Sommes-nous conditionnés?

Sommes-nous conditionnés?
Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants…

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Sommes-nous conditionnés par les films que nous voyons? Les livres que nous lisons? Les dessins animés de notre petite enfance sont-ils aussi anodins et inoffensifs qu’ils y paraissent au premier abord? Autant de questions que je me suis posé à la suite du visionnement d’un film, qui d’abord m’a semblait pareil à des milliers d’autres, mais qui m’a amené, particulièrement dans son happy end à me poser des questions inquiétantes ou en tout cas interpellantes, sur le degré de conditionnement dont nous serions victimes tout au long de notre vie….

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On dit parfois que la réalité dépasse la fiction. L’histoire suivante, tirée d’un téléfilm américain, rentre certainement dans cette catégorie. Elle est basée sur des faits réels qui montrent, encore une fois, combien cette vie matérielle peut facilement tourner au cauchemar, et combien la tromperie et l’imposture sévient tellement dans l’âge actuel (l’âge de Kali), que l’on peut en être victime jusque dans le cercle de sa propre famille. Elle contient divers enseignements dont nous vous proposons de tirer parti à la lumière de la connaissance védique.

L’histoire se déroule , à New York, aux Etats-Unis, dans les années 80. John Farrow est un bon père de famille et un bon mari. Avec sa femme Cathy, amoureuse et dévouée, qu’il a rencontré alors qu’ils étaient tout deux étudiants, et ses deux garçons, ils forment une famille unie et heureuse. John, comme sa femme, étant tout deux professeurs d’université, gagnent relativement bien leur vie.

Mais des ennuis sérieux commencent le jour ou John, qui gère une caisse d’étudiant, est accusé d’avoir détourner, sur plusieurs années, la somme de 25000 dollars pour son compte personnel.

John doit alors passé devant la justice et être jugé pour ses méfaits. Il est condamné par le tribunal à rembourser la totalité de la somme dérobée, et à payer également une somme conséquente comme dédommagement. Il doit également effectuer quelques mois de prison.

Mais les malheurs de John ne s’arrêtent pas là. John purge donc sa peine de prison et perd son emploi, et incapable de faire face à toutes ces difficultés met fin à ses jours.

Avant son suicide, il prend soin d’écrire une lettre d’adieu à sa famille, dans laquelle il leur exprime son affection profonde et ses regrets. La lettre est déchirante pour sa famille. Dans celle-ci, il s’efforce de justifier son suicide. Il déclare n’être plus capable de supporter la vie. Il a trop honte de lui, écrit-il, et le désespoir l’habite depuis qu’il a perdu son emploi. Il leur demande pardon pour ce qu’il va faire et il dit ne pas avoir le choix . Il déclare que par delà la mort un lien indéfectible les liera les uns aux autres et « qu’il veillera sur eux du haut du ciel ».

L’histoire de John aurait pu trés bien s’arrêrer là, ayant déjà à ce stade, atteint une charge tragique considérable. Mais, comme on l’a déjà dit, la réalité dépasse parfois la fiction.

Car John en fait n’est pas mort mais a, tout simplement, décidé l’impensable : simulé son suicide . Et pendant que sa famille le croit mort, John, sur la côte ouest des Etats-Unis, à quelques milliers de kilomètres de sa famille a, dans tous les sens du terme, refait sa vie. Il a même assez bien réussi, car professionnellement ses affaires vont bien et il est devenu quelqu’un de respectable et apprécié dans sa ville. Et, John a aussi fondé une nouvelle famille. Celle-ci, tout comme l’autre, tombe de haut lorsque le pot aux roses est découvert.

Car, pour parler en termes védiques, on peut dire que son karma a fini par rattraper John. Ainsi, un jour, après plus de dix années, toute la supercherie est révélée au grand jour, et John, de nouveau, comparait devant les tribunaux.

Il déclarera au cours de son procès, avoir fait tout cela « parce qu’il n’avait pu faire face, au sein de sa famille et de la société, à la honte et au déshonneur qui avait accompagné sa condamnation et son congédiement « 

Le conditionnement à travers les films


A la fin de l’histoire, le téléfilm nous montre, comme à l’habituel, la fameuse happy end. Tout semble finalement être bien rentré dans l’ordre . La justice est rendue, John est justement et correctement condamné pour ses méfaits à 4 ans de prison et aux versements des sommes escroquées.

Et surtout, le clou de l’happy end; son ex-femme a trouvé un nouvel homme. Et on l’a voit partir au bras de ce nouvel homme qui celui-là-est-bien-plus-sérieux-et-vertueux-lui, pour un voyage amoureux, en route vers le bonheur .

C’est particulièrement ce point, plus encore que les méfaits de John, que j’ai trouvé alarmant dans cette histoire. Non, pas le fait que sa femme parte avec un nouveau conjoint (car en soi cela n’a rien, dans le contexte en tout cas, de répréhensible).

Non, mais ce qui est exaspérant est le fait que, dans des milliers et des milliers de films, on n’est pas d’autres alternatives à nous présenter comme happy end que les sempiternels stéréotypes : un homme et une femme amoureux, enlacés, en route vers le bonheur.

Combien de films actuellement , au cours de sa vie, une personne verra-t’elle  ce genre d’ happy end ? Difficile à dire, en tout cas certainement des centaines et des centaines, …des milliers. Si l’on compte aussi, la littérature et l’art…

Cela s’appelle, à proprement parler, du conditionnement. En fait, on y pense pas assez mais ce conditionnement commence extrêmement tôt dans notre vie. Ainsi, dès notre plus tendre enfance avec les Walt Disney qui à priori peuvent paraître si inoffensifs, l’idée du bonheur parfait à travers l’union avec le sexe opposé, s’impose trés vite dans les jeunes esprits…

Il ne s’agit pas de bien sûr de condamner l’union d’un homme et d’une femme ( ou même de deux personnes d’un même sexe si tels sont leurs aspirations personnelles) mais bel et bien de souligner le danger qu’il y a pour les personnes d’être fourvoyé à penser que cette image du bonheur est l’unique et la meilleur d’entre toutes. C’est en tout cas, cette image mille fois répétée, qui risque d’imprégner nos cerveaux et nos coeurs  jusqu’à devenir une des certitudes fondamentales de l’existence.

Mais à la lumière du Srimad-Bhagavatam, cette fin heureuse apparaît un peu trop surfaite et stéréotypée et ne convient donc pas à quelqu’un qui est éveillé à la connaissance véritable. Que nous révèle cette connaissance? Notre nature véritable est de nature spirituelle et non pas matérielle. Le corps matériel n’étant qu’une enveloppe extérieure de l’âme, peu importe la quantité de plaisirs matériels, sensoriels ou sexuels dont nous jouissons à travers nos sens matériels, nous ne serons jamais comblés intérieurement. Ce point est trés bien expliqué à travers l’analogie de la cage et de l’oiseau (voir « L’oiseau dans la cage » )

Voilà où est notre conditionnement : de penser que le but de la vie humaine est essentiellement de gratifier ses sens. Il est peut-être utile de rappeler ce que l’on entend exactement par conditionnement. En termes psychologiques, « mettre quelqu’un en condition » signifie le soumettre à une préparation, à une pression lui dictant une façon de penser ou d’agir .

Ainsi, nous avons été fourvoyés, depuis des temps immémoriaux, à penser que nous n’étions rien d’autre qu’un corps matériel et que tout ce qui nous entourait était fait uniquement pour notre plaisir. La sagesse védique appelle cet état d’esprit étriqué « aham mameti » : je suis ce corps et tout ce qui m’entoure est fait pour mon plaisir.

Et bien sûr (et on pourrait même dire en premier lieu) l’institution du mariage, créé originellement par Dieu ou Krishna, au sein du varnasrama-dharma, n’a pas échapper à ce conditionnement. Le mariage est souvent perçu, aux jours d’aujourd’hui, comme une licence accordé par Dieu à l’homme, afin de lui permette de jouir de la vie sexuelle, pleinement et librement, un peu comme une forme de prostitution légalisée. Cette conception est extrèmement répandue dans notre société actuelle.

C’est pourquoi trop souvent malheureusement le slogan du bonheur se compléte par ces mots: « Ils se marièrent, furent heureux, eurent des enfants …. et divorcèrent après quelques temps. »

Dire cela ce n’est pas se montrer exagérément cynique ou pessimiste mais simplement avertir que tant et aussi longtemps que nous ne sommes pas conscients de Dieu  ou conscients de Krishna dans notre vie, et cela peut importe dans quel ashram, celui du célibat, de la vie mariée ou du renoncement (vanaprastha et sannyasa), alors tout ce que nous pouvons entrependre sera voué, tôt ou tard, à l’échec. C’est certain.

Et non seulement dans l’institution du mariage mais dans tous les domaines de la vie, le domaine politique, social, éducatif, professionnel, même religieux, cette mentalité mesquine (aham mameti) prévaut.

Comment s’affranchir du conditionnement ?

Le déconditionnement consiste à s’affranchir de notre fausse conception de serviteur des sens et de maître du monde imposée par māyā, l’énergie d’illusion du Seigneur, et de retrouver plutôt notre nature originelle de serviteur de Dieu ou Krishna, dans l’ amour et la dévotion.

Pour cela le véritable remède consiste à adopter la conscience de Krishna et de chanter le maha mantra Hare Krishna. Srila Prabhupada, le maître spirituel et fondateur du Mouvement International pour la Conscience de Krishna explique fort bien ce déconditionnement dans son explication du maha-mantra Hare Krishna :

Le chant et la récitation des vibrations transcendantales du mantra Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare / Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare constitue une méthode sublime destinée à raviver notre conscience spirituelle ou conscience de Krishna. Du fait de notre nature spirituelle, nous sommes tous à l’origine conscients de Krishna, mais de par notre contact avec l’atmosphère matérielle, depuis des temps immémoriaux, notre conscience a maintenant perdu sa pureté originelle. Cette atmosphère matérielle dans laquelle nous vivons s’appelle maya ou illusion. Maya signifie « ce qui n’est pas ». Et quelle est cette illusion? L’illusion consiste à croire que nous sommes les maîtres et régisseurs de la nature matérielle quant en réalité nous sommes complétement assujettis à ses lois. Nous désirons en exploiter toute les ressources, mais nous nous perdons dans ses formes complexes et dépendons toujours d’avantage d’elle. Cette lutte illusoire contre la nature matérielle peut être immédiatement stoppée en ravivant notre conscience de Krishna.

Pratiquer la conscience de Krishna ce n’est pas imposer à quelqu’un, de façon artificielle, une contrainte mentale. Cette conscience correspond à la conscience pure, originelle de l’être vivant. Et lorsque nous écoutons ces vibrations transcendantales cette conscience est ravivée. Ce procédé est recommandé par les autorités en matière spirituelle pour cet âge (l’Age de Kali). Chacun peut par lui-même en faire pratiquement l’expérience, les vibrations du maha-mantra, ou mantra de la grande délivrance, venues du monde spirituel, ont tôt fait de transporter d’extase spirituelle celui qui les émet ou les entend.

(voir  » La signification du maha-mantra Hare Krishna«  )



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