Hill pour un entretien spirituel (voir ici ). Graham Hill ayant été introduit à Srila Prabhupâda en qualité de champion de compétition automobile,  Srila Prabhupâda, comme il avait coutume de le faire afin de rendre ses propos plus faciles à comprendre, utilisa immédiatement une image métaphorique. Il établit ainsi un parallèle entre la compétition automobile et une autre forme de compétition . Cette compétition est celle à laquelle doit se livrer l’homme s’il veut atteindre au succés de l’existence: la compétition contre la naissance et la mort.

Voilà, en substance, qu’elles furent les propos de Srila Prabhupada avec Graham Hill:

Aucun champion, quel qu’il soit,  ne peut remporter le « championnat » le plus important qui soit dans l’existence de l’homme: celui qui consiste à vaincre la naissance et la mort. Le plus élevé d’entre les champions n’est pas celui qui gagne une course automobile (ou une course à pied) mais celui qui parvient  à vaincre la mort (6). Le corps matériel est un vêtement pour l’âme (BG 2.22) et tant que l’on demeure contraint de revêtir un corps matériel l’on doit, du même coup, faire face à la naissance, à la maladie, à la vieillesse et à la mort (les adversaires à vaincre dans la compétition). La perfection de l’existence (la victoire) consiste à s’affranchir de ce cycle infernal des naissances et morts successives. Tout désir matériel -tel celui de devenir un grand champion de la compétition automobile, ainsi que des milliers d’autres,  constituent autant d’entraves à l’obtention de la victoire sur la mort (7). Il faut oeuvrer donc à la purification de ses désirs matériels. Seule la pratique de la conscience de Krishna (bhakti-yoga) – le fait de se dédier à Krishna -, offre la possibilité de remporter une telle victoire, la véritable victoire de l’homme dans l’existence (BG 9.25) . La compétition avec la mort n’est pas aussi difficile à gagner qu’elle le semble au premier abord : simplement parvenir à comprendre Krishna tel qu’il est, permet à l’être d’être libéré du cycle des morts et des renaissances. (BG 4.9) . Ayant conquis la mort par la grâce de Dieu (remportée la victoire), l’âme libérée n’a plus à revêtir de corps matériel, mais peut jouir alors d’un corps spirituel, dans le monde spirituel, tout deux éternels, remplis de connaissance et de félicité.

(1) S’appuyant d’ailleurs sur ce point de vue philosophique de sa supériorité sur l’animal, l’homme justifie souvent le droit de tuer celui-ci pour s’en nourrir.

(2) (en voici quelques autres, relevés sur Internet)  Voici les animaux les plus rapides du monde classés en 4 espèces, l’animal terrestre le plus rapide est le guépard qui grâce à son corps très musclé peut atteindre une vitesse de 110 km/h. Ensuite, on peut affirmer que l’oiseau le plus rapide en vol du monde et le faucon pèlerin qui atteint 180km/h grâce à ses longues ailes qui sont en forme de pointe et lui permette donc de voler à cette vitesse exceptionnelle. Le poisson le plus rapide du monde est le poisson voilier qui vit dans les eaux tropicales et qui nage à une vitesse de 110km/h, cette vitesse élevée est obtenu grâce à sa nageoire en forme de voile située sur son dos. Enfin, l’insecte le plus rapide du monde est la libellule qui peut voler à une vitesse pouvant atteindre 100 km/h.

(3) Il est clair, par exemple, que dans le royaume animal où la loi naturelle instaurée par Dieu veut que chaque espèce constitue la nourriture d’un autre « jîvo jîvasya jîvanam » (voir SB 1.13.47) le fait de courir vite, comme pour le guépard ou le lion, est pleinement justifié. D’un autre côté, les proies potentielles pour de telles prédateurs, telles l’antilope,  la gazelle ou le zèbre ont également besoin d’être rapides pour avoir la chance de leur échapper. Quant à l’homme, Dieu a prévu pour lui une nourriture plus végétarienne que carnassière (*) c’est-à-dire moins contraignante, et d’autre part, grâce à son intelligence développée, il n’a pas besoin de travailler dur pour sa nourriture, autant que l’animal le fait .

(*) Ainsi, des comparaisons morphologiques entre l’homme et les carnivores mettent en évidence que la denture, l’estomac et l’intestin sont très différents entre le premier et ces derniers. L’intestin en particulier est proportionnellement beaucoup plus long chez l’homme. Ce parcours est trop long pour la viande qui a ainsi le temps de libérer ses toxines qui sont absorbées par la muqueuse intestinale avant de passer dans le sang. Ces déchets toxiques, difficiles à éliminer par le foie et les reins, fatiguent et encrassent à la longue ces organes. Le végétarien se protège de ces excès de toxines.

(4) Le Vedanta Sutra commence par cet aphorisme qui s’adresse aux êtres humains:  » athâto brahma-jijnâsâ » et qui se traduit ainsi,  » Maintenant, que vous avez obtenu la forme humaine (après avoir transmigré à travers nombre d’autres formes -insectes, végétaux, oiseaux, mammifères, etc..), maintenant est venu pour vous le temps de s’enquérir de la Vérité Absolue ».

(5) (de la nature) souvent,  on préfèrera évincer l’appellation « Dieu » au profit du mot « nature », une notion beaucoup plus abstraite et également beaucoup moins contraignante

(6) Il est intéressant de constater qu’historiquement le mot « champion » n’est pas lié uniquement, comme à l’heure actuelle, à la compétition sportive pure, il revêt  une connotation plus noble et exaltée, telle que cette finition du dictionnaire le souligne: « Celui qui se consacre à la défense d’une cause ou d’une personne, se fait l’incarnation des aspirations, des idées d’un groupe.« 

(7) non seulement ceux-ci constituent de véritables entraves à l’affranchissement au cycle des morts et renaissances, mais de plus, il est trés dangereux de maintenir en son coeur de tels désirs. Si l’on désire ainsi, comme dans le cas de grands champions de course, réaliser de grandes performances en vitesse, on a toutes les chances de se voir attribuer, selon les lois de la réincarnation telles qu’on les retrouve énoncées dans la Bhagavad-gita, un prochain corps mieux adapté à la vitesse que le corps humain. On court alors le risque de devoir transmigrer, dans sa prochaine vie, dans un des corps animals, déjà cités précédemment (guépard, lion, lévrier, gazelle, etc..). Ainsi, la forme humaine n’est pas destinée à assouvir des désirs matériels mais plutôt à s’en affranchir en développant graduellement sa conscience de Krishna .



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