Sigmund Freud à la lumière des Vedas n°2/2

  SPIRITUALISME DIALECTIQUE

Un point de vue védique sur la philosophie occidentale
________

La  psychanalyse

Sigmund Freud

Sigmund Freud
(1856-1934)

Dans l’entretien qui suit, Syāmasundara das ( Sam Speerstra, diplômé en philosophie) et Hayagriva das (Prof. Howard Wheeler) présente la philosophie de Sigmund Freud à Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada ( Fondateur-Acharya du Mouvement pour la Conscience de Krishna ) qui la compare à la pensée védique.
Traduction française: Jagadānanda dāsa

Suite de la  PREMIERE PARTIE

Hayagriva: Dans la même lettre, Freud continue:  » Ainsi, je suis complètement incapable de considérer la ‘survie de la personnalité’ après la mort, même comme une simple possibilité scientifique…Je pense donc, qu’il est mieux pour moi de continuer à m’en tenir à la psychanalyse… »

Srila Prabhupada: Mais s’il est incapable de comprendre l’éternité de l’âme, la psychanalyse devient alors erronée. Même durant la  vie, on peut voir le corps changer tandis que l’âme, elle, reste la même. On passe à travers divers changements; enfance, jeunesse, homme, âge mûr, vieillesse, mais l’âme, la personne, est toujours là (et ne change pas).

Hayagriva: Dans Au delà du principe de plaisir, Freud théorise sur l’instinct de mort. Assimilant la tendance que l’enfant a de répéter un certain acte qui lui procure du plaisir avec la propension à retrouver une situation passée, il en conclut que si d’ instinct il est attiré vers le passé, il tendra nécessairement à régresser vers l’état prénatal. C’est un désir de « retourner au sein maternel » qui amena Freud à écrire: « Le but de toute vie est la mort. » Pour lui, la mort est la cessation de la souffrance.

Srila Prabhupada:
Si cela est vraiment le cas, pourquoi alors les gens ont-ils peur de la mort? Pourquoi les gens vont-ils consulter un docteur lorsqu’ils craignent de tomber malade? Si la mort constitue le bonheur ultime, pourquoi les gens essayent-ils alors de l’éviter?

Hayagriva : Une fois, après une dispute avec Jung, Freud s’évanouit, et lorsqu’il revint à lui, ses mots furent:  » Combien cela doit-il être agréable de mourir! »

Srila Prabhupada: Mais quel plaisir trouve-t’on à être mort? Quelle est le plaisir dans l’extinction? C’est le plaisir d’une pierre.

Hayagriva: Hé bien, il a parlé en effet de retourner à « l’inertie du monde inorganique ».

Srila Prabhupada: Mais pourquoi alors s’embêter à philosopher et à psychanalyser? Suicidons-nous, tout simplement, et devenons une pierre. Pourquoi gâcher tant de temps? S’il est mieux de mourir, devenons une pierre et soyons heureux. Si l’extinction représente le bonheur ultime, pourquoi écrire tant de livres?

Hayagriva: Freud considère la quiétude qui suit l’acte sexuel, trés comparable à la mort parce que les désirs sont éteints. Ainsi le sommeil suit souvent la relation sexuelle. En ce sens, la poursuite du plaisir est une pulsion de mort.

Srila Prabhupada:Si cela constitue le but de l’existence, nous devrions prier Dieu de devenir des chiens et des porcs car ces animaux ont de grandes facilités pour la vie sexuelle. Ils considèrent tous le sexe comme le but ultime, et ensuite s’endorment.

              nāyaḿ deho deha-bhājāḿ nṛloke
             kaṣṭān kāmān arhate viḍ-bhujāḿ ye
              tapo divyaḿ putrakā yena sattvaḿ
      śuddhyed yasmād brahma-saukhyaḿ tv anantam

« Le Seigneur  Rsabhadeva dit à Ses fils:
Mes chers enfants, d’entre tous les êtres ayant revêtu en ce monde des corps matériels, ceux auxquels une forme humaine a été octroyée ne devraient pas peiner jour et nuit en vue du seul plaisir des sens, accessible même aux chiens et aux porcs qui se nourrissent d’excréments. Ils devraient plutôt pratiquer la pénitence et l’austérité pour atteindre le niveau divin du service de dévotion. Grâce à cette pratique, le coeur se purifie et on découvre alors une existence éternelle et toute de félicité, qui transcende le bonheur matériel et dure à jamais. « 
  Srimad Bhagavatam ( 5.5.1)

La vie humaine est destinée au tapasya (l’austérité), à mettre un terme au sexe. C’est le système du brahmacarya.

Syamasundara: Pour Freud, l’énergie sexuelle, ou libido, ne se manifeste pas uniquement à travers la relation sexuelle. Elle apparaît à travers une grande variété de sensations de plaisir en relation avec diverses activités corporelles, incluant les plaisirs liés à la bouche et différents organes.

Srila Prabhupada: Nous avons déjà dit que le seul bonheur dans ce monde matériel est considéré être sexuel. Yan maithunādi (SB 7.9.45). Le mot ādi signifie le principe fondamental, lequel est, dans ce monde matériel, le sexe. Qu’est-ce que le bonheur matériel? Jouir de la vie avec ses amis et sa famille. Mais genre de plaisir est-ce là? On le compare à une goutte d’eau dans le désert. En réalité, nous recherchons un plaisir illimité. Anandamayo’bhyāsāt. Comment cette simple goutte d’eau dans le désert, laquelle représente le plaisir matériel, pourrait jamais nous satisfaire? Personne n’est satisfait, malgré le fait que les gens s’adonne au sexe de tellement de différentes façons. Et maintenant les jeunes filles se promènent presque nues, et partout la population féminine augmente.

Dès que la population féminine augmente, les femmes demandent,  » Où sont les hommes? » Et à partir de là, c’est un désastre car chaque femme cherche à attirer un homme, et les hommes cherchent à prendre avantage de cette situation. Alors que le lait est disponible sur le marché, à quoi sert-il de s’encombrer d’une vache? (proverbe) Plus les hommes deviendront attachés aux femmes, plus la population féminine augmentera.

Syamasundara: Comment cela?

Srila Prabhupada: Quand votre activité sexuelle augmente, la capacité d’engendrer un enfant mâle diminue. Quand la puissance sexuelle de l’homme est moindre, une fille nait, et quand elle est supérieure, un garçon nait. Lorsque l’émission de l’homme est plus importante, il y aura un enfant mâle. Si l’émission de la femme est supérieure, ce sera une fille. Lorsque les femmes peuvent être aisément obtenues, les hommes s‘affaiblissent, et ils engendrent des filles parce qu’ils perdent leur puissance de part leurs excés. Des fois même, ils deviennent impuissants. Si vous ne restreignez pas votre vie sexuelle, vous engendrerez tellement d’effets désastreux. Yāmunācārya dit:

          yad-avadhi mama cetaḥ krsṇa-pādāravinde
nava-nava-rasa-dhāmany udyataḿ rantum āsīt
           tad-avadhi bata nārī-sańgame smaryamāṇe
         bhavati mukha-vikāraḥ suṣṭhu niṣṭhīvanaḿ ca

  » Depuis que j’ai accepté le pur service d’amour de Krishna, j’éprouve en lui une joie toujours nouvelle, et chaque fois qu’une pensée sexuelle entre dans mon esprit, je crache dessus et mes lèvres grimacent de dégoût. »
Strota ratna

Syamasundara: Freud considèrerait cela comme une forme de répression.

Srila Prabhupada: Son idée de répression est différente de la nôtre. Notre répression signifie se lever de bonne heure le matin, participer au mangala-āratik, chanter le mahā-mantra Hare Krishna, et s’engager dans le service de dévotion. De cette façon, nous réprimons les tendances matérielles.

Syamasundara: En d’autres mots, c’est une répression en toute conscience et connaissance de cause.

Srila Prabhupada: La réelle connaissance viendra plus tard. Au début, il y a obéisance au maître spirituelle. De cette façon, on ne développe pas d’habitudes indésirables.

Syamasundara: Néammoins, grâce à l’évocation d’expériences choquantes et traumatisantes passées, souvent les tensions sont soulagées et les désordres de la  personnalité corrigées. C’est un fait de la psychanalyse.

Srila Prabhupada: C’est possible, mais quand une semence a grandi et fructifiée jusqu’à devenir un arbre, ce n’est plus possible alors de rectifier la semence. La semence n’est plus là. Elle s’est changée en arbre. Freud est peut être capable de trouver la cause, mais connait-il le remède? Notre remède est de divertir notre attention sur Krishna. En comprenant Krishna, nous oublions automatiquement nos problèmes. Krishna constitue la panacée à toute maladie.

Syamasundara: Freud également étudia la projection; le fait de projeter sur les autres sa propre personnalité. Un homme peut considérer les autres comme des voleurs parce qu’il en est lui-même un.

Srila Prabhupada: Nous sommes d’accord avec cela; ātmanā manyate jagat, chacun pense que les autres sont comme lui-même.

Syamasundara: Freud également pensait que les enfants agissaient de différentes façons afin de gagner l’amour et l’affection de leurs parents.

Srila Prabhupada: Les enfants imitent. A Agra (Inde), j’ai vu des enfants de deux et trois ans imiter les relations sexuelles de leurs parents. Ils ne connaissaient rien du plaisir sexuel, mais ils étaient en train d’imiter ce qu’ils avaient vus. Les enfants ne connaissent pas la signification des choses, mais ils imitent leurs parents. Il n’existe pas de modèle éducatif déterminé pour former la personnalité de l’enfant. On peut éduquer les enfants comme on le veut. Ils sont comme une pâte molle, et vous pouvez faire d’eux ce que vous voulez. Tout ce que vous avez à faire est de les mettre dans le moule. De nombreuses névroses dont Freud parle n’existent pas dans les familles indiennes. Si l’enfant est bien entouré, il agira convenablement, s’il est mal entouré il agira mal. Dans ce sens l’enfant n’est pas indépendant.

Syamasundara: Freud pense que notre comportement doit être compris dans la perspective de l’histoire d’une vie entière.

Srila Prabhupada: C’est exact. C’est pourquoi, selon les principes védiques, devant un jeune enfant, le mari et la femme bannissent tout propos sexuel, même pour plaisanter, parce que l’enfant ne comprend pas. Si les enfants connaissent la relation sexuelle, c’est parce qu’ils l’ont appris des parents.

Hayagriva: Malgré qu’il évita souvent le sujet même de la religion, Freud prit parfois la position d’un agnostique. Il écrit:  » De la valeur et de l’authenticité de la plupart des religions, nous ne pouvons juger; tout comme elles ne peuvent être prouvées, elles ne peuvent être aussi réfutées. »

Srila Prabhupada: Pour commencer, il ne sait pas ce qu’est la religion. Comme nous l’avons déjà dit, la religion signifie « les ordres données par Dieu. » Et puisqu’il n’a aucune conception de Dieu, comment peut-il connaître un tant soit peu Ses ordres? Tout ce qu’il connaît de la religion ce sont les religions fictives, qui ont été décrites dans le Srimad-Bhagavatam comme étant kaitava – les religions de la tromperie (voir Le Srimad Bhagavatam: la religion authentique) . La réelle religion est loi. Tout comme vous ne pouvez pas créer les lois chez vous, dans votre maison, vous ne pouvez pas, de la même façon, inventer la religion.

Hayagriva: Freud écrit plus avant:  » Face à nos interrogations, l’univers révèle ses mystères , seulement avec lenteur . A de nombreuses questions la science ne peut pas encore donner de réponse, mais la démarche scientifique reste l’unique moyen d’accès à la connaissance de la réalité externe…Non, la science n’est pas une illusion. Mais ce serait une illusion de supposer qu’on peut se rendre ailleurs que ce qu’elle ne peut pas nous offrir. »

Srila Prabhupada: Mais d’abord, nous devons comprendre ce qui constitue le réel objet de la connaissance. Le mot veda signifie « connaissance », et anta signifie « ultime ». A moins d’arriver au point ultime de la connaissance, ou Vedānta, votre connaissance demeure imparfaite ou insuffisante. L’objet ultime de la connaissance est Dieu, et tant que l’on n’a pas défini Dieu ou expliquer Sa nature, on n’a pas atteint le point ultime de la connaissance. Dieu est un fait, mais malheureusement nous n’en n’avons pas une idée claire. Cela signifie que notre connaissance n’a pas atteint le point ultime – autrement dit, elle demeure imparfaite. Si la connaissance d’un philosophe ou d’un scientifique est imparfaite, qu’elle en est la valeur? Selon la méthode védique, nous recevons notre connaissance de la personne parfaite: Krishna, Dieu, la Personne Suprêm

Hayagriva: Concernant l’origine des religions, Freud écrit:  » Comme c’est une tâche délicate de décider ce que Dieu à Lui-même ordonné et ce qui provient plutôt de l’autorité d’un parlement tout puissant ou d’un arrêt judicaire suprême, ce serait un avantage indubitable de complètement tenir Dieu à l’écart de la question, et d’admettre honnêtement l’ origine purement humaine de toutes lois culturelles et de toutes institutions. « 

Srila Prabhupada:   Dieu ne tire son pouvoir de personne. Comme le Srimad Bhagavatam au début le déclare : janmādy asya yato ‘nvayād itarataś cārtheṣv abhijñaḥ svarāṭ . Le Dieu Suprême, la Vérité Absolue, connaît tout en complet détail. Le mot abhijñah signifie  » pleinement connaissant ». Comment se fait-il que Dieu possède la connaissance complète? De qui a-t’il reçu cette connaissance? La réponse est sva-rāt. Il ne la reçoit de personne. Il est complètement indépendant. Si Dieu avait dû recevoir la connaissance de Mr Freud, il ne serait pas Dieu. Dieu est la seule personne qui soit complètement indépendante.

na tasya kāryaḿ karaṇaḿ ca vidyate
na tat-samaś cābhyadhikaś ca dṛśyate
parāsya śaktir vividhaiva śrūyate
svābhāvikī jñāna-bala-kriyā ca

« La forme qu’Il possède n’est pas comparable à celle d’une entité vivante ordinaire. Il n’existe nulle différence entre Son corps et Son âme. Il est absolu. Tous Ses sens sont parfaitement spirituels. Chacun de Ses sens est capable d’accomplir les actions des Ses autres sens. Personne n’est supérieur ou égal à Lui. Ses énergies et puissances sont multiples, et ainsi Ses actes sont automatiquement accomplis dans un ordre naturel. »
                                  Svetasvatara Upanisad

Dieu est complètement et naturellement parfait, et Il n’a pas à suivre quelque procédé pour le devenir. Si quelqu’un s’efforce d’atteindre la perfection spirituelle c’est qu’il n’est pas Dieu. Alors que Krishna était âgé de trois mois, il put tuer la géante Putana Krishna tue la sorcière Putana . Ses puissances se manifestent automatiquement, qu’Il apparaisse en tant qu’enfant ou en tant que jeune homme. De nos jours, de soi-disant yogis s’efforcent de devenir Dieu en méditant, mais Krishna n’eut pas à méditer. Si Dieu est toujours Dieu, Il n’a pas à apprendre quoi que ce soit de qui que ce soit. Tel est ce qu’on entend par indépendance. Si vous désirez apprendre quelque chose de Dieu, vous devez recevoir cette connaissance directement de Lui, ou d’une personne qui Le connaît. C’est l’instruction que donne la Bhagavad-gita:

                  tad viddhi praṇipātena 
                   paripraśnena sevayā
                   upadekṣyanti te jñānaḿ
                   jñāninas tattva-darśinaḥ

Cherche à connaître la vérité en approchant un maître spirituel; enquiers toi d’elle auprès de lui avec soumission, et tout en le servant. L’âme réalisée peut te révéler le savoir, car elle a vu la vérité. 
                                   BG (4.34)
 

Le mot tattva-darsinah fait référence à quelqu’un qui possède véritablement la connaissance de Dieu. Il est nécessaire d’acquérir la connaissance de Dieu de quelqu’un qui L’a vu face à face. Arjuna, par exemple, put parler personnellement avec Dieu sur le champ de bataille de Kuruksetra. Si nous aspirons à connaître Dieu, nous devrions atteindre à cette connaissance de la même façon qu’Arjuna. Quelle fut cette connaissance qu’atteignit Arjuna? Nous la retrouvons dans le dixième chapitre de la Bhagavad-gita:

                   paraḿ brahma paraḿ dhāma
                      pavitraḿ paramaḿ bhavān
                      puruṣaḿ śāśvataḿ divyam
                       ādi-devam ajaḿ vibhum

Arjuna dit:
Tu es le Brahman Suprême, l’ultime Demeure, le Purificateur souverain, la Vérité Absolue et l’éternelle Personne Divine. Tu es Dieu, l’Etre primordial, originel et absolu. Tu es le Non-né, la Beauté qui tout pénètre. Tous les grands sages le proclament, Narada, Asita, Devala, Vyasa; et Toi-même, à présent, me le révèles.
                        BG (10.12/13)

Hayagriva: A propos de l’éducation religieuse des enfants, Freud écrit:  » Aussi longtemps que les années d’enfance de l’homme sont influencées par les pensées religieuses inhibantes et celles inférieures qui en émanent, aussi bien que par celles d’ordre sexuel, on ne peut pas réellement dire ce qu’il est vraiment . » Freud croit vivement que l’éducation religieuse des enfants altère le développement naturel de l’homme.

Srila Prabhupada: Qu’y a-t’il de mal à informer un enfant qu’il existe un Être Suprême qui commande l’entière manifestation cosmique? Freud ne croyait-il pas à l’éducation?

Hayagriva: Il estimait que les enfants ne devaient pas être endoctrinés par « les pensées religieuses inhibantes« .

Srila Prabhupada: Mais il doit exister une certaine forme d’éducation, et l’éducation spirituelle est la plus importante. La fonction primordiale de la vie humaine est de cultiver la connaissance de Dieu. Les espèces inférieures ne peuvent pas comprendre Dieu, mais les êtres humains eux, le peuvent. Par conséquent, l’éducation spirituelle est primordiale.

Hayagriva: Marx appelle la religion « l’opium du peuple », et Freud, de la même façon, dit que « les consolations de la religion peuvent être comparées à celles d’un narcotique ».

Srila Prabhupada: Comme je l’ai déjà dit auparavant, ni Marx ni Freud ne savent ce qu’est la religion, et c’est là, leur réel problème. Avant tout, ils doivent apprendre ce qu’est la religion avant de pouvoir en discuter intelligemment.

Hayagriva: Freud écrit:  » Le croyant ne permettra jamais qu’on lui retire sa foi que ce soit par des arguments ou par des interdictions. Et même si cela devait réussir pour quelques uns, ce serait cruelle de le faire. Un homme qui a, durant des décennies pris un sédatif, est naturellement incapable de dormir si il en est privé…. »

Srila Prabhupada: Il est cruel aussi d’égarer les gens en leur disant que Dieu le Père n’est simplement qu’une conception infantile. C’est une réelle cruauté. Il est cruel de mettre en avant le sexe et la mort et de dénier la conception de Dieu en tant que Père Suprême.

Hayagriva: Freud ne penserait pas cruel de dissiper l’illusion d’un homme. Il écrit:  » Je ne suis pas d’accord avec vous quand vous soutenez qu’en général, un homme ne peut pas vivre sans la consolation de l’illusion religieuse, que sans elle il ne pourrait par supporter les difficultés de l’existence, la cruauté de la réalité. »

Srila Prabhupada: Sans éducation spirituelle, l’homme reste un animal. La vie d’un homme devrait être plus que manger, dormir, s’accoupler, se défendre et mourir. L’homme devrait s’efforcer de progresser dans la connaissance spirituelle. L’éducation spirituelle signifie comprendre Dieu. Freud peut dénier l’existence de Dieu, mais quoi qu’il en soit la conception de Dieu est présente dans la société humaine. On peut accepter ou rejeter différentes conceptions de Dieu mais le fait est indéniable; au sein de chacun des pays civilisés il existe une certaine forme de religion. On peut être Chrétien, Bouddhiste, Hindou, ou Musulman: la désignation n’est pas trés importante. Comprendre Dieu est le facteur commun important. Cette connaissance ultime s’appelle le Vedanta, la conclusion ultime de toute connaissance. Athāto brahma jijñāsā(Vedānta-sūtra). Maintenant, dans cette forme humaine, il est temps de s’enquérir : « Qu’est-ce que le Brahman? » Le Brahman, la Vérité Absolue, représente le but de la réelle connaissance. L’homme n’a pas besoin d’être éduqué pour comprendre le sexe. Selon un proverbe Bengali: vous n’avez pas à apprendre à pleurer, ou à jouir de la vie sexuelle. Quand vous vous lamentez, vous pleurez automatiquement, et lorsqu’il y a une pulsion sexuelle, vous en jouissez automatiquement. On ne réquiert pas l’aide d’un professeur comme Mr Freud. Tous, animaux et êtres humains, savent comment jouir du sexe. Il n’est pas question d’une « philosophie du sexe ». La philosophie signifie s’enquérir de la Vérité Absolue, Brahman, le Maître suprême, Celui duquel tout a émané. La philosophie vise à connaître l’origine de toutes choses. On peut s’enquérir sur l’origine de la vie sur terre, et conclure que la vie provient de l’eau, de la terre, du feu. Ensuite, d’où la terre, l’eau, le feu viennent-ils? Celui qui est la source de tout ce qui est, est la Vérité Absolue. Dans la Bhagavad-gita, le Seigneur Krishna dit:

                ahaḿ sarvasya prabhavo
                mattaḥ sarvaḿ pravartate
                 iti matvā bhajante māḿ
                 budhā bhāva-samanvitāḥ

« De tous les mondes, spirituels et matériels, Je suis la Source, de Moi tout émane. Les sages qui connaissent parfaitement cette vérité, de tout leur coeur Me servent et M’adorent. »
                    BG (10.8)

Vous devenez un dévot de Krishna quand vous comprenez parfaitement que Krishna est la source ultime. Cette connaissance ne vient qu’après de nombreuses vies de recherche et de recherche.

                      bahūnāḿ janmanām ante
                      jñānavān māḿ prapadyate
                           vāsudevaḥ sarvam iti
                       sa mahātmā su-durlabhaḥ

« Après de nombreuses renaissances, lorsqu’il sait que Je suis tout ce qui est, la Cause de toutes les causes, l’homme au vrai savoir s’abandonne à Moi. Rare un tel mahātmā. »
BG ( 7.19)

Après avoir compris que Vāsudeva, Krishna, est tout, le mahātmā la grande âme, commence son bhajana, son adoration.

                     mahātmānas tu māḿ pārtha
                       daivīḿ prakṛtim āśritāḥ
                       bhajanty ananya-manaso
                      jñātvā bhūtādim avyayam

 » Mais ceux qui ignorent l’égarement, ô fils de Pṛthā, les mahātmās, se trouvent sous la protection de la nature divine. Me sachant Dieu, la Personne Suprême, originel et intarissable, ils s’absorbent dans le service de dévotion. »
                                  BG (9.13)

Hayagriva: Freud admet que sans religion l’homme se retrouve « lui-même dans une situation difficile. Il devra admettre son impuissance la plus complète et sa part insignifiante dans la fonction de l’univers. » Malgré tout, il continue à dire que sans religion, l’homme finalement s’aventure dans le monde hostile, et que cette précarité constitue son « éducation à la réalité ».

Srila Prabhupada: Et quel service Mr Freud a t’il rendu? Il a égaré le monde et a rendu plus difficile pour les hommes, d’accepter la parole de Dieu. Les hommes simples acceptent la parole de Dieu, mais aujoud’hui beaucoup sont devenu « trop intelligents » * , et ils pensent que le sexe est Dieu. Avant qu’une telle mentalité disparaisse il faudra du temps, mais l’homme doit finalement apprendre qu’il ne trouvera le bonheur qu’en s’efforçant de comprendre et d’adopter le mode de vie défini par Dieu Lui-même.

Hayagriva: Le Christ enseigna qu’à moins qu’on ne devienne comme un petit enfant, on ne pouvait pas entrer dans le royaume de Dieu, mais Freud quant à lui recommanda de « grandir » et de rejeter cette illusion.

Srila Prabhupada: Il peut préconiser tellement de choses, mais s’il ignore la signification de Dieu, ou de Sa nature, quelle valeur a sa connaissance? Selon la philosophie védique, on doit recevoir la connaissance d’une personne qui connaît Dieu. Si l’on n’a pas la connaissance de Dieu, sa connaissance est inutile, ou, pire encore, trompeuse. C’est un fait qu’il existe un Maître suprême, et la réelle éducation consiste à comprendre comment ce Maître suprême agit. Dénier son existence est inutile. Il est là, en dehors de notre contrôle, et nous ne pouvons éviter son autorité. On peut faire des plans pour vivre très heureux, mais on peut mourir, que ce soit aujourd’hui ou demain, . Comment peut-on dénier le fait que nous sommes soumis à une autorité?

Comprendre la façon dont le Maître suprême exerce Son autorité constitue la connaissance. Les hommes qui défient la religion et dénient l’existence d’un Maître suprême peuvent être comparés au chacal ** qui s’obstinait à sauter et sauter encore, afin d’essayer d’attraper des grappes de raisin sur une vigne trop haute. Après avoir constaté qu’il ne pouvait pas attraper les grappes, il se dit, « Oh , je n’ai pas besoin de les attraper. De toute façon, elles sont aigres. » Les hommes qui prétendent qu’il n’y a pas besoin de comprendre Dieu sont des adeptes de la philosophie du raisin-aigre.

* « Trop intelligent » (over intelligent) est une expression spécifique à Srila Prabhupada et qu’il utilise régulièrement. Elle met en avant le fait que la réelle intelligence n’est pas matérielle mais spirituelle. Elle doit nous conduire à mieux comprendre la Vérité Absolue, c’est-à-dire, qui est Dieu, qu’elle est Sa forme, Ses saints noms, Ses divertissements, Ses instructions, Ses différentes énergies ( le monde phénoménale mais aussi spirituel), etc… . Elle est reçue, en parampara, des lèvres d’autorités spirituelles, d’acharyas et de saints. Elle est donc conduite par le principe d’humilité (BG 13.8/12) et le souci de développer la connaissance spirituelle à travers l’écoute soumise d’autorités en la matière. Son but est donc d’atteindre à la réalisation spirituelle (libération du cycle des morts et des renaissances et atteindre la pure dévotion à Dieu) en s’abandonnant à Dieu. Tandis que l’attitude du « trop intelligent », de l’intelligence matérielle est, elle, à l’opposé d’une intelligence spirituelle. Elle est vanité, est imparfaite et manque d’intelligence réelle, car elle ne cherche pas à remonter jusqu’à l’origine ultime, la Cause de toutes les causes, Dieu, la Personne Suprême. Elle se limite à la création phénoménale matérielle et cherche à comprendre celle-ci dans le but unique de mieux l’exploiter et de jouir au maximum des sens matériels comme le font par exemple les scientifiques matérialistes actuels avec les conséquences désastreuses évidentes sur, entre autre, l’environnement, que nous connaissons tous aujourd’hui.

**Allusion, faite ici, à une célèbre fable védique.



Catégories :Krishna et les philosophes, Psychologie et transcendance

2 réponses

  1. Très intéressant, cet article sur Freud, sauf que Freud nest pas un philosophe et n’a jamais prétendu l’être. Il est simplement quelqu’un qui a éssayé à sa manière de soulager l’humanité. Il
    s’incarne aussi à une époque ou le scientisme considère que la matière est première.Freud a simplement essayé de montrer que l’abstraction, l’mmatériel, régissait quelque peu notre
    comportement.

    Il nous a laissé un rail mais n’a jamais prétendu posséder la Vérité.

    Bien à vous,

     PS: N’étant pas philosophe moi-même, il ne s’agit pas ici de polémiquer mais de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Signé, un karmi  à qui la psychanalyse a permis au moins d’oser un commentaire…

    J’aime

  2. Bonjour Jean Claude

    Tout d’abord merci pour votre réponse.

    Quelques précisions par rapport aux métiers de la psy que l’on fourre dans un grand sac sans en connaître réellement les nuances.

    – Un psychiatre est un médecin et il prescrit des médicaments.

    – Un psychologue a un diplôme d’état et ne prescrit pas de médicament.

    – Un psychothérapeute (malheureusement très contreversé en France) travaille sur le moi et ses liens avec le mental.

    – Un psychanalyste n’est ni médecin ni psychologue. Il est le seul des quatre à travailler sur l’inconscient. Il s’agit essentiellement d’un cure par la parole.
    Les études se font dans des Instituts privés, ce qui donne à cette discipline une  certaine indépendance

    Ceci précisé, chaque psy a sa raison d’être. le psychiatre en ce qui concerne les troubles mentaux nécessitant des médicaments ( psychoses), le psychologue est habilité à faire passer des tests et
    à mener des entretiens de soutien, le psychothérapeute est formé pour que l’individu reprenne confiance en lui.

    Quant au psychanalyste, il travaille sur 3 instances :
    – le ça , pulsion de plaisir débridé mais aussi pulsion de vie, et non le soi comme vous l’écrivez.
    – Le surmoi, toutes les interdictions bonnes et mauvaises que notre inconscient a engrammés.
    – Le moi, héritier du conflit entre ça et surmoi.

    Ceci n’est qu’une simplification mais il est utile, à mon sens que les choses soit précisés.

    En ce qui concerne la spiritualité, effectivement, la psychanalyse ne s’en occupe pas, sauf qu’elle pourra identifier si celle-ci est authentique ou si elle ne cache pas quelques mal-être.
    L’exemple que vous donnez de votre père et de ce prêtre fait partie de ces soi-disant spiritualistes qui peuvent se révéler dangereux….

    En fait, pour Freud, l’inconscient tire les ficelles, ce qui explique que quelqu’un de bien sous tout rapport peut  » péter les plombs  » à un moment donné sans que l’on comprenne vraiment. C’est
    pour cela que la psychanalyse ne prétend pas guérir mais par contre peut-être préventive. La psychanalyse ne force personne et si je fais un peu de prosélytisme en sa faveur, c’est que je
    m’aperçois qu’elle est perçu de manière souvent érronné. D’autre part, les charlatans existent tout comme en spiritualité. L’histoire nous a montré les exactions dont sont capables des gens qui se
    disaient religieux. C’est peut-être pour cela que Freud a un peu tapé sur la religion. mais je crois qu’il visait plus la religiosité que la spiritualité. Ensuite il a été, comme tout chef de file
    récupéré. Jésus l’a été, et même Srila prabhupada…

    Il y aurait beaucoup à dire mais je ne veux surtout pas monopoliser votre blog.

    Bien à vous,

    Gilbert

     

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