Comment je suis venu à la conscience de Krishna

  

par Jagadānanda das

Sommaire:

La quête d’un sens à l’existence…

…quand les parents et la société ont failli

Un peu seul et isolé

La vie a-t’elle un sens?

La salle Pleyel: une rencontre décisive

J’ai rencontré le Mouvement pour la Conscience de Krishna alors que j’avais presque 20 ans. J’étais en recherche spirituelle, déjà depuis quelques années, lorsqu’à l’âge de 17 ans je tombais sur le livre Les chemins de la sagesse d’Arnaud Desjardins. Ce livre, malgré les nombreuses aberrations qu’il contient – et notamment de nombreuses notions erronées provenant de la branche déviante de l’ impersonnalisme et du tantrisme -, eut, d’une certaine façon, le mérite de me connecter à la sagesse védique. Il énoncait des principes qui changèrent ma vie et me servirent d’archétypes idéologiques:  » Le bonheur est dans l’Etre pas dans l’Avoir ». « , « Nous sommes des prisonniers dans l’existence » « Notre réelle prison est intérieure (l’influence de l’ignorance, la conception matérielle de l’existence) » « Le but premier de l’existence est de nous en libérer », « Seul un maitre spirituel, une âme libérée, peut nous apporter cette libération ».


La quête d’un sens à l’existence …


Ces différents concepts spirituels, et particulièrement le dernier qui affirmait que seul un maître spirituel pouvait m’aider à me connaître et à me libérer, eurent une profonde impact sur moi. Tant et si bien que par contraste mes préoccupations de réussite scolaire et professionnelle , qui jusqu’alors avaient occupé mon esprit, passèrent au second plan. Ainsi, depuis quelques temps déjà, j’avais acquis la certitude – inspirée par mon expérience personnelle et par la lecture de nombreux livres dont celui-ci – que la vie valait mieux que ce que me proposait la société conventionnelle occidentale. Je repoussais avec horreur la perspective de devenir comme mes parents et comme des milliers d’autres gens, d’avoir une vie dont l’idéal tournait autour du travail, de la famille, du sexe, de l’argent, des biens de consommation. Je trouvais cette vie trop médiocre et vide de sens. Je ne voulais plus continuer à suivre comme un mouton le chemin que la société de consommation me forçait à emprunter. Une telle vie, j’en avais la certitude, était fondée sur des valeurs trop matérialistes, et ne pouvait m’apporter le réel bonheur et la satisfaction profonde auquels j’aspirais dans la force de ma jeunesse et de mon aspiration à l’idéal
.

Je n’étais pas le seul à souhaiter un véritable changement dans mon existence. Il y avait également mon grand ami de l’époque, Denis Viala, qui se trouvait dans la même classe que moi. Lui aussi était mécontent de la vie qu’il menait. Notre amitié était profonde et nous partagions de nombreux points d’intérêt communs dont :

  • l’amour des livres et de la lecture (nous étions avides de lecture et dévorions les livres en échangeant ensuite nos impressions par rapport à telle ou telle lecture),
  • le désir de sortir des limites de notre petite vie de train train quotidien, et ainsi l’aspiration à voyager et visiter le monde,
  •  une grande ambition de réussir notre vie et de trouver le bonheur (1)
  •  un grand désir de liberté et la révolte face aux institutions établies, au futur qu’elles nous concoctaient et aux injustices qu’elles engendraient.

En effet, encore une fois, nous partagions, renforcés par nos lectures, le sentiment que si l’on y prenait garde, les institutions établies  pouvaient trés vite devenir des instruments d’oppression et d’asservissement. « Elles nous volaient notre jeunesse » disions-nous. Nous nous révoltions contre elles et refusions de rentrer dans le moule qu’elles nous avaient forgé . Ce moule dans lequel nous étions forcés, contre notre gré, de rentrer: l’école,
le travail – avec la perspective de devoir travailler quarante années dans un bureau avec la retraite au bout. Cette idée nous terrifiait (2) .

Peut-être aussi que le mouvement hippie qui, alors, battait son plein aux Etats-Unis surtout et en Europe, dans une moindre mesure, nous influençait également. Nous étions certainement intéressés par les idées de révolte et de remise en question de la société matérialiste qu’il véhiculait, mais nous rejettions néammoins leur alternative idéologique « drogue-sexe-et-rock-and-roll « , « faites l’amour pas la guerre », et leur idéal communautaire, estimant que sous couvert de véritable liberté, toutes leurs  aspirations à un changement radical, tombaient bien à plat et n’était qu’une autre forme d’asservissement.

Bien qu’amers et révoltés vis-à-vis de la vie que l’on nous proposait, nous n’étions pas anarchistes, et peu intéressés par le champ limité de la politique. Non, c’était bien plutôt une qualité de vie supérieure, tournée plus vers de valeurs intérieures, à laquelle nous aspirions de toutes nos forces. Modestement certes, et à notre façon, nous étions des chercheurs de la vérité, des philosophes (débutants), des idéalistes, et bien que nous n’avions pas encore trouvé la vérité nous avions bon espoir de la découvrir un jour à travers nos lectures. Et ainsi, des livres tels que Je reste un barbare de Roger Boutefeu ou Le pélerinage aux sources de Lanza del Vasto nous enchantaient au plus au point. En fait, je m’en rends compte, encore plus aujourd’hui avec le recul, que nous recherchions tous deux une alternative spirituelle pour combler le vide de notre vie car le point commun à ces deux livres se trouvait être le refus des conventions, mais aussi et surtout, la recherche d’une alternative spirituelle fiable à l’existence.

« Je reste un barbare » relate le cheminement autobiographique d’un homme (Roger Boutefeu) qui se sent véritablement perdu face à la société moderne et les valeurs matérialistes qu’elle véhicule. Alors qu’ il trouve la révélation à travers l’évangile de Jésus Christ, il décide de renoncer au monde matérialiste et de se faire berger afin de vivre sa foi au quotidien. C’est Denis que me fit découvrir ce livre et il nous toucha beaucoup tous les deux. J’étais plus enclin que Denis à rechercher l’alternative spirituelle dans la spiritualité indienne -plutôt qu’occidentale, et , après l’avoir lu, je fis découvrir « Le pèlerinage aux sources » à Denis qui l’aima aussi beaucoup.

Mais au-delà de ces deux livres et de beaucoup d’autres, c’est, comme je l’ai déjà mentionné, « Les chemins de la sagesse » qui initia véritablement pour moi, le début d’un grand changement dans ma vie. Et j’accueillis comme un véritable signe de la providence la découverte de ce livre publié en trois tomes. D’autant plus que, dans le même temps, je m’interrogeais de plus en plus sur l’existence de Dieu.

… quand les parents et la société ont failli


Et pourtant on ne peut pas dire que mes parents, et surtout mon père, m’aient encouragé dans ce sens. C’était plutôt le contraire, mon père était un anticlérical convaincu. Il avait été abusé dans sa jeunesse par un prêtre chrétien, et il relatait souvent cet incident – des attouchements par un prêtre alors qu’il était enfant de coeur -, et s’en servait fréquemment pour justifier sa rancoeur vis-à-vis de la religion. Il avait en aversion tout ce qui touchait à la religion et disait  souvent : « les curés et leurs paroissiens sont des d’hypocrites ». Il jugeait la religion néfaste, dangereuse et responsable de beaucoup de maux de l’humanité.

Il travaillait en tant qu’ouvrier dans une grande usine de fabrication de produits chimiques, Rhône-Poulenc. D’origine modeste, il avait dû quitter tôt l’école pour se consacrer plutôt aux travaux de la ferme. Il avait connu une enfance malheureuse, étant devenu orphelin pratiquement, dès l’âge de cinq ans. Je dis pratiquement car bien qu’il lui resta son père, celui-ci, à la mort de sa femme, confia ses deux fils à la famille maternelle et dépourvu de réel fibre paternel, préféra rester libre.

Il travaillait dur dans cette usine infernale (selon ses termes). Il faisait les trois-huit, c’est à dire qu’il travaillait trois semaines en alternance; une du matin en commençant trés tôt, une l’aprés-midi en finissant tard, et une la nuit. Un planning de travail inhumain et exténuant qui avait vite fait de saper la vitalité d’une personne. De plus, il inhalait des produits chimiques, pour certains dangereux ou, pour le moins désagréables et nauséabonds. Sa condition d’ouvrier était donc trés pénible pour lui et il en vint à regretter de n’avoir pas étudié et réussi à l’école. Et ainsi, pour ne pas subir le même sort que lui, il souhaita vivement que je travaille dur dans mes études et réussisse mes examens. Seulement, bien que toutes ses intentions fussent louables, elles n’en générèrent pas moins une situation infernale pour moi, car elles faisaient peser sur mes épaules une grande pression de réussite scolaire. Cette pression, contrairement au but désiré, loin de m’encourager à réussir dans mes études, contribua plutôt à la longue, à me faire détester celles-ci. Entre mon père et l’institution scolaire, brandissant tous deux le spectre de l’échec scolaire et de ses conséquences terribles, tel le risque plus tard d’être mis au banc de la société, je me sentais véritablement oppressé.

Mon père m’encourageait, selon son expression, « à profiter de la vie » . Il avait connu jeune la guerre et avait dû travailler dès l’adolescence. Il ressassait souvent son enfance, les difficultés et les frustrations qu’il avait dû endurer, et cherchait à accomplir ce qu’il n’avait pu faire lui-même à travers l’intermédiaire de son fils. Il était certainement, selon les critères de la société établie d’aprés guerre, un honnête homme, travailleur, payant ses impôts et dévoué à sa famille, mais il était aussi, comme des milliers de ses semblables, un matérialiste agnostique, ignorant et avide de consommer. Et en tant que tel je reçu comme partie de mon éducation beaucoup d’encouragements à, comme je l’ai déjà dit, profiter de la vie.

Mais cela ne tarda pas à créer un grand malaise entre lui et moi car si lui, de la génération des nouveaux consommateurs d’après guerre, misait beaucoup sur ma réussite sociale future, il ne devait pas tarder à déchanter sur ce point, car nos conceptions de l’idéal et du bonheur, de plus en plus, à l’évidence, se révélèrent être diamétralement opposées.

Mon père avait beaucoup souffert dans sa jeunesse de n’avoir pu, comme les gens de son âge le faisaient, sortir, rencontrer des amis et des filles et prendre du bon temps. C’était son grand regret car dans le milieu paysan dans lequel il avait dû grandir (en se rappelant qu’il était orphelin) il n’y avait pas grand place pour le divertissement, les sorties et le plaisir. A travers son fils, il vit une opportunité de combler une partie de sa jeunesse gâchée. Il m’encouragea donc de bonne heure à sortir en discothèque avec des amis (plus âgés car je fus donc précoce) . Ces sorties avaient lieu le week-end.

Ces sorties au début me parurent trés excitantes, mais assez rapidement et au fur et à mesure que les années passèrent, elles me remplirent d’amertume et de frustration. Je finis vite par me rendre compte que le fait d’être avec d’autres « pour faire la fête » ne comble pas forcément la solitude et souvent même l’accentue. Des solitudes réunies en un même endroit ne brise pas l’isolement. Je finis par me rendre compte au contraire qu’elles incarnaient ce que je détestais le plus: les paillettes et l’éphémère de la fête, une illusion sans consistance.

Un peu seul et isolé

Nous nous sentions assez seuls et isolés avec Denis, car peu de gens partageaient nos conceptions et notre idéal de vie, comme, par exemple, nos camarades du lycée. Et ainsi, nous n’appréciions pas tellement nos camarades de classe, leur comportement et leurs conversations, leur ambition et leur vanité. Nous préférions éviter leur compagnie comme eux la nôtre. Nous aurions aimé avoir d’autres amis mais le choix était limité au CET de Longjumeau, (collège d’enseignement technique) . Les conversations tournaient toujours autour des mêmes sujets récurrents, vides et affligeants: les filles et le sexe, l’argent et la réussite professionnelle, les voitures et le foot, les derniers programmes télé, la critique des autres et les plaisanteries grivoises, …  

Bien que nous lisions beaucoup, les lectures, les études d’auteurs que l’on nous proposait au lycée ( et qui étaient au programme du bac) ne nous plaisaient pas. Concernant les lectures proposées, outres les auteurs, les sujets, et les textes choisis que l’on jugeait trop limités et pauvres en contenu, c’était aussi la façon dont on disséquait littéralement les oeuvres, qui nous déplaisait. En français et en philosophie par exemple, les auteurs, les écrivains et les poètes, selon nous, étaient trop souvent étudiés comme des grenouilles de laboratoire. Leurs oeuvres étaient découpées, analysées, disséquées (saucissonnées selon le terme de Denis) et, au cours de cette approche purement analytique et académique, elles perdaient une grande partie de leurs substances et par conséquent de leur intérêt. Nous pensions que tout cela s’apparentait plus au gavage des oies qu’à une véritable acquisition du savoir. Il y avait trop de matières à étudier et le programme était trop chargé et inadapté aux réels besoins (d’un point de vue aussi bien matériel que spirituel). C’était de la connaissance sélective, c’est à dire acquise dans le but de nous sélectionner à travers des examens comme le bac ou autres concours mais qu’en était-il de la connaissance en soi?

Dans nos discussions passionnées, suite à nos lectures précitées sur la spiritualité indienne, et jugeant définitivement que nous étouffions trop, nous en vînmes à faire des plans avec Denis pour nous rendre par la route, aussitôt que possible, en Inde. Notre intention était certainement de visiter l’Inde mais avant tout de trouver un maître spirituel indien. Et quand j’y repense, en ce qui concerne tout du moins l’aspect technique, cela tenait plutôt du fantasme car à l’époque nous avions 17 ans et parlions de partir par la route aux Indes dans une Land Rover que nous conduirions à tour de rôle, alors qu’aucun de nous deux n’avait le permis (à l’époque c’était à partir de 18 ans), et de moyens financiers, nos poches étaient vides! Ce que je ne savais pas à l’époque c’est qu’en fait tous ces plans que nous faisions avec Denis n’avaient pas vraiment d’utilité – hors le grand plaisir qu’ils nous procuraient par le seul fait de les évoquer- , car bientôt l’Inde viendrait à nous!

La vie a-t’elle un sens ?

Maintenant avec le recul je me rends compte que le sentiment d’insatisfaction profonde qui m’emplissait alors, constituait en soi un terreau propice à la recherche spirituelle, au questionnement sur soi et sur l’existence. Bien que, déjà par le passé, des questions philosophiques avaient régulièrement occupé mon esprit, à présent, au fur et à mesure que mon insatisfaction grandissait, mes interrogations sur l’existence se firent de plus en plus pressantes: « Pourquoi vit-on? », « La vie a-t’elle un sens? », « Pourquoi y-a-t’il tellement de souffrance dans le monde? », « Qu’existe-t’il après la mort? »,  » Dieu existe-t’Il ? », ….. J’en perdis même un peu le sommeil . Ainsi au lieu de dormir, je lisais tard le soir, des livres dans lesquels j’espèrais trouver des réponses.

Comme je l’ai mentionné, j’ai commencé, tôt dans ma vie, à fréquenter les discothèques pendant le week-end, mais avec le temps, j’en devenais de plus en plus dégouté. Je me rendais compte, de bonne heure le matin, lorsque je sortais de ces lieux artificiels, qu’entre la création de Dieu et celle de l’homme, le contraste était saisissant. L’homme était expert à créer pour lui-même des situations infernales comme ces villes surpeuplées, polluées et bruyantes avec leurs trafics routiers saturés et, à leurs périphéries, des zones industrielles oppressantes (3) . Les ambiances des discothèques en étaient, elles aussi, une illustration frappante: le bruit assourdissant des enceintes, le va-et-vient continuel et aveuglant des spots, les gesticulations simiesques des égos sur les pistes, les filles-sexy aguichants les hommes-pantins… Et donc, lorsque le matin, je sortais de ce lieu factice, véritable création de l’esprit humain, je goûtait, par contraste, la paix et la beauté que m’offrait la création de Dieu, la nature : la couleur apaisante du ciel bleu, les rayons d’un soleil naissant, le bruit enchanteur des oiseaux et celui du vent dans les arbres, le calme…Quel contraste!

Quand j’arrivais chez moi, cette impression de contraste frappant, continuait. Je mettais la radio en prenant le petit déjeuner. C’était l’heure où l’on diffusait les messages religieux chrétiens. Et là aussi je pouvais faire la différence, entre ce discours sur Dieu qui s’adressait personnellement à l’âme, cohérent, apaisant et gratifiant, et le brouhaha assourdissant, impersonnel des boites d’où l’on ressortait abrutis, fatigué et souvent frustré.  

Je finis donc par arrêter de sortir le week-end et préférais au lieu de cela, me réveiller de bonne heure, lire divers livres dont des livres spirituels et étudier pour mes examens.

Comme je l’ai dit au tout début, la lecture des chemins de la sagesse fut pour moi une véritable révélation en ce qui concernait certains thèmes importants de la spiritualité indienne et un des thèmes essentiels concernait la libération ou mukti. Et à cette époque, mon insatisfaction face à la vie conventionnelle s’amplifiant, mon intérêt pour ce livre spirituel, mettant en exergue la libération impersonnelle (4) , grandit en proportion. De jour en jour, ma conviction devenait plus ferme, aidée en cela par mes différentes lectures et mon expérience personnelle, que le bonheur n’était pas de ce monde. Et pourtant, en dépit de telles conclusion, je demeurais malgré tout positif. Je n’étais pas maussade ou dépressif, simplement j’avais la conviction que le bonheur existait, mais bel et bien, ailleurs.

La salle Pleyel:

Une rencontre décisive


word3Il existe des jours dans notre vie, bien particuliers, des jours où notre vie bascule, où elle est bouleversée par des événements exceptionnels. C’est ce qui m’est arrivé les premiers jours de juin 1974. Cela a commencé le jour même où je passais l’examen oral du baccalauréat à Paris. Mais ce ne fut pas l’examen en soi, malgré qu’il ne soit pas si anodin de passer son bac, qui fit basculer ma vie . Alors que je traversais la rue, juste en face de la salle d’examen, je fus attiré, soudain, par une grande affiche chatoyante, orangée. Immédiatement, je m’arrêtais pour la regarder. Sur une grande partie de l’affiche qui était un peu près d’un 1 mètre sur 70 centimètres, on pouvait voir le visage de Srila Prabhupada en train de prêcher, la main levée. Et elle annonçait quelque chose qui me réjouit et me fit oublier immédiatement mes déboires du bac :

« La SALLE PLEYEL (5) accueille le maître spirituel et fondateur du MOUVEMENT HARE KRISHNA A .C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada . Conférence: LA BHAGAVAD-GITA – LA MÉTEMPSYCOSE: SCIENCE PERDUE. Court métrage sur le Bhakti-yoga . Musique de l’Inde. Spécialités végétariennes de l’Inde offertes à tous. VENDREDI 14 JUIN 20h . ENTRÉE LIBRE.  »

Je me rendis à la conférence que j’ai reproduite intégralement dans Retour à Krishna, et qui est extraite du petit livre Solutions pour un âge de fer. Edit. BBT. Cette conférence s’intitule «  Au commencement était le Verbe  » . Cette conférence était particulière car, pour la première et l’unique fois, Srila Prabhupada commençait une conférence par un verset de la Bible (6) .

Pour dire la vérité, je ne compris et ne retenu que peu de choses de la conférence. Cela pour différentes raisons: le chahut des étudiants bien sûr, mais aussi à cause des nombreux termes sanskrits, un peu complexes et tout à fait nouveaux pour moi, qui émaillaient la présentation de Srila Prabhupada.

Néanmoins, cette conférence fut extrêmement bénéfique dans ma vie, grâce bien sûr à l’assemblée des dévots présents dans la salle, conduits par Sa Divine Grâce Srila Prabhupada, en personne. Mais aussi et surtout, grâce à la lecture des livres que j’emportais avec moi, après la conférence. Ces livres se nommaient Conscience et révolution, Antimatière et Eternité, La Sri Isopanisad

En effet, dès la sortie de la salle alors que j’entreprenais sans attendre la lecture de ses livres dans le métro parisien, j’eus la grande satisfaction de constater que les livres de Srila Prabhupada répondaient pleinement, et au-delà même, à mes attentes. Ainsi, ce fut une joie indescriptible de voir que tout ce que je ressentais de façon confuse, était clairement expliqué, étayé et développé dans les livres de Srila Prabhupada.

Une affirmation que l’on retrouvait régulièrement me frappa plus particulièrement: « Le monde matériel n’est que le reflet perverti du monde spirituel ». Voilà donc pourquoi me dis-je, j’étais dans l’incapacité, malgré toute la bonne volonté possible, de trouver le bonheur dans ma vie.

Ainsi, retrouve-t’on dans la Bhagavad-gita telle qu’elle est, l’exemple éloquent du monde matériel comparé à un arbre banian dont les racines pointent vers le haut et les branches vers le bas. Cet arbre n’est que le reflet de l’arbre originel qui existe dans le monde spirituel (BG 15.1).

Voilà donc en substance ce qu’enseignent les Ecritures védiques telles que notamment la Sri Isopanisad : ce n’est pas en accroissant notre confort matériel, en élargissant et en intensifiant notre éventail de plaisirs matériels, en s’efforçant de consommer toujours plus, à travers le développement économique, que nous trouverons la véritable satisfaction, non ! Tout cela n’est qu’un mirage proposé par maya, l’énergie d’illusion de Dieu. C’est comme essayer de jouir d’un fruit à travers son reflet dans l’eau. C’est impossible car la substance, le fruit original, est ailleurs. C’est une réflexion pervertie de la réalité. De la même façon, le monde matériel n’est que le reflet du monde spirituel et le plaisir qu’on y trouve, est illusoire car temporaire, aléatoire, et limité. Il n’est qu’un reflet de la réalité spirituelle, remplie de connaissance, d’éternité et de félicité, que l’on retrouve pleinement manifestée dans le monde spirituel.

Le monde matériel participe également de la dualité et du relatif (Alors que ces caractéristiques sont totalement absente du monde spirituel, le Royaume Absolu). Pour éprouver du plaisir par exemple, dans le monde matériel, à travers les activités matérielles, il faut être prêt à accomplir de nombreux sacrifices. Autrement dit, le plaisir est irrémédiablement accompagné par son corollaire dans la dualité: la souffrance. Pareillement les dualités du chaud et du froid, de la richesse et de la pauvreté, de la notoriété et de l’anonymat, de la réussite et de l’échec, etc… accompagnent irrémédiablement chacun de nos actes en ce monde.

Ainsi, ces propos de Srila Prabhupada, étayées par les Ecritures Védiques, agirent sur moi, comme une véritable révélation. Quel bonheur et quel soulagement, à cet instant, cela fut pour moi d’être capable enfin, de mettre le doigt sur la cause de mon désarroi, de mes désillusions dans le monde matériel! Je serais toujours reconnaissant aux livres de Srila Prabhupada pour cela. Ainsi, dès ma rencontre avec le Mouvement pour la conscience de Krishna, en juin 1974, tout c’est éclairé pour moi, et mes doutes et fausses conceptions se sont dissipées immédiatement. De la façon dont la Bhagavad-gita l’exprime si bien:  » Quand ce savoir qui dissipe les ténèbres de l’ignorance s’éveille en l’être, alors tout se révèle à lui, comme par un soleil levant » (BG 5.16) .

Et par-dessus tout, en lisant les livres de Srila Prabhupada, une grande joie pénétrait mon coeur: la certitude d’avoir rencontré un maître spirituel  parfait , un authentique représentant de Dieu. Et pourquoi pas même,  mon maître spirituel, le maître spirituel que je recherchais déjà depuis 3 ans? Je n’avais plus à me soucier, à présent, de faire des milliers de kilomètres pour trouver un  maître spirituel. En fait, il était venu à moi. Tout ce qui venait de m’arriver, et j’en étais convaincu, était dû à la grâce de Dieu (Ce que confirma plus tard un verset du Caitanya Caritamrta).  Alors que je  planifiais de me rendre en Inde par la route avec mon ami Denis, c’est en fait, l’Inde, à travers un pur représentant de sa culture, qui était venue à moi!

La prochaine étape, très logiquement, fut de me rendre le dimanche suivant au temple de la rue Le sueur à Paris 16ème.

SUITE:  Ma première visite au temple de Krishna 

(1) mais nous avions en aversion, tous les deux, une conception uniquement matérielle et stéréotypée de la réussite, considérant que réussir sa vie ce n’était pas uniquement réussir d’un point de vue professionnel (voir « Réussite professionnelle; est-ce réussir sa vie? « )

(2) Avec mon ami Denis Viala, nous remettions en cause les fondements idéologiques de l’institution scolaire et de la société de consommation dont elle était l’instrument. Sa seul vocation utilitaire, capitaliste et matérialiste, fondée exclusivement sur la poursuite de buts matériels, du progrès matériel, de la productivité et de la consommation de biens matériels, nous inspirait beaucoup de ressentiment et de dégout. Dans une telle société, on était très loin de « l’être » et à fond dans « l’avoir ». Nous étions très perplexes quant à la capacité de ce genre de société à nous apporter le réel bonheur, et nous avions plutôt l’impression de n’être que des pions utilitaires sur l’échiquier du développement économique . Cette course à la consommation nous déplaisait au plus au point. Notre vie sociale et professionnelle n’était même pas encore entamée, que déjà, la perspective de rater notre vie et de devenir comme nos parents nous remplissait d’effroi; leur longue vie de travail astreignant, dans le but d’acquérir des seuls biens matériels (maison, voiture, mobilier, etc..), et de lutter pour une place au soleil afin d’entretenir sa femme, ses enfants, payer ses impôts, ses petites vacances à la mer, etc..tout cela pendant quarante années et la perspective de la retraite et de la mort au bout ! Quelle pauvre et triste vie! Quel gâchis! Elle nous donnait l’impression d’être vieux avant d’avoir vraiment vécu. La vie ne valait-elle pas mieux que ça? Etait-on venu sur terre pour ça?! Ayant déjà à peine vécus, déjà la société nous préparait à la retraite et à la mort! N’y avait-il pas d’autres objectifs dans la vie que cette esclavage au service du dieu « avoir »?

(3) Selon différentes enquêtes effectuées en Europe, pas loin d’un tiers des personnes consultées se disent stressées au travail.

(4) Les chemins de la sagesse comme la plupart des livres de spiritualité indienne, mettent en avant la libération impersonnelle en tant qu’ ultime perfection spirituelle. Ils s’inspirent, la plupart, de la philosophie advaïtiste (advaïta-vada) de Sankaracarya qui préconise comme libération de la souffrance, provoquée par les morts et renaissances successives de l’âme dans l’univers matériel, de réaliser l’Unité de l’âme avec l’Absolu impersonnel. La libération ou mukti, selon eux, se manifeste dès l’instant où l’ âme conditionnée se débarrasse de l’illusion (maya) dont elle est victime. Cette illusion, selon eux, réside dans le fait d’avoir de soi une conscience individuelle limitée, et ainsi la libération ou mukti consiste à « briser » les limites de cette conscience individuelle pour « se fondre » dans l’ Absolu, le brahman impersonnel, la Conscience universelle. Selon ces philosophes impersonnalistes, une fois que les limites du soi individuel auront été anéantis, l’âme parfaite réalisera alors son unité avec Dieu. Elle devient alors Dieu en réalisant l’unité avec Dieu, la Brahman impersonnel. Ainsi, les adeptes de Sankaracarya et de la philosophie advaïta (unité avec l’Absolu) mettent en avant le mantra « tat tvam asi » (tu es Cela) comme mantra de libération au dessus même du Om traditionnel (voir « Om, tat tvam asi et Hare Krishna ). De plus amples informations sur la différence entre la philosophie vaisnava et les philosophies impersonnalistes sont disponibles dans « Personnalistes et impersonnalistes: un peu d’histoire «  et dans « La vie et l’enseignement de Sri Chaitanya Mahaprabhu n° 2/4« 

La philosophie de Prajnanpad, le guru d’Arnaud Desjardin, qui est à l’origine des enseignements que l’on retrouve dans Les chemins de la Sagesse, est le résultat d’une mayonnaise, entre la philosophie d’ « Unité avec l’absolu » de Sankaracarya, et la philosophie de la secte du tantrisme. Cette secte est apparue relativement récemment (Les premiers textes furent publiés entre les IXe et XIIIe s), en opposition avec l’orthodoxie védique. Elle reprend la version d’Unité avec l’Absolu, mais alors que Sankaracarya s’attache au brahman impersonnel, le tantrisme reprend la pratique du yoga, et met en avant le concept d’unité avec la Shakti (Devi ou l’Energie suprême) . Elle préconise, ainsi, diverses techniques de yoga (Kundalini-yoga) pour arriver à l’union avec l’Entité, représentée par la Devi, la Grande Déesse ou l’Energie pure. En fait, le tantrisme (en tout cas tel qu’on le connaît) n’est que pure spéculation, déviante et édulcorée, sans fondement authentique. Sur cette base déviante les tantristes spéculent, entre autres inepties, que l’acte sexuel peut donner une expérience, à travers l’unité avec son partenaire, de l’unité avec l’Absolu ou Brahman. Et entre autres pratiques illicites, ils prennent aussi souvent des intoxicants (ou en tout cas ils ne le restreignent pas), considérant que le vrai renoncement consiste à aussi bien rejeter qu’accepter des pratiques illicites. Et ainsi, sahajiya de nature, sous couvert de « pratiques spirituelles », le tantrisme ouvre grandes les portes à toutes sortes de dépravations. Elle est née sur la base d’un rejet de l’orthodoxie de la parampara, la philosophie traditionnelle et authentique védique, et les vaisnavas la rejette complètement comme on rejette un poison virulent.

(5) La salle pleyel ne m’était pas inconnue. Je m’y étais rendu quelques jours avant pour y écouter une conférence d’Arnaud Desjardin sur la spiritualité de l’Inde mais malheureusement à ma grande déception, il n’y avait plus aucune place et l’entrée me fut refusée. Inutile de dire que j’étais extrêmement déçu et frustré. Aujourd’hui, de ne pouvoir rentrer dans cette salle pour y écouter Desjardin, je me dis que c’était la grâce de Krishna. Qui sait? Peut être alors, j’aurais été influencé et égaré par la philosophie mayavadi et tantriste qu’enseigne Desjardin et ma vie aurait pris alors une autre direction, d’autant plus que la lecture des chemins de la sagesse comme je l’ai dit avait eu une trés grande impacte sur moi. En ne pouvant pas entrer et assister aux conférences de Desjardin, on peut considérer donc que j’ai été protégé par Krishna.

(6) Face à l’ambiance de chahut qui régnait malheureusement à la salle Pleyel ce jour là, et bien qu’on ne puisse pas l’attribuer directement au fait que Srila Prabhupada avait cité la Bible, on peut comprendre que cette expérience difficile n’encouragea pas Prabhupada à continuer sur cette ligne.En effet, des gauchistes et agitateurs étudiants profitèrent du fait que le programme était gratuit pour s’introduire dans la salle, faire beaucoup de chahut et perturber la conférence. Telle est la déchéance des hommes dans l’âge de Kali, ils ne peuvent même pas respecter un maître spirituel, un représentant de Dieu.



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3 réponses

  1. Bonjour

    J’ai beaucoup aimé votre témoignage.
    Pour ma part je me suis vouer à Sri Krsna depuis deux ans et j’avance tout seul tant bien que mal.
    En cherchant à travers des sites afin de progresser et j’aimerais vraiment être un dévot accompli pour le reste des années qu’il me reste à vivre , je ne suis pas très vieux , j’ai 52 ans et je ne pourrais jamais réalisé mon rêve de vivre dans un temple entouré de dévots 😩😭💔 ma santé ne me le permet pas vraiment et je dois m’occuper de ma mère qui est âgé et qui ne pourrais pas vivre seul .
    Si vous aviez des conseils pour progresser sa serais super .
    Je sais que vous ne me connaissez pas , mais pourriez vous m’aider à progresser ?
    Merci de m’avoir lu et au plaisir de vous lire et si jamais vous avez besoin d’un coup de main pour votre site n’hésitez pas à me demander , car il est important que votre site soit vivant .
    Bien à vous
    Jean luc
    Hare Krsna

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    • Bonjour cher Jean Luc et Hare Krishna !

      Merci pour votre message qui m’a fait bien plaisir. Ne disposant que d’une main pour taper au clavier, je vous fait parvenir la réponse à ce message à travers un message audio :

      [audio src="https://retourakrishna.files.wordpress.com/2017/06/rc3a9ponse-c3a0-jean-luc-message-du-3-juin-2017.mp3" /]

      Pour pouvoir écouter le message, veillez bien à copier/ coller uniquement à partir de https://retourakrishna….jusqu’à mp3 et PAS la ligne au complet.

      Voici mon email : jagad154@gmail.com

      Toutes gloires à Srila Prabhupada !

      Jagadananda das

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  2. Bonjour Jagadanafa Das et Hare Krsna,

    Merci pour votre réponse je vous aussi écrit dans votre boîte mail.
    J’espère que vous avez reçu le message ?

    Bonne journée et à bientôt

    Jluc

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