La passion amoureuse: attention danger !

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 Avec la fête de la Saint Valentin, la fête des amoureux qui bat son plein, dans les têtes, dans les coeurs comme dans les commerces, la fête de Cupidon où l’on célèbre avec allégresse et insouciance  la passion amoureuse, l’histoire suivante rappelle qu’il existe aussi un côté sombre à la fête:

« Mais le bonheur né du contact des sens avec leurs objets, qui d’abord est pareil au nectar, mais à la fin prend le goût du poison, ce bonheur est dit appartenir à la passion. »
(Bhagavad-gita 18.38)


Philippe vit avec sa femme Esthève depuis une dizaine d’années. Ils se sont mariés il y a cinq ans. Leur vie commune est plutôt une réussite. Ils ne se disputent jamais, discutent souvent ensemble et ont , comme beaucoup de couples, des projets communs : avoir deux enfants,  acheter une maison en banlieue, avancer chacun dans leurs carrières professionnelles,… Le couple est d’autant plus heureux qu’Esthève attend un heureux événement . Un heureux événement, qui d’ailleurs, s’était fait un peu attendre… mais plus de peur que de mal…

Philippe travaille comme informaticien au sein d’une entreprise de bâtiment prospère. Son entreprise va bien et son travail aussi. Un peu trop de pression peut être de la part de ses supérieurs, mais rien d’exagéré pense-t’il, et puis il a un bon salaire, cela l’aide à mieux tolérer.

Un jour, Lucie, une nouvelle secrétaire, arrive dans l’entreprise. Elle vient remplacer l’ancienne secrétaire qui part à la retraite. Tout de suite, alors qu’on lui présente la nouvelle secrétaire  Philippe, alors qu’il la regarde, sent une douce émotion monter en lui et son coeur qui palpite. Lucie est une jolie femme à la chevelure auburn et au teint basané, grande, mince, élégante, et alors que leurs regards se croisent – ses yeux sont gris bleus et étincelants- il ne peut s’empêcher d’être fasciné par ses grands yeux en amande. D’autant plus que cette femme semble plein d’entrain et ouverte à la conversation.

Après un certain temps, Philippe se rend compte que ce qu’il croit faire partie de son caractère – l’entrain et le plaisir à bavarder – ne l’est pas vraiment . Car la jeune femme est d’un naturel plutôt effacé et discret vis-à-vis des autres, et ne s’anime et bavarde volontiers… que lorsqu’elle se trouve avec lui.

Lorsqu’il réalise que l’attirance qu’il ressent pour Lucie semble être partagé, Philippe en est véritablement bouleversé. Jusque là, bien que ressentant un certain trouble en la présence de Lucie, il se sentait malgré tout protégé. Il se disait qu’après tout cette femme étant mariée (et sachant que lui aussi l’est) et mère de famille (et lui sera bientôt papa), certainement, cette relation resterait platonique . Et cette certitude pour son ego était teintée d’un peu de déception,  mais d’un autre côté, elle le rassurait aussi quand il pensait aux terribles conséquences qu’une telle liaison pouvait avoir.

Mais voilà, tel n’est pas le cas, il faut se rendre à l’évidence : les derniers verrous de protection viennent de sauter, il est à nu! Il en a la conviction désormais cette femme est attirée par lui. A présent,  Lucie occupe de plus en plus ses pensées et sous le moindre prétexte « professionnel »  il se rend à son bureau pour échanger quelques mots. Ils échangent des paroles, mais aussi plaisantent et rient volontiers ensemble. Comme elle lui semble belle quand elle sourit! Son sourire éclaire son visage, et ses yeux à cet instant brillent d’un éclat encore plus fort. Après quelques temps,  Philippe et Lucie ne se contentent pas de simples propos anodins mais commencent à échanger des confidences et à parler plus intimement de leurs vies personnelles.

C’est au cours d’une soirée particulière que leur relation prend un tournant plus intime. Cette soirée-là, après une longue journée de travail et alors qu’ils sont pratiquement seuls dans l’entreprise,  ils se retrouvent à discuter dans le bureau de la secrétaire. Voyant l’heure tardive, Philippe téléphone à son épouse pour dire qu’il arrivera plus tard à la maison car il a un empêchement: il doit absolument finir un travail. Lucie parle de sa vie familiale, de son mari et de son fils. A travers les quelques qualificatifs peu flatteurs qu’elle utilise en parlant de son mari « devenu trop pantouflard depuis la naissance de leur fils » et « trop indifférent vis-à-vis d’elle »,  Philippe entrevoit de plus en plus la possibilité folle de prendre la place du mari. Il commence à parler de sa femme, et se surprend à dire des choses désagréables sur elle, qu’elle est « gentille mais un peu ennuyeuse » , qu’il trouve « qu’elle se contente de peu » et d’autres choses encore, peu flatteuses . Après quelques instants, ils en viennent à parler de leurs hobbies respectifs.  Lucie dit qu’elle peint depuis longtemps des aquarelles, Philippe dit qu’il adore les aquarelles et aimerait bien les voir un de ces jours. « Et pourquoi pas maintenant? » suggère Lucie, « cela tombe bien, vous ne dérangerez pas car mon mari n’est pas là. »

Cette nuit-là, Philippe ne rentre pas chez lui car, prévient-il sa femme, il faut absolument qu’il finisse son travail.

Le matin suivant, au volant de sa voiture, alors qu’il se rend à l’entreprise , il se sent mal en repensant à ce qui vient de se passer avec Lucie, et aux paroles acides qu’il a échangé avec elle à propos de sa femme et de son couple. Il se dit « Comment ai-je pu être si dur et injuste vis-à-vis d’elle? Après tout, même si Esthève n’a certainement pas que des qualités, pourquoi n’ai-je pensé qu’à évoquer son mauvais côté ? Après tout,  je l’aime.  Nous avons tissé entre nous, au fil du temps, une véritable relation, et c’est une personne attachante. «  En se remémorant sa nuit avec Lucie, il a pour la première fois le sentiment profond d’être en train de commettre une grave erreur. En entretenant secrètement une relation avec une autre femme, ne se comporte-t’il pas comme un lâche, un fourbe et un ingrat?  N’est-il pas en train de trahir la confiance et l’amour que sa femme a placé en lui?  N’est-il pas en train de détruire tout ce qu’ils ont construit ensemble pendant dix ans? Cherchant à séduire la secrétaire n’a-t’il pas injustement critiqué sa femme?  » Après tout », se dit-il,  « n’a-t’elle pas au cours de ces dix années de vie commune, donnée beaucoup d’elle-même? Il lui aura fallu du courage et de la détermination pour réussir sa vie professionnelle tout en continuant à prendre soin de son mari et de sa maison. C’est aussi grâce à elle – à son courage et à sa détermination – que nous pouvons envisager d’être bientôt propriétaire d’un pavillon de banlieue. »

Mais ce qui, par dessus tout, lui fait le plus mal est de penser qu’il puisse trahir la confiance d’une femme qui est enceinte! Sa propre femme! Car Esthève, comment l’oublierait-il, attend un enfant… leur enfant ! Est-il sans coeur ? Comment peut-il lui faire ça !.. à six mois de la naissance de leur enfant! Fleurter avec une autre femme, alors que la sienne, avec laquelle il partage sa vie depuis dix ans, est enceinte de lui !! Repensant à tout cela, il est pris de dégoût et de remords profonds.

Ce jour là, Philippe prend la résolution d’arrêter sa relation adultère avec Lucie. Demain, il cessera d’aller la voir. Il ferait ainsi d’une pierre deux coups: il retrouvera la sérénité dans sa vie et s’investira plus sérieusement dans son travail. Après cette résolution Philippe se sent mieux, le coeur plus léger et la conscience soulagée.

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Le lendemain matin à l’entreprise, Philippe comme décidé, ne va pas voir Lucie mais reste dans son bureau et travaille sans relâche. Quelques minutes avant la pose de midi, Lucie décide d’aller rencontrer Philippe. Immédiatement en ouvrant la porte elle l’interpelle d’un ton badin : « Alors, tu n’es pas venu me voir ce matin? »  Mais soudain, alors qu’elle croise son regard,  Lucie est envahie d’angoisse. D’habitude si expressif, chaleureux et amoureux, il est devenu figé, dur et glacial. Mais pire encore sont les paroles terribles qui sortent de sa bouche et qui claquent à ses oreilles comme un fouet: « Je ne veux plus que l’on se voit! » Stupéfaite, elle interroge: « Mais pourquoi? » -« J’ai réfléchi je ne peux pas continuer comme ça.  J’aime ma femme…, et quand je pense en plus.. qu’elle est enceinte ! Et puis toi aussi, tu es mariée ! » Choquée par ce soudain revirement de Philippe et blessée dans son orgueil,  Lucie tourne les talons et s’exclame: « Très bien, comme tu voudras! ».Seul dans son bureau , Philippe encore abasourdi est immédiatement pris de remords: « Pourquoi ai-je été si dur avec elle? Elle avait droit à des explications alors que je l’ai pratiquement envoyé promener! » Et pourtant, repensant à la scène, il se dit que c’est bien elle qui a décidé de partir précipitamment avant qu’il puisse vraiment s’expliquer. Alors qu’il tente de réunir ses pensées et de retrouver son calme, Philippe doit se rendre à l’évidence: rompre avec Lucie risque d’être plus difficile qu’il ne le croyait.

Et en effet, les jours qui suivent sont un véritable enfer pour Philippe. Il n’arrête pas de penser à Lucie et ressasse encore et encore la scène de la rupture. Il regrette que les choses ne se soient pas passées autrement, tel qu’ il l’avait souhaité.  » Tout a été si précipité ! » regrette-t’il, « J’aurai voulu qu’on parle calmement tous les deux. Après tout, elle avait droit à des explications . »

N’y tenant plus, il décide d’aller voir Lucie et de s’excuser auprès d’elle pour s’être comporté si durement. Ils ont alors tous les deux une conversation animée. Lucie lui reproche entre autres « d’être lunatique et impulsif ». Ils renouent ensemble. Mais cette fois, Philippe, après l’expérience trés douloureuse de la rupture, décide de ne plus s’encombrer de scrupules dans sa relation adultère avec Lucie.

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Deux années se sont écoulées depuis que Lucie et Philippe entretiennent une liaison secrète. Avec le temps, Philippe a développé pour sa maîtresse, une passion brûlante et débordante. Lucie a obtenu le divorce depuis six mois, et harcèle Philippe pour qu’il divorce aussi. Mais pour Philippe les choses ne sont pas si faciles. Il adore son fils qui a un an et demi et, bien qu’il y ait sa maîtresse, il reste attaché à sa femme et à tout ce qu’elle représente pour lui: la tendresse, la stabilité, le confort et la sécurité.  Il sait s’il divorce qu’il ne verra plus son jeune fils quand il rentre le soir. Il sait qu »il ne pourra plus savourer la scène des retrouvailles quotidiennes quand l’enfant, dès qu’il ouvre la porte, se précipite vers lui d’un pas mal assuré, en criant « Papa! » . Il sait qu’il ne pourra plus chaque soir le serrer tendrement dans ses bras. Et cette pensée lui brise le coeur. Il craint également, matériellement parlant, d’avoir à y laisser beaucoup de plumes.Pour Lucie, les choses sont plus simples. Elle a donc divorcé, et à naturellement obtenue la garde de son fils. Elle presse sans cesse Philippe, depuis un an déjà, d’engager une procédure de divorce, mais celui-ci bien qu’il lui assure qu’il le fera « bientôt », n’en a pas vraiment la volonté ni le courage; il n’a même pas encore annoncer à sa femme qu’il avait une maîtresse ! A chaque fois que Philippe prend la décision d’annoncer à Esthève qu’il a une liaison, le courage lui manque. Il pense qu’il n’a rien à reprocher à sa femme. Même s’il l’aime d’un amour moins enflammé que Lucie, inconsciemment, il sait qu’il peut compter sur elle, plus que sur sa maîtresse. Elle est d’un tempérament plus doux et conciliant que Lucie qui est elle, fantasque et exigeante. « Alors pourquoi divorcer ? »  se demande-t’il. Bien que les raisons qu’il trouve pour justifier sa liaison adultère avec Lucie soient mauvaises, dans son aveuglement, Philippe ne le voit pas.  » J’aime passionnément Lucie » pense-t’il, «  il y a entre nous une alchimie sans pareil, une attirance profonde, un véritable coup de foudre , et cela, dès la première fois que je l’ai vue! »

Seulement, ce que ne réalise pas Philippe est que Lucie, elle, commence a changer. Ses sentiments pour lui évoluent et sa passion s’étiole. Elle lui dit souvent qu’elle est fatiguée d’attendre qu’il divorce.

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Jacques Bocquet, le directeur général de l’entreprise, depuis qu’il sait que Lucie, la jolie secrétaire,  est divorcée,  – et ne s’embarrassant pas de savoir si la rumeur, selon laquelle la secrétaire aurait déjà une liaison avec l’informaticien,  est vraie – se sent enhardi. Il a entrepris de tout mettre en oeuvre pour séduire Lucie. De son côté, la secrétaire, au premier abord, bien que ne ressentant  pas d’attirance particulière pour le directeur, est cependant flattée par ses avances.  Elle fait partie de ces femmes qui ne sont pas insensibles à la situation sociale et professionnelle de leurs soupirants, de ceux qui ont les moyens de leur procurer confort, faste, prestige et sécurité financière.

Quand Philippe se rend compte du petit manège du directeur, il est déjà trop tard, Lucie l’a déjà quitté pour Jacques Bocquet. Elle s’est rendu deux jours auparavant à une invitation du directeur, pour un dîner dans un des meilleurs restaurants quatre étoiles de la ville. Après le restaurant, il s’est passé ce qui devait se passer ; ils sont donc amants à présent. Elle a l’intention maintenant de tout dire à Philippe à propos de sa nouvelle relation. Elle se sent mal à l’aise de ne lui avoir encore rien dit, mais en même temps, il faut dire qu’elle s’est sentie elle-même un peu dépassée par les événements. Elle se sent un peu coupable; une culpabilité qu’elle s’efforce d’évacuer en invoquant ce qu’elle appelle « la faiblesse de Philippe » . Elle se dit : » Depuis deux ans il me mentait. Il n’a jamais eu le courage de quitter sa femme. Je n’étais qu’une simple maîtresse pour lui. S’en était trop, il fallait que ça change. Au moins Jacques, lui, est divorcé, je ne serai plus une simple maîtresse! »

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Un matin, Philippe se rend précipitamment au bureau de Lucie, entre sans frapper,… Il  n’en croit pas ses yeux, sa maîtresse est dans les bras du directeur !!! Son coeur se met à battre violemment, ses tempes cognent. Durant quelques secondes – et pourtant une éternité! – il demeure là, prostré, anéanti, sonné, ses jambes se dérobent sous lui, il étouffe. Se reprenant un peu, la colère l’envahit. Une colère terrible. Sidéré, il s’avance vers Lucie: « comment peux-tu me faire ca? » demande-t’il.  A cette question, ce n’est pas elle qui répond, mais Bocquet :  » Pour qui vous prenez-vous? Vous n’avez aucun droit sur elle ! Sortez! » A ces mots, Philippe sent une véritable rage l’envahir, il pousse violemment Bocquet contre le mur. Celui-ci perd l’équilibre et tombe par terre. Immédiatement, Philippe se jette sur lui, et lui assène plusieurs coups de poing. Lucie hurle et tente d’arrêter Philippe qui s’acharne sur le directeur et essaie à présent de l’étrangler.  Alertés par le bruit, des employés -deux hommes- accourent. Ils se jettent sur Philippe, le maîtrisent et parviennent difficilement à l’éloigner de Bocquet.

Dix minutes plus tard, un médecin du SAMU accouru sur place, constatera la mort du directeur Monsieur Jacques Bocquet.



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