Dieu: une Personne ou une énergie impersonnelle?

               DIEU :         

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  une  Personne  ou    une énergie impersonnelle?
 

 

Le texte suivant extrait du livre « Les enseignements du Seigneur Chaitanya » de Sa Divine Grâce A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupada, compilé à partir du célèbre Chaitanya Caritamrita de Krsna dasa Kaviraja Gosvami aborde un sujet extrémement important pour les chercheurs sincères de la Vérité Absolue: « Dieu est-il une Personne,  la Personne Suprême et originelle ou une énergie impersonnelle? ». Autrement dit lorsque l’on aborde le thème de la Vérité Absolue et de Dieu qu’elle est la meilleure approche et la plus complète? Celle de Dieu en tant que Personne dotée de noms, de qualités, de caractéristiques et de divertissements  particuliers et transcendantaux ou bien plutôt Dieu en tant qu’Energie impersonnelle c’est à dire dépourvu de toute formes,  qualités et de caractéristiques personnelles?

Autant dire les choses clairement tout de suite, l’aspect impersonnel de Dieu est celui qui est le plus mis en avant à l’époque où nous vivons. Il suffit de se rendre dans une librairie section spiritualité pour s’en rendre compte tout de suite. Combien d’ouvrages nous présentent la question de Dieu sous un aspect personnel et combien sous un aspect impersonnel? Nul doute que la deuxième approche est la plus répandue à l’heure actuelle. Mais comme dans le domaine économique, peut on affirmer que ce qui se vend le mieux est nécessairement de plus grande valeur? Autrement dit, est-ce que la profusion d’ouvrages dit spirituels à connotation essentiellement impersonnalistes en font automatiquement des ouvrages de grandes valeurs et d’authenticité indiscutable ? 

Le texte suivant des « Enseignements du Seigneur Chaitanya » nous démontre que la conception impersonnelle de la Vérité Absolue ou de Dieu n’est pas la plus haute réalisation spirituelle de Dieu que l’on puisse avoir mais qu’avant tous les Ecritures Védiques de l’Inde  ont une approche de Dieu essentiellement personnaliste et non impersonnaliste. Et que bien que la réalisation de Dieu revêt trois aspects principaux, personnel, localisé et impersonnel (Bhagavan  Paramatma et Brahman impersonnel ), l’aspect personnel de la Vérité Absolue  ou de Dieu en tant que Krishna ou  Govinda la Personne Suprême est la principale et la plus élévée et contient les deux autres.                   
     Jagadananda pour « Retour à Krishna


Les Puranas sont qualifiés de suppléments védiques. Comme la matière des Vedas originaux s’avère parfois trop ardue pour le commun des mortels, les Puranas l’expliquent merveilleusement à l’aide de récits et d’épisodes historiques. krsna.gif Le Srimad-Bhagavatam (10.14.32) nous révèle la grande fortune de Nanda Maharaja, des pâtres et des autres habitants de Vrindavana, car le Brahman Suprême, l’Être Divin, tout de félicité, Se livre à Ses Divertissements éternels à titre amical en leur compagnie.

Selon la Svetasvatar Upanishad (3.19), le mantra apani-pado javano grahita confirme que même si le Brahman n’a ni mains ni jambes matérielles, Il marche très majestueusement et accepte tout ce qu’on Lui offre. Cela suggère qu’Il possède des membres spirituels, et n’est donc pas de nature impersonnelle. Qui ne comprend pas les principes védiques insiste uniquement sur les traits matériels et impersonnels de la Vérité Suprême et Absolue, et La qualifie indûment d’impersonnelle. Les philosophes impersonnalistes que sont les mayavadis s’efforcent d’établir la nature impersonnelle de la Vérité Absolue, à l’encontre de la littérature védique. Bien que les Écrits védiques confirment que l’Absolu Suprême possède de multiples énergies, les mayavadis tentent en effet d’établir qu’il n’en est rien. Le fait demeure cependant que la Vérité Absolue est aussi personnelle que riche en énergies. Il n’est donc guère possible d’établir qu’Elle est impersonnelle.

Selon le Vishnu Purana (6.7.61-63), les êtres vivants forment l’énergie dite ksetrajna. Quoique parties intégrantes du Seigneur Suprême et pleinement conscients, les êtres distincts n’en deviennent pas moins prisonniers de la souillure matérielle, et subissent toutes les souffrances inhérentes à celle-ci. Ces êtres vivent différemment selon le degré de leur enlisement dans la nature matérielle. Comprenons ici que l’énergie première du Seigneur Souverain est spirituelle et non différente de Sa Personne Absolue et Suprême. L’être vivant est qualifié d’ énergie marginale du Seigneur, et la matière, d’ énergie inférieure. Sous l’effet de son inertie et de son ivresse matérielle, l’être vivant – malgré sa position marginale – s’empêtre dans la matière, de nature inférieure. Oubliant alors sa nature spirituelle, il s’identifie à l’énergie matérielle et s’expose par là aux trois formes de souffrance. Toutefois, pour peu qu’il s’affranchisse de la souillure matérielle, il en vient à s’établir à différents niveaux d’existence.

Selon l’enseignement védique, il importe que chaque être vivant comprenne sa nature intrinsèque, celle du Seigneur et celle de l’énergie matérielle, de même que leur interconnexion. Il s’agit d’abord de chercher à saisir la nature véritable de Dieu, la Personne Suprême. krishnapfau.jpg Le Seigneur possède un corps éternel, conscient, félicieux, et Son énergie spirituelle se caractérise par l’éternité, le savoir et la félicité. De par Son aspect extatique, Il est la Source de la puissance de félicité. De par Son aspect éternel, Il est la Cause de tout ce qui existe. Et de par Son aspect conscient, Il incarne le savoir suprême. Le Nom  » Krishna  » désigne d’ailleurs ce savoir souverain. En d’autres termes, Krishna, la Personne Suprême, est le Réservoir de tout savoir, de tout plaisir et de toute éternité. Le savoir suprême de Krishna se manifeste à travers trois énergies :  l’énergie interne, l’énergie marginale et l’énergie externe. Par le biais de Son énergie interne, Il existe en Lui-même avec Son entourage spirituel; par le biais de Son énergie marginale, Il Se manifeste sous la forme des êtres vivants; et par le biais de Son énergie externe, Il Se manifeste sous la forme de l’énergie matérielle. Et la manifestation de chacune de ces énergies repose sur un fond d’éternité, de félicité et de savoir.

L’âme conditionnée incarne l’énergie marginale sous l’emprise de l’énergie externe. Toutefois, lorsque l’énergie marginale se place plutôt sous le signe de l’énergie spirituelle, elle devient digne de l’amour de Dieu. Le Seigneur Suprême jouit de six excellences, de sorte que nul ne peut établir qu’Il est sans forme ou dépourvu d’énergies. Quiconque le prétend va entièrement à l’encontre de l’enseignement védique. En réalité, Dieu, la Personne Suprême, est le Maître de toutes les énergies, tandis que l’être distinct, fragment infinitésimal de Sa Personne, peut être subjugué par l’énergie matérielle. La Mundaka Upanishad nous offre l’exemple de deux oiseaux perchés sur un même arbre. L’un d’eux en mange les fruits alors que l’autre ne fait que l’observer. Lorsque le premier se tourne vers le second, il s’affranchit de toute angoisse. Telle est la position de l’être infinitésimal. Tant qu’il oublie Dieu, l’Être Suprême, il reste la proie des trois formes de souffrance. Mais dès qu’il se tourne vers le Seigneur Suprême, ou devient Son dévot, il s’affranchit de toute angoisse et souffrance inhérentes à l’existence matérielle.

uddhavasentaway.jpg L’être distinct est éternellement subordonné au Seigneur Souverain, lequel reste à jamais le Maître de toutes les énergies, tandis que l’être distinct se trouve toujours sous le contrôle des énergies du Seigneur. Bien que qualitativement identique au Suprême, l’être vivant cherche à dominer la nature matérielle, si ce n’est qu’étant infinitésimal, il est sujet à la domination de la nature matérielle. Aussi le dit-on représenter l’énergie marginale du Seigneur. Du fait qu’il tend à être dominé par la nature matérielle, l’être vivant ne peut à aucun moment faire Un avec le Seigneur Suprême. Si l’être distinct était l’égal de Dieu, il ne pourrait jamais être dominé par l’énergie matérielle. La Bhagavad-Gita décrit l’être distinct comme l’une des énergies du Seigneur. Bien qu’inséparable de sa source, l’énergie ne peut lui être égale. En d’autres mots, l’être vivant est simultanément différent et non différent du Seigneur Suprême. La Bhagavad-Gita (7.4-5) précise que terre, eau, feu, air, éther, mental, intelligence et faux ego sont les huit énergies élémentaires de l’Être Suprême – énergies de qualité inférieure -, tandis que l’être distinct s’avère de qualité supérieure. L’enseignement védique confirme que la Forme transcendantale du Seigneur Suprême est éternelle, toute de savoir et de félicité.

La vision impersonnaliste nie les transformations liées aux modes d’influence de la nature matérielle. La forme qui transcende les influences de la nature matérielle ne ressemble guère aux formes de notre univers de matière. Purement spirituelle, elle ne peut être comparée à aucune forme matérielle. Par conséquent, quiconque n’accepte pas la Forme spirituelle du Seigneur Suprême est un athée. Puisque Bouddha ne reconnaît pas ces principes védiques, les maîtres des Vedas voient en lui un athée. Bien que les philosophes mayavadis prétendent accepter les principes védiques, ils prêchent indirectement la doctrine bouddhiste, ou l’athéisme, et ne reconnaissent pas Dieu, la Personne Suprême. La philosophie mayavadi est cependant inférieure à la doctrine bouddhiste, qui rejette directement l’autorité des Vedas. Travestie en philosophie védantiste (voir Vedanta sutra), la doctrine mayavadi se révèle en effet plus dangereuse que le bouddhisme ou l’athéisme.

vedvyas.jpg Vyasadeva a composé le Vedanta-sutra pour le bien de tous les êtres vivants, afin qu’ils comprennent la philosophie du bhakti-yoga. Hélas, le Shariraka-bhashya, soit le commentaire mayavadi sur le Vedanta, est venu en dénaturer la teneur. Rejetant la forme spirituelle et absolue de Dieu, la Personne Suprême, ce commentaire rabaisse le Brahman Suprême au niveau de l’être, ou Brahman distinct. La forme et l’individualité spirituelles du Brahman Suprême et du Brahman distinct s’y trouvent niées, bien que les Écritures  enseignent clairement que le Seigneur est l’unique Être Suprême, alors que les êtres distincts sont légion. Il s’avère donc toujours périlleux de lire le commentaire mayavadi sur le Vedanta-sutra, le danger résidant dans la méprise selon laquelle l’être distinct serait l’égal du Seigneur Suprême. L’être peut être ainsi fourvoyé, après quoi il ne peut recouvrer sa position réelle, qui tient à la pratique éternelle du bhakti-yoga. Autrement dit, la philosophie mayavadi a causé le pire tort à l’humanité en faisant valoir la conception impersonnelle du Seigneur Suprême. Ainsi les philosophes mayavadis privent-ils la société humaine du vrai message du Vedanta-sutra.

D’emblée, le Vedanta-sutra admet que la manifestation cosmique n’est qu’un déploiement de l’énergie du Seigneur Suprême. Le tout premier aphorisme – janmady asya – décrit le Brahman Suprême comme la source dont tout émane. Il est le Soutien de toute chose et tout se dissout en Lui. Ainsi la Vérité Absolue est-elle la cause de la création, du soutien et de la dissolution. L’arbre étant la cause du fruit, on ne saurait dire qu’il est de nature impersonnelle. Même s’il produit des centaines, voire des milliers de fruits, l’arbre en soi demeure inchangé. Le fruit, lui, se développe et se conserve quelque temps, puis il dépérit et disparaît. Mais cela n’implique nullement que l’arbre disparaît lui aussi. Le Vedanta-sutra expose donc d’entrée de jeu la doctrine des sous-produits. La production, la préservation et la dissolution s’opèrent de par l’inconcevable énergie du Seigneur Suprême. La manifestation cosmique est une transformation de l’énergie du Seigneur, quoique Celui-ci et Son énergie soient non différents et inséparables. La pierre philosophale peut produire de grandes quantités d’or au contact du fer, mais elle demeure inchangée malgré tout. Même s’Il produit la gigantesque manifestation cosmique, le Seigneur Suprême conserve toujours Sa Forme transcendantale.

La philosophie mayavadi a l’impudence de rejeter le but visé par Vyasadeva, tel que défini dans le Vedanta-sutra, et de chercher à établir une doctrine de transformation purement imaginaire. Selon cette doctrine mayavadi, la manifestation cosmique ne serait qu’une transformation de la Vérité Absolue, qui n’aurait aucune existence hors du cosmos. Or, tel n’est pas le message du Vedanta-sutra. Les philosophes mayavadis définissent cette transformation comme étant illusoire, ce qu’elle n’est pas. Elle n’est que temporaire. La philosophie mayavadi soutient que la Vérité Absolue incarne la seule vérité et que la manifestation cosmique n’a pas de réalité propre. Dans les faits, il n’en est rien. La manifestation matérielle n’est pas exactement illusoire; en tant que vérité relative, elle n’est que temporaire.

Le pranava, ou l’omkara, est la principale vibration des hymnes védiques : l’omkara est considéré comme la forme sonore OMKARA.jpg du Seigneur Suprême. De l’omkara émanent tous les hymnes védiques de même que l’univers. Les mots tat tvam asi, qu’on retrouve aussi dans les hymnes védiques, n’en sont pas les principales vibrations, mais plutôt une définition de la nature intrinsèque de l’être vivant. Tat tvam asi signifie en effet que l’être est un fragment spirituel de l’Âme Suprême, mais ce n’est pas là l’objet principal du Vedanta ou de la littérature védique. L’omkara demeure la principale manifestation sonore du Suprême. Toutes ces explications fallacieuses du Vedanta-soutra sont tenues pour athées. Puisqu’ils n’acceptent pas l’éternelle Forme spirituelle du Seigneur Suprême, les philosophes mayavadis sont incapables de vraiment pratiquer le service de dévotion. Aussi demeurent-ils à jamais privés de la conscience de Krishna et du service de dévotion à Krishna. Le pur dévot de l’Être Divin n’acceptera jamais la philosophie mayavadi comme une véritable voie de réalisation spirituelle. Les philosophes mayavadis errent sur le plan matériel de la moralité et de l’immoralité associées à la manifestation cosmique; par conséquent, ils sont toujours occupés à accepter ou à rejeter la jouissance matérielle. Ayant à tort accepté comme spirituel ce qui ne l’est point, ils ont oublié l’éternelle Forme spirituelle de Dieu, la Personne Suprême, ainsi que Son Nom, Sa nature et Son entourage. Ils considèrent les Divertissements, Noms, Formes et Attributs spirituels de l’Être Suprême comme des produits de la nature matérielle. Du fait de leur acceptation et de leur rejet successifs des joies et peines matérielles, les philosophes mayavadis sont éternellement soumis à la souffrance matérielle.

Les vrais dévots du Seigneur sont différents des philosophes mayavadis. Limpersonnalisme ne peut d’aucune façon représenter l’éternité, l’extase et le savoir. Établis dans une connaissance imparfaite de la libération, les mayavadis dénigrent l’éternité, le savoir et la félicité sous l’emprise du matérialisme. Puisqu’ils rejettent le service de dévotion, ils sont dénués d’intelligence et incapables de saisir les fruits du service dévotionnel. Les jongleries verbales auxquelles ils ont recours pour amalgamer la connaissance, le connaissable et le connaissant démontrent simplement leur absence d’intelligence. La doctrine des sous-produits constitue le véritable message du début du Vedanta-sutra. Le Seigneur est le maître d’innombrables énergies infinies; aussi manifeste-t-Il les sous-produits de ces énergies de diverses façons. Tout est sous Sa domination. Le Seigneur Suprême est également le Maître Suprême, qui Se manifeste en d’innombrables énergies et émanations.



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