Peut-on se dire religieux lorsqu’on tue les vaches?

(une conversation entre Chaitanya Mahâprabhu et Chand Kazi)

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      Le Seigneur Chaitanya Mahâprabhu est Krishna Lui-même apparu il y a 500 ans à Navadvîpa au Bengal. Il est venu pour instaurer la méthode de réalisation spirituelle pour l’âge de Kali, l’âge dans lequel nous vivons: le Nâma Sankirtâna, le chant collectif des saints noms de Dieu.
Chantant et dansant dans les rues de Navadvîpa, Sri Chaitanya et Ses adeptes provoquèrent la colère des musulmans qui allèrent se plaindre au Chand Kazi, le magistrat musulman de la région. Un soir le Chand Kazi entra dans une maison pendant un kirtâna et furieux brisa un mridanga. Il ordonna aux hindous  de stopper immédiatement, sous peine de sanctions sévères, toute pratique du sankirtana.

Le Seigneur Chaitanya ne l’entendit pas ainsi et en signe de protestation organisa un gigantesque mouvement de désobéissance civile. Il réunit, à la tombée de la nuit, un cortège immense de milliers de dévots, et ensemble munis de torches, dans un kirtan tumultueux,  ils se rendirent à la demeure du Kazi.

Le bruit de ce puissant kirtâna fit évidemment très peur au Kazi, qui se terra dans sa chambre. Après quelques temps, sur l’invitation bienveillante de  Chaitanya Mahaprâbhu le Kazi sortit de chez lui . Sri Chaitanya l’apaisa et dit qu’Il était venu chez lui simplement pour lui poser quelques questions d’ordre religieux.

D’emblée, jugeant ce sujet fondamental, Sri Chaitanya confronta le Kazi à la question de l’abattage de la vache dans la religion musulmane.

(Les versets du Chaitanya Charitamrta sont en bleus et leurs teneurs et portées – de Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupâda – sont en violet.)

LA VACHE EST UNE MERE

Le Seigneur dit: « Tu bois le lait des vaches; la vache est donc ta mère. Et le boeuf produit les céréales dont tu as besoin pour vivre; il est donc ton père.

« Puisque le boeuf et la vache sont ton père et ta mère, comment peux-tu les tuer et les manger? Quelle sorte de principe religieux est-ce là? Comment peux-tu oser commettre de tels péchés? »

Tout le monde peut comprendre que les vaches nous donnent leur lait et que les boeufs nous aident à produire les denrées agricoles. En conséquence, puisque notre véritable père nous donnent les céréales et que notre véritable mère nous donne le lait qui nous permet de vivre, le boeuf et la vache sont considérés comme notre père et notre mère. Selon la culture védique, il existe sept mères*, parmi lesquelles la vache. C’est pourquoi Sri Chaitanya Mahâprabhu défia le Kazi musulman en disant: « Quelle sorte de principes religieux suis-tu lorsque tu tues ton père et ta mère pour les manger? «  Aucun être civilisé ne songerait à tuer son père et sa mère pour les manger. C’est pouquoi Sri Chaitanya Mahâprabhu contesta les principes de la religion musulmane en les accusant d’autoriser le parricide. Dans la religion chrétienne également, l’un des principaux commandements est : « Tu ne tueras point. » Pourtant, les chrétiens violent cette règle; ils sont très experts à tuer et à faire fonctionner les abattoirs. Dans notre mouvement pour la conscience de Krishna, notre première règle est que personne n’a le droit de manger de la chair animale d’aucune sorte. Cette règle s’applique à la chair des vaches comme à celles des chèvres, mais nous insistons plus particulièrement sur l’interdiction de manger de la chair de vache,  car selon les shâstras la vache est notre mère. Ainsi Sri Chaitanya Mahâprabhu S’opposa au fait que les musulmans tuent les vaches.

LE CORAN ET LES VEDAS

Le Kazi répondit: « De même que Tu as Tes Ecritures, les Vedas et les Pûranas, nous avons les nôtres, que nous appelons le Saint Coran.

Chand Kazi accepta de discuter avec Sri Chaitanya Mahâprabhu sur la base des Ecritures. Selon les Ecritures védiques, si l’on étaye ses arguments par des citations tirées des Vedas, ils sont irrécusables. De même, quand les musulmans font valoir des citations du Coran, leurs arguments sont également authentiques. Lorsque Sri Chaitanya Mahâprabhu souleva la question de l’abattage du boeuf et de la vache pratiqué par les musulmans, le Chand Kazi se plaça du point de vue de ses Ecritures.

« Selon le Coran, il existe deux façons de progresser – en augmentant la tendance à jouir des plaisirs matériels et en diminuant cette tendance. La voie qui commande de réduire l’attachement [nivritti-mârga] interdit de tuer les animaux.

  « La voie des activités matérielles comporte certaines règles à propos de l’abattage des vaches. Si on les tue conformément aux Ecritures, on ne commet pas de péché.

Le mot shastra ( Ecritures) vient du dhâtu, ou racine verbale, shas. Shas-dhâtu indique le fait de diriger ou de gouverner. Un gouvernement qui règne par la force ou par les armes est qualifié de shastra. Ainsi le fait de diriger, que ce soit par des armes ou des instructions, fait-il intervenir le principe du shas-dhâtu. Entre le shastra (diriger en employant les armes) et le shâstra (diriger en faisant voloir les injonctions des Ecritures), c’est le shâstra le meilleur. Nos Écritures védiques ne sont pas des textes de lois ordinaires relevant du bon sens humain; ce sont les affirmations d’êtres véritablement libérés qui ne sont pas soumis à l’imperfection des sens.

Le shâstra doit toujours être correct, non pas tantôt correct, tantôt incorrect. Les Ecritures védiques présentent la vache comme une mère. Cela reste donc valable quelle que soit l’époque; ce n’est pas, comme le disent des scélérats, qu’elle était une mère dans les temps védiques, mais qu’elle ne l’est plus aujourd’hui. Si les shâstra est une autorité, la vache est et demeurera toujours une mère. C’était une mère dans les temps védiques, et elle l’est également en cet âge.

Celui qui agit en se conformant aux injonctions des shâstras s’affranchit par là des réactions dues aux activités pécheresses. Par exemple, l’âme conditionnée a une tendance naturelle à vouloir manger de la viande, boire du vin et s’adonner aux plaisirs charnels. La voie permettant de connaître ces plaisirs s’apelle pravritti-mârga. Les shâstras disent: pavrittir esâm bhûtânâm nivrittis tu mahâ phalâm – il ne faut pas se laisser entraîner par les tendances propres à la vie conditionnée et imparfaite; on doit plutôt se faire guider par les principes énoncés dans les shâstras. La tendance de l’enfant des vouloir jouer toute la journée, mais les shâstras ordonnent aux parents de prendre soin de son éducation. Les shâstras existent à seule fin de guider les hommes dans leurs activités. Cependant, les gens ne se réfèrent pas aux instructions des shâstras, qui sont exemptes de tous défauts et de toutes imperfections, et c’est pourquoi ils se laissent fourvoyer par de soi-disant professeurs et dirigeants ayant toutes les déficiences de l’âme conditionnée.

   En savant qu’il était, le Kazi répliqua:  » Tes Ecritures védiques comportent une règle selon laquelle on peut tuer une vache. En vertu de cette règle, de grands sages accomplirent des sacrifices au cours desquels on met à mort une vache. »

TUER LA VACHE EST TRES COUPABLE

    Réfutant les paroles du Kazi, le Seigneur répondit aussitôt: « Les Vedas stipulent clairement que l’on ne doit pas tuer les vaches. En conséquence, aucun hindou, quel qu’il soit, ne tuera jamais une vache.

Les Ecritures védiques comportent des concessions destinées aux mangeurs de viande. Ceux qui veulent manger de la chair diront qu’ils peuvent manger  une chèvre ayant été sacrifiée à la déesse Kali; ils n’ont pas le droit de se fournir au marché ou à l’abattoir. Il n’est fait aucune concession concernant le fait d’entretenir des abattoirs pour satisfaire le palais des mangeurs de viande. Pour ce qui est des vaches, il est totalement interdit de les tuer. Puisque la vache est considérée comme une mère, comment les Vedas pourraient-ils permettre qu’on la tue? Sri Chaitanya Mahâprabhu montra que les assertions du Kazi étaient incorrectes. La Bhagavad-gita stipule clairement que l’on doit protéger les vaches: krisi-goraksya-vânijyam vaishya-karma svabhâva-jam« Le devoir des vaishyas  consiste à obtenir des produits agricoles, à faire du commerce et à protéger les vaches. » Il est donc faux de dire que certaines prescriptions des Ecritures védiques autorisent l’homme à tuer les vaches.

« Il est précisé dans les Vedas et les Purânas que l’on peut tuer  un être vivant à des fins expérimentales si on est capable de le ramener à la vie.

« Voilà pourquoi les grands sages tuaient parfois de vieux animaux, et en chantant les hymnes védiques ils les ramenaient à la vie de telle sorte qu’ils puissent s’élever vers la perfection.

« Lorsqu’ils tuaient ces vieux animaux invalides et les ramenaient à la vie tout rajeunis, il ne s’agissait pas vraiment de les tuer, mais de les faire bénéficier de conditions bien meilleures.

« Il existait jadis de puissants brâhmanas qui pouvaient faire de telles expériences en faisant appel aux hymnes védiques; mais aujourd’hui, à cause du kali-yuga, les brâhmanas n’ont plus ce pouvoir. Aussi est-il interdit de tuer les vaches et les boeufs pour les ramener à la vie rajeunis.

« ‘En cet âge de Kali, cinq coutumes sont interdites: immoler un cheval en sacrifice, immoler une vache en sacrifice, adopter l’ordre du sannyâsa, faire des offrandes de chair aux ancêtres et concevoir des enfants avec la femme de son frère.’

Il s’agit d’une citation tirée du Brahma-vaivarta Purâna.

« Puisque vous, les musulmans, vous ne pouvez ramener à la vie les animaux que vous tuez, vous êtes responsables de leur mort. Vous allez donc sur les planètes infernales, sans aucune chance de salut.

« Ceux qui tuent une vache sont condamnés à croupir en enfer pendant autant de milliers d’années qu’il y a de poils sur le corps de cette vache.

LE CORAN ET LA BIBLE
SONT ENTACHES D’ERREURS

  « Vos Ecritures comportent beaucoup d’erreurs et d’aberrations. Ceux qui les ont compilées, ne connaissant pas l’essence du savoir, ont donné des instructions contraires à la raison et à la logique. »

  Lorsqu’il eut entendu ces paroles de Sri Chaitanya Mahâprabhu, le Kazi demeura interdit et ne sut rien répondre. Après mûre réflexion, il accepta sa défaite et parla en ces termes.

Au cours de notre prédication nous rencontrons de nombreux chrétiens qui se réfèrent aux paroles de la Bible. Lorsque nous leur demandons si Dieu est limité ou illimité, les prêtres chrétiens disent que Dieu est illimité. Mais lorsque nous leur demandons pourquoi ce Dieu illimité devrait avoir un seul fils et non pas un nombre infini, ils sont incapables de répondre. De même, d’un point de vue rationnel, les réponses offertes par l’Ancien Testament,le Nouveau Testament et le Coran à de nombreuses questions ont changé. Mais un shâstra ne peut changer au gré d’un individu. Tous les shâstras doivent être exempts des quatres imperfections de la nature humaine. Les assertions des shâstras doivent être correctes de tout temps.

    « Mon cher Nimaï Pandita, ce que Tu as dit est parfaitement vrai. Nos Écritures sont de date récente, et elles manquent certes de logique et de philosophie.

    Les shâstras des yavanas, des mangeurs de viande, ne sont pas des Écritures éternelles. Elles ont été compilées récemment et se contredisent parfois les unes les autres. Il existe trois Ecritures pour les yavanas: l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran. Elles furent compilées à un certain moment de l’histoire du monde et ne constituent pas un enseignement éternel comme la connaissance védique. En conséquence, bien qu’elles aient leurs arguments et leurs raisonnements propres, elles ne sont ni profondes ni transcendantes. De ce fait, l’homme moderne versé dans la science et la philosophie juge ces Ecritures inacceptables.

Des prêtres chrétiens viennent parfois nous demander: « Pourquoi vos disciples abandonnent-ils nos Ecritures pour accepter les vôtres? » Mais lorsque nous leur demandons: « Votre Bible dit: ‘Ne tue pas’. Pourquoi alors tuer tant d’animaux chaque jour? », ils ne savent pas quoi répondre. Certains donnent pour réponse imparfaite que les animaux n’ont pas d’âme. Mais nous leur demandons alors: « Comment savez-vous que les animaux n’ont pas d’âme? Les animaux et les enfants sont de même nature. Cela signifie-t’il que les enfants humains eux aussi n’ont pas d’âme? » Selon les Ecritures védiques, dans le corps se trouve le propriétaire du corps, l’âme. Dans la Bhagavad-gita, on peut lire:

« A l’instant de la mort, l’âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu’elle est passée, dans celui-ci de l’enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Ce changement ne trouble pas qui a conscience de sa nature spirituelle. »
(Bhagavad-gita 2.13)

Du fait que l’âme se trouve à l’intérieur du corps, ce dernier change et affecte toutes sortes de formes. Il y a une âme dans le corps de chaque être vivant – animal, arbre, oiseau ou être humain – et cette âme transmigre d’une sorte de corps dans une autre sorte de corps. Comme les Ecritures des yavanas – l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran – ne peuvent répondre convenablement aux questions de leurs adeptes, ceux qui sont versés dans la connaissance scientifique et philosophique perdent naturellement foi en de telles Ecritures. Le Kazi admit cela lors de son entretien avec Sri Chaitanya Mahâprabhu. Ce Kazi était un homme trés intelligent. Il était parfaitement conscient de sa position, comme nous le montrera le verset suivant.

« Je sais que nos Écritures regorgent de concepts imaginaires et erronés, néanmoins , parce que je suis musulman, je les accepte au nom de ma religion malgré leur fondement insuffisant. Les raisonnements et les arguments que l’on trouve dans les Écritures des mangeurs de viande ne sont pas très profonds ni très solides, conclut le Kazi. « 

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 Le texte que vous venez de lire est extrait du Chaitanya Charitamrta Adi-lila, chapitre 17, verset 153 à 171 des Editions BBT.

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* Ses sept mères sont: sa propre mère, sa nourrice, la femme du souverain, la terre, la femme du brâhmana, la femme du maître spirituel, la vache .



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