Le suicide, fléau des temps modernes n°1/4


Quelle est la position du sanatana dharma ou conscience de Krishna par rapport au suicide?


Selon le sanatana dharma ou la conscience de Krishna le suicide est un acte condamnable. Si quelqu’un commet le suicide c’est qu’il pense qu’il souffre trop et qu’il désire mettre un terme à sa souffrance. Mais on ne peut espérer véritablement échapper à la souffrance de cette façon, en mettant fin à sa vie.

Une réponse de Srila Prabhupada en 1969 à Boston au Club International des Etudiants de Boston (USA) sur ce sujet nous éclaire:

« Un étudiant: Quelle est votre explication du suicide?

Prabhupada: Le suicide signifie que l’on tue le corps avant terme.Un certain corps vous a été accordé pour jouir et souffrir pour un certain temps donné et tout cela en accord avec vos activités intéressées passées (karma). Si vous commettez le suicide, on compare cela à un prisonnier qu’on aurait été condamné à rester en prison pour six mois, et qui aurait réussi à s’échapper. S’il est repris, il est de nouveau condamné mais cette fois pour une année au lieu de six mois. Le suicide c’est la même chose. Votre corps vous a été accordé par la nature matérielle pour jouir ou souffrir en accord avec vos activités passées. Mais si vous le tuez avant terme, vous devrez néammoins prendre un autre corps, et de plus la durée de vie dans ce corps sera plus longue. Vous ne pouvez pas mettre un terme à la souffrance de cette façon, par le suicide. En reprenant l’exemple de la prison; si vous parvenez à vous enfuir de la prison, cela ne résoudra pas vos problèmes et votre souffrance. Aussitôt que vous serez arrêté, vous serez de nouveau emprisonné. Les lois de la nature ne sont pas à prendre à la légère; qu’on puisse arrêter la souffrance par le seul suicide. Non. Vous devrez prendre un autre corps et continuer à souffrir. »

Le suicide est un acte coupable car nous n’avons pas créé notre corps matériel. Il est un don de Dieu à travers la nature matérielle et nous ne pouvons ainsi décider, de façon arbitraire, d’y mettre fin nous-mêmes.

Sinon, nous risquons de souffrir après notre mort dans un corps de fantôme (un corps subtil et non grossier) car l’incarnation dans un corps grossier nous sera refusé. Cette situation est trés pénible car la personne qui se retrouve dans un corps de fantôme doit errer dans un corps subtil, connaîssant tous les désirs que connaissent les âmes normalement incarnées mais n’ayant pas la capacité de satisfaire ses désirs par l’intermédiaire d’un corps grossier.


Il existe deux sortes de corps:
le corps spirituel et le corps matériel


 Pour mieux comprendre ce qu’on entend par corps matériels grossier et  subtil. Il est important de rappeler tout d’abord qu’elle est la nature originelle de l’être vivant et pourquoi il s’incarne dans un corps matériel.

Selon les Vedas l’être vivant est essentiellement une âme, ou atma, de nature purement spirituelle et éternelle. A l’origine, sa véritable demeure se trouve dans le monde spirituel ou Vaikuntha* et lorsqu’il vit dans le monde spirituel il jouit d’un corps, d’une forme qui est sa forme originelle véritable, purement spirituelle et éternelle ( nitya svarupa). Cette forme est non différente de son âme quand la forme ou le corps matériel que nous possédons actuellement est une manifestation du faux-égo, et est, quant à lui, complètement différent de notre véritable moi. Il recouvre ainsi notre âme. Notre réelle forme est donc spirituelle, originelle et non seulement éternelle mais également remplie de connaissance et de félicité (sat-cit-ananda).

*Dans les Vedas, (Brahma-samhita, Srimad-Bhagavatam, et surtout le Chaitanya caritamrta) le monde spirituel de Vaikuntha est décrit. Ce monde spirituel constitue la réelle demeure des êtres vivants. Ils y vivent heureux et la mort y brille par son absence. Ce monde se nomme Vaikuntha et, en sanskrit cela signifie « le monde sans anxiété ». Tout y est effulgent et rempli de conscience et de félicité. La dimension de Vaikuntha, le monde spirituel, est inconcevable. Le monde matériel lui-même est de dimension inconcevable sachant que ce que nous perçevons dans le cosmos n’est qu’une partie de l’univers fermé dans lequel nous nous trouvons et que cet univers est comparé, par rapport aux autres univers, à un grain de moutarde dans un sac de moutarde. Cependant comparé à Vaikuntha le monde matériel n’occupe qu’une infime partie de la création de Dieu.

Cependant, l’âme bien qu’elle soit de dimension infinitésimale par rapport à Dieu, l’Ame Suprême, jouit d’un certain libre-arbitre et peut choisir ainsi de servir Dieu ou de servir ses sens. Lorsqu’elle choisit, alors qu’elle se trouve dans le monde spirituelle, de servir  ses sens plutôt que Dieu, la Personne Suprême, elle ne peut demeurer plus longtemps dans l’atmosphère spirituelle de Vaikuntha, complètement incompatible avec autre chose que l’attitude soumise, parfaitement spontanée et chargée d’amour, et l’offrande de services dévotionnels et continuels envers le Seigneur Suprême, Krishna et Ses multiples expansions de Narayana. Elle doit alors déchoir dans le monde matériel et revêtir ainsi un corps matériel grossier au sein de la création matérielle où se trouvent les âmes rebelles à Dieu. C’est pourquoi les Ecritures védiques compare la création matérielle à une prison; la prison de la création ou Devi-dhama (Devi est un autre nom de Durga). Durga signifie forteresse ou prison.

Si une personne viole délibérément les lois établies par l’Etat elle ne peut espérer vivre comme un citoyen libre, de la même façon, lorsque l’être choisit de vivre de façon indépendante de Dieu, il ne peut vivre alors qu’au sein de la prison du monde matériel (Devi dhama). Le monde matériel est  le monde sur lequel règne Durga (Devi) qui est aussi la gardienne de la forteresse et la mère de la création matérielle alors que le Seigneur en est le père (Bhagavad-gita 14.4 et Brahma-samhita 5.44).

Donc, dès l’instant où elle manifeste des désirs d’indépendance, l’âme déchue ( au sens propre et figuré) ne peut demeurer plus longtemps dans le monde spirituel mais doit s’incarner dans le monde matériel dans un corps matériel, c’est-à-dire composé d’éléments matériels, pour essayer d’assouvir ses aspirations de compétiteur de Dieu ou « petit dieu » (isvara).

Le corps matériel que l’âme conditionnée doit revêtir est composé d’éléments matériels qui sont décrits par le Seigneur Krishna dans la Bhagavad-gita (BG. 7.4). Ils sont au nombre de huit. Cinq sont grossiers : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther. Ils rentrent dans la composition du corps grossier de tout être vivant incarné dans le monde matériel. Et trois sont subtils: l’intelligence, le mental et le faux-égo. Le corps grossier est déterminé par l’état mental de l’être vivant (voir Bhagavad-gita 15.9), autrement dit le corps subtil ( mental, intelligence et faux égo) . Ainsi, notre état mental et psychologique présent détermine quel genre de corps grossier nous devrons prendre (parmi les 8 400 000 espèces) dans le futur.


Le suicidé risque de prendre un corps de fantôme après la mort


Comme déjà précisé, le suicide selon le sanatana-dharma est un acte coupable influencé par les modes de l’ignorance et de la passion.

Dans le Chaitanya caritamrta il est dénoncé à plusieurs reprises. Ainsi, Chaitanya Mahaprabhu réprimanda Sanatana Gosvami, alors même que celui-ci semblaient avoir de bonnes raisons de se suicider. Sanatana Gosvami avait attrapé une maladie qui lui occasionnait d’insupportables démangeaisons et il projetait d’atteindre la libération spirituelle en se jettant sous les roues du chariot de Jagannatha durant le Ratha Yatra à Jagannatha Puri. Malgré toutes ses « bonnes raisons » le Seigneur Chaitanya le réprimanda fermement:

« Des actes comme le suicide sont influencés par l’Ignorance; or, sous l’influence de l’Ignorance et de la Passion, nul ne peut connaître Dieu ou Krishna. » Chaitanya caritamrta {Antya 4.57}

Et le Seigneur ajouta également: « Tu as consacré ta vie et ton corps à Mon service. Ton corps ne t’appartient donc pas et tu n’as aucun droit de le supprimer. J’ai de nombreux services à accomplir par ton intermédiaire. »

Donc, une fois encore, la réprobation du Seigneur Suprême et des Ecritures révélées vis-à-vis du suicide semble évidente, et ainsi, la personne qui se suicide court de grands risques; celui d’être privé de corps matériel grossier pendant un certain temps et de devoir errer, désamparé, dans un corps de fantôme ou corps subtil.

La situation du fantôme est particulièrement misérable et douloureuse, car bien qu’il ressente maints désirs, l’âme désincarnée n’a plus la possibilité de les satisfaire par l’entremise d’un corps charnel. C’est pourquoi et cela est bien connu, les fantômes gémissent et se lamentent. Le fameux cri du fantôme « ouou.. », que l’on attribue souvent à la volonté du fantôme d’effrayer les « vivants », est, en réalité plutôt un gémissement, une plainte. Ce gémissement ne provient donc pas de l’imagination fertile d’une romancier, d’un conteur ou d’un dessinateur de bandes dessinées mais est bel et bien réel. Il est l’expression de la souffrance que peut ressentir une âme lorsqu’elle est privée d’enveloppe charnelle et que traduit bien l’expression populaire « d’errer comme une âme en peine. »

Le risque de devenir un fantôme n’est pas limité seulement au suicide mais à toute mort violente et soudaine tels un meurtre mais aussi celles résultant d’un incendie, d’une noyade, d’un accident, etc….

Ainsi le danger de sombrer dans une condition infernale après la mort est bel et bien réel, c’est pourquoi la culture védique – plus communément connu sous le nom d’hindouisme -, a prévu l’accomplissement de la cérémonie du sraddha. La cérémonie du sraddha est une cérémonie védique qui est accomplie dans le but de délivrer un défunt après sa mort d’une éventuelle condition infernale. Et, dans cette perspective essentielle, la naissance d’un fils ou putra est vivement désirée. L’emploi du mot putra dans la langue sanskrite pour désigner un fils est significative. « Pu » désigne « put » ou l’enfer et « tra » provient de trayate qui signifie libérer. Ainsi, un putra ou un fils (pieux et responsable il s’entend) est celui qui aide, grâce à l’adoration de Dieu, Sri Vishnu, à libérer son père de l’enfer.  La cérémonie du sraddha consiste en l’offrande de nourriture à Sri Vishnou et d’ensuite présenter le Bhagavat-prasadam (la nourriture consacrée) à ses défunts afin de les délivrer d’une éventuelle condition infernale dans laquelle ils seraient tombés après leur mort.

L’endroit le plus célèbre de l’Inde pour l’accomplissement du sraddha est à Gaya, situé entre Varanasi et Calcutta. Le Seigneur Ramacandra il y a déjà trés longtemps et plus récemment le Seigneur Chaitanya Mahaprabhu s’y rendirent après la mort de Leurs pères. Là se trouve le temple de Vishnupada où l’on rend un culte au Seigneur Vishnu dans le but de déliver ses défunts. Dans ce temple trés populaire, jusqu’à 300 000 pélerins se
rendent chaque année, animés d’une grande ferveur religieuse, pour offrir le Bhagavat-prasadam aux défunts.

          SUITE …. Lutter contre le suicide



Catégories :Faits de société; analyse et solutions

1 réponse

  1. Haribolo Jagadananda prabhu,C’est un très  bon commentaire sur le problème du suicide et j’attend avec impatience le prochain article qui nous expliquera comment lutter contre. On devrait mettre des articles de ce genre sur les milliers de panneaux publicitaire dans les villes. NRS

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